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Participer et « faire participer », en quête de dispositifs pour mobiliser au sein de l’association

Après avoir étudié les profils de jardiniers dans leur diversité, nous nous intéressons aux modes d’organisation observés dans les deux associations et à la structuration des collectifs. En effet, les jardins partagés, que nous inscrivons dans la réflexion sur les « communs », renvoient à « un espace ou une ressource dont l’usage et la jouissance sont communs à une communauté de personnes » (Queffelec 2013130). Nous nous interrogeons sur leur structure, les logiques d’intégration et de sélection, mais aussi aux logiques collectives qui animent ces jardins. Dans un premier temps, nous décrivons le fonctionnement de ces jardins, la structure, les modalités d’accès, et les mécanismes et raisons qui poussent certains à sortir selon une stratégie de défection (Hirschman 1970). Ensuite, nous analysons les incitations à la participation (Biorcio et Vitale2010, Bresson 2014) pour étudier comment ces associations répondent à cet enjeu qui semble traverser l’ensemble du monde associatif (Lichterman 1996, Ion 1997, Laville 2009, Eliasoph 2010). Enfin, nous mettons en lumière l’ambivalence des modes d’organisation observés entre participation citoyenne et gestion managériale d’un projet de jardin (Pudup 2008).

a. « En tous cas les membres adhèrent à l’idée de cultiver de telle manière et de se

soumettre à une certaine forme de société » (Guillaume, 7 juillet 2018, Strasbourg)

i. La structure des jardins

Comme nous l’avons étudié, les jardins sont régis par le statut d’association et possèdent donc une structure formelle. Une partie du fonctionnement de chaque jardin a été exposée dans le chapitre 1, aussi nous ne revenons pas en détail sur la question, mais nous rappelons le mode de fonctionnement global pour l’intégrer à la suite de la réflexion sur la participation.

À Strasbourg, le jardin de St-Gall compte environ une quarantaine de membres. L’association est dotée d’un comité de direction composé de 9 membres. Le jardin est divisé en 6 sous-jardins qui définissent en interne l’organisation de l’espace et la répartition des tâches. Par exemple, le sous-groupe dont j’ai fait partie est géré collectivement et les parcelles ne sont pas attribuées nominativement. L’occupation du sol est définie par type de culture (racines, solanacées, médicinales…) et est organisée selon un dessin précis (Figure 16).

D’autres sous-groupes, en revanche, ont fait le choix de « privatiser » certaines parcelles et de les attribuer individuellement. Cela est notamment dû à la volonté de certains membres de suivre

l’évolution de leur parcelle et d’être autonomes dans la gestion de celle-ci131. En ce qui concerne l’ensemble de l’association, les jardiniers se réunissent une fois par mois pour réaliser des travaux communs et créer de la cohésion au sein du groupe (ce que nous développons ultérieurement dans ce chapitre). La cotisation annuelle de membre est de 35 euros et une caution de 40 euros est demandée pour obtenir la clef du portail. Des malles sont mises à disposition dans le jardin pour entreposer les outils communs132. Cependant, la plupart des jardiniers apportent leur matériel, notamment les gants et le petit outillage (sécateur, transplantoir notamment).

131 Dans le groupe que j’ai suivi, il semble que l’impulsion donnée par la responsable de ce jardin va dans le sens d’un ensemble non divisé. Ainsi, les personnes qui adhèrent à ce mode de fonctionnement restent, les autres peuvent aussi aller dans d’autres sous-groupes.

132 Dans les malles, on trouve des outils à main (pelles, bêches, rateaux, pioches, grelinettes, serfouettes, binettes).

Figure 16. Dessins et répartition des cultures du sous-jardin des Solanacées. Source : Fondateur du jardin (dessins) et responsable du jardin Solanacées (cultures en rouge)

À Rome, le jardin Tre Fontane est organisé différemment. En effet, l’association compte au moment de l’enquête environ 300 membres, jardiniers et simples adhérents133 confondus. Le terrain est également fréquenté par des personnes extérieures. Au-delà des espaces communs, le potager est divisé en plus d’une centaine de parcelles de 50 m² chacune. L’adhésion à l’association est d’un montant de 10 euros et la cotisation annuelle par parcelle s’élève à 50 euros (à diviser entre les personnes qui la cultivent). Les outils sont personnels et chaque parcelle est dotée d’un espace de rangement individuel.

Contrairement à Strasbourg, le jardin n’est pas divisé spatialement en sous-groupes et les parcelles individuelles sont gérées de manière indépendante les unes des autres.

Il existe cependant des groupes structurés par type d’activités. Le jardin a des règles d’usage spécifiques qui ont été définies par certains participants, notamment les initiateurs :

« …nous sommes organisés en groupes de travail […] Il y a un groupe qui s’occupe de l’entretien, un groupe qui s’occupe de la botanique, deux agronomes, un groupe qui gère le compost [...]. Et il y a le comité qui coordonne l’ensemble… » (Arturo, 6 octobre 2014, Rome)

En 2017, les groupes de travail actifs sont les suivants : le « jardin pédagogique », le « jardin urbain », la « serre » et le groupe « événements ». Les personnes qui ont déjà une parcelle, mais aussi celles qui sont sur liste d’attente, peuvent contribuer à l’entretien et à la gestion du jardin pédagogique ou des espaces collectifs et s’inscrire dans ces différents groupes.

Malgré certaines différences, les jardins sont structurés en groupes, ils cotisent, des travaux communs sont organisés dans les deux lieux.

ii. Entrer au jardin — montrer patte blanche

Après avoir exposé les structures de ces deux jardins, nous décrivons les modalités d’accès aux associations afin d’éclairer les parcours d’intégration des membres. Concernant la période qui succède immédiatement à la phase de création, à Rome comme à Strasbourg, l’ensemble des personnes qui ont participé aux travaux de nettoyage et de mise en place du jardin sont éligibles à l’attribution d’une parcelle et à une place de membre de l’association. Une fois que la situation est stabilisée, le groupe évolue : certains partent tandis que de nouveaux venus rejoignent l’association. Ces flux engendrent la mise en place progressive de règles pour définir les conditions d’accès au jardin. Établir des règles dérive de la nécessité de garantir la pérennité et la régularité de l’engagement à l’opposé d’une participation « opportuniste ». À plusieurs reprises lors d’échanges informels, les membres ont déploré un phénomène saisonnier de recrudescence des adhésions à la période du printemps et de l’été. Ainsi,

133 Nous faisons référence aux adhérents qui n’ont pas de parcelles attribuées, certains cotisent parce qu’ils soutiennent la démarche mais ne s’investissent pas nécessairement dans l’activité de jardinage.

les jardiniers dont la fréquentation est régulière tout au long de l’année ont l’impression que certains nouveaux entrants viennent stratégiquement récolter les fruits de leur travail.

Dans les deux associations, l’intégration des jardiniers se réalise ainsi en deux temps afin de limiter cet effet pervers. La plupart des jardiniers découvrent le jardin par bouche-à-oreille. Une première prise de contact s’effectue avec l’association pour visiter le jardin et pour découvrir le fonctionnement et les principes de celui-ci. Ensuite, une forme de participation est requise pour démontrer la motivation des futurs membres à contribuer aux activités dans la durée. À Strasbourg, ce fut mon mode d’entrée sur le terrain. Lors de cette première découverte du jardin, le président explique ainsi le fonctionnement :

« Alors comment ça se passe, au tout début, il y a, ça va être la personne sera accompagnée avec une sorte de parrain ou marraine, pour expliquer comment ça fonctionne, mais surtout favoriser l’intégration au sein du jardin, puis après au fur et à mesure que la personne est présente, s’investit, soit elle reste dans le jardin avec la personne qui l’a accompagnée ou soit elle peut aller dans un autre jardin...

Soit elle peut aller dans un autre jardin pour une question d’affinités... …au feeling quoi..

Il y a 6 groupes et en fait chacun des groupes a une petite particularité, il y a certains qui vont plutôt faire des plantes médicinales, d’autres des solanacées, de la famille des patates, des tomates, des aubergines, des... c’est un peu les légumes si tu veux, après t’as un jardin pépère, c’est vraiment le jardin traditionnel par excellence, après t’as les herbes sauvages, plantes sauvages pardon et racines. » (Guillaume, 30 septembre 2017, Strasbourg)

À Strasbourg, les personnes prennent souvent contact le samedi, journée où le jardin est ouvert au public. Le président, ou un des membres présents, fait visiter le jardin et explique son fonctionnement à la personne. Si celle-ci est intéressée, elle est invitée à participer à des travaux communs et à venir jardiner avec différents jardiniers. Deux enquêtées témoignent ainsi de leur expérience personnelle de ce parcours d’intégration, effectué pour la première à l’automne 2017, et pour la seconde en mars 2018 :

« Et donc il m’a présenté il m’a fait faire le tour du jardin. Il m’a dit de venir le samedi suivant pour rencontrer Guillaume. C’est ce que j’ai fait, je suis venue le samedi suivant. Guillaume ; m’a présenté à Émilie. Il m’a demandé si j’avais un jardin dans lequel je préférerais aller, mais je n’avais aucune préférence, je voulais juste jardiner et puis il m’a intégré avec l’équipe d’Émilie. En disant qu’Émilie elle avait une bonne culture sur le jardinage, qu’elle était assez… enfin qu’elle communiquait bien sur ce qu’elle connaissait. » (Dalia, 26 juillet 2018, Strasbourg)

« Moi je suis venue, je suis allée sur le site internet, au mois de février et il n’y avait personne. Sur le site il est marqué que le premier samedi du mois on vient, alors c’est ce que j’ai fait et j’ai vu le président et j’ai discuté un peu avec Aurélien. Il m’a dit que lui il veut bien me prendre. » (Souane, 8 août 2018, Strasbourg)

À Rome, une première prise de contact peut avoir lieu soit par le bouche-à-oreille, soit par une visite sur place ou encore par le site internet. La personne doit s’inscrire sur une liste d’attente et son dossier sera examiné en cas de libération d’une parcelle. Il est nécessaire, au préalable, de participer aux travaux communs qui constituent une première étape pour s’intégrer à l’association. Ensuite, le profil est étudié et évalué selon certains critères, notamment la participation aux travaux communs, la distance du lieu de vie, le statut (actif, chômeur, retraité…). Dans les deux jardins, le trésorier du comité directif est en charge des adhésions et s’occupe de faire les rappels et de vérifier que chacun a bien payé sa cotisation.

Les processus d’intégration à l’association sont similaires à Rome et à Strasbourg au niveau de la prise de contact et de l’obligation de participation aux travaux communs et d’entretien de sa parcelle individuelle. Le jardin romain se distingue par l’établissement d’une liste de critères précis attribuant des points en fonction de la situation (actif, chômeur, retraité), du lieu de vie (distance au jardin) et de la participation aux travaux communs. Ces points servent à la décision d’intégration ou non.

iii. Les différents motifs de sortie : éviction ou défection

Après avoir étudié les modalités de l’intégration au jardin, nous nous intéressons aux motifs de l’« exit » (Hirschman 1970), c’est-à-dire aux raisons qui poussent certains à quitter l’association. Comme nous l’avons vu, l’adhésion aux règles de participation est primordiale au fonctionnement d’associations reposant sur le travail bénévole (Simonet 2010). Cependant, on observe des tensions concernant les modalités de l’engagement associatif, qui ne fait donc pas l’objet d’un consensus permanent. Néanmoins, les effets socialisateurs de la militance « sont en partie déterminés par les règles et modes de fonctionnement des organisations, entendues comme univers de contrainte (statuts, activités proposées ou réservées, leadership, etc.) » (Fillieule 2009a : 14) et permettent à l’association de fonctionner malgré des divergences internes. Une des manières de permettre la coexistence d’aspirations et de visions différenciées est l’organisation de la gestion des activités en sous-groupe, qui permet aux personnes de se réunir par affinité ou par intérêt commun.

Cependant, « l’un des traits permanents des organisations politiques, qu’elles soient partisanes, syndicales ou associatives, est le turn-over et par conséquent la défection » (Fillieule 2009b : 1). Parmi les différents motifs qui poussent certains membres à quitter l’organisation, nous passons rapidement sur les motifs externes qui ne dépendent pas de l’organisation ou de la personne concernée, tels que les déménagements ou la reprise d’un travail réduisant la disponibilité temporelle. Nous nous penchons ici plutôt sur les raisons inhérentes à la vie associative qui motivent le départ volontaire ou l’exclusion par le collectif.

J’ai pu prendre contact avec d’anciens membres du jardin strasbourgeois dans un cadre informel sans lien direct avec ma démarche d’observation sur site ce qui m’a permis d’explorer la question des raisons du départ pour ces personnes. Concernant le terrain romain, je n’ai pas eu l’opportunité de faire des rencontres comparables permettant de recueillir ce type de témoignages.

Les deux enquêtés strasbourgeois qui ont opté pour la voie de l’« exit » (Hirschman 1970), se caractérisent par un fort attachement aux questions écologiques et environnementales. Ils ont adopté des modes de vie « radicaux ». Stéphane, 34 ans, livreur à vélo, a fait le choix de vivre dans une caravane et d’entamer une démarche d’autonomisation : pas de voiture, pas de maison en dur, autoproduction alimentaire et mutualisation des moyens (outils divers) avec un groupe d’amis. Fabienne, qui a environ 60 ans et vit à la campagne, a assuré par le passé l’instruction scolaire de ses trois enfants. Elle suit par ailleurs un parcours alimentaire « alternatif » : elle est devenue végétarienne, puis végane et enfin crudivore. Tout au long de l’entretien elle offre une vision critique de la société actuelle et de son fonctionnement par exemple dans l’extrait suivant ou elle se qualifie de « jusqu’au-boutiste » :

« On (elle et Stéphane) est assez puriste si on veut dire, sans que ce soit forcément positif. Juste assez, par rapport à l’éthique aussi. Jusqu’au-boutiste (…) c’est pas évident dans notre société parce que, je pense que, de manière générale, l’être humain aime bien la facilité. Dans notre société, il y a beaucoup de facilités. T’appuies sur un bouton on a l’électricité, on a tout, ce genre de facilités, on en a énormément. Et par exemple les téléphones portables, les gens ont beaucoup moins de mémoire, parce qu’on fait tout, on va faire les courses, on n’a plus de liste, qu’on a fait sur la semaine ou sur le mois. On y va et on dit bah tiens, je sais pas qu’est-ce qu’il faut ou pas… ou alors les magasins qui sont un peu partout, on y va pour acheter juste ce dont on a besoin, on est beaucoup dans l’immédiat et pas tellement dans le prévoir et dans plein de choses qui font intervenir la mémoire et tout va très vite et du coup aussi très superficiel et on fait un peu tout et n’importe quoi… » (Fabienne, 11 octobre 2017, Strasbourg).

Stéphane et Fabienne ont fait le choix de quitter l’association parce que la configuration de l’association, le mode d’organisation et la dimension autoritaire du leader charismatique ne leur convenaient pas, bien qu’ils aient connu la personne auparavant.

« Au moment où je suis arrivé, il fallait vraiment de la régularité et c’était prévu que tel sous-jardin a un certain nombre de membres et il faut être régulier parce qu’après derrière on partage la récolte. Dans l’optique d’Alain, on partage une récolte c’est-à-dire il faut partager le travail aussi. Ce qui est tout à fait correct et normal il n’y a aucun problème. Mais moi c’est un peu le bordel. Au début c’était vachement le samedi. S’il y avait eu d’autres jours, j’aurais mieux tenu la régularité et le travail. Et après je m’en suis voulu, je culpabilise et de pas toujours être là. Du coup je me suis dit je préfère partir. Après il y a toute une conjonction de choses qui ont fait que je suis parti, tu vois. » (Stéphane, 6 décembre 2017, Strasbourg)

Fabienne préfère également disposer de plus de liberté dans l’expérimentation du jardinage et n’arrive pas à se plier à ce mode de fonctionnement qu’elle considère contraignant.

« Il y a commencé à y avoir des personnes responsables enfin différents groupes qui se sont partagé différents endroits du terrain. Et après pour chaque groupe, il y avait des représentants qui s’appelaient des pépins, je crois. Et après il y avait aussi une espèce de charte où on devait être là les samedis et peut-être je sais pas 2 samedi par mois ou 3 samedis par mois enfin il y avait des espèces d’obligations comme ça et tout ça pour moi ça n’allait pas du tout. D’un côté je comprenais qu’on avait des impératifs et qu’il fallait le faire, mais d’imposer d’être là les samedis ben par exemple euh moi avec ma maison dans la campagne j’étais pas là tous les week-ends. Par contre j’étais là une semaine sur deux à Strasbourg (…), mais ça ça n’allait pas et quand j’ai essayé de dire : “est-ce qu’il peut y avoir des exceptions ?”… et puis j’avais pas envie moi d’être une exception et que tout le monde après et les autres soient obligés... Donc ça me plaisait pas ça non plus, j’aurais voulu que tout le monde ait la possibilité peut-être de s’engager pour 4 jours ou je sais pas moi un certain nombre de jours par semaine ou par mois et d’être responsable et d’assumer et de s’organiser quand on pouvait pour que le travail soit fait. Bon visiblement Alain il devait pas trop croire à ça. Bon après c’est son jugement, je pense que c’est comme l’éducation il y a des choix de penser, des convictions donc moi ma conviction c’est que c’était possible et lui je pense que sa conviction son côté de vouloir être efficace et tout. » (Fabienne, 11 octobre 2017, Strasbourg)

Les défections « volontaires » concernent donc des personnes qui sont caractérisées par une plus grande autonomie (ils mènent leurs projets alternatifs en dehors du jardin) et qui désirent un modèle d’organisation promouvant un type d’organisation basée sur des formes d’autogestion plus horizontale ou chacun est responsable et où il n’y a pas une hiérarchie aussi marquée.

À côté de cette configuration, certains membres sont « invités » à quitter l’organisation ainsi, « la sélection des personnes peut s’opérer de manière plus ou moins formelle et insidieuse en fonction d’attributions explicites ou implicites » (Fillieule 2009a : 15). Un phénomène similaire aux commérages observés par Elias (1985) est présent au jardin qui permet d’écarter les personnes qui ne sont plus désirables au jardin. Le commérage correspond à une forme de contrôle social, ce « n’est pas un phénomène autonome et la définition de ce qui est digne de devenir un commérage dépend des normes, des croyances et des relations communautaires ». Une dimension à souligner également est le lien entre commérage positif et négatif, puisque « structuralement, le commérage qui blâme est inséparable du commérage qui glorifie réservé le plus souvent à soi-même ou aux groupes auxquels on s’identifie » (Elias et Muel-Dreyfus 1985 : 24). Cela permet un tri et un autocontrôle sur le long terme, le pendant positif se retrouve dans le partage des connaissances et pratiques, les membres comparent les jardins et les manières de cultiver, estiment que certains jardins sont « beaux » et critiquent ceux qui ne s’occupent pas de leur parcelle.

C’est également ce phénomène de commérage qui a conduit à la remise en question de la légitimité des leaders charismatiques. D’après les récits récoltés, un groupe de mécontents a progressivement émergé sur la base d’échanges informels et s’est coalisé pour mener un « putsch » : lors d’une assemblée ou d’une réunion collective, cette « opposition » a exposé une liste de critiques et de reproches qui ont poussé la direction à démissionner.

Ce phénomène s’observe également à l’occasion de l’exclusion des personnes jugées trop absentes ou ne s’investissant pas assez dans l’association, notamment dans les activités de jardinage. Cependant, ce mode de régulation semble plus légitime à la majorité des membres, car il consiste à appliquer des