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Les travaux de recherche sur les déterminants d’implication des professionnels de l’Ecole

Synthèse de la deuxième partie

CHAPITRE 7 : L’implication des personnels des établissements scolaires français

I. Etat des lieux des données existantes

1. Les travaux de recherche sur les déterminants d’implication des professionnels de l’Ecole

de deux rapports, un rapport parlementaire (Baeumler, 2002) et un rapport de l’administration centrale (Mamecier et al., 2004). Ces deux principaux rapports permettent de considérer deux formes d’analyse de l’implication des personnels des établissements scolaires en éducation à la santé et en prévention. Ils abordent les pratiques des personnels au travers des actions qu’ils mettent en œuvre dans le champ de la santé. Nous prendrons dans un troisième temps en compte l’exemple de critères d’évaluation retenus au niveau académique.

1. Les travaux de recherche sur les déterminants d’implication des professionnels de l’Ecole

Sur le plan international, les principaux facteurs mis en évidence dans la bibliographie sont le soutien des responsables d'établissements, le soutien technique en terme d’accompagnement et de formation des enseignants, l’engagement dans le temps de l’Institution et de la communauté (Han et Weiss, 2005, Kam et al., 2003, Resnicow et al., 1992, Pateman et al., 1999, Harachi et al., 1999). Sont aussi mentionnés le temps rendu disponible pour l’éducation à la santé dans les cursus, le temps laissé aux enseignants pour se former ou échanger sur leurs pratiques et la disponibilité de ressources financières et matérielles (Waggie et al., 2004, English, 1994, Viig et Wold, 2005). La formation des enseignants reste un facteur central très lié à la qualité de mise en œuvre des projets (Hausman et Ruzek, 1995, Kealey et al., 2000, Ballard et al., 1990, Abbott et al., 1998, Hoelscher et al., 2004, Ottoson et al., 2004, Lytle et al., 2003).

L’examen de la littérature scientifique sur le sujet de l’implication des professionnels des établissements scolaires en matière de santé, révèle une certaine modestie de la contribution française (Arwidson, 2001). Toutefois, une dynamique de recherche s’oriente de manière plus spécifique vers les personnels des établissements scolaires.

Une étude conduite dans 545 collèges et lycées entre 1998 et 2000 a fait l’objet de deux publications (Berger et Leselbaum, 2002, Mérini et al., 2002). Son objectif était triple : dresser une cartographie des pratiques de prévention, comprendre les difficultés des établissements et faire une typologie des établissements à partir de leurs pratiques de prévention. Le recueil de données a été établi à partir de questionnaires distribués dans 7 académies et d’entretiens avec des acteurs de la prévention. Les résultats ont montré que la prévention était essentiellement pensée sous l’angle d’une information sur les produits, sur la Loi et le développement du dialogue avec les jeunes. Le manque de temps par rapport aux programmes et les difficultés organisationnelles sont les principaux obstacles déclarés. Les établissements « actifs » ont des instances spécifiques (CESC, club santé…) et un axe prévention dans le projet d’établissement,. L’intérêt de cette étude a été de se centrer sur les professionnels du milieu scolaire. Il apparaît parmi les résultats clés qu’au sein des établissements de cette étude, les acteurs de prévention des toxicomanies sont le chef d’établissement et/ou son adjoint (78%), l’équipe médico-sociale (66%), les CPE (53%), les enseignants (44%) et plus particulièrement ceux de SVT (33%). Sont notées la faible implication des enseignants et la relative absence de l’EPS (Education Physique et Sportive). Les formes pédagogiques des interventions sont en accord avec l’objectif d’information, mais les établissements mettent les partenaires en difficulté car s’ils sont experts du rapport à la Loi ou des questions biomédicales, ils sont inexpérimentés en matière de pédagogie (Mérini et De Peretti, 2002).

Nelly Leselbaum (2003) rappelle cinq points majeurs de cette étude. « Les trois quarts des établissements sont engagés dans des actions de prévention » (1). « Les établissements cherchent davantage à apprécier les actions qu’à les évaluer au sens précis de ce terme » (2). « La nécessité et le besoin d’évaluer pour maîtriser

les actions de prévention sont reconnus par un grand nombre d’établissements » (3). « Les acteurs et les intervenants dans le système scolaire témoignent de positions plutôt différenciées (4). « Il y a une évolution notable vers le recours à plus de partenariats d’une part, et plus d’implication et de responsabilisation des élèves d’autre part » (5). Le point 4 est en accord avec la bibliographie internationale qui porte sur des travaux étudiant spécifiquement l’implication des enseignants. Ces travaux montrent une réelle diversité de pratiques de prévention en milieu scolaire (Ménard, 1989, Campiche et Le Gauffrey, 1995, Perry-Casler et al., 1997, Saint-Leger, 1999).

Une étude conduite dans le premier degré, entre 2000 et 2001 (Jourdan et al., 2002) complète utilement ces données. Elle souligne que la majorité des enseignants déclare pratiquer l’éducation à la santé. Leur approche est principalement thématique mais certaines démarches sont construites sur une perception globale de la santé et du bien-être. Le plus souvent, elles sont limitées à des séquences pédagogiques mais sont intégrées à un projet dans 20% des cas. Ces travaux ont aussi permis la mise en évidence des paramètres influençant les pratiques et les représentations des enseignants. Il s’agit du fait (1) de travailler en ZEP/REP (Zones ou des Réseaux d’Education Prioritaire) et en RPI (Regroupement Pédagogique Intercommunal), et du fait que les enseignants sont plus nombreux à faire de l’éducation à la santé dans ces écoles que dans les autres et (2) à avoir reçu une formation.

Lacombe et Charrier (2000) ont conduit une enquête quantitative par questionnaire sur l’Académie de Rennes auprès de 450 collèges, puis une seconde phase qualitative par observations et entretiens. Ils montrent que « l’aval du chef d’établissement est nécessaire pour toute action éducative », parlant d’un ménage à trois avec les enseignants et le service médico-scolaire. Ils rajoutent que « pour les adultes, les interactions se fondent sur l’accomplissement de la mission pédagogique, confiée par les parents et l’Etat, au prix de la relégation de la vie scolaire à des temps et des espaces non pas complémentaires mais concurrents, et en ceci devant être délimités, voire réduits et en tout cas contrôlés ».

Les actions de prévention sont « tiraillées entre les trois pôles, administratif, éducatif et sanitaire » et peuvent rapidement amener un déséquilibre si un de ces pôles fait le choix de ne pas participer. Ces auteurs soulèvent alors la question de la formation des personnels. Ils estiment que « l’efficacité des modalités de formation dans le domaine de la santé et plus largement dans celui de la citoyenneté suppose sans doute de repenser profondément les liens entre apprentissages disciplinaires et développement de la personne de l’élève ».

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