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Conclusion du chapitre 1

1. La forme associative : entre injonction institutionnelle et outil de politisation

Les deux associations étudiées sont toutes deux relativement récentes : elles ont été créées au début des années 2010. En effet, pour mettre en place des jardins, les habitants se trouvent confrontés à la nécessite de créer des associations pour pouvoir mener leurs activités, ce que nous exposons dans un premier temps. Dans un deuxième moment, nous nous intéressons à l’impact de la forme associative sur le mode d’engagement et à son ambivalence, comment les associations se trouvent obligées d’adopter une forme institutionnelle avec l’écriture de statuts, la répartition des rôles, l’émission de bilans auprès des collectivités par exemple. Au contraire, nous analysons également la dimension émancipatoire de celle-ci à travers les processus de politisation des membres.

a. À Rome et à Strasbourg : l’association comme forme légitime de l’engagement

Dans cette partie, nous partons des terrains et de leur description pour expliquer les raisons de la structuration de ces jardins partagés sous forme d’associations et analyser les conséquences de ce choix. Nous exposons d’abord la démarche dans le contexte strasbourgeois, ensuite, nous nous intéressons au contexte romain pour mettre en lumière les éléments divergents selon les contextes nationaux.

i. À Strasbourg : la création de l’association, un impératif négocié

Dans la littérature récente sur le monde associatif en France, certains auteurs soulignent les métamorphoses (Hély 2009) de celui-ci en exposant, entre autres, le phénomène de professionnalisation. D’autres s’intéressent plutôt à l’évolution des relations entre l’État et les

97 Dans l’étude des associations, de nombreux auteurs (Ramella 1996, Carrel et al. 2009, Hamidi 2017 entre autres) suggèrent d’articuler les différents niveaux d’étude : échelle individuelle (trajectoires, carrières, caractéristiques des individus qui composent les organisations) ; échelle de l’organisation (dynamiques internes, processus organisationnels, modes de fonctionnement, logiques d’action) ; échelle des « tissus de relations et d’interdépendance qui se constituent dans les environnements socio-institutionnels et dans des contextes territoriaux spécifiques » (Ramella 1996 : 101). Dans cette partie nous étudions les deux premiers aspects, la dernière dimension est analysée dans les chapitres 4 et 5 pour détailler les contextes spécifiques à chaque jardin étudié.

associations (Cottin-Marx et al. 2017). À l’échelle nationale, le monde associatif concerne de nombreux Français puisque « 45 % des 18 ans et plus adhéraient à au moins une association en 2010 » (Prouteau et Wolff 2013).

À Strasbourg, il est à préciser que les associations sont régies par le Code civil local98 maintenu en vigueur dans les départements des Bas-Rhin, Haut-Rhin et Moselle. En ce qui concerne l’association « Permaculture partagée St-Gall », les statuts sont néanmoins similaires à ceux de la loi 1901. Nous revenons d’abord sur les injonctions institutionnelles qui ont mené à la création de l’association puis nous fournissons les caractéristiques principales de celle-ci. Dans un premier temps, les membres qui deviendront les futurs fondateurs de l’association se sont rencontrés sur la plateforme internet de l’association Brin de Paille99. Le groupe de « pionniers » préexistait100 à la formation de l’association, il est entré en contact avec l’administration locale avant la réalisation du jardin, au moment de la quête d’un terrain pour installer le projet de culture.

Notons qu’à Strasbourg, l’ensemble des jardins partagés existe légalement sous forme d’associations, ce qui a été précisé dans la « convention de mise à disposition d’un espace clôturé aménagé à usage de jardin partagé de quartier » établie en 2014. Cependant, le jardin étudié est né avant cette date ; la création de l’association précède par conséquent l’établissement de cette convention. En effet, la responsable du Parc Naturel Urbain (PNU) explique que la mise en place du jardin en octobre 2013 précédait la signature d’un contrat entre l’association de jardin et la ville.

Les fondateurs du jardin étaient en contact avec l’administration et participaient aux ateliers de projet dans le cadre de la mise en place du Parc Naturel Urbain (PNU). Une fois que le projet a été validé, le processus s’est accéléré et la création de l’association est alors présentée comme une nécessité dérivant d’une injonction des autorités. L’association naît dans ces conditions sans que le format soit débattu par les membres fondateurs du jardin :

« j’avais rien signé parce que j’étais pas président, il y avait même pas d’assoc’ quoi… et en 15 jours j’ai fait tous les plans précis et on a fait un travail extraordinaire. Après, ça s’est enclenché quoi… (…) On avait créé une assoc’. On m’avait dit : il faut le faire tout de suite, ils avaient dit : il faut que ce soit tout de suite visible. » (Alain, 17 octobre 2018, Strasbourg)

Fabienne qui faisait partie des membres à l’initiative du jardin et du projet de permaculture témoigne en détail sur le moment de la création et de l’adoption de la forme associative :

98 Concernant le droit local : https://www.associations.gouv.fr/le-droit-local-des-associations-en-alsace-moselle.html, consulté le 8 mai 2018 dont une particularité est de pouvoir être à but lucratif.

99 Association de promotion de la permaculture dont le nom fait référence à l’ouvrage de référence : Fukuoka, M. (1983). La révolution d'un seul brin de paille. Guy Trédaniel Editions, Paris. Site internet : https://asso.permaculture.fr

100 Nous revenons en détail sur la formation du groupe et son insertion dans le contexte administratif et politique local dans le chapitre 5.

« Et donc quand il s’est agi de créer l’association pour St-Gall, d’un seul coup c’était urgent, il fallait le faire, alors qu’au début on pensait qu’on pourrait faire sans. Donc on a traîné sans et après bon d’un seul coup c’est devenu important, je sais pas si c’était à cause, si c’est la CUS (Communauté Urbaine de Strasbourg) pour avoir ce jardin, enfin il y a eu d’un seul coup une nécessité assez rapide de créer une association et je me souviens ça s’est fait quasiment en un week-end où Alain m’a dit il faut créer les statuts et tout ça. Je lui dis ben, je t’envoie les statuts de l’association “les ***** *****” comme ça tu pourras voir. » (Fabienne, 11 octobre 2017, Strasbourg)

Dans ce témoignage apparaît l’idée que la forme associative n’est pas consensuelle. Cependant, c’est la forme choisie puisqu’elle correspond à une « nécessité » de la part des organisations pour pouvoir être reconnues comme interlocuteur légitime par les services de la ville.

« Donc visiblement, c’est pas allé assez rapide pour Alain, moi, pour moi, c’était important parce que j’ai vu que, enfin, ces problèmes de hiérarchie avec une présidence et tout ça, ça bousille des trucs, ça prend la tête des gens et pas forcément du président, mais aussi des autres quoi... »

(…)

Alain, il a tranché, il a dit : on va faire les statuts101, on va aller au plus simple on va faire une association classique avec président et tout ça président. Mais bon, dans la réalité, ce sera quand même fait par un groupe, un conseil, je n’aurais pas plus de pouvoir que d’autres, et caetera. » (Ibid.).

Pour caractériser l’association par rapport au champ associatif dont les statuts peuvent être très diversifiés, nous spécifions les caractéristiques principales de celles du jardin étudié à Strasbourg. C’est une association à but non lucratif qui a pour objet « la promotion de la permaculture notamment à travers les activités menées dans le jardin-forêt intitulé “jardin à croquer” ». Cette association est uniquement gérée et animée par ses membres, aucun membre n’est salarié par l’association. Selon les statuts de l’association, les membres peuvent être membres « fondateurs », membres « actifs » ou membres « passifs », comme précisé dans l’article 6 ci-dessous (Figure 14) :

101 Les statuts de l’association sont réécrits en 2016 suite au départ du premier président, dans le but de mettre à jour et faire évoluer la structure. Globalement, le changement de statut permet de les simplifier notamment sur les différents types de membres (annexe 7).

Figure 14. Extrait des statuts de l’association définissant les différents types de membres

Dans les faits, si les statuts affichent des rôles clairement définis, des profils de jardiniers se distinguent qui ne correspondent pas à ces statuts formels. Nous les décrivons et analysons dans la section suivante de ce chapitre.

ii. À Rome : le choix de s’insérer dans un dialogue

Concernant la situation en Italie, la littérature sur le monde associatif (Ramella 1994, La Valle 2006, Biorcio et Vitale 2010) s’intéresse notamment aux changements qui sont advenus durant la fin du XXème siècle. Il semble que « l’intégration politique était amplement basée sur des cultures politiques de parti » aussi les réseaux associatifs « étaient collatéraux des partis politiques de masse » (Biorcio 2007 : 189). Biorcio et Vitale (2010) fournissent une synthèse basée sur une perspective de moyen terme qui permet d’analyser les changements qui ont eu lieu depuis « Tangentopoli 102» et l’effondrement des partis de masse. Les auteurs observent, ainsi, un taux de participation dans les partis qui diminue, et ce bien avant l’enquête « Mains Propres », avec en parallèle une participation associative qui augmente tout au long des années 1980. Cependant, cette opération a marqué un

102 « Tout commence quand, à Milan, le procureur Antonio Di Pietro fait arrêter Mario Chiesa. C'est là qu'a commencé la chaîne d'enquêtes "Mains Propres" qui, en 1992 seulement, a décapité la classe politique et dirigeante nationale. Elle en fait une classe de suspects, de condamnés. Les élections du 5 avril, non par hasard, marquent la défaite des partis traditionnels et le succès de la Ligue du Nord. » Ilvo Diamanti, Conférence

changement dans le rapport du monde associatif au monde « politique ». Les associations se sont dirigées vers une autonomie plus importante. L’Italie reste néanmoins le pays européen qui connaît le plus bas taux de participation active à une association (Immerfall et al. 2010 : 18).

Un autre élément qui nous intéresse est le fait que de nombreuses associations, attentives aux problèmes du territoire et de la qualité de la vie, ont vu le jour en renouvelant les fondements de l’organisation du mouvement environnementaliste (Biorcio et Vitale 2010). De manière générale, dans les années 1990, une série de lois a progressivement reconnu et favorisé le développement de l’ensemble du secteur non lucratif.

Notons qu’à Rome, les potagers urbains ne prennent pas tous la forme d’associations. En effet, des expériences de jardins spontanés et abusivi [abusifs] se fondent sur une occupation illégale des espaces publics. Certains sont composés de parcelles individuelles comme sur le modèle des jardins familiaux et se trouvent le long des voies ferrées notamment ou dans des endroits plus dissimulés de la ville. Certains ressemblent plus à une organisation en parcelles individuelles du type jardin familial, mais sont aménagés avec des matériaux de récupération comme des sommiers, des palettes ou encore des baignoires (Uttaro 2012). D’autres entament une démarche collective et de partage, mais refusent explicitement le dialogue avec l’administration locale considérant que l’institutionnalisation menace la dimension autogérée et autonome de ces initiatives.

Ces éléments permettent de souligner le fait que le jardin étudié et les autres jardins membres du réseau avec lesquels il est en interaction103 sont au contraire régis par des statuts associatifs. Nous nous intéressons donc aux jardins qui ont choisi d’entamer un dialogue et de négocier avec l’administration.

Pour revenir au modèle associatif, une définition générique proposée par Ramella (1994) permet de cerner les caractéristiques principales des associations : « groupes dont l’origine ne descend pas de l’initiative d’un quelconque acteur institutionnel du secteur politico-administratif et pour lesquels les rapports entretenus au sein du “marché politique” n’affectent pas l’autodirection substantielle qui se base sur le recrutement autonome des propres membres ainsi que, dans une mesure variable, sur la capacité de gestion et de mobilisation de ressources propres » (Ramella 1994 : 99). Sur le terrain romain, le projet de jardin naît, comme à Strasbourg, à l’initiative d’un groupe d’habitants avant la formation de l’association en tant que telle :

« Pour cela, je présente ce projet au bureau technique, au bureau de la Ville celui des potagers urbains. Et je ne me souviens plus… à ces deux “bureaux” à l’arrondissement et à la Ville. C’était encore une chose comme ça, il n’y avait pas l’association, moi j’ai écrit que nous étions une association, mais il n’y avait pas l’association, c’était moi, Claudio et puis un ami qui commençait à passer des coups de fil, pour cela nous cherchions des adhésions et tout ça,

mais l’association n’était pas encore faite. L’association, la première rédaction qui s’est faite, c’est l’acte de constitution qui a été réalisé chez moi, le 28-29 décembre 2012 » (Boris104, 19 juillet 2017, Rome)

Mais à Rome, contrairement à Strasbourg, la forme associative est « choisie » par les membres. Ceux-ci, s’étant informés au préalable sur internet, réalisent que pour avoir l’accès et le droit d’usage d’un espace public, le « collectif » doit avoir une existence légale et définir un interlocuteur (le président de l’association) pour être identifiable pour l’administration.

« Parce que j’étais allé voir sur internet, la Ville de Rome donnait l’opportunité à des associations de demander la gestion de terrains, disons, de la Ville. Pour cela, il y avait une loi, il y avait aussi un bureau “potagers urbains” de la Ville de Rome » (Ibid.).

À terme, la forme associative permet également de prélever des cotisations et de participer à des appels d’offres pour trouver des ressources ou des moyens matériels. Les statuts de l’association évoluent au fil des ans, un changement est notamment effectué en 2017 pour s’adapter aux demandes de l’administration105.

Les associations Tre Fontane et St-Gall se sont donc créées de manière relativement impromptue pour pouvoir prétendre à la gestion d’espaces sur le domaine public. Ce que nous mettons en évidence est que ce ne sont pas des associations préexistantes au projet, mais des associations qui prennent forme pour pouvoir gérer ces espaces selon les règles fixées par les institutions locales. En outre, dans les deux cas, les personnes qui rédigent les statuts se basent sur des modèles qu’ils trouvent en ligne ou transmis par des membres, sans expérience préalable de cet exercice administratif. Cet élément marque une première étape d’apprentissage de la vie associative. Dans le point suivant, nous analysons les processus d’engagement, de politisation ou d’émancipation qui se déploient dans les associations étudiées.

104 Boris est italien, le choix du prénom tient à la volonté de suivre l’origine slave du sien même dans l’anonymisation.

105 L’association passe d’ “Association culturelle” (Associazione culturale) à “association à buts sociaux” (Associazioni a fini sociali) pour la possibilité de participer à des appels d’offre mais aussi suite à une réforme du Troisième secteur avec des règles restrictives concernant les associations et pour un éventuel développement économique de l’association.

b. Les jardins partagés, des associations vectrices de politisation et d’émancipation

participative

Des questions transversales se posent sur les associations que ce soit dans le contexte italien ou français. Nous examinons le potentiel des jardins partagés comme lieux de politisation. Pour cela nous observons les profils des jardiniers et comment leur participation au jardin s’insère dans leur carrière militante ou non. Nous nous appuyons sur la littérature qui s’intéresse à déterminer si les associations représentent des lieux de politisation pour leurs adhérents (Hamidi 2017). Les auteurs français et italiens (Ramella 1994, Biorcio 2007, Hamidi 2017) autant que certains anglophones (Lichterman 1996) mobilisent Tocqueville (1981 [1835]) comme référence incontournable à ce sujet. En effet, celui-ci soutient la thèse que « les individus rejoignent des associations pour une multitude de raisons, souvent parfaitement égoïstes, mais, ce faisant, sont peu à peu conduits à définir différemment leurs intérêts particuliers, dans un sens plus soucieux de la “grande société” ». Selon Tocqueville « les associations donnent aux individus l’habitude et le goût d’agir en commun. Elles élargissent leur point de vue, renouvellent leurs idées et “agrandissent leur cœur” » (1981 [1835], tome 2 : 140) ». Ainsi, nous questionnons dans quelle mesure la participation associative est un « phénomène limité à l’activité d’une minorité (…) et si au sein des associations se crée une vie de groupe ou si, au contraire, deux corps séparés se constituent : celui des simples inscrits et celui des minorités actives » (Ramella 1994 : 103).

Dans les travaux et réflexions d’Hamidi (2017), la distinction entre « responsables associatifs » et adhérents est également présente. Dans les cas étudiés dans cette recherche, nous pouvons établir qu’il existe des formes de hiérarchies et de répartition du pouvoir et des prérogatives, bien que les associations n’aient pas de salarié. Ainsi, les enquêtés se distinguent par leurs profils d’engagement en dépit du fait qu’ils bénéficient tous du statut de membres à part entière. Certains font partie du comité directif avec des positions différentes (président, trésorier, secrétaire) et sont bénévoles et volontaires pour remplir ces fonctions. L’analyse est centrée autour de la carrière militante (Fillieule 2009a) pour distinguer comment se structure la division sociale du travail (Durkheim 1893), associatif en l’occurrence.

Dans cette sous-section, nous dressons une typologie des profils militants d’enquêtés, fondée sur la distinction de deux catégories principales : le premier type de militants rassemble les personnes qui bénéficient d’une carrière militante longue et qui trouvent dans l’association un lieu d’expression de leurs expériences et compétences acquises au fil des ans ; le deuxième type rassemble les « novices » qui s’engagent pour la première fois dans une activité associative et qui ont été attirés par le monde associatif par leur intérêt pour le jardinage. Nous concluons cette réflexion par une analyse des différents types de participation et de politisation en rapport avec les différents profils décrits.

i. Les jardins partagés, lieux de mise en actes de la politique pour les militants expérimentés

L’association apparaît comme un lieu d’actualisation des compétences et connaissances militantes chez les membres qui bénéficient d’une expérience passée d’engagement. Utilisant certains éléments de la notion de « carrière militante » (Fillieule 2009a, Agrikoliansky 2017), nous l’appliquons à nos entretiens, sans pouvoir le faire de manière systématique, car il ne s’agit pas de récits de vie, mais de discours dans lesquels nous avons obtenu des éléments biographiques sans avoir recueilli de récit autobiographique « complet ». Nous analysons donc au prisme des témoignages recueillis, les liens que les acteurs eux-mêmes reconstituent. N’ayant pas élaboré la recherche dans une logique quantitative, nous raisonnons « sur un nombre nécessairement réduit de cas », nous explicitons donc « les stratégies de sélection, de construction et de comparaison de ces cas » (Agrikoliansky 2017 : 33). Nous nous appuyons sur trois exemples, deux membres du jardin romain et un membre du jardin strasbourgeois. Les points communs de ces trois profils résident dans leur contribution active à la vie de l’association : ils font tous partie du comité directif au moment de l’enquête. Ce sont tous les trois des éléments moteurs de la vie de l’association qui appartiennent à la catégorie des « leaders collaboratifs » que nous voyons dans la section 2 de ce chapitre.

L’objectif est de comprendre comment ces militants aguerris décident de s’engager dans l’association. Nous prêtons notamment attention aux phases de leur trajectoire correspondant à ce choix d’engagement ainsi qu’aux compétences qu’ils mettent en œuvre au sein de l’association.

Le premier profil est celui d’Arturo, 62 ans, à la retraite, qui a une carrière militante structurée depuis son adolescence. Nous restituons l’extrait d’entretien où celui-ci élabore la construction de son histoire, nous le divisons en plusieurs parties pour fournir des critères d’analyse et mettre en lumière des éléments particulièrement pertinents. Notons que l’extrait est un monologue sans interruption, ce n’est pas un travail de construction a posteriori à partir de différents extraits de l’entretien, cette dimension montre qu’il élabore une véritable mise en récit de son parcours et de son engagement (Doidy 2014). Un autre aspect intéressant qu’offre la notion de carrière est « de proposer une approche particulièrement subtile de la question du sens que les acteurs donnent à leurs actions »