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3.1 DIVERSITE SOCIO-DEMOGRAPHIQUE DES QUARTIERS

3.1.5 NIVEAUX DE VIE: NIVEAUX DE SALAIRES

Positions socioprofessionnelles et positions socio-économiques apparaissant interdépendantes, les habitants ont été interrogés sur leurs niveaux de salaires. Car, bien que supposée très délicate à aborder et donc à apprécier, la connaissance des niveaux de salaires apparaît fondamentale pour préciser le profil de l'échantillon. Par ailleurs, l'analyse des niveaux de diplômes et le parcours scolaire des individus sont aussi des déterminants fondamentaux pour comprendre et mettre en évidence les disparités sociales (R. HERIN- 1990/R. HERIN & ROUAULT-1994). Ces paramètres ne sont pas pris en compte dans les enquêtes HLM, c'est pourquoi nous ne présentons que nos résultats d'enquêtes.

Au Mans, dans l'ensemble, la tranche des revenus de 5 à 7 500 francs caractérise le mieux notre échantillon: elle concerne plus d'un tiers des ménages. Le quartier de Ronceray- Glonnières enregistre le plus de faibles salaires, inférieurs à 2 500 francs (16,4%, seulement 4,4% à Bellevue par exemple). Les salaires dépassant 7 500 francs les plus nombreux ont été enregistrés à Bellevue (26,7%, seulement 5% dans le quartier de Ronceray-Glonnières).

NIVEAUX DE SALAIRES PAR QUARTIER (en %):

Moins de 2500 francs/mois: 0 5 10 15 20 25 30 35 Ronceray- G.

Bellevue Allonnes Les Sablons Belle- Beille Monplaisir La Roseraie Trélazé Verneau

A Angers, un quart des personnes interrogées n'ont aucun salaire et un autre quart un salaire inférieur à 5 000 francs. Cette distribution connaît aussi des variations significatives d'un quartier à l'autre. Aucun ménage percevant ce niveau de salaires n'a été interrogé à Trélazé ou à Verneau. Les quartiers concentrant le plus de petits salaires sont La Roseraie (33,9%) et Belle-Beille (29,5%). Les salaires dépassant 10 000 francs concernent davantage d'habitants interrogés dans le quartier de Monplaisir (5,7%) que dans celui de Belle-Beille (2,7%), ou de la Roseraie (4,3%).

Aux niveaux de salaires, il paraît intéressant d'associer les niveaux de diplômes. Au Mans, parmi les personnes interrogées, la part des non-diplômés représente à peu près un quart de l'effectif; à Angers, dans l'ensemble, les personnes interrogées non-diplômées représentent entre 38 et 50% de l'échantillon suivant les quartiers. Au Mans, les diplômés sont pour 15 à 20% d'entre eux des titulaires de CAP, 1 à 5% seulement de bacheliers; à Angers, les bacheliers représentent en moyenne 15% des personnes interrogées et les titulaires de CAP 22%. A Ronceray-Glonnières, la part des non-diplômés est la plus importante (diplôme général ou professionnel); les autres quartiers, où l'on a enregistré des pourcentages importants de non-diplômés, sont Verneau (54,6%) et Trélazé (52,7%).

Des ressources complémentaires, telles que diverses aides sociales, s'ajoutent aux salaires. Au Mans, les personnes les plus aidées en compléments de ressources, type allocations logement ou sociales, se localisent à Allonnes (18%) et dans le quartier de Ronceray-Glonnières (17,4%); à Bellevue les allocataires ne représentent que 4% des ménages. A Angers, sur l'ensemble de la distribution, l'échantillon comporte quasiment autant de personnes aidées en compléments de ressources que de ménages qui ne le sont pas (46 et 48%); mais avec des différenciations par quartier: à Verneau 67% des personnes interrogées perçoivent d'autres ressources, à Trélazé 55,4% et 35% à la Roseraie.

Dans le quartier de Ronceray-Glonnières, la part de salaire du chef de ménage par rapport aux ressources totales est la plus faible: un tiers des familles seulement ont un salaire qui représente plus de 75% des ressources totales. A Allonnes (45,3%) et aux Sablons (40,4%), les aides sociales représentent plus des trois quarts des ressources des ménages. 35% des personnes interrogées à Verneau perçoivent un salaire qui correspond à moins d'un quart des ressources totales, c'est le cas pour seulement 11% d'habitants à Monplaisir.

La répartition des ménages par niveau de revenus est très variable en fonction de l'organisme d'accueil. Angers Habitat loge 56,6% de ménages dont le revenu est inférieur à 5000 francs par mois et 7,8% dont le revenu est supérieur à 9 300 francs contre respectivement 32,5% et 22,1% au Val de Loire. Les statistiques de 1996 indiquent que les ménages dont le revenu ne dépasse pas 3 000 francs sont concentrés en majorité dans le parc Toit Angevin, 26,7%, Val de Loire 22% et Logi-Ouest 17,3%.

Dans le parc HLM Val de Loire, Belle-Beille se distingue par l'importance des ménages doubles actifs avec enfants par rapport aux autres quartiers; et Monplaisir abrite plus de ménages à faibles ou ressources nulles (38,5%). Belle-Beille enregistre les plus faibles pourcentages de bas revenus. A l'inverse, dans le parc Angers Habitat, les ménages concernés par des revenus ne dépassant pas 2 500 francs par mois sont les plus nombreux à Belle-Beille (23,9%).

REVENUS DES LOCATAIRES (en % -OPAC Angers-Habitat): 0 5 10 15 20 25 30 35 40 VERNEAU MONPLAISIR LA ROSERAIE BELLE-BEILLE ENSEMBLE Plus de 10000 7500/10000 5000/7500 2500/5000 0/2500 fr.

Avec le plus gros pourcentage de revenus dépassant 10 000 francs par mois (12,2%), La Roseraie confirme son caractère de quartier d'employés/cadres moyens. A l'inverse, Verneau, avec une valeur équivalente à 6,3% est le quartier qui recèle le moins de ménages dont le revenu dépasse 10 000 francs. Par ailleurs, la progression et la part d'impayés sont les plus importantes à Verneau; en 1993, les impayés concernent 9% des ménages de ce quartier. S'il n'existe pas vraiment de "profil moyen de l'impayeur", quelques grandes tendances se dégagent. Mariés (27%) ou célibataires (37%), les "impayeurs" sont le plus souvent salariés (44%) et un sur cinq est chômeur; mais un quart d'entre eux disposent de revenus inférieurs à 3 000 francs par mois. Dans un tiers des cas, il s'agit de familles monoparentales et dans 17% seulement des cas de grandes familles.

Pour Logi-Ouest également, Verneau apparaît comme le quartier le plus pauvre, 16% des occupants du parc de Logi-Ouest disposent d'un revenu inférieur à 3 000 francs par mois. Mais, Verneau concentre également la fraction la plus importante de population disposant de revenus supérieurs à 9 000 francs par mois, suivi de La Roseraie. La grande majorité des ménages en place tirent ses ressources de salaires ou de pensions de retraite le cas échéant; mais un certain nombre, à Monplaisir notamment, vit des allocations de chômage (6,3%), ou comme à Belle-Beille, du RMI (2,2%).

Sauf à La Roseraie, dans le parc HLM de la S.A Le Toit Angevin, les niveaux de pauvreté sont quelquefois importants puisque le pourcentage de ménages disposant de revenus inférieurs à deux mille francs par mois peut dépasser 10% dans certains cas: et même 15% dans le segment PSR de Monplaisir.

REVENUS DES MENAGES (en % -S.A Le Toit Angevin): SALAIRES < à 2000 fr. 0 2 4 6 8 10 12 14 16 La Roseraie Belle-Beille ensemble Belle-Beille Ballue Monplaisir ensemble Monplaisir PSR Trélazé 1 Trélazé 2 Trélazé 3 Angers Ensemble

Une fraction très importante de la population, dans tous les quartiers, est concernée par un revenu inférieur à 80% du plafond de ressources défini pour entrer dans le parc HLM du Toit Angevin (entre 75 et 97% des ménages). Par ailleurs, si l'on considère les revenus inférieurs à 60% du plafond de ressources (des revenus très faibles donc), Monplaisir (82% dans le parc PSR) et Trélazé (63% dans le grand ensemble des Plaines) apparaissent comme les espaces les plus pauvres.

CARTE N°32:

Au sein des organismes angevins, il existe une opposition de deux ensembles géographiques. Les quartiers nord qui regroupent la plupart des grands ensembles, où la proportion de ménages à revenus modestes est plutôt supérieure à la moyenne. Le secteur sud, qui concentre une proportion plus importante de ménages dont les revenus sont supérieurs à 9 300 francs par mois.

A Bellevue, 16% des ménages de l'échantillon perçoivent des revenus inférieurs à 1 400 francs par mois et un quart moins de 2 700 francs, autant que ceux qui disposent d'un revenu de plus de 8 500 francs par mois (24%). Les revenus des entrants paraissent, en revanche, plus importants. L'OPAC indique qu'une personne sur cinq connaît une situation de grande précarité. Cette situation explique la progression des dispositifs d'aides aux familles

démunies. Les revenus inférieurs à 3 000 francs concernent globalement plus les personnes seules (un tiers de l'ensemble) et les familles nombreuses (un quart des ménages avec trois personnes à charge ou davantage). Les revenus supérieurs à 10 000 francs par mois concernent moins souvent les deux catégories citées précédemment évidemment, et plus souvent les couples (un quart des ménages): les ménages ayant au moins une personne à charge (un quart des cas) ou deux personnes à charge (un tiers des cas).

Pour 10% des ménages de Ronceray-Glonnières, le revenu mensuel est supérieur à 7 000 francs, mais pour 28% il est inférieur à 1 400 francs par mois. Avec 37,2% de ménages dont le revenu est inférieur à 3 000 francs par mois, Ronceray-Glonnières apparaît comme le plus pauvre des grands ensembles. Parmi ces ménages, la moitié sont des personnes seules et un cinquième des familles composées de trois personnes à charge et plus.

A Allonnes, un peu plus du tiers des ménages disposent d'un revenu inférieur à 5 000 francs par mois et près de 62% inférieur à 7 000 francs (le SMIC imposable est égal à 69 072 francs annuels), 10% des ménages sont concernés par un revenu inférieur à 2 000 francs.

Aux Sablons, le nombre de ménages disposant d'un revenu mensuel inférieur à 3 000 francs (28,3%) est à peu près équivalent à celui des ménages dont le revenu est supérieur à 7 000 francs (29,4%). Mais les segments PSR et PLR se signalent comme des îlots de pauvreté. Sur le parc S.A Mancelle des Sablons, plus d'un tiers (34,8%) de la population dans l'ensemble, dispose d'un revenu inférieur à 3 000 francs par mois. Les revenus dépassant 7 000 francs ne concernent que 13,8% des ménages. Le chômage affecte en moyenne 8,8% des ménages et, parmi eux, la moitié ne sont pas ou plus indemnisés. Plus de la moitié des ménages qui ont un revenu inférieur à 3 000 francs sont composés d'une seule personne. Sur critère d'âge, ce sont toujours les extrêmes (les plus jeunes et les plus vieux) qui paraissent les moins fortunés. Ainsi, parmi les ménages disposant d'un revenu supérieur à 7 000 francs, seulement 5,6% sont des ménages de moins de 25 ans, 14% de plus de 65 ans et 61% de 25 à 39 ans. Sur critère de nationalité, les données indiquent que les ménages étrangers ne sont pas les plus démunis, mais ils sont en revanche absents des statistiques dès qu'on dépasse 7 000 francs de revenus mensuels (aucun contre 14,3% des ménages français).

3.1.6- SYNTHESE

La structure de notre échantillon étant ainsi présentée, elle permet de dégager un certain nombre de conclusions, nécessaires dans la perspective de leurs mises en relation avec les variables qualitatives de l'enquête. Ainsi, le quartier de Ronceray-Glonnières semble plutôt jeune, la population âgée est faiblement représentée, plus faiblement que ne l'indiquent les données HLM. La présence plus accentuée qu'ailleurs de personnes seules et de divorcés peut laisser penser que la population de ce quartier est davantage confrontée à une stabilité affective incertaine, assortie de responsabilités familiales qui ne sont pas en rapport avec les niveaux de ressources des familles: c'est à Ronceray-Glonnières qu'on recense le plus de familles nombreuses et ce quartier concentre le plus gros effectif d'inactifs. Ces caractéristiques soulignent l'existence de difficultés économiques; l'importance des ménages à très faibles salaires et le poids des dispositifs d'aides sociales déployés ici le confirment. Trélazé et Verneau, dont le profil est assez proche, regroupent un certain nombre de points communs avec Ronceray-Glonnières: jeunesse de la population, familles nombreuses importantes et difficultés économiques suggérées par la faiblesse des ressources et des positions socioprofessionnelles précaires ou inexistantes, aides sociales importantes. Trélazé apparaît comme un quartier jeune (68% de moins de quarante ans). Verneau enregistre le taux le plus important de personnes célibataires (un tiers), souligné par les OHLM également. Par ailleurs, Verneau enregistre des taux très significatifs de grandes familles d'au moins cinq enfants; mais la part des ménages sans enfant y tient aussi une place importante puisqu'elle concerne un tiers des ménages. Trélazé est l'un des quartiers où les couples avec un ou deux enfants sont les plus nombreux. Les quartiers Verneau et Trélazé se singularisent par l'importance des personnes interrogées de nationalité étrangère; le taux important de Verneau est à rapprocher de la proportion élevée de familles nombreuses. Enfin, Verneau se caractérise par le nombre important de ses chômeurs, signalé également par les OHLM, aussi nombreux que les ouvriers à Trélazé. Espaces de pauvreté, Trélazé et Verneau sont deux quartiers où les ménages disposant d'un salaire supérieur à 7 500 francs par mois sont très faiblement représentés. Ceci explique que leurs habitants bénéficient des aides sociales les plus massives. Les résultats de l'enquête permettent une caractérisation du quartier de Bellevue sensiblement différente. Il apparaît nettement plus âgé, et les situations familiales plus conformes à une stabilité affective. De plus, l'absence d'enfant semble être un trait caractéristique majeur, à mettre en relation avec l'importance des ménages âgés dans lesquels ont déjà eu lieu les décohabitations. Plus grande stabilité, mais également plus grande variété, Bellevue est le seul quartier où l'ensemble des CSP est représenté de manière significative. Les catégories d'artisans/commerçants/chefs d'entreprise et celles de cadres supérieurs/professions intellectuelles supérieures y concernent 11% de l'échantillon (seulement 2% dans le quartier de Ronceray-Glonnières). Par ailleurs, Bellevue est le seul des quatre quartiers manceaux où le nombre d'inactifs est aussi faible (8% contre 15% à Allonnes et 23% à Ronceray- Glonnières), c'est également le quartier qui concentre le plus de bacheliers. Bellevue connaît un nombre plus limité de ménages en situation de difficulté économique; c'est en effet ici, que

le nombre de salaires enregistrés dépassant 7 500 francs par mois est le plus important et c'est encore à Bellevue que la part des ménages ayant les salaires ne permettant pas de vivre décemment est la plus faible.

La Roseraie regroupe un certain nombre de similitudes avec Bellevue: structure en couple marié plus répandue, plus de ménages âgés, faiblesse des chômeurs et inactifs par rapport aux autres quartiers, proportion plus importante de ménages atteignant des niveaux de salaires élevés. La Roseraie est en effet l'un des grands ensembles angevins où l'on recense le plus de personnes âgées (15%); les données indiquent également que le poids des jeunes est significatif. La Roseraie enregistre une proportion importante de couples mariés ou non avec enfants, souvent trois ou quatre. La Roseraie compte aussi plus de ménages retraités et moins de ménages étrangers interrogés. Enfin, La Roseraie se caractérise par le bon niveau scolaire des personnes interrogées et l'importance des ménages ayant un salaire supérieur à 7 500 francs par mois par rapport aux autres quartiers.

Entre ces deux extrémités (Ronceray-Glonnières/Trélazé/Verneau et Bellevue/La Roseraie), les quartiers des Sablons et d'Allonnes révèlent quelques surprenants résultats; comme la présence massive de jeunes de moins de vingt cinq ans aux Sablons qui en fait un quartier jeune mais la présence encore plus massive de plus de soixante ans qui n'en fait pourtant pas un quartier vieux. Allonnes apparaît également comme un quartier jeune; la présence importante de familles nombreuses voire très nombreuses renforce ce caractère de jeunesse et doit être rapprochée du nombre plus important qu'ailleurs sur le site manceau de familles étrangères sondées. Le quartier des Sablons concentre plus de bacheliers et moins de titulaires de CAP, Allonnes possède les caractéristiques exactement inverses.

Belle-Beille et Monplaisir, comme Allonnes et Les Sablons offrent des profils moins identifiables, moins "typiques". Monplaisir est plutôt un quartier jeune (65% de moins de quarante ans) et Belle-Beille plus vieux (Belle-Beille compte plus de personnes âgées: 16%). On relève une spécialisation socioprofessionnelle de la distribution à Belle-Beille: Employés/Retraités/Etudiants. Elle est plus variée à Monplaisir. La répartition de l'échantillon sur l'échelle des salaires est, en revanche, quasi-identique. Elle témoigne de l'existence d'une grande pauvreté dans les deux quartiers. A Belle-Beille on a enregistré la proportion de couples la plus importante, Monplaisir détenant lui la part de divorcés la plus grande (14%). Le nombre de couples avec un ou deux enfants à Monplaisir, comme à Belle-Beille, est très élevé, autant que celui des couples composés de trois ou quatre enfants. Enfin, Belle-Beille et Monplaisir enregistrent des proportions identiques et importantes de ménages étrangers. Belle-Beille se singularise par le nombre important de scolaires ou d'étudiants interrogés (Belle-Beille compte un nombre important de bacheliers dans l'échantillon), et Monplaisir se caractérise par la répartition socioprofessionnelle la plus diversifiée, la plus équilibrée et apparemment la moins discriminante de l'ensemble. Enfin, Belle-Beille et Monplaisir recèlent tous deux un nombre important de ménages qui bénéficient d'une aide sociale.

CONCLUSION DU CHAPITRE 1

A l'issue de cette synthèse encore très détaillée puisqu'elle illustre de nombreux indicateurs, résumer les types de quartiers repérés à quelques traits caractéristiques présente l'avantage d'une plus grande lisibilité. Le tableau qui suit résume donc les grands types de quartiers classés en fonction de leur plus ou moins grande concentration de valeurs extêmes choisies parmi les plus révélatrices de difficultés sociales et/ou économiques supposées:

TABLEAU DE SYNTHESE: CRITERES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES