• Aucun résultat trouvé

1.2.2 LA CONSTITUTION DES GRANDS ENSEMBLES A ANGERS ET LEUR PEUPLEMENT

1.2 LES CONDITIONS D'EMERGENCE DES GRANDS ENSEMBLES DANS LES AGGLOMERATIONS D'ANGERS ET DU

1.2.2 LA CONSTITUTION DES GRANDS ENSEMBLES A ANGERS ET LEUR PEUPLEMENT

Après guerre, Angers fait le bilan des nouveaux besoins en logements et dresse la liste des insuffisances en matière d'équipements urbains. Les bombardements aériens de 1944, qui ont détruit plusieurs quartiers et un essor démographique sans précédent dans l'histoire d'Angers (de 1946 à 1968: + 41 000 habitants pour la seule commune d'Angers), font se multiplier les besoins en logements. Ces circonstances particulières entraînent l'édification de nouveaux quartiers angevins (JEANNEAU-1974). Destructions de guerre et essor démographique sont donc bien à l'origine de la création des grands ensembles: Belle-Beille, la ZUP de Monplaisir, la ZUP de la Roseraie et Les Plaines à Trélazé.

Belle-Beille (Cf: Repère N°5), qui regroupe un peu plus de 3 000 logements, constitue

l'un des tout premiers grands ensembles en France. Il a été édifié à partir de 1954, à l'ouest de la ville en trois tranches de constructions distinctes (1953-54, 1957-58 et 1959-60). En 1974, l'observation de la population résidante montre qu'elle s'est rapidement prolétarisée, sous l'effet des arrivées massives d'ouvriers et d'employés (46,5% et 20,5% de la population d'alors) et départs progressifs des cadres. Par ailleurs, la population est jeune et mobile, et le quartier est isolé et déjà sous-équipé (JEANNEAU-1974).

La ZUP de Monplaisir, de taille comparable, correspond au deuxième grand ensemble édifié à Angers. Elle est située dans la partie nord de la ville. Monplaisir a été construit en plusieurs tranches de 1963 à 1968. Les immeubles se répartissent autour de la place de l'Europe; cœur du quartier, la place rassemble l'ensemble des équipements commerciaux et de services. En 1968, le quartier de Monplaisir regroupe une concentration ouvrière exceptionnelle, 57,9% des habitants sont des ouvriers.

Par ailleurs, le recensement de 1968 a permis de souligner l'extrême jeunesse de la population résidante, 51,2% des habitants y ont moins de vingt ans.

Le troisième grand ensemble angevin regroupe également 3 000 logements, il correspond à la ZUP de La Roseraie. Elle est située à l'opposé de Monplaisir, au sud de la ville, d'où son appellation de ZUP Sud. Elle a été édifiée de 1966 à 1974 et correspond, de fait, au grand ensemble d'Angers le mieux et le plus équipé des trois. La Roseraie bénéficie en effet, d'un centre commercial, au cœur de la ZUP, en plus de nombreux équipements tertiaires et de services. Par ailleurs, elle était des trois cités, celle dont la structure socioprofessionnelle était la plus diversifiée. La Roseraie regroupait alors presque autant d'employés que d'ouvriers: 33 et 37%, et jusqu'à 15% encore de cadres moyens en 1974. S'il fallait hiérarchiser les grands ensembles angevins, on pourrait dire que Belle-Beille, en tant que première expérience, a été discutable, puis Monplaisir a permis une nette amélioration, pour qu'enfin La Roseraie puisse tirer, en quelque sorte, tous les enseignements des expériences passées.

Verneau constitue un exemple à part. D'ampleur plus modeste, la cité ne regroupe pas un

millier de logements. Le quartier est constitué de blocs collectifs de taille plus réduite.

Dans le cas de Trélazé, on a assisté à un développement linéaire le long des lignes de transports en commun, notamment au sud-est de l'agglomération, le long de l'axe Trélazé/Les Ponts-de-Cé. L'urbanisation de la banlieue de Trélazé progresse de 1860 à 1940. Trélazé, avec Saint-Barthélémy-d'Anjou, fait partie de ce que l'on appelle communément la banlieue ardoisière. De 1865 à 1930, les sociétés ardoisières ont entrepris la construction de plusieurs cités ouvrières dont les deux plus importantes restent celles des Tellières et du Petit Bois. Durant cette période et grâce aussi à l'immigration bretonne, la population de Trélazé a plus que doublé, pour connaître ensuite une stagnation entre les deux guerres. A partir de 1954, un essor démographique important a imposé la construction de logements nouveaux sous la forme de cités pavillonnaires et sous la forme d'un grand ensemble d'un millier de logements (Les Plaines) de 1958 à 1965. En 1974, Trélazé demeure encore et avant tout une banlieue ouvrière.

1.2.2.1- Le contexte socio-démographique angevin

L'agglomération d'Angers compte onze communes, soit 210 000 habitants au dernier recensement. La croissance annuelle entre 1982 et 1990 a été de l'ordre de + 0,6% par an: elle s'explique en grande partie par le développement des communes périphériques. En revanche, on observe une baisse de population dans les communes du sud-est comme celle de Trélazé et un ralentissement à Angers dans des quartiers de grands ensembles comme Belle-Beille ou Verneau (Cf: Repère N°5). La ville d'Angers représente à elle seule 68,5% de la population de l'agglomération, soit 141 400 habitants, la commune de Trélazé 5% soit 10 540 habitants. L'évolution récente de la population dans l'agglomération angevine illustre trois formes classiques de développement. Classiques, parce que lisibles également dans d'autres agglomérations de taille et de statut identiques, notamment Le Mans: le dépeuplement du centre-ville d'Angers, la stagnation ou le fléchissement (Trélazé, Les Ponts-de-Cé, Avrillé) ou bien la croissance (St-Barthélémy, Bouchemaine, Beaucouzé) de communes périphériques, et enfin, l'essor du périurbain ou du rurbain. D'une manière générale, Angers se caractérise par un vieillissement démographique. Seuls échappent à cette règle, les quartiers de la Roseraie, de Belle-Beille, de Verneau, de Monplaisir et Trélazé (BERTRAND & HUMEAU- 1987). Bien qu'en recul par rapport à 1982, la part des jeunes de moins de vingt ans reste importante à Angers dans ces quartiers d'habitat social. A l'échelle de la ville d'Angers, on constate le déclin de certains groupes socioprofessionnels comme les actifs agricoles, mais également les artisans, les commerçants et les ouvriers. Mais certains quartiers se singularisent par une modeste progression d'ouvriers comme Belle-Beille, La Roseraie ou Monplaisir. D'autres Professions et Catégories Sociales (PCS) sont en progrès dans la ville d'Angers, comme dans les communes périurbaines: les cadres supérieurs et moyens, les employés.

Au début des années 80, l'Agence d'Urbanisme de la Région Angevine (AURA) publie un schéma simplifié des types d'habitat et de peuplement à Angers64: il indique qu'Angers 64 Cf: Dossier habitat de la Région d'Angers, AURA, District Urbain d'Angers, octobre 1979, 71 pages.

n'échappe pas au phénomène de catégorisation et de spécialisation sociale de son parc de logements. Le type "maison individuelle en accession à la propriété" est surtout occupé par des familles de vingt cinq à quarante ans avec enfants, déjà installées antérieurement dans l'agglomération en collectif, et appartenant à des catégories aisées ou moyennes (cadres ou double revenus). Le type "logement locatif social neuf" est occupé par des familles en voie de formation (couples de moins de vingt cinq ans sans enfant ou avec enfants), familles à revenus moyens récemment installées dans l'agglomération, personnes seules (Jeunes Travailleurs ou personnes âgées) ayant occupé précédemment des cités HLM anciennes. Le type "HLM ancienne" est occupé par des ménages modestes (souvent un seul revenu) ayant relayé des catégories plus aisées qui ont migré. Le type "logement ancien de centre-ville", considéré comme transitoire est occupé surtout par des jeunes (étudiants le plus souvent), des catégories à faibles revenus ou des ménages exclus du parc HLM. Le type "résidence privée

de taille réduite ou moyenne en accession ou en location" est occupé par des catégories

moyennes et aisées. C'est vers l'ouest de l'agglomération angevine, outre-Maine, que le développement urbain est le plus dynamique. Ces secteurs sont concernés par des programmes de construction depuis 1982. Les quartiers où la population est rapidement renouvelée, où la mobilité est importante, correspondent à la zone plus dynamique du centre- ville et aussi au quartier du Lac de Maine. Au contraire, les valeurs témoignant d'une plus forte sédentarité sont relevées dans des secteurs comme Monplaisir ou Verneau, qui ont une image de fin de parcours résidentiel.

1.2.2.2- La croissance et le développement urbain d'Angers

Dans les années 50, comme beaucoup de villes françaises, Angers se caractérise par une forte extension de ses récents quartiers, Belle-Beille et Verneau, au détriment des communes rurales. Les décennies 50 et 60 sont marquées à Angers par la création de ZUP. Depuis 1962, on a pu identifier à Angers quatre phases de constructions de logements.

La première s'étend de 1962 à 1965, elle correspond à une phase de constructions largement concentrées sur quelques communes (Avrillé, Les Ponts-de-Cé, Trélazé en plus d'Angers), l'urbanisation périphérique est alors encore très faible. Les maisons individuelles sont réalisées sous forme groupée, par des constructeurs sociaux, ou isolée par les ménages eux- mêmes. La période qui s'étend de 1966 à 1971 correspond à une accélération de la construction sous forme de grandes opérations (ZUP Nord, ZUP de la Roseraie). La production de maisons individuelles franchit aussi un premier seuil quantitatif, et l'habitat périphérique commence à se développer. La troisième période, qui va de 1972 à 1976, correspond au point culminant de la construction dans plusieurs communes: Angers, Avrillé, Les Ponts-de-Cé... La périurbanisation gagne en direction sud Loire et ouest (PIHET-1985). Cette phase de développement important de l'habitat pavillonnaire périurbain est marquée par l'intervention de nouveaux acteurs sur le marché: "pavillonnaires" nationaux ou régionaux, promoteurs immobiliers. La période 1977-1978 correspond à un ralentissement de la construction du nombre de logements collectifs dans l'agglomération; le volume de maisons individuelles augmentant à l'intérieur et surtout à l'extérieur de l'agglomération. Elles représentent alors la moitié du nombre de logements construits dans l'ensemble des communes du SDAU. Cette diffusion périurbaine de l'habitat représente, aujourd'hui, la forme contemporaine la plus aboutie dans le paysage, une trentaine de kilomètres autour de la ville.

Il apparaît par ailleurs, que les caractéristiques démographiques des nouveaux habitants des zones périphériques sont proches de celles des nouveaux quartiers de l'agglomération ou des grands ensembles des années 60-70: jeunes, ménages de deux enfants, familles nucléaires, sur-représentation de cadres moyens et d'employés (BERTRAND-1985).

En vingt ans, de 1954 à 1974, 20 000 logements ont été construits dans l'agglomération d'Angers. Angers a en effet connu un rythme de constructions neuves très régulier: environ 200 logements par an de 1962 à 1982 avec des pointes en 1966, 1971 et 1973. Entre 1962 et 1974, la proportion de constructions HLM est de 34% à Angers. Dans les Unités Urbaines (U.U) de plus de 100 000 habitants, le PLS abritait en 1982 moins de un ménage sur cinq, la proportion était de un sur trois à Angers (BALLAIN, JACQUIER & DARRIS- 1990). On sait que le PLS à Angers représente aujourd'hui pratiquement 36% des résidences principales. Il correspond à l'offre locative majoritaire pour les habitants, et détient à ce titre un rôle de premier ordre dans le parcours résidentiel des angevins65.

1.2.2.3- Le parc locatif social et les OHLM angevins

Après les deux décennies de constructions des grands ensembles, et plus généralement de constitution du PLS, les années 70 sont marquées à Angers par la volonté de l'OPM d'HLM de renforcer la qualité architecturale des nouveaux programmes et d'améliorer le cadre et la qualité de vie dans le parc existant.

La période 1975-1982 se caractérise par le retour du logement social vers le centre-ville sous la pression de la municipalité qui lance de nombreuses opérations de rénovation et de réhabilitation du bâti ancien. Cette période voit également l'émergence de quartiers périphériques nouveaux comme celui du Lac de Maine. Après 1986, de nombreuses cités de l'OPM d'HLM ont bénéficié de réhabilitations devenues nécessaires en raison du vieillissement et de la dégradation des immeubles, c'est le cas de Verneau qui a ainsi bénéficié de l'opération HVS et aussi de Belle-Beille en DSQ dès 1989.

Le parc locatif social de centre-ville

L'objectif de la Municipalité d'Angers de lutter contre le dépeuplement du centre-ville s'est traduit par la construction de nouveaux logements sociaux, et par l'élargissement de la superficie du centre (secteur République, St Serge, Front de Maine). Entre 1980 et 1987, sur les 3 148 logements mis en location à Angers, près d'un tiers, soit 1 010, ont été réalisés dans le centre-ville et les quartiers péricentraux ou faubourgs. Ces constructions sont associées à divers programmes de réhabilitations. Jusqu'alors, l'erreur avait été de faire des grands ensembles le logement social par excellence. Actuellement on s'efforce plutôt de diluer l'habitat social dans le tissu urbain. Par ailleurs, la Municipalité, par sa politique de maîtrise 65 Cf: Angers: Protocole d'Occupation du Patrimoine Social, AURA, février 1992, 99 pages.

foncière a voulu s'assurer du contrôle au plus près des coûts de réalisation des logements sociaux. Ces mesures ont contribué au maintien d'une population modeste, mais solvable, dans le centre-ville d'Angers (VIOLLIER-1994).

Aujourd'hui, la localisation géographique du parc apparaît comme un facteur de différenciation sociale et spatiale. Elle constitue un excellent indicateur pour apprécier l'offre de logements, les besoins, le volume et la solvabilité de la demande.

Dans le centre-ville, le profil de la demande est très différent de celui d'autres secteurs: quartier du Lac de Maine (quartier récent de catégories moyennes), ou à plus forte raison celui de la ZUP Monplaisir66. Les différenciations relevées dans les profils de la demande, en fonction des quartiers, s'expliquent en partie par des facteurs physiques, de localisation et de composition du parc, mais également par des facteurs démographiques et économiques. Dans le parc du centre-ville, on relève une plus grande dispersion du logement social, et les loyers y sont plus chers (la location d'un T3 en 1982 s'élevait à 1 993 francs par mois), ce qui suppose des résidents aux revenus plus élevés ou bien plus solvabilisés. La demande y possède un certain nombre de caractéristiques bien identifiées. Elle concerne des jeunes (38% de moins de vingt cinq ans), célibataires surtout (70% environ), étudiants (plus d'un quart) ou employés (48%), pour qui il s'agit d'un premier appartement (40%) et souhaitant des petits logements (66% de T1 ou T2).

DEMANDES DE LOGEMENTS SOCIAUX PAR QUARTIER: