• Aucun résultat trouvé

approche duale fond´ ee sur les comp´ etences

2.1 Les strat´ egies d’accumulation des comp´ etences technologiques

2.1.3 Vers une th´ eorie de l’int´ egration des comp´ etences tech nologiques

L’analyse de l’int´egration des connaissances nous am`ene `a consid´erer les logiques inh´eren- tes `a l’acquisition et `a l’articulation des connaissances pour les acteurs engag´es dans des processus d’innovation. Comme nous venons de le voir, les firmes diversifient leurs comp´etences technologiques dans le but d’acqu´erir de nouvelles connaissances afin d’in- nover, d’am´eliorer leurs syst`emes de production, de mˆeme que leurs produits. Cette diver- sification des comp´etences se comprend d’autant plus que nous avons d´efini pr´ec´edemment la firme comme un processeur de connaissances. Les sources des avantages comp´etitifs de la firme se situent dans ses bases de connaissances et dans la mani`ere dont elles sont organis´ees. Or, les connaissances comme nous l’avons soulign´e pr´ec´edemment sont com- plexes par leur nature et leur fonction. Les connaissances, parce qu’elles sont `a la fois une structure d’interpr´etation et une structure de co-relation, nous ont conduit `a d´efinir les bases de connaissances des firmes comme un r´eseau de connaissances. Ce r´eseau de connaissances est constitu´e d’´el´ements de bases reli´es les uns aux autres. La nature et la compr´ehension des liens qui unissent ces divers ´el´ements r´eside notamment dans la prise en compte de la nature de la connaissance : fondamentale (abstraite et g´en´erale) ou appliqu´ee (concr`ete et locale). Les connaissances fondamentales, parce qu’elles sont abstraites et g´en´erales, r´ev`elent un plus grand nombre de relations entre les diff´erentes variables d’un ph´enom`ene `a expliquer. Dans le chapitre pr´ec´edent, nous avons identifi´e deux enjeux cognitifs li´es `a la production et `a l’utilisation des connaissances de nature fondamentale : un principe de verticalit´e et un principe de d´econtextualisation. Ceci n’est pas neutre d`es lors que l’on s’int´eresse au processus d’int´egration des connaissances, autrement dit `a la capacit´e des firmes `a combiner leurs connaissances dans le but de rendre performante une activit´e productive.

La d´econtextualisation des connaissances, rendue possible par les progr`es scientifiques de ces derni`eres d´ecennies, a favoris´e l’´emergence de nouvelles entreprises sp´ecialis´ees dans les phases amont des activit´es de R&D, donnant lieu `a une nouvelle division intel- lectuelle du travail, chaque acteur se sp´ecialisant dans les tˆaches pour lesquelles il dispose d’avantages comparatifs (Arora & Gambardella 1994a). Si la production de connaissances abstraites et g´en´erales facilite l’articulation des connaissances entre les divers acteurs en- gag´es dans des activit´es de R&D, cette nouvelle organisation de la recherche suppose

2.1 Les strat´egies d’accumulation des comp´etences technologiques

n´eanmoins une certaine redondance des savoirs entre les firmes dans la mesure o`u elles doivent disposer d’une certaine capacit´e d’absorption afin de pouvoir comprendre, as- similer et exploiter les connaissances externes. Autrement dit, nous soutenons qu’une fois valid´ee une connaissance dans un champ de production, le choix pour une firme d’int´egrer cette connaissance doit relever de choix strat´egiques qui ont un impact sur sa performance. Le choix pour une firme de s’orienter dans des activit´es productives a fait l’objet de nombreux travaux dont l’origine se trouve dans l’ouvrage de Penrose (1959). Celle-ci mit en ´evidence que les firmes choisissent g´en´eralement d’entrer sur des march´es qui sont proches de leurs activit´es existantes dans le but de b´en´eficier des ressources dans lesquelles elles disposent d’un avantage comp´etitif. La croissance d’une firme n’est pas le r´esultat de la somme de ses ressources mais de la mani`ere dont elles sont combin´ees, soulignant ainsi l’importance de la coordination entre les ressources productives et les ressources manag´eriales de la firme. Les travaux de Teece et al. (1994), `a travers la notion de coh´erence, soulignent que les firmes ne diversifient pas leurs activit´es de mani`ere al´eatoire mais qu’elles concentrent leurs activit´es dans des domaines qui sont li´es. Bien que met- tant en ´evidence l’importance des comp´etences technologiques de la firme, la notion de coh´erence chez Teece et al. (1994) est exclusivement analys´ee sous l’angle des march´es. Or, comme le souligne Nesta (2001) “ la probl´ematique de la diversification [...] n’est pas laiss´ee aux seuls ph´enom`enes marchands (i.e. des produits). Elle s’applique d’abord aux comp´etences scientifiques et techniques des firmes” (p. 118). C’est ainsi que d’une analyse de la coh´erence des march´es, la litt´erature ´economique s’est par la suite enrichie du con- cept de coh´erence technologique, qui identifie la compl´ementarit´e des services rendus par les technologies composant le portefeuille technologique d’une firme (Nelson 1991, Nesta & Saviotti 2005).

La notion de coh´erence technologique nous semble pertinente d`es lors que l’on s’int´eres- se aux logiques qui sous-tendent l’int´egration des connaissances au sein de la firme. La compl´ementarit´e identifi´ee par la notion de coh´erence technologique souligne l’intensit´e d’utilisation conjointe de deux technologies dans le but d’accomplir une tˆache productive. Autrement dit, le choix pour une firme d’int´egrer de nouvelles connaissances ne rel`eve pas d’un processus al´eatoire mais de sa volont´e de b´en´eficier de compl´ementarit´es tech- nologiques en vue de cr´eer des synergies productives. Par cons´equent, nous identifions la coh´erence technologique comme le premier volet de l’analyse de l’int´egration des connais- sances.

Chapitre 2 - Les principes d’int´egration des connaissances Un autre volet nous semble tout aussi n´ecessaire `a l’analyse de l’int´egration des con- naissances; il r´eside dans le principe de verticalit´e qui d´ecoule de la nature mˆeme des connaissances fondamentales. Les connaissances fondamentales, parce qu’elles ont une port´ee plus large que des connaissances plus appliqu´ees, permettent l’int´egration des con- naissances pass´ees en favorisant une meilleure compr´ehension des probl`emes pos´es aux individus (Popper 1979). Ceci n’est pas neutre lorsque l’on s’int´eresse aux industries de haute technologie dans lesquelles l’´emergence d’un nouveau paradigme scientifique et technologique donne lieu `a la cr´eation de nouvelles connaissances qui peuvent ˆetre source d’une meilleure compr´ehension de ph´enom`enes jusqu’alors incompris ou compris partiellement. Les connaissances fondamentales, parce qu’elles permettent de mettre en relation des ph´enom`enes a priori distants, doivent ˆetre source d’innovation en permet- tant d’identifier au sein des bases de connaissances des firmes de nouvelles combinaisons technologiques. Par cons´equent, nous identifions la dimension verticale des connaissances fondamentales comme le second volet d’analyse de l’int´egration des connaissances.

Parce que nous avons d´efini la firme comme un processeur de connaissances, nous nous int´eressons aux modalit´es d’organisation des activit´es de recherche au sein des in- dustries de haute technologie. L’´emergence d’un nouveau paradigme scientifique et/ou technologique pose la question de l’´evolution des bases de connaissances des firmes, qui pour rester comp´etitives doivent ˆetre en mesure d’acqu´erir les nouvelles connaissances sous la condition que celles-ci soient pertinentes. Il s’agit alors d’´evaluer la pertinence de ces nouvelles connaissances ce qui suppose de s’int´eresser au processus d’int´egration des connaissances. Les firmes sont contraintes dans leurs choix technologiques par la nature cumulative des connaissances, leur processus d’apprentissage et une d´ependance au sen- tier. C’est pourquoi la mani`ere d’exploiter les connaissances doit ˆetre conditionn´ee par la capacit´e des firmes `a combiner, autrement dit `a int´egrer, les diff´erentes connaissances n´ecessaires aux activit´es de R&D. L’int´erˆet de notre recherche r´eside dans la prise en compte de l’h´et´erog´en´eit´e des connaissances qui diff`erent par leur nature. En nous con- centrant sur la nature fondamentale des connaissances, nous identifions deux principes d’int´egration des connaissances: la coh´erence technologique et la dimension verticale des connaissances.

Aussi, dans un premier temps d´eveloppons-nous le concept de coh´erence technologique (section 2.2) pour dans un second temps discuter du concept de dimension verticale des connaissances (section 2.3). La mise en ´evidence de ces deux concepts nous permettra ainsi

2.2 La coh´erence : premier volet de l’int´egration technologique

de d´evelopper deux probl´ematiques nouvelles du processus d’int´egration des connaissances qui ont des cons´equences `a la fois dans les activit´es de recherche men´ees au sein des firmes et entre les firmes (section 2.4).

2.2

La coh´erence : premier volet de l’int´egration tech-