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ESSAI DE TYPOLOGIE

C INQUIEME C HAPITRE

2. Le place des médecines parallèles

Le fait de se rendre au B’o spa Thermal, qui regroupe des soins de cure et de bien-être, peut être envisagé comme une alternative à la médecine traditionnelle et à ses médicaments. Le complexe thermal s’apparente de ce fait, y compris pour des séjours bien-être, à de la médecine douce qui soulage ou prévient les complications corporelles… Dans cette

perspective, il n’est pas étonnant de noter ici l’importante tendance des clients du B’o spa thermal à être sensible plus largement aux médecines parallèles.

Ce constat trouve une confirmation dans de nombreuses déclarations. Au même titre que Jean-Charles et Catherine, les deux interviewés les plus âgés, Martine (soixante-cinq ans) se soigne par homéopathie par exemple. Réfractaire aux médicaments, Maryse (soixante-dix ans, séjour de trois semaines, Périgueux) a pour sa part développé des relations avec un kinésithérapeute et des masseurs pour soulager ses douleurs. Huguette (soixante-dix ans, Liffré) est quant à elle suivie par un ostéopathe et par une énergéticienne. Elle confie la genèse de cette relation aux médecines douces : « L’ostéopathie je l’ai connue quand je travaillais parce que

je travaillais en gériatrie. Il y avait un pédicure podologue qui était aussi kiné et qui faisait ses études d’ostéopathie. Et comme on aimait bien bavarder tous les deux à certains moments qu’on avait de libres, il m’a beaucoup parlé d’ostéopathie et donc je l’ai consulté pour des migraines parce que j’étais migraineuse. Donc j’ai découvert l’ostéopathie comme ça et puis ensuite ah bah si j’ai dit que je n’avais pas été malade c’est vrai, mais j’ai fait des coliques néphrétiques. Après j’ai eu des infections urinaires et après j’ai beaucoup saigné j’avais un fibrome. C’est là que j’ai découvert les médecines parallèles par intermédiaire de mon ostéopathe ». Elle regrette

néanmoins avec beaucoup de force le côté « médecine à deux vitesse » du à la non prise en charge de ces alternatives par la Sécurité sociale. De son côté, Michèle (soixante-quatre ans) qui, suite à un AVC, doit supporter un traitement de fond à vie, essaye de limiter toute autre prise de médicaments. Elle s’est alors laissée convaincre par la médication par les plantes. Nicole (soixante-neuf ans, séjour de trois semaines, Lens), quant à elle, essaye de la même manière de ne jamais prendre de médicaments. Souffrant de tendinites chroniques aux hanches, elle préfère réaliser des soins de balnéothérapie plusieurs fois par mois pour se soulager grâce aux jets d’eau plutôt que de succomber aux anti-inflammatoires : « J’ai de l’arthrose vous voyez,

mes doigts se… Donc il [son médecin traitant] veut me donner des anti-inflammatoires. Pas question ! Il n’est pas question ! Jamais ! J’ai dit, quand vraiment je ne pourrais plus supporter. Là on verra ce que je peux faire. Mais comme je dis à mon docteur, "la seule chose qui m’appartienne sur terre c’est mon corps ! Le reste, j’ai tout emprunté. Mon corps c’est à moi"

».

Plusieurs autres interviewés ne souffrant pas d’importantes pathologies corporelles sont tout aussi attirés par ces formes de médecines parallèles. Bernadette (cinquante-huit ans, séjour de cinq jours, région parisienne) partage en effet ce point de vue quand je lui demande comment elle en est venue à faire des séjours bien-être dans des instituts thermaux : « moi je suis très

bon bénéfice, et pour le bien-être et aussi, je vais dire pour le côté santé… […] Je travaille sur scanner IRM et du coup c’est vrai que moi je suis confrontée à la vraie médecine entre guillemets et puis les médecines parallèles je trouve que ça fait du bien d’allier les deux ».

Ayant vécu une expérience désagréable avec son médecin traitant qui, selon ses déclarations, ne l’écoute pas, Emmanuelle (cinquante-neuf, séjour de cinq jours, région parisienne) indique qu’elle a également recours à des formes de médecines parallèles. Sans renier la médecine traditionnelle, elle confie sa découverte : « Il y a très longtemps mes enfants ont eu des soucis

de santé. Mais vraiment sérieux quoi. Clairement la médecine traditionnelle aurait prescrit des hormones à vie, des choses comme ça. Grâce à un parcours du combattant dans la grande solitude, ils ont guéri, enfin ma fille a guéri, euh voilà, donc oui c’est une recherche, vraiment oui, tout ce qui est acupuncture, homéo, j’ai la chance d’avoir un médecin formidable, enfin c’est pas un médecin, médecine chinoise tout ça, pas remboursée ni rien ». Marie-Hélène

(soixante-trois ans, séjour de cinq jours, Mortagne au Perche) pour sa part a un médecin traitant qui est également ostéopathe. Elle conjugue donc les deux formes de médecine depuis de nombreuses années. Elle explique en effet que la traite des vaches, pratique biquotidienne jusqu’à l’âge de la retraite, a favorisé l’apparition d’une tendinite à l’épaule qu’elle a eu beaucoup de mal à résorber. C’est par l’ostéopathie qu’elle a été soignée. Enfin, en ce qui concerne Pascal et Nathalie (quarante-cinq et quarante-deux ans, séjour d’un week-end, Le Havre), si le premier a un rapport plutôt exigeant avec son corps par son métier (rappelons qu’il est maçon) et qu’il l’écoute très peu, la seconde souligne qu’elle va plus souvent chez le médecin pour ses enfants que pour elle : « prendre des médicaments… Faut en prendre, faut en

prendre mais je sais que quand j’ai mal au dos, j’ai été voir un ostéopathe. A la limite, en ce moment c’est mon truc, je vais plus vers autre chose que les médicaments ».

Etant pour la plupart à l’écoute de leur corps, les enquêtés ne se contentent pas simplement de recourir aux médecines parallèles. Beaucoup d’entre eux n’hésitent pas à prévenir tout souci de santé ou autres douleurs corporelles en entretenant un rapport privilégié avec les activités physiques d’entretien.