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2.1.9 MONPLAISIR: LE PLUS CARICATURAL DES GRANDS ENSEMBLES DE LA VILLE D'ANGERS

2.1 LES QUARTIERS DE GRANDS ENSEMBLES MANCEAUX ET ANGEVINS: ELEMENTS GEOGRAPHIQUES ET SOCIAU

2.1.9 MONPLAISIR: LE PLUS CARICATURAL DES GRANDS ENSEMBLES DE LA VILLE D'ANGERS

Construit pour l'essentiel entre 1963 et 1975, Monplaisir est le deuxième grand ensemble d'Angers par l'importance de son PLS et de ses équipements. Ses principales constructions publiques sont le collège, le lycée et la MPT. Celle-ci propose des activités éducatives, des spectacles, des animations, mais elle offre également des services et des prestations aux familles, aux adultes et aux associations.

Situé dans le prolongement de la Zone d'Aménagement Concerté (ZAC) Saint-Serge, qui se poursuit le long de l'autoroute (A11), Monplaisir apparaît comme un quartier assez dense, pauvre en espaces verts en dehors des deux sites paysagers principaux: le jardin public et le bois de la Rousselière.

Le long d'un axe est-ouest se répartissent les équipements de loisirs: jardin public, MPT, stade. Les équipements culturels et de loisirs de la ZUP, notamment la ludothèque, rayonnent bien au-delà du seul quartier de Monplaisir. Du nord au sud se répartissent les équipements à caractère social: centre de soin, foyer-logements pour personnes âgées. La place de l'Europe et son centre commercial constituent le centre de gravité de la ZUP, le point central de trois auréoles concentriques. Un premier anneau est formé des logements collectifs, un autre d'équipements scolaires et enfin un dernier anneau auréolaire est constitué de maisons individuelles. Le plan-masse de 1962, qui organisait la construction des logements, prévoyait 602 logements individuels pour 2 055 logements collectifs108. Le premier chiffre n'a jamais été atteint alors que le deuxième a été dépassé.

108 Sources: G. RESPONDEK, 1976, A travers la ZUP Nord, Monographie de Géographie urbaine, Université d'Angers,

MONPLAISIR: boulevard du Maréchal Lyautey, face à la place de l'Europe

2.1.9.1- Monplaisir: une population pauvre mais solidaire

Ce qui frappe dans le cas de Monplaisir, c'est que l'image négative du grand ensemble dégradé est véhiculée par les non-résidents. Pour la population résidante, l'image est beaucoup plus positive109, le quartier est apprécié. Une enquête réalisée fin juin 1993110 auprès de 475 ménages, soit 12% des ménages, renforce cette idée d'un certain attachement de la population à son quartier. Le nombre important de ménages qui quittent un premier logement dans le quartier pour en occuper un deuxième, dans ce même quartier, est une illustration de ce lien. Les trois quarts des habitants sont satisfaits de leur logement, un petit nombre seulement souhaite le quitter. C'est souvent (43%) la petitesse du logement qui est à l'origine de ce projet de départ, ou bien l'accession à la propriété d'un nouveau logement (un quart des cas). Pour les partants, le premier quartier demandé à Angers est celui de La Roseraie, viennent ensuite différents sous-ensembles de Monplaisir (Eventard, Dunant, Kalouguine), puis enfin le Centre-ville, les Justices ou Belle-Beille. En règle générale, les espaces extérieurs donnent satisfaction aux habitants (71%), mais 40% d'entre eux sont insatisfaits de l'entretien et du nettoyage des parties communes des immeubles. En plus de l'opinion plutôt favorable des habitants de Monplaisir à l'égard de leur quartier, le grand ensemble se singularise par une dynamique associative particulièrement remarquable et réputée. Cette dynamique met en évidence l'existence d'une solidarité inter-personnelle originale111. On remarque que 109 Monplaisir est loin d'être à ce titre un cas isolé, une étude fouillée d'Annie Guedez à Orléans sur un grand ensemble avait

révélé que "l'image du quartier de l'Argonne est identique à celle de nombreux grands ensembles: vu de l'intérieur c'est un

quartier qu'on aime, vu de l'extérieur c'est un quartier disqualifié par ses apparences et l'état d'abandon de sa population"

(GUEDEZ-1995).

110 Sources: Quartier de Monplaisir: diagnostic socio-urbain, CERUR Rennes pour la ville d'Angers, juillet 1993.

111 Sources: C. CHERAY, 1994, Les pratiques de la citoyenneté dans les quartiers périphériques d'une ville. Le cas du

Monplaisir, situé dans le quart nord-est d'Angers, correspond au secteur où, avec un total de quatorze, on dénombre le plus d'associations soit une association pour sept cents habitants:

CARTE N°30:

L'engagement des habitants dans la vie associative du quartier concerne en priorité l'aide aux plus démunis. Cette dynamique associative et cet élan citoyen tranchent avec le relatif désintérêt des habitants pour la vie politique locale, comme en témoignent les taux d'abstention aux élections112.

Monplaisir reste, malgré tout, un quartier qui cumule un nombre important de handicaps. La paupérisation d'une fraction croissante de sa population est à cet égard tout à fait significative: pourcentages importants de bénéficiaires d'allocations de solidarité de toute nature (RMI, AAH -Allocation pour Adulte Handicapé-, API -Allocation pour Parent Isolé- notamment), proportion significative de chômeurs (22% contre en moyenne 14% à Angers). Monplaisir est traditionnellement considéré comme le "site prioritaire" le plus important

112 Dans tous les sites DSQ, le CETE-Ouest avait relevé une abstention plus forte que celle de la région. Par ailleurs, le niveau d'abstention de chaque site DSQ est plus élevé que la moyenne de leur ville de référence. L'écart Ville-Quartiers DSQ peut même être très significatif (LAPLANCHE-1992).

d'Angers. On y compte en effet un quart des chômeurs de la ville, 340 familles qui vivent grâce au RMI, un faible niveau scolaire général et une importance grandissante des familles monoparentales. Celles-ci comptent souvent parmi les familles les plus pauvres: elles sont 40% en ZUS Pays de Loire à se situer en dessous du seuil de pauvreté (INSEE-1997).

Le dispositif pour l'emploi à Monplaisir est très riche; il comporte une agence ANPE (place de l'Europe), l'Association Jeunes Objectif Boulot (JOB) qui œuvre en faveur de l'insertion des 16/25 ans, le Centre d'Accueil Personnalisé (CAP) pour l'insertion (sociale et professionnelle) des bénéficiaires du RMI, la Permanence d'Accueil d'Information et d'Orientation (PAIO), et enfin un projet d'entreprise d'insertion au bénéfice des chômeurs du quartier de Monplaisir (remise en état et vente de vêtements d'occasion).

2.1.9.2- Monplaisir: une identité ouvrière et populaire fortement affirmée

En 1968, la population de la ZUP compte 5 416 habitants, dont la moitié sont âgés de moins de dix neuf ans. La population active est presque exclusivement ouvrière (83,1%) et un peu plus du tiers sont des femmes (35%). La spécificité ouvrière de Monplaisir est toujours remarquable au recensement de 1975; plus de la moitié des actifs sont des ouvriers (54,3% contre 43,8% pour la ville d'Angers):

CSP DES MENAGES EN 1975: