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La récupération est un terme relatif à la mémoire humaine, traditionnellement étudiée dans le domaine de la psychologie. D’après Anderson (2009), le terme de récupération implique « le processus de recouvrement d’une cible dans la mémoire, basé sur un ou plusieurs indices, amenant subséquemment cette cible à la conscience » (notre traduction, p. 165). Comme nous l’avons présenté, le modèle de diffusion de l’activation (voir 2.1.1.2, p. 21) fournit une représentation du processus de récupération. Ainsi, lorsque le concept est activé dans la mémoire sémantique, cette activation se diffuse vers d’autres mots associés au mot initialement activé. Ce processus est lié à la récupération. Nous pouvons dire, par conséquent, que l’association lexicale implique la récupération.

Dans le domaine de la psychologie, l’effet de la récupération a été exploré dans le cadre de l’apprentissage. Baddeley (1993) a présenté le travail de Landauer et Bjork (1978), chercheurs qui proposaient l’explication suivante désignée « l’effet de la pratique du rappel (retrieval practice effect) », suggérant que « le fait d’avoir réussi à se rappeler un item accroit la probabilité de s’en souvenir ultérieurement, (…) parce que la voie d’accès à cet item serait renforcée pour avoir été empruntée avec succès (p. 173) ». Baddeley constate que le fait de tester les participants pendant qu’ils se souviennent encore d’un item favorise leur apprentissage. Mais au contraire, si on les teste après qu’ils l’ont oublié ou bien si on le leur présente à nouveau, ces derniers cas favorisent moins l’apprentissage.

Dans le cadre de l’apprentissage en L2, Nation (2001) propose trois processus par lesquels un mot cible est mémorisé. La récupération est située au deuxième. L’auteur le décrit comme suit : « Un mot peut être remarqué et sa signification comprise à même le texte fourni dans une tâche, à travers l’explication de l’enseignant ou l’utilisation d’un dictionnaire. Si ce mot est subséquemment récupéré dans une autre tâche, la mémoire de ce dernier sera consolidée » (p. 63, notre traduction).

Nation explique également que la récupération se fait de façon réceptive et productive. D’un côté, la récupération réceptive implique la reconnaissance du mot et le rappel de son sens ou bien de sa traduction. De l’autre côté, la récupération productive désigne le rappel de la forme du mot à partir de sa traduction. Il est important d’ajouter que la récupération ne se produit pas si la forme et le sens du mot sont présentés en même temps.

Il existe un autre effet lié à la récupération. Il s’agit de l’effet de génération désignant « une condition dans laquelle des items générés par une personne sont mieux rappelés que ceux qui sont simplement lus par la personne » (Purdy et al, 2001, p. 348, notre traduction). Cet effet a été examiné dans l’étude de Slamecka et Graf (1978) et dans l’étude de Barcroft (2007) et s’est avéré bénéfique pour la rétention des mots.

2.3.1 Indice de récupération

Lors de la récupération, il faut des fragments de souvenir pour atteindre un item emmagasiné dans la mémoire. C’est ce qu’on appelle « indice(s) de récupération » ou bien tout

section précédente, l’indice de récupération correspond au mot stimulus dans le cadre de l’association lexicale. Cependant, il en existe d’autres types et on y a recours dans la vie quotidienne. Par exemple, si on a stationné sa voiture à côté d’un pilier du centre commercial, ce pilier fonctionnerait comme indice pour retrouver la voiture après les courses. Par ailleurs, dans le cadre de l’apprentissage du vocabulaire en L2, d’autres supports tels que l’image (Barcroft, 2007) et le contexte (Folse, 2006) peuvent être traités comme indices de récupération. Nous allons nous pencher sur ces points dans le Chapitre III, dédié à la revue des écrits.

L’indice est certes essentiel pour la récupération des items. Mais cette dernière risque d’être ratée si le lien entre l’item et la cible est faible (Anderson, 2009). Cependant, l’efficacité de l’indice dépendrait également de la simultanéité. En fait, d’après Tulving et Osler (1968, p. 593), « les indices de récupération spécifiques facilitent le rappel si, et seulement si, l’information qui les concerne et l’information qui concerne leur relation au mot à retenir sont stockées en même temps que l’information sur l’appartenance du mot à une liste donnée »5. Anderson (2009) constate également que même si l’indice est bien présenté avec le mot cible au cours de l’encodage, il serait difficile de récupérer le mot cible plus tard si le lien entre ces informations n’est pas assez fort.

2.3.2 Récupération dans le cadre de notre recherche

La récupération se réalise par l’action de se rappeler une cible inscrite dans la mémoire par le biais d’un ou plusieurs indices. La cible qui a été récupérée successivement renforce sa rétention. Bien que n’importe quels supports puissent être utiles pour l’indiçage, la réussite de la récupération dépendrait de la pertinence du lien entre l’indice et la cible et de la puissance de la liaison entre eux.

La récupération d’un mot cible est basée sur l’association lexicale, c’est-à-dire que l’indice de récupération correspond au mot stimulus. Comme nous l’avons mentionné dans la section du concept d’association lexicale (2.1.2, p. 23), le mot cible et l’indice de récupération sont liés entre eux de façon paradigmatique ou syntagmatique. Le fait de récupérer les mots à l’aide des associations lexicales se veut efficace pour la rétention des mots, car elle

correspond à la théorie du niveau de traitement dont nous allons traiter dans la prochaine section.