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i. Le jardin permaculture partagée St-Gall, réponse à un appel à projets de la Ville

Le jardin partagé de Saint Gall se situe dans le quartier de Kœnigshoffen à Strasbourg, il a pris place en 2013 sur un ancien champ de maïs laissé en friche. Ce jardin fait 8000 m² et il a la particularité de revendiquer la pratique de la permaculture, point sur lequel nous revenons dans le chapitre 3 plus en détail. Il s’insère ainsi dans un projet plus global porté par la ville : le Parc Naturel Urbain (PNU)88, D’après les premiers entretiens effectués, les personnes à l’origine du projet de potager se sont rencontrées sur un forum de permaculture de l’association Brin de Paille89. Après avoir créé un groupe de discussion local et ayant identifié des membres en Alsace et à Strasbourg, ils décident de se

88 « Le concept de Parc Naturel Urbain (PNU) n’est ni une norme, ni une marque déposée, ni un parc naturel, ni un parc urbain ou un espace vert. Il correspond à un projet de développement durable d’un territoire* porté par ses habitants et les forces vives des quartiers. Il s’apparente à un Parc Naturel Régional*, mais en milieu urbain » (plaquette PNU, ville de Strasbourg et communauté urbaine).

Edito du Maire Roland Ries :

« Inspiré de la démarche des parcs naturels régionaux, le parc naturel urbain Ill Bruche est né de la volonté des habitants des quartiers de Kœnigshoffen, de la Montagne Verte et de l’Elsau, soucieux à la fois du développement de leur quartier et de la préservation de ses richesses. Pendant plus de deux ans, ils ont travaillé à l’élaboration d’un projet de territoire, qui non seulement tienne compte de ses richesses naturelles et culturelles, mais s’appuie sur elles, pour en maîtriser le développement. Ce projet est inscrit dans une charte, qui a été soumise à l’adhésion des habitants et des acteurs de ce territoire de plus de 400 ha, déterminé par sa cohérence patrimoniale et paysagère. Dans l’esprit de tous, cette charte n’est pas un aboutissement, mais bien un début. Pour vivre et imprégner progressivement tous les projets de ce parc naturel urbain, la mobilisation de ses premiers artisans doit se démultiplier et s’étendre, pour rendre le développement de ce territoire définitivement durable. »

89 Brin de Paille est un collectif œuvrant pour la promotion de la permaculture en France. Cette association permet de mettre en relation, de faciliter la communication entre les différents acteurs et ainsi d’encourager un développement plus harmonieux et solidaire des différentes initiatives existantes.

rencontrer. De ces rencontres naît la possibilité de proposer un projet à la ville en participant aux ateliers organisés par l’Eurométropole dans le cadre de la mise en place du PNU.

Le projet de jardin proposé (Figure 10) est finalement accepté et les travaux collectifs commencent en 2013 pour la mise en place du jardin (Figure 13). Depuis, l’association existe toujours, elle a évolué et en 2017, elle s’est détachée du réseau Brin de Paille notamment suite au départ de l’ancien président du jardin pour s’affirmer comme association indépendante et prendre une forme autonome. Le jardin qui s’appelait auparavant « Jardin à croquer » a été renommé « Jardin permaculture partagée St-Gall ». Concernant l’organisation de ce jardin, il est constitué en association et compte en moyenne environ 40 membres. Elle est dotée d’un comité de direction composé de 9 membres. Concernant la gestion au quotidien, le jardin est divisé en 6 sous-jardins qui décident à l’interne comment organiser l’espace et répartir les tâches. Par exemple, le sous-groupe que je suis de manière régulière a détaillé l’occupation du sol et s’organise selon un dessin précis (Figure 16). En ce qui concerne l’ensemble de l’association, les jardiniers se réunissent une fois par mois pour réaliser des travaux communs et créer de la cohésion au sein du groupe. Selon les dires de certains, ils pourraient ne jamais se croiser étant donné que certains viennent plutôt en semaine, d’autre le week-end ou à des moments différents de la journée. La cotisation pour être membre est de 35 €/an, une caution de 40 € est demandée pour obtenir la clef du portail. Il y a des malles dans le jardin avec des outils en commun. Cependant, on peut noter que de nombreux jardiniers apportent leur matériel, notamment les gants et le petit outillage.

ii. Orti Urbani Tre Fontane, une installation négociée

Le potager Tre Fontane se trouve dans le sud de Rome. Il est situé dans le parc des Tre Fontane. Il se trouve à la frontière entre le quartier de l’EUR, de « Grotta Perfetta » et de « Tor Marancia », zone caractérisée par une composition sociale assez variée. Le quartier de l’EUR (Municipio XI) a été conçu dans les années 1930, durant l’époque fasciste, et est caractérisé par une architecture rationaliste et des « bâtiments de qualité » (Vidotto 2006 : 204). Dans les années 1970, il se transforme en « centre de décisions et quartier résidentiel » (Ibid. : 290). L’histoire des deux autres quartiers qui entourent le potager Tre Fontane est différente. Le noyau immobilier de « Tor Marancia » (Municipio VIII) est également né à l’époque fasciste quand fut construite l’une des « borgate »90entre la rue Ostiense et la rue Ardeatina. Cette « borgata » fût créée suite à des politiques d’« éventrement » et de déplacements forcés de population du centre historique vers les nouvelles « borgate » (Rossi 1984 : 91), « réparties en étoile autour de la périphérie » (Vidotto 2006 : 199). Le quartier de « Grotta

90 Implantation de bâtiments populaires réalisés entre 1930 et 1937 dans l’Agro Romano, loin du centre habité et en dehors du Piano regolatore, connu pour être des édifices de mauvaise qualité (Insolera, Roma Moderna,

Perfetta » (Municipio VIII) s’est consolidé en revanche comme périphérie insérée dans le « plan

régulateur » de 1962, dans le cadre d’un des plans de zone pour le logement social, à travers des politiques de lotissement conventionné (Rossi 1984 : 242).

Le potager urbain Tre Fontane, localisé dans un tissu métropolitain fortement urbanisé, s’étend sur près de 6000 m² (aujourd’hui le potager s’est étendu et les parcelles occupent le double, plus les espaces non cultivés, le jardin s’étend sur environ 15 000 m²) dans un espace vert entouré de bureaux et d’immeubles résidentiels, il fait partie du parc des Tre Fontane. Le parcours qui a donné lieu à la création du potager remonte à 2012, lorsque cinq résidents locaux décident de distribuer des tracts aux alentours pour attirer l’attention publique sur cette situation de dégradation de l’espace sur lequel est actuellement situé le potager. Comme rapporté par le président de l’association, il s’agit d’une portion de terrain qui était abandonnée, largement utilisée comme décharge et recouverte d’une végétation dense et inculte91. Ce groupe de citoyens se réunit pour un premier rendez-vous public, voué à la réappropriation et à la requalification de la zone. Comme l’ont rapporté les organisateurs, l’initiative eût beaucoup de succès du point de vue de la participation (environ 60 personnes). Suite à cette rencontre, les participants commencent à nettoyer le terrain puis se lancent dans la taille et l’élagage des plantes adventices. À partir de cette première initiative, ce groupe d’habitants du territoire décide de s’occuper de la zone de manière stable et continue avec pour objectif de transformer cet espace en un espace de référence dans le quartier.

Après avoir assaini le terrain, ils décident de le rendre accessible à la population locale, à travers la création de potagers urbains gérés collectivement. L’association de citoyens du quartier qui gère actuellement le potager s’est officiellement créée en janvier 2013 et compte aujourd’hui environ 300 membres, membres et adhérents confondus. Le terrain est fréquenté par des personnes extérieures également. Au-delà des espaces communs, le potager est divisé en plus d’une centaine de parcelles de 50 m² chacune. L’adhésion à l’association est de 10 €, ensuite il faut cotiser 50 € par parcelles/an (à diviser entre les personnes qui la cultivent). Les outils sont personnels et chaque parcelle est dotée d’un rangement individuel.

91 Informations issues de la phase exploratoire du terrain lors d’un entretien effectué le 6 octobre 2014 avec Arturo à Rome.