L’établissement thermal, situé en face du B’o Résidence, est une immense structure tout en longueur organisée sur trois étages. Elle est scindée en deux parties distinctes : le côté thermes s’attache à prodiguer des soins à base d’eau thermale et le côté spa qui, en plus de
12 Le MAG du bien-être made in Normandie, « La Normandie avec "un grand air" ! », B’o Resort, saison 2015, p. 25.
13 Ibidem, p. 2. 14 Ibidem, p. 52.
procurer les mêmes soins que du côté thermes, propose au curiste une offre bien-être personnalisée. Si le client vient y soulager ses maux physiques, nous verrons qu’il accède parfois à un état d’épanouissement psychologique favorisé par plusieurs facteurs. Je propose maintenant de décrire successivement, de manière analytique et détaillée, l’espace des deux parties de l’établissement thermal.
2.1. Le B’o Thermes
Pour ce qui est de la partie thermes de l’établissement, l’accès se fait par un grand hall, avec mezzanine et deux grands escaliers, le tout bercé dans une ambiance antique favorisée par la présence de grandes colonnes. On distingue, sur la droite, une boutique avec accessoires et documentation sur Bagnoles et les thermes et, sur la gauche, la fameuse fontaine placée au- dessus même du jaillissement de la source. La façade des thermes est entièrement constituée de vitres procurant au curiste une vue sur le bâtiment B’o Résidence. Une fois dans le hall, le trajet du curiste est conditionné par le passage obligatoire à travers le portique qui jouxte le bureau d’accueil. Il doit alors présenter tel un « laissez-passer » son planning et, s’il n’est pas trop en avance, l’accès lui est autorisé. Directement, il entre en relation avec les vestiaires, qui rappellent sensiblement les équipements d’une piscine municipale. Ces derniers constituent l’interface entre le « monde civil » et la « vie de cure ». Muni de son package qui lui est remis dès le premier jour, le curiste endosse son « costume ». Maillot de bain, peignoir, claquettes, le petit sac B’o thermes à l’épaule (regroupant son planning et ses effets personnels), il peut alors commencer ses soins quotidiens.
La partie thermes organise l’ensemble des soins sur trois étages. Le rez-de-chaussée ainsi que le premier étage sont spatialement identiques. Deux très longs couloirs articulés autour d’un renfoncement laissent place aux escaliers, à l’ascenseur, à une fontaine à eau et quelques sièges, ainsi qu’au bureau des coordinatrices. L’accès aux vestiaires se fait dans ce renfoncement où les curistes, une fois dans le couloir, voient s’étendre de chaque côté de nombreuses chaises postées près des portes, laissant imaginer les différentes salles de soins. En sortant des vestiaires, face aux escaliers, se trouvent sur la droite tout au bout du couloir, blanchisserie et vestiaires réservés au personnel ainsi qu’un second escalier. Sur la gauche, le côté B’o spa thermal. De ce dernier côté, sont présentes au rez-de-chaussée plusieurs salles de massage sous eau réservée aux kinésithérapeutes. De l’autre côté se trouvent, successivement, les douches colonnes, la piscine de mobilisation, de nombreuses salles réservées pour les bains ainsi qu’un laboratoire interne à la structure permettant un contrôle quotidien de la bonne qualité de l’eau. L’ambiance dégagée par cet étage ne permet pas l’évasion imaginaire.
La couleur grise des murs s’étendant des vestiaires du personnel jusqu’à la piscine d’abord, puis la couleur jaune-beige réservée au reste du couloir, couplée au carrelage gris et à la grande hauteur sous plafond, loin de procurer une ambiance chaleureuse et protectrice, rappellent largement l’univers médical.
Photographies n°1 et 2 : Couloir du rez-de-chaussée
Le dernier étage, pour sa part, est organisé légèrement différemment. En effet, l’escalier et l’ascenseur du centre deviennent le « bout du couloir », où une porte coulissante permet le seul accès au côté spa thermal par l’intérieur de l’établissement. Tout de suite en haut des escaliers se trouvent un bureau et un point fontaine à eau, donnant vue sur l’espace piscine et couloir de marche, largement plus important qu’au rez-de-chaussée. Un effort est fait dans l’espace piscine pour mettre le curiste à l’aise. Malgré, une fois encore, l’ambiance très
« piscine municipale » procurée par les casiers, les fenêtres donnant sur la falaise et la forêt permettent au curiste de se laisser aller à une évasion le temps de sa séance.
Le deuxième étage propose néanmoins un autre ressenti que pour les deux premiers. Les couleurs beige et marron présentes aux murs et au sol, ainsi que les sièges en osier qui remplacent les chaises en plastique du rez-de-chaussée, procurent un aspect légèrement plus chaleureux. Cet étage donne également accès à la salle de repos, qui est l’atout détente et bien- être de cette partie thermes. La vue sur B’o Résidences et sur la forêt ainsi que le calme régnant permettent aux curistes de jouir au mieux du soin informel mais non moins important de la cure que constitue le repos.
Photographies n°5 et n°6 : le couloir du deuxième étage et la salle de repos
2.2. Le B’o spa thermal
« Au cœur de la Normandie, le b’o spa thermal unit ce que la nature normande a de
meilleur pour votre bien-être et votre détente, le temps d’une journée, d’un week-end ou d’un
séjour de plus longue durée »15. C’est avec cette promesse que le Guide des Tarifs du B’o resort
invite le lecteur à découvrir les soins de la structure. Néanmoins, avant de détailler l’ensemble des prestations que propose le spa thermal, il me parait essentiel de décrire plus en profondeur cet espace atypique. En effet, comme le souligne Howard Becker, « les "détails contextuels" que nous incluons dans nos analyses sont bien plus importants qu’ils ne paraissent ; il ne s’agit pas là seulement d’un peu de couleur locale ajoutée pour plus de vraisemblance. Ces détails constituent les conditions contextuelles dans lesquelles les choses que nous étudions – les relations que nous dévoilons, les processus sociaux généraux que nous sommes si fiers d’avoir découverts – existent »16.
15
Le Guide des tarifs, « La Normandie avec un "grand air" ! », B’o Resort, saison 2015, p. 3.
16 BECKER Howard S., Les ficelles du métier, Comment conduire sa recherche en sciences sociales, Paris, La découverte, coll. « Grands Repères », 2002, p. 100.
Une promesse donne le ton du lieu : « A la découverte du bien-être aux extraits de pommes
à cidre »17. Il est entendu que le bien-être et les conditions de son expérience sont des facteurs
très largement subjectifs. Néanmoins, par la mise en place d’une ambiance favorisée par de nombreux artifices, le côté B’o spa thermal s’écarte de manière conséquente de son homologue B’o thermes (plus en phase avec une l’imaginaire type que l’on peut avoir d’une cure davantage orientée sur le facteur pathologique), en proposant aux curistes un univers enchanteur. Avant d’en dresser les contours, je vais m’attacher à décrire le cadre du B’o spa, en soulignant ponctuellement les différences assez nettes qui existent entre ces deux univers.
Le B’o spa thermal s’organise sur trois étages. Le rez-de-chaussée comprenant le hall, l’accueil, un « coin détente » et les vestiaires ; le premier étage réservé aux soins secs orientés bien-être ainsi qu’à la salle de repos ; et enfin le deuxième étage entièrement dédié aux soins humides18.
Dès l’entrée dans le hall du B’o spa thermal, le ton est donné. Face à la porte, l’accès aux soins se fait par la droite, tandis que s’offre au curiste une pièce à l’ambiance
« cocooning » sur sa gauche. La promesse « bien-être » du spa s’articule très largement autour de l’ambiance intimiste créée par plusieurs artifices. L’ensemble du spa s’organise essentiellement autour de trois couleurs : le bleu évoquant l’eau thermale, le vert faisant écho à la forêt, et une couleur « gris pierre » rappelant le trajet de l’eau thermale à travers la roche granitique. Le hall se voit donc doté de ces trois couleurs principales, le tout sur un fond tamisé, créé par de petites lumières discrètement réparties au plafond. Une partie carrelage et une partie plancher bois évoquent simultanément pierre et forêt. Deux bureaux de renseignements sont mis à disposition des curistes, pourtant bien moins nombreux que du côté B’o Thermes, pour donner à ce dernier le sentiment d’une relation personnalisée. Un coin détente est également présent, constitué de sept fauteuils aux couleurs une fois de plus évocatrices et à l’aspect confortable.
17 Le magazine du bien-être made in Normandie, « La Normandie avec un "grand air" ! », 2014, p. 44.