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La th´ eorie n´ eoclassique de l’emploi et du chˆ omage

Si le rˆole jou´e par l’´economie informelle dans la gestion des crises auxquelles certains pays en d´eveloppement ont fait face dans les ann´ees 1980 a favoris´e le changement de position sur

1.2.1.1 La th´ eorie n´ eoclassique de l’emploi et du chˆ omage

Dans la th´eorie n´eoclassique, le travail est trait´e comme n’importe quel autre bien. Les

hypoth`eses de base de l’´economie n´eoclassique sont donc reproduites dans son analyse et ce,

pr´ealablement `a la stylisation des forces du march´e du travail. Nous en distinguons trois :

– la rationalit´e de l’agent : l’agent ´economique est consid´er´e comme rationnel. Ses

d´e-cisions visent l’objectif de maximisation de son profit ou de son utilit´e. Sa capacit´e `a

traiter les informations qui l’entourent pour poser sa strat´egie ou `a la r´eorienter implique

la formulation explicite d’une fonction de production ou d’utilit´e

33

;

– la concurrence pure et parfaite : le caract`ere concurrentiel de l’environnement dans

lequel l’agent rationnel ´evolue est indispensable `a l’aboutissement de ses strat´egies

op-timisatrices. Parmi les conditions n´ecessaires `a cette hypoth`ese, l’atomicit´e des agents

et la perfection de l’information (nous) paraissent ˆetre les plus importantes. Tandis

que la premi`ere fait que chaque individu, pris s´epar´ement, est un preneur de prix sur

le march´e, la seconde, dans sa fluidit´e et sa disponibilit´e, permet la transparence des

proc´edures et la nullit´e des coˆuts de transactions ;

33. La fonction de production est Q =f(K, L), Q, K et L ´etant respectivement la quantit´e produite, le capital utilis´e et la force de travail mobilis´ee. Quant `a la fonction d’utilit´e, c’estU=U(C, L), C et L ´etant la consommation de biens et le loisir.

1.2. Les grandes mutations du d´ebat th´eorique sur le chˆomage

– l’homog´en´eit´e du travail : la force de travail disponible sur march´e (sachant qu’il peut

y voir plus d’un march´e sp´ecifique) est consid´er´ee comme homog`ene. Donc chaque

individu, dans la mesure o`u il n’est pas entrav´e par un quelconque d´efaut de mobilit´e,

peut pr´etendre `a n’importe quel emploi du march´e correspondant `a ses caract´eristiques

(ou occup´ees par les offres aux caract´eristiques similaires aux siennes) et participer `a

la concurrence.

Grˆace `a ces hypoth`eses, les d´ecisions optimisatrices des agents sont cens´ees conduire `a un

optimum sur le march´e du travail. Dans cette fa¸con de concevoir le march´e, dont celui du

travail, les travaux fondateurs des marginalistes, dont Walras (1874), ont jou´e un rˆole central,

particuli`erement pour les formalisations retenues de l’agent ´economique.

1.2.1.1.1 La demande de travail

L’hypoth`ese de rendements factoriels d´ecroissants appliqu´ee au travail explique sa relation

n´egative `a son prix, le salaire. Chaque unit´e suppl´ementaire de travail donne lieu `a une

production additionnelle inf´erieure `a celle g´en´er´ee par la pr´ec´edente. Donc la productivt´e

baisse au fur et `a mesure que la quantit´e de travail mobilis´ee augmente. De par cette relation,

le comportement de la demande de travail est stylis´e. Sur la base de la logique de maximisation

du profit, le producteur augmente sa demande de travail jusqu’au point o`u le revenu g´en´er´e

par la derni`ere unit´e de facteur ´egalise son coˆut. `A ce niveau, la diff´erence entre la productivit´e

marginale du travail et le salaire pay´e qui constitue la marge du producteur devient nulle. Il

en r´esulte que le salaire r´eel augmente avec la quantit´e produite et cons´equemment le volume

de travail mobilis´e pour ce faire. Un niveau ´elev´e de salaire pr´ecipite l’atteinte du seuil de

maximisation et bloque la production car, au-del`a, l’entreprise produirait `a perte sur les

unit´es additionnelles. Dans un contexte o`u la demande de travail est inf´erieure `a l’offre, une

baisse du salaire est n´ecessaire soutenir la marge, augmenter l’´ecart entre le coˆut du facteur

et le revenu qu’il g´en`ere et favoriser la r´esorption du chˆomage. Tout empˆechement du salaire

`a se conformer pour ajuster les deux forces tient `a des rigidit´es car fondamentalement, l’offre

de travail se comporte de sorte `a r´epondre sym´etriquement `a la demande ; elle entretient une

relation positive avec le prix du travail.

1.2.1.1.2 L’offre de travail

Consid´er´e selon les hypoth`eses de comportement rationnel, l’offreur de travail arbitre entre

le temps de travail et le temps de loisir lorsqu’il formule son offre. Sachant que son temps de

travail est `a l’origine du revenu qui sert `a financer la consommation, le choix entre les deux

temps revient `a choisir entre la consommation et le loisir. Pour une utilit´e donn´ee, l’offreur

de travail proc`ede `a un choix entre le travail et le loisir. L’utilit´e additionnelle que l’agent

retire d’une consommation suppl´ementaire, financ´ee elle-mˆeme par l’augmentation du temps

de travail, doit compenser la perte d’utilit´e qu’il subit en termes de loisirs. De ce fait, sa

d´ecision d’offrir un temps de travail suppl´ementaire repose donc sur la capacit´e du salaire

marginal `a compenser la perte en utilit´e.

En allouant moins de temps aux loisirs, il perd une utilit´e qu’il lui faut compenser par les

ressources g´en´er´ees par le travail offert. Le rapport entre ces variations est le taux marginal

de substitution entre les facteurs. C’est le niveau que le salaire unitaire doit atteindre pour

pousser l’offreur de travail `a se pr´esenter sur le march´e du travail ou `a offrir une unit´e

suppl´ementaire de travail. Plus ce taux est ´elev´e, plus l’offre de travail augmente. L’offre de

travail se fait alors une fonction croissante du salaire.

1.2.1.1.3 L’´equilibre du march´e du travail

Les deux forces du march´e du travail se comportent de sorte `a corr´eler les quantit´es au prix

du travail, positivement pour l’offre et n´egativement pour la demande. Elles se rencontrent

donc pour former un prix pour lequel tout exc´edent d’offre de travail, mat´erialisation du

chˆomage, serait inexistant. Cet exc´edent ne saurait tenir qu’`a un niveau de salaire ´elev´e qui

a attir´e sur le march´e beaucoup d’offre de travail pendant qu’elle a conduit `a une contraction

de la demande de travail, signifiant que les employeurs sont parvenus `a une optimisation de

leur fonction sans avoir absorb´e toute la main d’œuvre disponible au salaire donn´e (d’o`u

le nom d’´equilibre de sous-emploi dans la th´eorie du d´es´equilibre : E dans la figure 1.1).

L’ajustement passe n´ecessairement par la baisse du salaire qui permettrait aux employeurs

d’absorber l’offre de travail jusqu’au point o`u l’´equilibre est obtenu.

La th´eorie n´eoclassique a ´etabli ce processus d’ajustement comme inh´erent au march´e tel

qu’´etabli sur la base des hypoth`eses. Quelle que soit sa cause, dans un contexte d’apparition

1.2. Les grandes mutations du d´ebat th´eorique sur le chˆomage

123456 7889ABCABD9EFE64 A2ECABCABD9EFE64 1 3 16469A 3 2EA 7 E4 E6 9A

Fig.1.1: Equilibre du march´e du travail

d’exc´edent d’un cˆot´e, en ce qui nous concerne l’offre de travail, la concurrence joue de sorte

`a contraindre les salaires `a la baisse. Ceux qui demandent des salaires ´elev´es revoient leurs

demandes `a la baisse par peur de se faire ´evincer par les offreurs concurrents qui sont plus

comp´etitifs en prix. Le salaire passe alors de w/p`aw

/p, permettant une augmentation de la

capacit´e d’absorption de l’offre de travail exc´edentaire. Le volume d’emploi augmente et ce

jusqu’`a atteindre le plein emploi.

La th´eorie va plus loin en assimilant le processus d’ajustement par le march´e auprincipe

d’hom´eostasie, emprunt´e `a la science. Tout comme le corps humain (la mati`ere quand on se

place sur le plan de la physique), le march´e est un environnement qui affronte avec succ`es

les perturbations exog`enes auxquelles il est soumis (emprunt du principe Van’t Hoff - Le

Chatelier). Cette id´ee que la formalisation va asseoir trouvait d´ej`a un ´enonc´e chez Turgot

(Turgot, 1923, p. 593) selon qui « il y a dans toute machine compliqu´ee des frottements qui

ralentissent les effets les plus infailliblement d´emontr´es par la th´eorie », mais« les niveaux

d’origine se r´etabliront »avec le temps.

Sur le march´e du travail, les niveaux d’origine deviennent les niveaux d’´equilibre, ceux

pour lesquels l’offre et la demande de travail s’´egalisent. Les« frottements »qui interviennent

pour empˆecher cette ´egalisation sont alors identifi´es comme les causes du d´es´equilibre dont

le chˆomage est une possible cons´equence. Dans ce cas, on met en cause tous les facteurs

susceptibles d’entraver l’ajustement des prix pour r´esorber l’exc´edent de travail, parmi

les-quels sont souvent d´enombr´es les r´eglementations du march´e du travail et les organisations

syndicales. Par exemple, dans les travaux de Pigou (1933), la rigidit´e des salaires `a la baisse

est attribu´ee au syndicalisme et aux politiques contractuelles, tous deux faisant obstacle `a la

concurrence. Il faut donc une baisse des salaires r´eels pour relancer la demande de travail et

permettre la r´esorption du chˆomage. Chez Rueff (1931), c’est le r´egime d’indemnisation et le

salaire minimum qui sont remis en cause. Il affirme qu’«en immobilisant les salaires, on peut

maintenir aux ouvriers qui travaillent une r´emun´eration quelque peu sup´erieure `a celle qu’ils

recevraient en r´egime de libre concurrence ; mais on en condamne d’autres au chˆomage et on

expose ceux-ci `a des maux que l’assurance-chˆomage n’att´enue que bien faiblement.»

Dans la th´eorie keyn´esienne, la relation entre le salaire et l’emploi est revue dans le sens

d’une causalit´e invers´ee. Le niveau des salaires ne d´etermine pas celui de l’emploi, mais le

contraire.

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