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Au jardin, comme dans d’autres formes d’organisation, la question de la participation — entendue dans ce cadre comme l’implication des membres de l’association dans les activités et le fonctionnement de celle-ci — est prégnante. En effet, ces associations étant composées uniquement de travailleurs bénévoles (Simonet 2010), leur fonctionnement dépend de l’engagement de chacun. Certains problèmes qui viennent entraver la dynamique collective sont évoqués par les acteurs, notamment l’émergence d’un rapport proche de la consommation de services. Nous entendons par là qu’une partie des membres interrogés considèrent qu’ils adhèrent à l’association pour accéder à la fourniture de services. Ces personnes sont critiques vis-à-vis de certaines manières de gérer l’association (comme certains profils de dilettantes). De l’autre côté, les membres du comité directif, souvent les plus actifs dans l’association, se plaignent du manque d’investissement de la part des membres et se sentent investis d’un rôle de moteurs pour assurer leur implication. Une contradiction apparaît donc entre les requêtes des membres « usagers » et la volonté des « responsables » de faire participer l’ensemble des jardiniers. Ils se renvoient la responsabilité, les premiers critiquent le manque de transparence et de communication, les seconds, le manque de participation et d’initiative. Nous exposons deux outils mis en place par les membres « actifs » pour susciter de la participation et créer des dynamiques collectives : des travaux communs et des moments festifs.

En effet, sur les deux terrains, les travaux communs sont des moments clefs pour maintenir la cohésion du groupe. Rappelons que la mise en place du jardin s’est fait grâce à ces moments de travaux communs, alors activité exclusive des jardiniers. Une fois que la nécessité de travailler tous ensemble pour mettre en place le jardin n’est plus, les travaux communs ne sont plus indispensables pour le fonctionnement du jardin. Cependant, ils se révèlent cruciaux pour maintenir cette cohésion dans le temps. Plusieurs explications émergent du terrain, au premier rang desquelles la fonction d’intégration des nouvelles recrues, comme l’explique Guillaume, alors président du jardin :

« L’insertion d’une personne dans quelque chose qui est déjà établi c’est toujours un peu plus délicat, la personne elle sait pas trop ce qu’elle peut faire, ce qu’elle peut pas faire... les interactions entre les personnes immédiates et les autres personnes du groupe c’est plus délicat. Curieusement on pensait que ce serait plus compliqué d’intégrer les gens quand on a des gros travaux ; en réalité c’est beaucoup plus simple. C’est pour ça que cette notion de travaux communs mensuels ça a aussi son intérêt. Voilà voilà… donc tu veux venir quand ? » (Guillaume, 30 septembre 2017, Strasbourg).

La dimension agrégative des travaux communs comme mode d’inclusion des nouveaux-venus n’est pas seulement affirmée par le président de l’association, elle est confirmée par certains membres récents du jardin, comme Nicolas arrivé en septembre 2017, qui valorise également ces moments de travaux collectifs :

« Alors ça fait même pas un an que je suis dans le jardin, au début, je me suis très vite investi dans le commun parce que c’était forcément une manière de s’intégrer par rapport au groupe. D’aller travailler avec les gens, mais dans le commun, de faire (par exemple, c’était quoi dans le commun ? C’était les haies, gérer les haies), bref, c’était les travaux communs, etc. » (Nicolas, 8 août 2018, Strasbourg).

En plus, les moments collectifs servent à créer de la sociabilité. Dans l’hypothèse où un cahier des tâches à réaliser serait établi et chacun pourrait venir quand il veut, les membres du jardin pourraient ne jamais se rencontrer, étant donné que certains viennent tôt le matin, d’autres le soir, certains uniquement en semaine et d’autres le week-end. Ainsi, définir une date pour travailler ensemble permet également aux membres de se rencontrer, de contrôler la présence et d’échanger sur les pratiques. Les travaux collectifs, comme l’argumente Putnam, sont donc « des occasions pour apprendre des vertus civiques comme la participation active à la vie publique, la confiance et la réciprocité » (Putnam 2000 : 338) ; ils constituent donc une institution qui assure la socialisation des membres aux valeurs communautaires. Putnam souligne également que l’adhésion passive (passive

membership), ne suffit pas pour créer des effets démocratiques de la participation et qu’il faut un engagement actif, et plus particulièrement l’interaction en personne (Glover et al. 2005). Les leaders collaboratifs ont donc la volonté de faire participer les membres, de les impliquer. Comme nous l’avons vu, ce sont les acteurs dotés de la plus grande expérience des milieux militants qui vont mobiliser des outils disciplinaires, comme Ciro, ancien militant du parti communiste, devenu parti démocrate :

« Les journées de nettoyage sont avant tout (…), surtout pour ceux qui veulent obtenir une parcelle et viennent avec nous pour faire le ménage. (…) et comme ça tu simplifies. Ce jour-là tu fais l’appel, le même jour tu prends les présences et à la fin tu vois qui a participé et tu donnes 7 points. » (Ciro, 17 juillet 2017, Rome)

Il s’agit d’un dispositif de contrôle social reposant sur un système d’incitations (accès à la parcelle individuelle), ou de rétributions du militantisme (Gaxie 1977) soit un procédé en apparence opposé au principe d’émancipation du sujet. L’efficacité prime alors sur l’idéologie :

« Mais certainement, il doit toujours y avoir un travail d’implication… nous c’est vrai qu’on veut parler à l’extérieur. Mais d’abord à l’intérieur et puis à l’extérieur. D’abord, tu dois impliquer les membres. Par exemple quand nous

avons présenté le livre ici134, ce jour-là nous avons donné à manger à 300 personnes. Et ça tu ne pouvais pas le faire si tu n’avais pas impliqué tous les jardiniers, tu leur as fait sentir que ce projet est le leur. (…) les membres ont cuisiné, ont servi… stand, vente… ce jour-là nous avons vendu 200 livres. (…) donc ça été un grand succès pour l’association. (…) ce jour-là, j’ai fait 50 cartes d’adhésion… » (Ibid.)

En l’occurrence, la volonté de faire appel à des moyens variés (incitation et contrôle) est revendiquée par ce membre du comité directif à Rome, ce qui s’observe également à Strasbourg.

« Beaucoup de personnes sont venues, elles ont nettoyé et ensemble nous avons organisé un déjeuner. Comme ça, ça devient intégratif cette journée de nettoyage, non ? C’est fondamental pour créer un climat interne positif et tu dois chercher des instruments variés pour créer du collectif… » (Ibid.)

La nécessité apparaît donc de maintenir cette dynamique collective, pour éviter les dérives individualistes, à savoir la tendance à se refermer sur son potager et sur sa parcelle :

« A un certain moment, un peu de mécontentement s’était créé, de choses comme ça. Donc les personnes se sont de nouveau fermées dans leur propre jardin. C’est parce que c’est évident qu’il est difficile si on n’est pas beaucoup à faire les choses. (…) Au comité directif, le thème de la participation a été discuté et débattu, et disputé et on ne s’est pas entendus parce qu’il y avait quelqu’un qui a commencé à parler de taxer, de faire payer ceux qui ne participent pas aux travaux communs. Et clairement ça a été contesté par moi et d’autres. Puis quelqu’un qui proposait une structure… des structures pyramidales, avec un chef d’équipe. Et puis sincèrement, je l’ai contestée aussi. Je ne le fais même pas au travail la structure pyramidale ! Je n’aime pas ça. Et donc du point de vue idéologique… » (Ivana, 27 juin 2017, Rome)

Comme certains l’évoquent, les travaux communs sont aussi des moments de partage bénéfiques à la cohésion, parfois à l’occasion d’un déjeuner collectif qui permet de prolonger l’échange à travers un moment plus convivial. La sociabilité est en effet un des éléments de la participation dans les associations de jardins partagés, lieu où des liens peuvent se construire autour de valeurs non marchandes, en dehors des sphères professionnelle et domestique (Glover et al. 2005).

Concernant la dimension organisationnelle et politique, les jardins partagés se fondent sur des modèles qui possèdent une structure avec un comité restreint qui donne des impulsions et orientent l’organisation et le fonctionnement de l’association. L’objectif reste la participation du plus grand nombre et l’implication de chacun dans les activités quotidiennes du jardin. Nous déplaçons un peu le prisme, ci-dessous, pour observer dans quelle mesure ces jardins sont porteurs ou critiques de logiques néolibérales, en dépassant le débat qui oppose la dimension critique à la dimension néolibérale des

134Un livre a été conçu pour l’anniversaire des jardins intitulés : « Le domaine Tre Fontane : du Moyen-âge aux potagers », écrit par un journaliste freelance, vivant à Rome depuis plus de 40 ans, qui a travaillé pour des journaux nationaux mais aussi responsable du mensuel du 11ème arrondissement de Rome, il a publié des travaux de recherche historique. Dans le cadre d’une collaboration avec le jardin partagé, ce livre est publié permettant de présenter le projet de jardin comme étant cohérent avec l’histoire du territoire.

agricultures urbaines (McClintock 2014) pour montrer comment les individus et les structures négocient avec les dynamiques dans lesquelles ils sont insérés.

Gestion managériale de l’association : les jardins partagés comme lieux de tensions entre contexte néolibéral, responsabilité sociale et volonté d’émancipation.

Comme nous l’avons mentionné dans le chapitre 1, nous nous appuyons sur une définition de l’État dans un contexte de roll-out neoliberalism que Peck et Tickell (2002) analysent en détail. Nous retenons notamment que : « even if the overriding dynamics of neoliberalized spatial development involve

regulatory undercutting, state downsizing, and races to the bottom, the outcomes of this process are more variegated than is typically assumed to be the case. Rather than some rapidly accomplished “bottoming out” of minimalist regulatory settlements, it tends to result in ongoing institutional restructuring and externally leveraged “reform” around new sets of axes » (Peck et Tickell 2002 : 396).

Dans ce contexte, les associations « ont été amenées à prendre en charge des volets importants de l’action publique, notamment de l’État social depuis 1945, et ce processus s’est très largement accéléré au cours des dernières décennies » (Hamidi 2017 : 22). Les jardins partagés s’insèrent dans le « tournant participatif de l’action publique pendant les années 1990 et participent à la mise en place du « New Public Management ». L’auteur souligne également la transformation venue du champ associatif avec l’influence des « mouvements autogestionnaires militants pour une plus grande reconnaissance du rôle de la société civile » (Ibid.).

Après une phase d’engouement pour l’agriculture urbaine et comme instrument de lien social et de nature en ville, une critique émerge (cf. chapitre 1) qui souligne notamment l’insertion du phénomène dans des logiques néolibérales (Pudup 2008). Nous contribuons donc aux réflexions menées sur l’inscription de ces initiatives dans des logiques néolibérales reprenant l’approche développée par Barron autour de la subjectivité néolibérale : « a sense of self pervaded by market logic that reflects a

consumerist mindset, accepts the retrenchment of the state from its former social welfare responsibilities, and embraces the ideals of individualism, choice, entrepreneurship, and selfhelp » (Barron 2016 : 5).

Les membres de jardins partagés, comme cela peut s’observer dans d’autres projets alimentaires alternatifs reproduisent inconsciemment des logiques néolibérales, pris dans des forces sociales qui les influencent. Dans une partie des recherches plus récentes, des auteurs s’intéressent aux ambivalences que révèlent les initiatives d’agriculture urbaine, que ce soit au niveau des institutions ou même au niveau de l’individu (McClintock 2014, Barron 2016 et Ernwein 2017).

Bien que les jardins partagés ne soient pas concernés par des logiques de marché puisque les jardiniers consomment ce qu’ils produisent, les modes d’organisation et la façon dont les personnes évoquent et conçoivent les modalités d’organisation laissent cependant transparaître, notamment à travers le

langage, des logiques entrepreneuriales, surtout à Strasbourg. Les ambivalences qui émergent au sein des jardins partagés peuvent être lues au prisme de ce que Laville (2009) appelle la tension entre managérialisme et gestion sociale. Les associations et notamment les leaders collaboratifs expriment des considérations qui allient souci de performance et d’efficacité tout en ayant une vision du sens de l’action collective. Dans ce travail de recherche, l’analyse des différentes dynamiques observées a pour visée de définir dans quelle mesure ces « nouvelles modalités d’engagement (à la différence de l’engagement militant traditionnel) peuvent être lues comme des formes anomiques de la participation, qui perdent le format et les contenus de l’action collective » ou si elles permettent d’élargir les occasions de participer en rompant avec « des modes de militantisme au caractère totalisant » (Ramella 1994 : 122).

i. Des individus ou des citoyens : de la mise à disposition de soi temporaire (Lambelet 2009) à un engagement enraciné

Dans un premier temps, nous abordons la question au niveau de l’acteur singulier, et la tension entre l’individu et le citoyen. Nous avons établi en introduction que nous considérons la citoyenneté comme un concept dynamique qui doit se redéfinir en contexte. La tension naît de l’observation « d’une modification profonde de la nature de l’engagement » (Lambelet 2009 : 1). En effet, tout un pan de la littérature souligne le nouveau modèle de l’engagement « où l’individu devenu “acteur individu concret” (Ion 1997 : 80) refuse de se fondre dans une entité abstraite » (Lambelet 2009 : 3). Les compétences particulières sont mises en valeur, ce que nous avons pu voir dans les profils qui se détachent au sein du jardin, les compétences de certains leur permet d’accéder à des positions de leader ou d’expert. En outre, l’engagement dans l’activité sociale ne représente qu’un pan de leur vie parmi d’autres (travail, vie « privée », familiale, autres loisirs). Certains enquêtés estiment que les horaires des réunions ne conviennent pas à leur emploi du temps personnel et professionnel, et l’activité du jardin reste secondaire par rapport à ces autres types d’occupation. Nous avons ainsi observé des formes différenciées d’engagement correspondant à une typologie de profils d’acteurs divers. En effet, certains membres, en particulier les dilettantes, ont une vision relativement distanciée de l’engagement et ne perçoivent pas la dimension « politique » du projet.

« C’est pas une initiative citoyenne dans le sens où pour “citoyen” ça veut dire que tu rentres, que tu réponds à un projet de ville ou un projet politique. Et moi je suis plus dans l’initiative individuelle, voilà c’est mon plaisir, c’est ma curiosité intellectuelle, réflexive, manuelle. C’est une sorte de challenge aussi pour moi. Je me sens pas rentrer dans une initiative citoyenne. (…) Moi je pars du principe qu’une association, un mouvement associatif, c’est des individualités qui se retrouvent. Dans le milieu associatif si t’as pas l’initiative individuelle il se passe rien. C’est ça qui compte c’est pas, c’est ça l’énergie

en fait d’une association c’est pas l’association en elle-même c’est les individus qui composent l’association. » (Dalia, 26 juillet 2018, Strasbourg)

Dans cet exemple, cette enquêtée a fréquenté le jardin de manière ponctuelle et travaillait plutôt en solitaire. Elle s’est progressivement désengagée de l’association sans que cela n’impacte son fonctionnement. D’autres en revanche, viennent 20 h par semaine et se découvrent une vocation pour le jardin et son impact dans le quartier. Ainsi, l’intérêt de la forme « jardin partagé » est qu’elle permet la diversité des engagements et des profils de membres.

ii. Management ou organisation collective ?

Le néolibéralisme « mobilise un appareil conceptuel dont le but est de convaincre et d’enrôler, grâce à des champs lexicaux et des expressions types qui organisent une certaine perception du monde et justifient l’action sur celui-ci » (Ernwein 2015 : 119). Le néomanagéralisme accompagne ces transformations ajoutant « un fonctionnement inspiré des entreprises, érigées en modèles pour leur rentabilité et leur efficience » (Ibid. : 120). Certains membres emploient des termes empruntés au management et à une conception gestionnaire de l’organisation. Ainsi, les membres du comité directif du jardin partagé strasbourgeois développent de manière relativement détaillée leur conception de la gestion du jardin faisant référence à une nomenclature liée au management :

« Alors dans les modes de management on dit toujours il y a 4 manières de manager, il y a le directif, collaboratif, puis après il y a deux autres des sous-produits on va dire ça comme ça. Et Alain — il faut bien replacer les choses dans l’installation du jardin — et donc du coup, la seule manière de faire du management à ce moment-là, c’est d’être directif parce qu’il faut gérer 40 personnes ou même plus. Il faut que ça fonctionne, il y a un temps limite parce que la culture fait qu’il faut que tout soit installé avant telle date. Il y a de la préparation, etc etc etc. Il faut accompagner des gens qui ne savent pas. Du coup il y a que le mode directif qui peut fonctionner et c’est ce qu’il a utilisé et je pense qu’il a bien fait. Le mode directif est très bien dans cette phase-là, mais une fois que tout est installé que les gens commencent à avoir du temps, du temps pour réfléchir c’est là que les problèmes commencent à arriver. Donc moi mon mode de management c’est plutôt collaboratif et délégatif. Je délègue énormément, volontairement parce qu’il faut responsabiliser les choses et puis il y a pas à avoir tout dans les mains d’une personne. Et mon idée personnelle c’est, ça se défend ou ça s’attaque, peu importe, c’est que chaque jardin135 doit être autonome. Dans l’esprit qui est développé autour de l’association. » (Guillaume, 7 juillet 2018, Strasbourg)

Le président reprend ce qu’il a vraisemblablement appris dans le milieu professionnel (chef de service dans une entreprise publique) et l’applique à sa façon d’occuper le rôle de président. Illustrant une

135 Il fait référence au 6 sous-groupes de jardin, ainsi, il y aurait une coordination de l’ensemble de l’association et des modes d’organisation décidés au niveau de chaque sous-jardin.

forme d’« importation des techniques de ressources humaines pour encadrer les populations de bénévoles, signe parmi d’autres de la professionnalisation de la gestion du militantisme dans le secteur associatif, et de l’avènement potentiel d’un militantisme par projet qui fait écho à la “cité par projets” dont Luc Boltanski et Eve Chiapello observent l’avènement dans Le Nouvel Esprit du capitalisme » (Sawicki et Siméant 2009 : 19). En revanche, le trésorier utilise le terme management spontanément, mais se reprend et cherche un autre vocabulaire, puisque plus tôt dans l’entretien, sa compagne, qui fait également partie du jardin, était présente et l’avait « corrigé » en disant que ce n’était pas le terme approprié.

« Où on expérimente vraiment un système il y a des chefs, mais on essaye quand même d’être plutôt dans un management, enfin dans un management, des (il cherche ses mots) des prises de décision plutôt à l’horizontale, on se parle tous les uns les autres. » (Benoit, 6 juin 2018, Strasbourg)

« Ça serait différent, ce serait nécessairement différent puisque c’est une question de personnes. Après ma manière de faire est sûrement très critiquable parce qu’il y a des gens qui ont besoin d’être pris par la main. Et voilà... et puis il y a des personnes qui ont besoin qu’on prenne position lorsqu’il y a des situations un peu conflictuelles, et le mode délégatif il y a justement tu ne prends pas position… » (Guillaume, 7 juillet 2018, Strasbourg)

Comme nous l’avons mentionné plus haut, nous postulons que les expériences de jardins partagés ne répondent ni purement à des logiques néolibérales ni à des modes d’engagement radicaux136, mais se trouvent dans des dynamiques parfois contradictoires. Nous soulignons l’inscription de ces initiatives dans la logique de projet. Par souci de clarté nous reprenons la distinction effectuée par Ernwein entre « le fait d’avoir des projets, qui renvoie à une constante humaine, tant individuelle que collective, de celui de gouverner par le projet, qui renvoie à une idéologie et une pratique politico-économique