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2.1.5 BELLE BEILLE: LE GRAND ENSEMBLE ANGEVIN LE PLUS ANCIEN

2.1 LES QUARTIERS DE GRANDS ENSEMBLES MANCEAUX ET ANGEVINS: ELEMENTS GEOGRAPHIQUES ET SOCIAU

2.1.5 BELLE BEILLE: LE GRAND ENSEMBLE ANGEVIN LE PLUS ANCIEN

Après-guerre, sous l'effet conjugué de l'exode rural et de l'industrialisation urbaine, les besoins en logements deviennent soudain énormes à Angers. La cité Belle-Beille constitue d'emblée une réponse pour des centaines de ménages. Elle est édifiée entre 1954 et 1959 par l'Office Municipal. La construction du grand ensemble de Belle-Beille ne représente alors pas seulement une solution d'urgence aux problèmes de logements qui se posent, elle marque aussi le début de l'ère des grands ensembles d'habitat collectif à Angers.

BELLE-BEILLE: Tour de la rue P. Blandin

Le quartier Belle-Beille est situé à l'emplacement de l'ancienne entrée ouest de la ville, de part et d'autre de l'avenue Patton, sur d'anciens terrains maraîchers. Il est constitué de plusieurs éléments. A l'ouest le pôle universitaire côtoie le secteur Beaussier (HLM datant de 1970) et le centre commercial; le sud représente le secteur le plus ancien avec ses faubourgs du XIXème siècle; au nord et nord-est se situe le vieux Belle-Beille, composé de maisons individuelles en accession et d'immeubles collectifs sociaux construits de 1954 à 1962. Des

programmes très ponctuels ont été ajoutés au fil des ans à cette partie, ce qui renforce l'incohérence de l'ensemble.

Très tôt, en fait dès le début de l'existence du grand ensemble, des problèmes d'éloignement et donc d'isolement par rapport au reste de la ville se sont posés: pas de bus après vingt heures, manque d'équipements et de commerces. En 1962, on parle déjà de Belle-Beille comme d'une cité-dortoir dans la presse84. Petit à petit, l'accumulation de points négatifs a contribué à l'abaissement des plafonds de ressources et à la lente dégradation du grand ensemble. Mais en fait, dès les premières installations les insatisfactions étaient déjà nombreuses. Les nouveaux résidents avaient pu constater la petitesse des appartements, les problèmes de chauffage central et d'humidité, les défauts d'insonorisation qui se posaient, même si ces questions ont mis un certain temps à émerger publiquement.

Vers 1962, Belle-Beille compte 10 303 habitants très jeunes pour la plupart puisque 40% d'entre eux ont moins de 19 ans; les personnes âgées ne représentant qu'une infime partie de la population. La population de cet ensemble était alors très mobile; elle se renouvelait en effet à plus de 10% tous les ans. Les caractères socioprofessionnels des habitants apparaissaient identiques à beaucoup d'autres grands ensembles d'alors, les résidents étaient surtout des ouvriers (46,6%), des employés (20,6%), des fonctionnaires (24,5%) ou des cadres moyens. En 1982, Belle-Beille compte 12 439 habitants soit 8,6% de la population angevine, près de la moitié de cette population a moins de vingt cinq ans. Par rapport à la population de 1975, la population de 1982 à Belle-Beille a chuté de 5% et se caractérise par le recul des moins de vingt ans (35,4%) et la progression des plus de 60 ans.

Globalement, le taux d'actifs est plus faible à Belle-Beille (39,8%) qu'à Angers (43,4%) et le taux de chômage y est supérieur: 23% contre 16%. La répartition socioprofessionnelle des individus indique une sur-représentation assez nette des employés/ouvriers à Belle-Beille par rapport à Angers et une sous-représentation des catégories sociales élevées ou intermédiaires.

2.1.5.1- Belle-Beille: diversité mais également dénuement de la population

L'opposition est/ouest la plus évidente, à l'intérieur du quartier Belle-Beille, repose sur les caractéristiques socio-économiques des habitants. En effet, à l'est ils sont plus aisés, à l'ouest les ressources sont généralement plus limitées. A l'ouest, on relève une concentration d'étudiants, qui représentent 10% des locataires, et des retraités, qui représentent en moyenne un quart de l'effectif. Des populations caractérisées par les difficultés économiques forment également quelques concentrations dans le centre du quartier; mais la population d'origine modeste est d'une manière générale assez nombreuse à Belle-Beille.

REVENUS DES MENAGES LOGES PAR OHLM (en %):

REVENUS DES MENAGES A ANGERS-HABITAT:

36% 8% 56% Moins de 5200 francs 5200/9300 Plus de 9300 Sources: AURA-1992.

Le quartier Belle-Beille représente, à lui seul, un quart des impayés de loyers de l'Office Public d'HLM Angers-Habitat. La Caisse d'Allocations Familiales (CAF) enregistre une augmentation de ses interventions au sein des familles du quartier; entre 1980 et 1986 elles ont quadruplé. Belle-Beille avait été proposé pour un DSQ parce que le quartier constitue la zone d'intervention la plus importante pour le Centre Communal d'Action Sociale (CCAS), près d'un quart des secours de la ville85. Par ailleurs, 57% des dossiers en examen dans cet organisme concernent des chômeurs, dont la moitié n'est plus indemnisée. Les prêts et les secours du CCAS, comme les prises en charge de frais de cantine notamment, sont en augmentation permanente. A ces problèmes économiques cumulés, il faut ajouter des difficultés sociales et familiales graves, responsables souvent de l'échec scolaire des enfants. Un effort en direction des jeunes, de l'école et de l'éducation a été fourni pour améliorer le niveau de formation des jeunes, mais également des adultes. Car 60% de la population du quartier de Belle-Beille est sans diplôme, ou avec seulement un Certificat de fin d'Etudes Primaires (CEP). Le diagnostic de la Zone d'Education Prioritaire (ZEP) montre que les taux de redoublement restent élevés86. Grâce aux statistiques fournies dans le cadre du suivi des 85 Sur les conditions de vie difficiles dans le grand ensemble de Belle-Beille, voir: M.F. BESNARD, mai 1991,

Développement Social du Quartier de Belle-Beille. Evaluation de la réalité socioculturelle, Mémoire d'étude,

AFOREST/ESESFA Angers, 126 pages.

86 RETARDS SCOLAIRES: ZEP DE BELLE-BEILLE

Année 1989/90 1990/91

Enfants scolarisés sur le site 2 123 2 118

% d'enfants étrangers 10,2% 10,1%

Taux de redoublement primaire (CP) 9,8 12,1

Taux de redoublement primaire (CM2) 1,7 2,6

Redoublement fin 5ème 20,5 17

ZEP, on sait qu'un tiers des élèves provenant de Belle-Beille ont un an au moins de retard scolaire lors de leur entrée en sixième. Parmi eux, un sur quatre ont plus de deux ans de retard scolaire. En fin du premier cycle secondaire, 42,9% des élèves ont au moins un an de retard. Parmi eux, un sur cinq ont plus de deux ans de retard (moins d'un sur dix dans le collège privé De La Barre87):

RESULTATS DU COLLEGE PUBLIC Fr. RABELAIS:

6ème 5ème 4ème 3ème Nombre d'élèves 116 98 52 52

Age normal 40,5% 23,4% 61,5% 36,5%

1 an de retard 33,6 30,6 25 42,3

2 ans de retard et plus 25,8 45,9 13,5 21,1 Sources: VILLE D'ANGERS-avril 1989.

2.1.5.2- Le parc logement de Belle-Beille est diversifié et "l'effet étudiant" se répercute sur la demande

Le parc logements de Belle-Beille regroupe 4 521 logements, soit 8,2% du parc de la ville d'Angers. Belle-Beille recèle l'un des PLS les plus denses d'Angers avec Monplaisir. Le poids des logements locatifs sociaux dans le parc de résidences principales correspond à 3 096 logements, soit un PLS équivalent à 68,4% (Angers en compte environ 36%). Avec ce parc, composé presque exclusivement de collectifs en location, le quartier représente 14,7% de l'offre HLM de la ville. Le parc possède, à Belle-Beille, la particularité d'être souvent ancien, la moitié des logements ont plus de vingt ans. Il a, par ailleurs, la caractéristique d'être composé essentiellement de T3 et T4 (70,4%). Il relève de six organismes d'HLM: l'OP d'HLM d'Angers (82% du parc à lui seul), le Val de Loire, Anjou Castors, La SOCLOVA, le Toit Angevin, et Logi-Ouest.

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