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CHAPITRE 2 : Education et santé : vers une modélisation

CHAPITRE 4 : Education à la santé et prévention du tabagisme

I. Une dimension constitutive de la mission de l’Ecole depuis ses origines

3. Quelles conséquences pour l’activité éducative ?

On peut considérer que la réflexion précédemment développée n’apporte rien de bien neuf. Sans doute, mais cette simple mise à plat des éléments déterminants (qui, nous le rappelons, n’est qu’une lecture parmi d’autres possibles) contribue à situer l’action éducative autrement qu’en rapport exclusif à l’information des élèves tout en restant strictement dans le cadre des missions de l’Ecole. Elle permet de souligner l’importance (figure 2):

- d’une prise en compte des facteurs individuels (estime de soi, gestion du stress, gestion du risque, capacité à communiquer …) et donc de permettre au jeune de développer des capacités d’agir, de choisir, de décider d’une manière autonome et responsable, des capacités d’affronter la réalité et de faire face aux conflits, etc. ;

- du rôle de l’environnement social et en particulier médiatique (stéréotypes de ce qu’est un homme « bien » ou une femme « bien », identification symbolique aux modèles …) ;

- et des effets spécifiques des produits et des conduites (on ne peut exercer un jugement critique sans éléments rationnels de jugement…). Il s’agit de permettre aux élèves d’aborder des comportements qui ne sont pas univoques, qui tiennent une place spécifique dans le développement des personnes, dans le champ social. Des comportements pour lesquels de nombreuses dimensions sont intriquées : symbolique, rationnelle, morale, juridique, individuelle, sociale… La dimension éthique étant, là aussi, déterminante tant les risques de stigmatisation du buveur, du fumeur ou du drogué sont considérables.

C'est d'une part au travers des activités pédagogiques en classe, et d'autre part du « vivre ensemble » à l'échelle de l'établissement que vont pouvoir se développer les interventions éducatives.

Figure 2 : Cadre général de modélisation

Légende : Figure présentant les différentes dimensions de l’éducation à la santé en milieu scolaire. Cette illustration est construite sur la base de la circulaire du Circulaire n° 98-237 du 24/11/1998 qui concerne l’éducation à la santé et à la citoyenneté et sur les contenus du socle commun de connaissances et de compétences (décret n° 2006-830 du 11 juillet 2006). Les trois pôles de la modélisation proposés sont : les attitudes (A), les connaissances (C), les capacité (C).

1 Compétences personnelles sociales et civiques

Dans le domaine du développement des compétences personnelles, la connaissance de soi est en position centrale, elle constitue la base sur laquelle peuvent être construite les compétences sociales. Les activités de classe dans les diverses disciplines permettent de promouvoir la connaissance de soi dans toutes ces dimensions biologique, psychologique et sociale.

Le développement de l’estime de soi est aussi un objectif en tant que tel. Il est même le premier critère de référence proposé aux écoles du réseau européen des écoles promotrice de santé (ENHPS, 1994), suivent ensuite des éléments relatifs à la communication au sein de l’établissement, à l’environnement de l’Ecole… Seront donc sollicités tous les aspects de la vie de l’établissement qui y contribuent. Dans le cadre spécifiquement pédagogique, les éléments déterminants

Développer ses compétences personnelles, sociales et

civiques

Connaître son corps, sa santé, les comportements et leurs

effets

Acquérir les moyens d’un regard critique vis-à-vis de son

environnement

Eduquer à la santé, c’est permettre à l’élève de …

Un pôle plutôt centré sur le développement d’attitudes ( A )

Un pôle plutôt centré sur l’apprentissage de capacités ( C ) Un pôle plutôt centré sur

l’apprentissage de connaissances ( C )

sont bien évidemment liés à la nature des relations existant entre les professeurs et les élèves mais aussi à la mise en œuvre d’activités visant spécifiquement les compétences personnelles. Ces activités sont centrées sur le développement des capacités d’expression des élèves. Ainsi, si toutes les disciplines sont évidemment concernées certaines offrent un cadre tout particulièrement adapté : expression orale et écrite, activité théâtrale ou poétique, éducation civique, éducation physique, éducation artistique.

Comme nous l’avons indiqué précédemment, il existe un lien entre conduites à risque et situation de conflit ou de mal-être. Il s’agit ici de permettre aux élèves de disposer de moyens pour faire face à certaines des situations difficiles de l’existence autrement que par le recours aux psychotropes ou à la violence envers soi ou autrui. C’est la maîtrise du langage qui constitue le pivot de cet aspect qui inclut un travail sur la reconnaissance et l’explicitation des situations de tension, l’identification de ses émotions et de celles des autres, la mise en œuvre de divers moyens de gestion des conflits, le rôle structurant de la Loi, etc.

1 Connaissances

Si, une fois encore, l'ensemble des disciplines est concerné, c'est surtout sur certaines d'entre-elles qu'il est possible de s'appuyer. En l'occurrence, il s'agit ici des sciences de la vie et de la Terre (dimension scientifique) et de l'histoire géographie (dimension juridique et sociale). Dans le domaine de la prévention des conduites addictives comme dans tous les autres, il convient de tenir compte des caractéristiques de l'apprentissage. D’abord que l’on n’apprend pas à la place de l’élève et que, sans sa participation réellement active, les apprentissages ne prennent pas sens dans un ensemble plus vaste. Ils sont comme un vernis déposé en surface qui disparaîtra rapidement. Ensuite qu’un enfant, comme un adulte, est toujours « complet », il ne passe pas de l'ignorance au savoir. Il dispose toujours d'un modèle explicatif du réel, de son propre fonctionnement qui est organisé et cohérent. Chacun possède une conception de l’effet des comportements sur la santé. Tout apprentissage consiste en fait en une réorganisation du savoir de l'élève. La prise en compte de ses conceptions est un préalable indispensable dans

le domaine de la santé qui met en jeu le corps et la relation que l’enfant entretient avec lui mais aussi les peurs, les angoisses…

1 Environnement

Le travail a pour finalité de contribuer à développer chez les enfants la résistance à l’emprise de l’environnement et se développe selon trois axes : une éducation aux médias, une prise de recul vis-à-vis des stéréotypes sociaux et un décodage de la pression exercée par les pairs. Toutes les disciplines enseignées à l'Ecole sont concernées même si l'histoire géographie, les lettres et les arts offrent sans doute un cadre plus propice aux apprentissages. L'ECJS49, au lycée, constitue aussi un temps privilégié.

Habituellement, les activités se limitent au premier pôle. Prenons exemple de la prévention du tabagisme. Des programmes, souvent très pertinents au plan pédagogique, permettent aux élèves de s’approprier des savoirs et des savoirs faire relatifs au tabac et aux addictions en général. Cet aspect nécessaire gagnerait à être complété par (1) un travail sur l’image de soi, la perception du corps, la confiance en soi et (2) des activités visant à développer un regard critique par rapport aux stéréotypes médiatiques et à la pression des pairs.

Autrement dit, éduquer à la santé revient à permettre à l’enfant de développer des capacités d’agir, de choisir, de décider d’une manière autonome et responsable ainsi que des capacités d’affronter la réalité et de faire face aux conflits. Il est évident que l’objectif du développement de ces compétences n’est pas l’apanage de la prévention, il s’agit des objectifs généraux de toute éducation humaine. Ces compétences sont développées dans le quotidien de la classe et pas seulement au cours de séquences spécifiques.

Le modèle que nous proposons s’inscrit dans cette démarche ancrée sur la circulaire n°98-237 du 24 novembre 1998 qui précise qu’ « à l’opposé d’un conditionnement, l’éducation à la santé vise à aider chaque jeune à s’approprier progressivement les moyens d’opérer des choix, d’adopter des comportements responsables, pour lui-même comme vis-à-vis d’autrui et de l’environnement. Elle permet aussi de préparer les jeunes à exercer leur citoyenneté avec responsabilité,

dans une société où les questions de santé constituent une préoccupation majeure. Ni simple discours sur la santé, ni seulement apport d’informations, elle a pour objectif le développement de compétences ».

En se référant au socle commun, il est possible de détailler plus avant les connaissances et les compétences correspondant aux trois pôles (figure 2 bis). Si pour le volet éducatif dans le champ de la santé, le socle commun auquel nous nous référons n’est valable que pour ce qui concerne la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans, il n’en demeure pas moins que la modélisation que nous proposons trouve toute sa pertinence pour la scolarisation au lycée du fait de sa parfaite compatibilité avec une éducation à la citoyenneté.

Figure 2 bis : Proposition de modélisation de l’éducation à la santé en milieu scolaire

Légende : Figure présentant les différentes dimensions de l’éducation à la santé en milieu scolaire. Cette illustration est construite sur la base de la circulaire du Circulaire n° 98-237 du 24/11/1998 qui concerne l’éducation à la santé et à la citoyenneté et sur les contenus du socle commun de connaissances et de compétences (décret n° 2006-830 du 11 juillet 2006).1Trois axes d’intervention sont proposés dans ce schéma. Tantôt les actions peuvent relever des Attitudes (savoir-être), tantôt des Connaissances (savoirs), tantôt des Capacités (savoirs-faire). Cette figure s’inscrit dans les instructions officielles du milieu scolaire et il est conçu pour guider l’activité des professionnels de l’Ecole.

LES

C

ONNAISSANCES – LES

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