• Aucun résultat trouvé

2.1 LES QUARTIERS DE GRANDS ENSEMBLES MANCEAUX ET ANGEVINS: ELEMENTS GEOGRAPHIQUES ET SOCIAU

2.1.1 TRELAZE: BANLIEUE ROUGE ET BLEUE

CARTE N°14:

Trélazé constitue la frange sud-est d'Angers, c'est une ville-banlieue et une cité ouvrière traditionnellement considérée comme le berceau du syndicalisme ouvrier en Anjou. L'histoire urbaine de Trélazé est liée à son histoire économique, c'est à dire pour l'essentiel à l'exploitation de l'ardoise qui a modelé et teinté de bleu ardoise le paysage de la commune (BONNETTE-1983). Mais Trélazé est surtout aujourd'hui une commune socialement et économiquement sinistrée.

2.1.1.1- L'omniprésence de l'ardoise

Trélazé a toujours été une cité ouvrière peuplée de travailleurs modestes. Elle est par ailleurs, connue pour être au sein d'un Anjou politiquement conservateur, une cité "rouge". Sa municipalité a été la seule à direction communiste en Anjou pendant longtemps. La réduction de l'activité d'extraction a profondément marqué le paysage de Trélazé: bâtiments industriels en ruine, friches industrielles et urbaines (SOULEZ-LARIVIERE-1979). En effet, aujourd'hui l'ardoise d'Espagne occupe une place prépondérante; elle assure désormais environ 70% des besoins du marché (THOME-1988).

Les friches industrielles de Trélazé couvrent actuellement un quart du territoire communal, soit en tout 300 Ha73. La majeure partie d'entre elles est comprise dans l'aire du site ardoisier de la commune. Ces sites de friches posent à Trélazé la question de leur reconversion: tentative de nouvelles implantations industrielles, destruction d'anciens bâtiments, implantation de déchetterie ou mise en valeur touristique ?

CARTE N°15:

73 Sources: I. BOUJU, 1989, Les friches industrielles et urbaines de Télazé, Mémoire de Licence de Géographie, Université

En plus d'un paysage rural et boisé74 au nord, la commune est constituée de trois zones de peuplement bien distinctes. Le bourg ancien et ses îlots voisins représentent la première forme urbaine de Trélazé; il s'agit du centre institutionnel, constitué de la mairie et de l'église. Le bourg est séparé du reste de la commune par la barrière physique que forment les déchets des puits. Le pôle ardoisier, qui relève des activités industrielles et ses cités ouvrières, représente le centre de gravité de Trélazé. Point d'attraction, où les communications sont facilitées, le pôle ardoisier est également constitué d'un ensemble de commerces, d'équipements et d'un marché. Il est donc le centre de vie de Trélazé. Le grand ensemble des Plaines et les nouveaux lotissements pavillonnaires forment la troisième famille morphologique de la géographie urbaine de Trélazé.

TRELAZE: Les Plaines côté ardoisières, allée des mineurs

2.1.1.2- Le tournant démographique des années 60

Après-guerre, la population ne va régulièrement cesser de s'accroître, Trélazé retrouve un nombre d'habitants voisin de celui des années 20: 6 934 habitants en 1954. En 1962, la commune compte déjà 9 327 habitants, et en 1968 la population a presque doublé par rapport à ce qu'elle était en 1946: équivalente à 11 663 habitants (JEANNEAU-1972). Cette croissance régulière de la population a conjugué croît naturel régulier et solde migratoire encore élevé en 1968. Si la période 1940-1953 se caractérise par une construction ralentie, 1954 marque bien le début d'une construction importante: cités pavillonnaires (Bellevue, Béatrice, Petit bois) associées au grand ensemble des Plaines (sept cents logements), bâti dès 1959 entre les cités ardoisières des Basses Plaines et celle du Petit Bois.

En 1959, le grand ensemble des Plaines est le plus important de la banlieue angevine; il se présente sous la forme d'immeubles bas (quatre à cinq étages), dont la taille relativement réduite des bâtiments collectifs a favorisé leur intégration dans le paysage (plus une tour de douze étages).

TRELAZE: tour de la cité du petit bois

TRELAZE: Les Plaines

Le grand ensemble regroupe 3 000 habitants, soit un tiers de la population de Trélazé. Ce grand ensemble apporte à Trélazé des nouveaux habitants venus de la ville d'Angers.

Les logements du grand ensemble ont élevé les conditions de confort des logements de Trélazé (JEANNEAU-1972). Par ailleurs, la construction de ces nouveaux logements s'est accompagnée de travaux d'amélioration en matière d'urbanisme et d'équipements collectifs.

En règle générale, le parc de logements de Trélazé se caractérise soit par sa très grande jeunesse, soit par son ancienneté. Le développement urbain, notamment des Plaines, date de la période 1962-1968. La commune enregistre une augmentation de ses actifs: classes moyennes et intermédiaires surtout, mais également ouvrières. Le recensement de 1968 indique que les deux tiers des actifs sont des ouvriers, et que la population active féminine est très faible. Il n'existe en effet que très peu d'emplois féminins, et les crèches et garderies sont quasi- inexistantes. La pyramide des âges de 1968 met en évidence la jeunesse de la population. Elle

s'explique par l'importance des jeunes ménages avec enfants dans la population (entre 54 et 62%).

Dès 1968, un des objectifs de développement urbain pour Trélazé était de parvenir à fixer sur place la population active, en créant des emplois nouveaux autres que ceux liés à l'industrie extractive en déclin. La création d'une Z.I en 1972 a certes permis de diversifier la gamme des établissements industriels et tertiaires, mais n'a pas donné les résultats espérés. Aujourd'hui, l'activité et la vitalité économiques de Trélazé sont en baisse. La population active décroît, les sociétés ardoisières n'embauchent plus. Les mises en pré-retraite sont de plus en plus nombreuses et gonflent ainsi les chiffres des carriers retraités. Par ailleurs, le vieillissement rapide des habitants de Trélazé est renforcé par le départ vers Angers ou Saint-Barthélémy de nombreux actifs de la commune; jeunes couples s'installant à La Roseraie par exemple.

2.1.1.3- Trélazé aujourd'hui: toutes les caractéristiques d'un espace dévalorisé

Jusqu'à la fin des années 60, l'économie de Trélazé reposait presqu'uniquement sur son industrie ardoisière qui faisait vivre sa classe ouvrière. Après les premiers signes de difficultés rencontrées par l'activité, puis son déclin, la commune a subitement été précipitée dans une crise économique grave. La multiplication des aménagements, et les "opérations de secours", n'ont pas enrayé la progression de la courbe du chômage, ni n'ont annulé les difficultés sociales et économiques des habitants. Avec un taux de chômage qui frôle les 25% (plus de deux cents licenciements ardoisiers supplémentaires en 1992)75, la ville de Trélazé est la plus touchée du département, et ce malgré les mesures financières qui se multiplient (douze millions de francs en dix ans) pour favoriser l'installation des entreprises sur la commune. En 1990, Trélazé compte près de 1 600 logements HLM. Le quartier des Plaines regroupe la partie la plus importante de la population de la commune. Le dernier recensement de la population donne de Trélazé quelques indicateurs particulièrement révélateurs des difficultés que connaît la commune: un tiers de la population a moins de vingt ans et 7% sont des étrangers, la moitié de la population est encore composée d'ouvriers, 61,5% des foyers ne sont pas imposables (la moitié à Angers), un quart de la population active est au chômage dont plus d'un tiers a moins de vingt cinq ans, 43% sont chômeurs depuis plus d'un an et 65% ne sont plus indemnisés. Pour Trélazé, plusieurs questions ont un caractère urgent: la politique d'action sociale et éducative d'une part, l'insertion professionnelle de ses jeunes d'autre part, la préservation du patrimoine et le désenclavement urbain enfin. Car aujourd'hui, le quartier des Plaines et la commune de Trélazé font figure de repoussoir aux yeux de la plupart des angevins, les emménagements récents sont rares.

En 1982, la réhabilitation des Plaines est prévue en procédure HVS. Ces projets de réhabilitation et de restructuration font suite aux réflexions d'un groupe de travail constitué dès 1979 par les membres de la SA d'HLM le Toit Angevin, constructeur et bailleur, la municipalité de Trélazé et la CAF. Le but du groupe était de mettre en place des dispositifs susceptibles d'enrayer le processus de dégradation urbaine, sociale et économique en cours. D'abord la réhabilitation du parc de logements (accompagnée d'une restructuration des espaces publics) devait permettre de mieux adapter les logements à l'évolution de la demande, 75 Sources: Ouest-France du 6/7 novembre 1993.

et de favoriser une diversification des logements dans une même cage d'escalier. En instaurant cette double diversification des ménages et des logements, on espérait mettre un frein aux formes de ségrégation. Ensuite, le deuxième objectif de l'opération HVS a concerné des actions sociales, l'intégration des populations isolées et des "défavorisés". Enfin, le troisième objectif visait à modifier l'image négative qui collait au quartier.

Après 1989, et la mise en place du DSQ, les problèmes de fonds sont les mêmes; c'est pourquoi Trélazé s'engage dans une procédure susceptible de prendre en compte des projets ponctuels d'aménagement et d'urbanisme. L'objectif est de promouvoir une réflexion globale à l'échelle de l'ensemble de la commune, identique à celle engagée dans la région à St-Nazaire ou Allonnes par exemple. Le DSQ a concerné à Trélazé le quartier des Plaines et a représenté 41,6% du PLS de la commune soit près de 700 logements76.

Aujourd'hui, le quartier des Plaines est dégradé et rejeté par rapport à l'ensemble. La cité abrite différents types de populations: d'une part, les ardoisiers et leurs familles souvent d'origine bretonne, espagnole ou maghrébine, d'autre part les travailleurs trélazéens non ardoisiers qui sont souvent issus des classes moyennes, enfin, les locataires de Trélazé peu intégrés à la vie locale et extérieurs à l'histoire collective de la commune. Le récent Contrat de Ville (Angers-Trélazé) prévoit notamment une revalorisation de l'image trélazéenne en utilisant finalement ce que la commune possède de meilleur et de plus authentique, son passé ouvrier ardoisier.

2.1.2- RONCERAY-GLONNIERES OU "LA MARGE DE L'URBANITE"

Au Mans, c'est vers 1959 que commence l'histoire du grand ensemble Ronceray- Glonnières, il est géré par l'Office Public d'HLM de la CUM.

CARTE N°17:

De 1960 à 1965, le quartier est équipé d'une Maison des Jeunes et de la Culture (aujourd'hui la MJC Ronceray a quasiment trente ans, elle fut l'une des premières structures de loisirs de la ville), d'une école maternelle, d'un cinéma de quartier (fermé et devenu salle municipale en 1987). En 1964, l'amicale des locataires est créée et en 1969 le vaste supermarché voisin ouvre ses portes.

Le grand ensemble de Ronceray-Glonnières comprend 1 800 logements construits entre 1958 et 1960, qui répètent sur des barres de quatre ou cinq niveaux une typologie extrêmement sommaire. Ronceray-Glonnières regroupe un habitat dont les loyers unitaires sont faibles, en moyenne inférieurs à 450 francs, et dont une faible part de loyer reste à charge, environ 20% (INSEE-1997). Avec un taux de chômage supérieur à 30%, un pourcentage de personnes couvertes par le Revenu Minimum d'Insertion (RMI) voisin de 14,5% et un revenu moyen par unité de consommation équivalent à 3 642 francs, le quartier de Ronceray-Glonnières est l'un des quartiers en convention des Pays de la Loire les plus "défavorisés". Plus d'un habitant sur trois vit sous le seuil de pauvreté, fixé à 3 000 francs par mois, et un quart des ménages disposent de moins de 2 500 francs (INSEE-1997). La pauvreté touche d'abord les familles et les enfants. Mais les femmes, lorsqu'elles élèvent seules leurs enfants, restent les plus exposées à la pauvreté. L'accès à l'emploi est beaucoup plus difficile pour ces femmes, et les possibilités de sortir de la précarité sont faibles.

Dès les années 70, Ronceray-Glonnières apparaît comme un grand ensemble dégradé et inconfortable. Mal entretenu, son image est déplorable, qu'elle émane des habitants ou des non-résidents (CHEVALIER-1984). A la fin des années 70 commencent de grandes opérations de réhabilitation et d'aménagement de l'environnement. La première réhabilitation du quartier, commencée en 1979, a constitué en une opération d'amélioration des logements et d'embellissement qui a marqué les habitants du quartier.