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3.2 Études portant sur la récupération des mots et l’apprentissage

3.2.3 Récupération effectuée au cours de l’apprentissage du vocabulaire en L2

l’évaluation. Il y a d’autres cas où la récupération des mots est provoquée. Dans cette partie, nous allons présenter deux études, réalisées respectivement par Folse (2006) et par Barcroft (2007), dans lesquelles la récupération s’exécute par d’autres moyens, au cours de l’apprentissage.

L’objectif de l’étude de Folse (2006) était d’investiguer quel type d’exercice est efficace pour l’apprentissage du vocabulaire en L2. Son expérience portait sur la comparaison des exercices mais pas directement sur la récupération, cependant il nous est impossible d’exclure cette étude, car cette chercheure mentionne la récupération comme étant un des éléments les plus importants pour déterminer la qualité d’un exercice dans le cadre de l’apprentissage du vocabulaire. 154 participants, de différents niveaux allant d’intermédiaire élémentaire à avancé et de différentes L1, ont appris 18 mots cibles en anglais dont trois étaient des distracteurs. Afin d’encoder leur sens, Folse a préparé un « mini-dictionnaire » contenant des définitions brèves et des phrases à titre d’exemple pour chaque mot. Ensuite, les particiants ont pratiqué ces mots cibles dans trois conditions : un exercice à trou (condition 1), trois exercices à trou différents (condition 2) et l’écriture d’une phrase originale entière correspondant à un mot (condition 3). Dans chaque condition, les apprenants ont appris six mots. Pour mesurer la rétention des mots cibles, le chercheur a employé la Vocabulary

1. I don’t know what this word means.

2. I know this word. It means ________________.

(provide an English synonym or translation in your native language) 3. I can use this word in a good example sentence. Write your sentence here: _______________________________________________________

(If you do #3, you must do #2 also.)

Vocabulary Knowledge Scale, modifiée par Folse (2006, p. 281)

Les scores, 0, 1 et 2, ont été attribués selon les échelons retenus. L’analyse des scores de la

Vocabulary Knowledge Scale administrée après le traitement a montré que le score moyen

de la condition 2 (4,78 sur 10,00) était significativement plus élevé que celui obtenu dans les autres conditions (condition 1 : 2,36 ; condition 3 : 2,48 sur 10,00), entre lesquelles il n’y avait cependant pas de différence significative.

En général, on dit que l’exercice à trou est une tâche moins productive que l’autre type de tâche (l’écriture d’une phrase). D’ailleurs, d’après Hulstijn et Laufer (2001), l’exercice à trou provoque un traitement moins profond que l’autre. Cependant, Folse se demande si l’effort dans lequel s’engage un apprenant en essayant de deviner le sens du mot à produire à partir du contexte et de se rappeler la forme de ce mot afin de combler une lacune, ne constitue pas en fait un traitement approfondi. À la suite de son étude, il affirme au contraire que l’exercice à trou permet un engagement approfondi. En effet, les résultats qu’il a obtenus dans son expérience montraient qu’il n’y avait pas de différence significative entre le groupe d’un exercice à trou et celui de la copie de la phrase au niveau du score de post test. Les résultats de son étude lui ont également permis de constater que la récupération multiple serait le facteur le plus important, car le groupe qui a fait trois exercices à trou différents pour chaque mot a obtenu des scores deux fois plus élevés que ceux des deux autres groupes, soit l’un qui a reçu la tâche de copier la phrase pour chaque mot et l’autre qui devait effectuer un seul exercice à trou pour chaque mot. Par conséquent, Folse conclut que la tâche engendrant la récupération multiple, quelle que ce soit la profondeur de l’engagement, facilite et renforce l’apprentissage du vocabulaire en L2.

Par ailleurs, Barcroft (2007) a mené une expérience pour examiner l’effet de l’occasion de récupérer des mots cibles en L2 à l’aide de l’indice en image au cours de l’apprentissage sur

leur rétention. À cet effet, le chercheur a préparé deux types de cartes-éclair pour chaque mot cible comme dans l’exemple ci-dessous (Figure 10). La carte A comporte le mot cible chat et l’image correspondant tandis que sur la carte B figure la seule image. La récupération se produit lorsque l’on regarde la carte B.

Figure 10 : Exemple de deux types de cartes-éclair

Répartis en deux groupes, les participants (n=24), apprenants anglophones de l’espagnol, ont appris 24 mots cibles avec des cartes-éclair dans une des deux conditions. Chaque groupe a appris la moitié des mots, soit 1-12, en les récupérant (condition de récupération) et l’autre moitié, soit 13-24, sans faire la récupération (condition sans récupération).

Comme l’indique le Tableau XXII, les participants du groupe 1 ont regardé chaque carte de type A, projetée l’une après l’autre sur l’écran, pendant trois secondes à la première étape du traitement. À l’étape suivante, ils ont regardé les cartes A pour les premiers mots (1-12) pendant douze secondes, deux fois. À la dernière étape, les participants de ce groupe ont récupéré le reste des mots (13-24) : ils ont regardé une carte B pendant six secondes et ensuite une carte A, pour le reste des mots 13-24, pendant six secondes. Cette étape a été répétée deux fois. Il était demandé aux participants de penser au mot correspondant au moment de regarder les cartes B. Dans le but de contrebalancer le traitement, le Groupe 2 a appris les mots 1-12 dans la condition de récupération et les autres (13-24) dans la condition sans récupération.

chat

Tableau XXII Procédure du traitement pour les deux groupes dans l’étude de Barcroft (2007)

Étape Groupe 1 Groupe 2

1 Mots 1-24 : Regarder une carte A pour chaque mot pendant 3 secondes. 2 Condition sans récupération Condition de récupération

Mots cibles 1-12

Regarder une carte A pour chaque mot pendant 12 secondes, deux fois.

Mots cibles 1-12

Regarder une carte B pour chaque mot pendant six secondes et ensuite la carte A pour chaque mot pendant six secondes, deux fois.

3 Condition de récupération Condition sans récupération Mots cibles 13-24

Regarder une carte B pour chaque mot pendant six secondes et ensuite la carte A pour chaque mot pendant six secondes, deux fois.

Mots cibles 13-24

Regarder une carte A pour chaque mot pendant 12 secondes, deux fois.

Après le traitement, Barcroft a administré un post test immédiat, deux post tests différés, deux jours et une semaine plus tard. Dans tous les tests, les participants devaient écrire les mots cibles correspondant aux images. Les résultats ont montré qu’ils se sont rappelés significativement plus de mots cibles dans la condition avec la récupération que dans la condition témoin au post test immédiat (7,31 points contre 6,76 sur 12,00). De plus, cet effet positif de la récupération était durable parce que les scores de la condition avec la récupération sont restés supérieurs à ceux de l’autre condition après deux jours (5,79 contre 5,07 sur 12,00) et aussi une semaine après (5,43 contre 4,80 sur 12,00).

Afin d’interpréter ces résultats, Barcroft a cité Bjork (1975), selon lequel la récupération d’un item déjà encodé à un certain degré peut améliorer ou encore renforcer le système de la représentation de cet item dans la mémoire. Selon l’étude de McNamara et Healy (1995) que Barcroft a rapportée, la récupération offre aux apprenants l’occasion de « s’engager dans les opérations cognitives qui servent à connecter un item cible à une information préalablement stockée en mémoire » (p. 399, notre traduction). Si on retourne dans l’étude de Barcroft, « l’item cible » et « l’information préalablement emmagasinée » correspondaient respectivement à la forme du mot cible et à la représentation mentale, soit l’image de la carte- éclair qui référait au mot cible. Comme cette information était signifiante, conceptuelle et

sémantique, alors la récupération que les participants ont effectuée reposait sur l’indice qui activait leurs réseaux sémantiques. L’effet positif de la récupération sur la mémorisation des mots cibles correspond à l’activation sémantique qui pourrait renforcer les connexions entre les représentations formelle (la forme) et sémantique (le sens) des mots cibles. Dans cette optique, la récupération est une tâche différente de la répétition simple ou du copiage du mot cible.

3.2.4 Synthèse des études portant sur la récupération et l’apprentissage