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Dans ma logique de me rapprocher de ma problématique, la question des troubles du comportement me semble très importante. En effet, ce sont ces troubles qui pourront être observés ou déduits dans les situations comportementales fictives et pour lesquels les professionnels que j’ai rencontrés ont pu émettre des idées de régulations et/ou de remédiations.

Dans cette optique-là, c’était pour moi essentiel de mentionner ces troubles du comportement et de les expliquer le mieux possible.

Cette terminologie émerge en 1950 (au premier congrès international de psychiatrie de Paris52) et regroupe alors à l’époque les « troubles symptomatiques de processus organique, les troubles graves du comportement d’allure psychopathique, les troubles d’allure névrotique et les états réactionnels simples »53. On le remarque, cette notion englobe alors plus de choses que le trouble du caractère apparu en 1944 (selon Egron, 2011). Sa vision est également « dynamique et évolutive » ainsi qu’affectée par un « déterminisme social » selon ce même auteur.

Il n’existe aujourd’hui pas officiellement de subdivision entre les troubles mentaux et les troubles du comportement. Les troubles mentaux englobent par exemple les troubles mentaux organiques – avec les troubles symptomatiques – tels que la maladie d’Alzheimer ou le délirium, les troubles mentaux causés par l’addiction aux opioïdes, par la consommation de

52 Sutter, J. (1950). Premier congrès international de psychiatrie, Paris, 18-27 septembre 1950.

Population, 4, 754-755.

53 Egron, B. (Ed.) (2011). Scolariser les élèves handicapés mentaux ou psychiques. France : INSHEA.

produits psychoactifs tels que l’absorption malsaine d’alcool, le retard mental ou encore la schizophrénie et les troubles délirants54. Cette dichotomie n’est donc ni exclusive ni exhaustive mais elle mérite de spécifier que si la catégorie générale regroupe l’ensemble la réalité clinique force l’utilisation de deux notions différentes.

Aujourd’hui, la définition de l’OMS pour les troubles mentaux et du comportement est la suivante : « affections cliniquement significatives qui se caractérisent par un changement de mode de pensée, de l’humeur (affects) ou du comportement associé à une détresse psychique et/ou à une altération des fonctions mentales »55. On peut encore ajouter l’avis d’Egron (2011) qui précise que l’ensemble de ces maladies ou troubles « ne sont pas de simples variations à l’intérieur des limites de la normalité mais des phénomènes manifestement anormaux ou pathologiques ».

La CIM-10 liste à la fois les troubles mentaux et du comportement. Si l’on s’arrête uniquement sur les troubles qui nous intéressent – ceux du comportement – on peut citer ceux-ci : les troubles de comportement et les troubles émotionnels (qui surviennent durant l’enfance et l’adolescence) tels que les troubles hyperkinétiques (TDA/H) et les troubles des conduites56, les troubles du développement psychologique tels que les troubles spécifiques du développement de la parole et du langage ou des acquisitions scolaires ainsi que les troubles envahissants du développement, les troubles de la personnalité et du comportement chez l’adulte tels que la personnalité borderline (trouble de la personnalité borderline (TPB) ou trouble de la personnalité limite (TPL)) ou la paranoïa57. Selon Egron (2011), les symptômes ainsi que la description de ceux-ci sont également listés dans la CIM-10 mais je ne vais pas les citer ici. Ils sont très nombreux, variés dans leur forme ainsi que dans leur degré de sévérité.

Le DSM-IV-TR (version révisée et en français, 2005) ne fait aucunement mention de « troubles du comportement » dans sa classification58. Ces différents troubles seront plutôt insérés dans les sous-catégories comme « comportements perturbateurs et déficits de l’attention », « troubles liés à une substance », « troubles anxieux » ou les « troubles de la communication ». La dernière

54 Au sens de cette classification en ligne : http://apps.who.int/classifications/icd10/browse/2008/fr, consultée le 27 juin 2016.

55 Egron, B. (Ed.) (2011). Scolariser les élèves handicapés mentaux ou psychiques. France : INSHEA.

56 Inserm. (2005). Les troubles des conduites chez l’enfant et l’adolescent. Paris : Inserm.

57 Au sens de cette classification en ligne : http://apps.who.int/classifications/icd10/browse/2008/fr, consultée le 27 juin 2016.

58 Au sens du manuel en ligne : https://psychiatrieweb.files.wordpress.com/2011/12/manuel-diagnostique-troubles-mentaux.pdf, consulté le 27 juin 2016.

version, le DSM-5, remplace la terminologie du groupe « troubles 1ère, 2ème enfance ou adolescence » (DSM-IV-TR) en « trouble des comportements et des conduites ». Cette catégorie regroupant le « trouble oppositionnel avec provocation », le « trouble des conduites » ainsi que le « trouble explosif intermittent »59.

Selon Egron (2011), la fréquence de ces troubles s’est amplifiée lors des quarante dernières années. En étant toujours plus présente chez les garçons (entre 6 et 16% selon les pays et les études) que chez les filles (entre 2 et 9%). Finalement, ce même auteur écrit encore que cette fréquence est plus grande en « milieu urbain que rural ». J’ajouterai à propos de la fréquence de ces troubles du comportement l’élément suivant. Une étude (Merikangas, 2010) du NIMH a constaté que : « cette prévalence de troubles émotionnels et psychologiques est même plus forte que celle de maladies courantes comme l’asthme ou le diabète ». Selon cette étude basée sur un échantillon d’environ 10'000 enfants et adolescents, le trouble le plus fréquent recensé (par plus du tiers sujets) est l’anxiété.

Selon Egron (2011) et Misès (2012), la CFTMEA compile également bon nombre de troubles du comportement chez l’enfant et l’adolescent. Certains sont aussi dans la classification « pour adulte » de la CIM-10, les troubles hyperkinétiques, la schizophrénie, les troubles névrotiques, les troubles de la parole et du langage ou les addictions à certaines substances par exemple.

Toutefois, la CFTMEA met l’accent sur d’autres troubles du comportement (tels que les tentatives de suicide, les troubles de l’angoisse de séparation, les phobies scolaires), des troubles des conduites sexuelles ou encore d’autres tels que les fugues.

Dumas (2013), explique pour sa part que les troubles du comportement sont dissociables entre les troubles oppositionnelles avec provocation et les troubles des conduites (qui regroupe

« l’ensemble des comportements conflictuels auxquels viennent s’ajouter la violation répétée des droits fondamentaux d’autrui et des normes sociales […] » (pp. 328-329). Selon lui, ces troubles sont souvent « associés » à d’autres troubles (« difficultés scolaires », « hyperactivité »,

« troubles de l’humeur et troubles anxieux », utilisation précoce et abusive de drogues »).

Dumas, dans son ouvrage de 2013, ne place pas ensemble dans la catégories troubles du comportement d’autre troubles tels que « les troubles anxieux », « les troubles de l’alimentation et des conduites alimentaires » ou « les troubles de l’humeur ». Ceux-ci font donc l’objet d’une catégorisation à part même si Dumas relève encore très souvent une grande comorbidité.

59 Selon la source « Centre de réadaptation en déficience intellectuelle et en troubles envahissants du développement de la Montérégie-Est (2013) ».

On peut résumer un trouble du comportement selon cette citation de Garcin, Lecavalier, Sabourin et Tassé (2010) : « action ou ensemble d’actions qui est jugé problématique parce qu’il s’écarte des normes sociales, culturelles ou développementales et qui est préjudiciable à la personne ou à son environnement social ou physique ».

Les troubles du comportement peuvent se repartir en deux groupes bien distincts60. Il y a d’abord les troubles dit « d’internalisation », définis par le fait qu’ils influencent la personne concernée. On peut citer dans ce groupe la dépression, les phobies ou l’anxiété. Il y a aussi les troubles dit « d’externalisation », qui rassemblent les comportements influençant également d’autres personnes. On peut mentionner dans cette catégorie le trouble oppositionnel avec provocation, le trouble des conduites ou encore les troubles du déficit de l’attention (TDA) même si c’est dans une moindre mesure pour ce dernier car il n’est pas classé officiellement comme trouble du comportement par le DSM-IV ou le DSM-5.

Selon Egron (2011), plusieurs points sont à préciser quant à la notion de trouble de comportement : les personnes souffrant de troubles du comportement ne sont pas des malades mentaux, leur affection n’est pas « construite » (au sens qu’elle n’est pas causée par une maladie/pathologie/déficience précise), il n’y a pas d’origine héréditaire ou génétique connue, leur apparition et leur diagnostic se fait de plus en plus tôt, un retard mental n’est pas forcément associé et les signes communs sont très souvent d’ordre sociaux (en particulier familiaux).

Toujours selon cet auteur, on peut encore citer différents points auxquels il faut faire attention.

Ces troubles, la plupart du temps, s’estompent voire s’évanouissent à la fin de l’adolescence, il existe généralement une confusion avec les troubles oppositionnels de l’adolescence, le niveau d’indulgence et de compréhension du lieu de scolarisation influe le diagnostic, cela peut être un moyen inconscient d’étiqueter des élèves problématiques sans fondement réel et, enfin, ces troubles sont fortement liés à la notion de « handicap social »61.

Pour terminer – et dans le but d’essayer de résumer et d’expliciter le plus clairement possible les différences et association entre troubles du développement, troubles du comportement et le

60 Brûlé, D. (2000). Les manifestations comportementales d'internalisation et d'externalisation chez les enfants maltraités. Mémoire de Maîtrise en Psychologie, Université du Québec à Trois-Rivières.

61 Au sens de l’article en ligne : http://www.autisme.fr/?page_id=153, consulté le 29 juin 2016.

Trouble du Spectre Autistique – il y a dans l’annexe n°17 un modèle construit afin d’illustrer et de schématiser l’ensemble.

A partir de mes questions de recherche, je vais désormais apporter une base théorique concernant les approches TEACCH et ABA ainsi que divers éléments à propos de tout ce qui englobe la gestion et la régulation des comportements problématiques relatifs aux trois premières parties qui ont précédé.