• Aucun résultat trouvé

: transcription intégrale de l’entretien avec Fanny ( Jeune 1)

E : Alors, pour commencer, raconte-moi comment s’est passé ta scolarité S : Enfin… Je sais pas vraiment comment expliquer.

E : Tu peux commencer du début. Où t’étais, si t’as fait tout en Suisse, si t’as fait une partie ici, une partie ailleurs…

S : Ben, j’ai fait jusqu’à la troisième primaire au Portugal.

E : Ouais…

S : Après j’suis venu au Canton de Vaud. J’ai fait la quatrième seulement. Après j’suis venue à Genève, j’ai fait euh… à partir de la quatrième.

E : T’avais quel âge quand t’es arrivée ici ? S : Ici à Genève ? Ici en Suisse ? 8 ans E : Après t’as fini ici.

S : Ouai

E : Et t’as fait quoi ici ? S : Pff…

E :Comme école

S : Ah j’ai fait la quatrième, la cinquième, la sixième, la septième, huitième.

E : Et t’es allée au cycle ?

S : Ouai. J’ai fini la huitième au cycle

E : Non parce que t’étais dans le vieux système. Non mais c’est moi S : Dans le vieux système ?

E : Oui. Puisqu’ils ont changé. La huitième maintenant c’est la dernière année du primaire.

Tandis que toi la huitième c’était le cycle.

S : Ouai le cycle ça commençait en septième

E : Voilà. Donc t’as fini, ce qui maintenant serait la… dixième. C’est le système qui a changé.

Il s’est passé quoi en huitième ? S : En huitième ?

E : Oui en huitième ?

S : Bah ça a déjà commencé en septième aussi hein, les petites difficultés. C’est dès que je suis arrivée au cycle. J’sais pas euh, il y a tout qui change... J’sais pas. J’sais pas comment expliquer. En fait, on voit les grands qui font les choses, et nous on veut se mettre aussi dans leur groupe et tout, donc on les suit. On veut faire la même chose pour se sentir aussi… dans leur groupe. Je sais pas…

E : Quelque part se sentir un peu appartenir ?

S : Ouai. Et quand j’étais au cycle, je voyais déjà tout le monde qui… qui allait pas à l’école.

Parce que moi j’ai jamais manqué l’école.

E : Ok

S : Et je voyais tout le monde qui allait jamais à l’école ni rien. Donc j’ai commencé à pas aller à l’école aussi, pour être avec eux.

E : Tu faisais quoi avec eux ? S : Bah… on fumait.

E : Mais vous alliez pas à l’école ?

S : Non ! Euh… Des fois, on restait à l’école. Mais on n’allait pas en cours.

E : Ok... Mais avant tu parlais de difficultés. C’était quoi comme difficultés ? Puisque t’as dit à un certain moment que c’était déjà en septième qu’elles ont commencées les premières difficultés.

S : Ah mais parce que en fait, moi j’avais des problèmes à la maison. En primaire je le pensais pas trop encore, parce que je sais pas, p’têtre que j’étais encore un peu plus jeune. Mais… dès que je suis arrivée au cycle, il y a… j’sais pas. J’ai l’impression que, d’un côté, je faisais toutes les conneries juste pour faire payer mes parents. D’un côté je pense que c’était ça, mais d’un autre peut-être que c’était aussi parce que je voulais m’intégrer à un groupe, ou… traîner avec les plus vieux, c’est… je sais pas.

E : Et ta famille elle réagissait comment ?

S : Bah mal. Enfin… Ils se disaient « pourquoi est-ce que à la maison elle est bien, et après à l’école y a rien qui va ». Ils se demandaient ces trucs, mais…

Mais ils le demandaient à toi ? Ils le demandaient à l’école ? Ils se le demandaient… ?

Ouai à l’école, quand à l’école ils les appelaient. Ils disaient « mais à la maison elle est bien.

On comprend pas pourquoi elle fait ça à l’école ».

E : Et toi t’es fille unique ? S: Non, j’ai un frère.

E : Plus grand ?

S : Plus vieux… Euh non, plus jeune.

E : Plus jeune. Et lui comment il va à l’école ?

S : Bah il est pas à l’école non plus. Enfin il a 17 ans maintenant.

E : Quelque part il a refait un peu ton parcours ?

S : Non, lui il a fini toute l’école. Lui il est allé au scai aussi. Il a fait une année de scai. Mais après euh, il a laissé tombé.

E : Ok. Et tes parents, ils sont scolarisés ?

S : Ma mère et mon père ils ont que la quatrième.

E : Et ils travaillent ? S : Ouai.

E : Ils travaillent ici en Suisse ? S : Oui.

E : Mais t’avais aussi des difficultés scolaires ?

S : Non franchement moi j’avais des trop bonnes notes en septième. C’est juste en huitième, j’sais pas p’têtre que j’voulais faire un peu, j’sais pas, des fois je faisais exprès de pas répondre aux réponses ou euh…

E : Mais tu connaissais la réponse ?

S : Bah oui. Mais dès fois je voulais juste euh… ne pas faire !

E : Mais c’était quelque part… je sais pas hein. Je fais une hypothèse. C’était un peu comme si tu voulais révolter à l’autorité.

S : Ouai.

E : L’autorité école, et l’autorité famille.

S : Ouai.

E : Et tes profs, ils te disaient quoi ?

S : Bah euh, j’sais pas. Ils disaient rien. Ils pouvaient rien faire de toute façon.

E : Je crois pas qu’ils faisaient rien.

S : Enfin euh… A moi directement ils me disaient pas.

E : Mais ils ont essayé ?

S : Ils ont essayé mais moi je les écoutais jamais.

E : Ok.

S : Quand ils me disaient un truc moi je faisais totalement le contraire, donc euh…

E : Il y avait quelqu’un dans ta classe qui était contre toi, ou t’étais un peu la leader de ta classe ?

S : Non, on était… on était pratiquement tous comme ça ! E : Oh la pauvre enseignante !

S : Il y en avait juste 2 ou 3 qui faisaient rien de mal, ils étaient tout le temps trop concentrés.

Mais sinon ils étaient tous comme ça. Mais je pense que si ils seraient tous calmes, moi non plus j’allais pas foutre la merde.

E : Si tu revenais en arrière…

S : Ouai j’pense. Enfin j’sais pas, parce que moi à cette époque je pensais pas trop. Je faisais les choses sans vraiment penser. Je pensais pas aux conséquences en fait.

E : Tu faisais ? S :Ouai.

E : T’avais pas envie d’aller à l’école, t’y allais pas. T’avais envie de trainer dans la rue, tu trainais dans la rue.

S : Ouai.

E : Ok

S : Ouai des fois je prenais de l’alcool, je buvais dans la classe. Je fumais des joins dans la classe.

E : Dans la classe ??!!!

S : Ouai je me mettais à la fenêtre. Et les profs ils disaient « jette » et moi je jetais pas, je disais « non je jette pas, ça coûte trop cher ! »

E : Et les autres ils réagissaient comment ?

S : Ils se marraient. Mais je pense que c’était ça le problème. Plus ils se marraient, plus je faisais pire.

S : Ouai, parce que tu prenais du pouvoir quelque part.

E : Ouai justement.

E : Et par rapport aux profs, est-ce que quelque part tu te sentais… euh quand tu étais dans ces comportements qu’on pourrait appeler perturbateurs et provocants, parce que tu étais en train de les provoquer…

S : Ouai.

E : Est-ce que quelque part tu prenais du plaisir à faire ça ?

S : D’un côté non, moi ça me faisais de la peine des fois. Parce que les profs ils sont pas coupables de ce qui se passe dans ma vie. Enfin je pense… Ils sont là-bas ils font leur travail.

Enfin maintenant je pense comme ça, mais avant franchement, je m’en foutais, moi je voulais juste faire payer tout le monde.

E : Tout le monde, pas seulement ta famille ?

S : Ouai justement. Moi je voulais qu’ils souffrent tous. Autant que j’ai souffert. Je sais pas.

Parce que moi, des fois je regardais les gens, et ça me faisait, je sais pas, j’étais un peu jalouse qu’ils soient autant heureux, et moi j’étais toujours autant triste.

E : Mais est-ce que tu peux identifier pourquoi t’étais aussi triste que ça ? S : En fait…

E : Tu peux me dire « je veux pas répondre » hein.

S : Ouai, je préfère pas répondre.

E : Mais les profs, quand tu te comportais comme ça, ils faisaient rien. Mais je crois qu’au début je crois qu’ils essayaient quand même.

S : Oh si il y avait un prof, non… il y avait juste un prof, il le prenait vraiment trop mal les choses que je faisais. C’était mon prof de math. Ah ouai. Une fois il a failli me taper lui hein ! Il était tellement, j’sais pas. J’pense il était trop nerveux ou j’sais pas. Aussi j’comprends, aussi les choses que je faisais en cours, c’était pas vraiment… Donc une fois il s’est levé, il voulait vraiment me taper. Et moi j’ai dit « Mais tapez-moi alors ! C’est vous qui allez être renvoyé ! C’est pas moi ! »

E : Mais tu passais pratiquement de renvoi en renvoi ?

S : Moi ? Ah ouai ! Des fois je faisais rien, j’arrivais en cours, et ils me renvoyaient direct.

Parce qu’ils pensaient direct que j’allais faire du mal.

E : Et à la maison, quand t’arrivais vraiment avec systématiquement des renvois…

S : Je les brûlais en fait.

E : En fait ils arrivaient jamais ?

S : Mes parents ils savaient seulement que j’étais renvoyée ou que je faisais des conneries quand ils les appelait. Mais moi le truc c’est que je donnais jamais le numéro de mes parents.

E : Donc la communication entre l’école et ta famille c’était impossible ? S : Oui mais ils ont réussi à quand même les avoir une ou deux fois.

E : Ok. Et après à la maison, ça arrivait quoi ? Il se passait quoi ? Quand ils… Par exemple la fois quand ils les ont atteints, et ils ont dit « voilà votre fille elle se comporte comme ça, c’est pas acceptable, machin machin… »

S : Ah mais mes parents, enfin ma mère, elle est plus pour parler, elle est plus pour parler et me faire comprendre que c’est pas comme ça que ça se passe. Mais mon père il a pas de mots.

Lui c’est direct taper. Il pense pas à autre chose. Il veut que taper, que taper. Et c’est ça aussi qui me faisait encore plus me rebeller. Parce que mon père il savait pas parler. Il savait que taper. Donc plus il me tapait, plus je faisais pire. Donc c’était encore pire alors.

E : Et ton frère il était déjà là ? A ce moment là ?

S : Oui mais mon frère, ça a toujours été le petit chouchou !

E : Est-ce que tu… est-ce que tu reproches quelque chose à l’école ?

S : A l’école ? Non ! Parce qu’ils m’ont trop aidé. Même avec tout ce que j’ai fait, je sais pas comment ils m’ont pas renvoyé avant.

E : Ca veut dire quoi qu’ils t’ont aidé ?

S : Bah j’sais pas. Ils aidaient, ils m’ont donné trop de chance pour voir que… que je pouvais changer. Parce qu’ils disaient que je pouvais changer, que je pouvais, j’sais pas, faire mieux et tout, mais…

E : Ils croyaient en toi ? S : Ouai justement.

E : Et toi tu ressentais ça ?

S : Ouai. Enfin, je comprenais et d’un côté, mais... Mais moi j’me sentais tellement mal que je m’en foutais un peu de ce qu’ils disaient.

E : Ok

S : Mais je le comprenais en tout cas.

E : Mais t’avais pas une relation… par exemple des fois ça arrive, tu arrives à avoir une relation privilégiée avec un de tes profs. Avec lequel, même si tu construis pas forcément une relation au niveau apprentissages, mais tu peux construire une relation qui t’aide. Quelque part. Est-ce que t’as pu bénéficier de ça ou pas ?

S : Non.

E : Mais est-ce qu’ils t’ont proposé quelque chose l’école, quand ils ont vu que, bah euh…

t’étais en train de t’éclater dans tous les sens ?

S : Mais ils voulaient que j’aille chez un psychologue, mais moi je disais « je suis pas folle ! » E : Mais est-ce qu’ils t’ont proposé un changement d’école ?

S : Mais j’ai changé.

E : T’as changé ?

S : Justement quand j’étais à ***, j’ai fait que la septième, et après j’ai changé je suis allée à l’***.

E : Mais t’es toujours restée dans la même filière, ils t’ont pas proposé, par exemple, de faire un passage entièrement dans l’école spécialisée ?

S : Bah justement en fait, moi quand j’étais en huitième, il y avait moi et d’autres qui étaient… on était 3 ou 4 à vraiment rien faire en classe. Et donc ils ont voulu nous séparer. Ils ont enlevé, ils en ont mis 2 en spécialisé, puis ils m’ont laissé moi dans la classe normale.

E : Est-ce que tu sais pourquoi toi t’es restée dans la classe normale ?

S : Parce qu’ils ont dit que moi… Enfin comme vous avez dit ils croyaient en moi. Et ils pensaient que… sans ceux-là je pouvais vraiment m’améliorer, et je pouvais vraiment faire quelque chose… je sais pas.

E : Est-ce que t’étais d’accord avec ça ?

S : Bah oui euh moi, pour moi c’était… Même s’ils m’auraient changé de classe. En fait je pense qu’ils m’auraient aidé mieux si j’aurais changé de classe, s’ils m’auraient mis dans une autre classe.

E : Pourquoi ?

S : J’sais pas. C’était peut être parce que c’était déjà vers la fin de l’année, et euh… comme je connaissais pratiquement personne de l’autre classe, peut-être que j’aurai pu changer un peu.

E : Mais comme ils m’ont laissé dans la même classe. Et de toute façon, on se voyait tout le temps à la pause. Donc euh, d’un côté ça change rien. Ouai il fallait vraiment changer d’école, mais…

S : Mais ils l’ont fait à un certain moment. Parce qu’ils t’ont déplacé de *** à l’***.

E : Ouai. Mais l’*** c’était pire que ***. Parce que ***, moi, j’ai seulement manqué des cours, vers vraiment la fin de l’année. Parce que moi j’étais vraiment…

S : A *** t’étais en septième ?

E : Ouai, j’avais des trop bonnes notes et tout, j’étais vraiment toujours trop concentrée.

Jamais j’arrivais en retard ni rien. Non, je trouve qu’à *** c’était bien. C’est l’*** qui m’a détruit.

S : C’est l’école donc.

E : Ouai.

S : Donc quelque part tu reproches à l’école ?

E : Ouai. Non, j’me reproche surtout à moi, parce que c’est moi qui… qui pensais pas. Moi je faisais les choses sans penser, justement.

S : Mais est-ce que tu peux identifier des causes, en ça ? Parce que avant t’as dit euh… « je voulais faire payer quelque part à ma famille ». Et là, tu viens de dire « c’est l’école qui m’a fait un peu faire ça, qui m’a fait empirer mes comportements ».

E : Non, oui… Parce que je dis… je dis ça parce que… si ils m’auraient changé moi de classe, je pense que j’aurai peut-être pu m’améliorer.

S : Mais est-ce que tu peux savoir pourquoi ? Est-ce que t’arrives à dire un peu pourquoi ? De quoi ?

E : Ca aurait été différent, être dans une nouvelle classe.

S : Parce que… parce que dans la classe où j’étais j’avais déjà... enfin ça fait des années que j’étais avec eux et j’me sentais déjà un peu euh… bien là bas j’sais pas ! Donc je pense que s’ils m’auraient changé de classe ça aurait tout changé.

E : Tu penses ou tu crois ? Parce qu’il y a aussi la possibilité que dans une autre classe tu aurais exactement fait les mêmes choses, le même chemin.

S : Ouai mais j’pense pas comme c’était déjà vers la fin de l’année.

E : Mais au moment que ça allait mal à l’école, toi tu avais même pas de perspective future ? S : Non, non. J’ai jamais pensé dans le futur.

E : Est-ce que quelqu’un ils ont essayé de te dire, « oui mais tu sais, l’école c’est important ».

S : Mais tout le monde me disait ça ! Parce que moi pendant beaucoup de temps j’étais au psychologue. Enfin, à quelqu’un qui voilà…

E : A l’intérieur de l’école ?

S : Ouai. Et à l’extérieur aussi j’étais. Mais moi, franchement, j’écoutais pas les gens. P’têtre que je les écoutais d’un côté, mais ce qu’ils me disaient, enfin, je m’en foutais en fait.

E : Tu voyais pas en fait ?

S : Ouai. Moi je me disais que je devais faire une chose, et je me disais que c’est pas les autres qui vont me dire ce que je dois faire.

E : Tu te croyais une fille avec des supers pouvoirs ? S : ahah ! Ouai, un peu.

E : Après, pourquoi t’as fini en huitième en fait ? T’as pas fini le cycle.

S : Après ils m’ont renvoyé.

E : Ils t’ont renvoyé pour toujours ?

S : Ouai. Ils voulaient plus que j’aille dans aucun cycle. C’était un renvoi général.

E : Mais normalement on a pas le droit en Suisse de renvoyer.

S : Bah j’sais pas, c’est ce qu’ils m’ont dit. Je leur ai dit, parce qu’ils m’ont renvoyé, et moi je leur ai dit que je voulais finir la neuvième.

E : T’as commencé la neuvième ou pas ? S : Non.

E : Donc ils t’ont renvoyé en général en huitième ? S : Ouai, il manquait 2 mois pour que je finisse.

E : Ok.

S : Et ils m’ont dit que je pouvais aller dans plus aucun cycle, parce que c’était un renvoi général ou j’sais pas quoi.

E : T’avais quel âge à ce moment là ? S : 16 ans.

E : Donc t’as redoublé quelque part ?

S : Ouai. Ouai, j’ai fait 2 fois la huitième. J’ai fait une fois complètement, et après j’ai doublé.

Et après j’ai pas fini la deuxième huitième.

E : À 16 ans on peut. Là je comprend. Parce qu’à 16 ans tu peux mettre le renvoi. Parce que jusqu’à 16 ans t’es obligé…

S : Ouai justement, parce que l’école c’est obligatoire jusqu’à 16 ans. C’est pour ça.

E : Ouai. Et là t’étais soulagée ?

S : Non, vraiment pas. Parce qu’en fait ils m’ont renvoyé, et ils ont porté plainte contre moi, donc j’ai été dans un établissement de détention pour mineurs.

E : C’est à ce moment là ? T’avais déjà 16 ans ?

S : Ouai. Donc euh, après j’ai commencé à penser qu’est-ce que j’aurai pu changer pour pas que j’arrive à là.

E : Par contre l’établissement de détention pour mineurs quelque part elle t’a aidé ?

S : Ah vraiment ! Bah oui. Parce que j’avais rien d’autre à faire que de penser à ce que j’ai fait.

E : Et t’es resté longtemps là-bas ? S : 5 mois.

E : Et t’as fait de l’école là-bas ? S : Non.

E : Mais tu pouvais pas sortir ?

S : Si, parce que moi j’étais pas en pénal. Enfin si j’étais en pénal, mais j’étais pas en…

E : T’étais pas dans la…

S : J’étais en observation

E : Pas là où tu dois (??) ta peine.

S : Ouai, je pouvais aller en stage ou comme ça. Bah c’est là bas que j’ai fait un stage à la crèche.

E : Ok.

S : Mais je pouvais sortir. Mais justement, quand je suis allée dans l’établissement de détention pour mineurs, j’étais au scai. Mais quand je suis arrivée là-bas, ils m’ont dit « t’es au scai, est-ce que tu veux aller euh… continuer à aller au scai ? Et tu reviens à la Établissement de détention pour mineurs chaque fois que tu finis l’école, ou t’as pas envie de continuer et tu veux faire des stages ? » Et moi euh… je sais pas pourquoi j’ai dit que je voulais pas continuer.

E : …

S : Parce que je venais d’arriver, j’étais un peu trop en colère, et…

E : C’est quoi qui te mettais en colère ?

S : Bah j’sais pas, d’être dans un établissement de détention pour mineurs.

E : Mais t’étais en colère envers qui ? S : Bah vers moi.

E : Oui, mais quelque part toi t’as poussé, t’as poussé. Tu savais que t’étais en train de dépasser les limites, de loi, de l’école.

S : Ouai justement mais…

E : Tu t’attendais pas à ça.

S : Non. Je pensais qu’ils allaient me mettre au moins dans un foyer fermé ou un truc comme ça, mais pas dans un établissement de détention pour mineurs.

S : Non. Je pensais qu’ils allaient me mettre au moins dans un foyer fermé ou un truc comme ça, mais pas dans un établissement de détention pour mineurs.