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II. Du Signe à l’Icone

II.2 Problèmes d’iconicité

II.2.2 Le type

Il est défini selon qu’il permet de maintenir une stabilité dans la relation entre signifiant iconique et référent.

« Le type est un modèle intériorisé et stabilisé, qui confronté avec le produit de la perception, est à la base du processus cognitif. Dans le domaine iconique, le type est une représentation mentale, constituée par

un processus d’intégration. Sa fonction est de garantir l’équivalence (ou

identité transformée) du référent et du signifiant, équivalence qui n’est jamais due à la seule transformation. Référent et signifiant sont donc dans une relation de cotypie »59

Il existera donc plusieurs relations qui vont s’établir entre les trois parties du signe iconique et qui vont jouer les unes sur les autres en influençant les transformations et en marquant des formes stabilisées.

Pour comprendre le problème posé par l’iconicité, et les diverses relations existant entre les trois parties, nous choisissons de prendre appuie sur un exemple, soit cette photographie60du célèbre photographe de rue Craig Alan :

58Groupe µ, Traité du signe visuel. Op.cit. P137 59Ibidem. p137.

Partant de cette image, nous établirons que le signifiant iconique est la fusion des traits noirs qui donnent sa forme à cette tête et à ce buste humain. La référence, ici à la partie supérieure du corps, est perçue grâce à une illusion référentielle qui est maintenue par un équilibre entre le référent et le type. Celui-ci permet de mettre en place des transformations au niveau du signifiant iconique qui vont permettre la reconnaissance de l’objet donné.

En d’autres termes, lorsque nous regardons cette image visuelle, nous percevons sur le plan de l’expression, plusieurs traits noirs sur un fond gris (nous reviendrons sur ce point rouge), ces traits noirs constituent la forme d’un visage et d’un buste sur le plan du signifiant iconique. Toutefois, ce qui permet cette transformation qui part des traits noirs vers le visage et le buste, ce sont le type et le référent. Les traits vont permettre de construire un visage à partir de ce que la typologie permet : des traits des yeux, des narines, de cheveux. En fait, le type comportera un répertoire de données qui vont donner lieu à la stabilisation du référent /visage/ en tant que tel. La forme ovale et sa couleur /rouge/ aura une fonction contrastive et permettra de créer une allotopie dans la couleur, le regard va s’attarder sur ce rouge qui est placé presque au centre de l’image, c’est aussi la seule note de couleur (il crée aussi un contraste) dans l’image visuelle, elle permet de conférer à ce visage un sexe : c’est bien le visage d’une femme : elle créera de la sorte une isotopie dans la reconstruction du visage féminin (et une allotopie quant aux couleurs).

A ce moment de l’analyse, nous devons revenir sur la motivation et l’arbitraire du signe. Comme nous le savons, certains signes sont motivés et d’autres arbitraires61. Est-ce que le signe iconique est soumis à la motivation ou bien est-il arbitraire ? Si l’on parle d’arbitrarité, c’est que le signifiant iconique est le premier élément à être identifiable comme arbitraire. En effet, rien ne garantie qu’un tel signifiant iconique soit motivé et qu’il renvoie de façon motivé à un type. Toutefois, il semble quand même que la question pose problème : effectivement, si nous 61Voir à ce sujet. Le cours de linguistique générale. De Saussure.

dessinons un arbre au trait noir n’est-il pas d’ors-et-déjà un signifiant iconique motivé ? Pour le Groupe µ « la motivation existe quand les conditions de transformation et de conformité sont

simultanément respectées […] la première est subordonnée à la seconde »62. Nous savons que la relation qui relit le signifiant au type est arbitraire, toutefois, nous émettons quelques doutes sur la stabilité de cette notion d’arbitraire : le signe iconique, dès le moment où il est considéré comme un moyen qui permet une transformation, une reconnaissance de type et sa stabilisation en tant que référent, le signifiant iconique est motivé. Cela revient à dire que le dessin de l’arbre au trait noir qui pourra être reconnu comme tel est motivé. Il permet un degré d’iconicité plus ou moins fort.

Si nous reprenons notre exemple, tous les traits noirs – qui sont constitués par des hommes – sont disposés de telle sorte à permettre la construction et la reconnaissance d’un visage et d’un bustte de femme. Ajoutons à cela, la connaissance du monde (la culture), et nous pouvons reconnaitre le visage de la célèbre actrice Audrey Hepburn. Soumettons cette photographie au schéma de la production iconique : nous avons dit que le signe iconique passe par diverses transformations qui vont permettre le passage de Sens 1, émis par l’émetteur au Sens 2, reçu par le récepteur. Dans cette dynamique, en recevant cette photographie, et en y actualisant toutes les transformations nécessaires, le récepteur donnera comme type à cette photographie le visage d’une femme. Ce type peut être perçu de tous. Toutefois, la stabilisation du référent en tant que partie supérieure du corps de l’actrice A. Hepburn n’est reconnaissable que grâce à la culture. Ici, on supposera de connaitre les films et les icônes américaines des années cinquante. On notera que pour reconnaitre un fait visuel en termes de signe iconique, il devra atteindre un « taux minimal d’identification63». Ce nombre est atteint lorsque les signifiants iconiques ont eu une transformation positive vers un type et que ce dernier est reconnaissable et limité. Au final, le fait visuel devient une icône [signe iconique] à partir du moment où nous lui accordons les caractéristiques de l’objet qu’il représente. Pour le Groupe µ, le taux minimal d’identification est permis grâce à plusieurs éléments : la congruence (ou plus communément appelés les effets de miroir), les projections, et les homothéties (qui peuvent être soumises à des effets d’agrandissement ou de réduction de volume).

Pour en revenir au signe iconique, il faudra savoir que comme tous les signes, il est soumis à la loi de l’articulation64. Le signe iconique est découpé en trois parties dont les statuts

62Le Groupe µ. Op.cit. p142. 63Le Groupe µ, op.cit. p140.

sont en constante mutabilité. Le groupe µ donnera l’exemple de la tête. Cette dernière est reliée à trois niveaux différents : 1) le niveau 0 = l’entité ; 2) le niveau 0+1 = la surentité ; 3) le niveau 0-1 = la sous-entité. Conformément à notre exemple (la photographie d’A. H) : l’entité = la tête ; les sous-entités = les yeux, le nez, la bouche, les cheveux ; la surentité = le corps d’A. H.

Cela veut dire que la stabilité de l’entité diffère selon qu’elle soie perçue comme une partie globale ou une partie faisant partie d’une autre. Si tant est si bien, que du statut de déterminé65(ou de type) elle passera à celui de déterminant66(signifiant iconique mineur). C’est ici que nous reprendrons notre premier schéma sur l’image en tant qu’énoncé final dans lequel nous retrouverons indubitablement des énoncés minimaux construits à partir des différentes articulations des signifiants iconiques en plus des types, et de leur concourt à la compréhension d’un référent final.