– am´eliorer l’offre de main d’œuvre grˆace `a une meilleure formation et qualification
adap-t´ees aux besoins de l’´economie ;
– g´en´eraliser la promotion de l’emploi au niveau local en tenant compte des sp´ecificit´es
r´egionales et en privil´egiant le recours `a la haute intensit´e en main d’œuvre
(r´eintro-duction du crit`ere de cr´eation d’emplois dans l’´evaluation et la s´election de programmes
d’investissement, promouvoir le recours aux techniques `a HIMO) ;
– favoriser l’am´elioration des conditions de travail dans les diff´erents domaines d’emplois
(emploi moderne, emploi informel, emploi rural, emploi temporaire) et ;
– rechercher `a terme l’unification du march´e du travail (entre l’´economie formelle et celle
informelle).
Les objectifs de la PNE reviennent essentiellement aux deux que nous avons d´egag´es : le
march´e et la r´eduction des in´egalit´es.
La PNE approche les deux dans sa tentative d’insuffler `a l’´economie malienne un
dyna-misme construit autour du march´e. Il faut noter quand mˆeme que cette construction passe
par l’intervention au lieu de la lib´eralisation comme l’ont essay´e les plans d’ajustement. Cette
approche apparaˆıt bien guid´ee dans le sens o`u l’´economie malienne n’est pas enti`erement
marchande. De ce fait, la construction d’un march´e semble pr´ealablement n´ecessaire aux
2.3. Phase III : Vers une politique active de march´e
´eventuelles mises en cause de ses m´ecanismes de fonctionnement. Sans le premier, toute
ana-lyse critique ou prescription se rapportant `a la seconde parait fragile. Les plans d’ajustement
livrent encore des le¸cons `a cet ´egard. La flexibilisation `a laquelle ils ont proc´ed´e sur un
em-ploi moins centr´e sur le march´e que sur le secteur public a conduit `a un appauvrissement du
facteur travail (`a travers les compressions) sans qu’un processus de r´eallocation et de
r´eorga-nisation suive. La PNE semble bien inspir´ee de cet ´echec et sa tentative de construction d’un
march´e le prouve.
A travers le march´e, la PNE compte atteindre le second objectif, la r´eduction de la
pau-vret´e et des in´egalit´es sociales. Elle place l’espoir de cet objectif dans les processus de
r´eallo-cation et redistribution qui suivraient ses actions sur le march´e. Sur ce point, elle s’´eloigne des
pratiques des ´economies industrialis´ees o`u les actions d’activation du march´e (´equivalent de
la construction du march´e pour la PNE) s’accouplent `a des dispositifs de«traitement social
du chˆomage» , dont principalement l’indemnisation du chˆomage. La PNE ne se propose pas
de combler le vide qui existe `a ce niveau. Au-del`a des indemnisations pr´evues par la loi dans
le cadre du droit du travail (renvoi abusif, licitement ´economique), la PNE n’introduit pas
de dispositif de redistribution ni par les cotisations ni par les contributions ´etatiques.
Cepen-dant, plac´e dans le contexte malien, ce vide pr´esente deux avantages. Tout d’abord, mise en
œuvre, l’indemnisation ne saurait concerner que la partie de la population qui a travaill´e dans
l’´economie formelle. Les b´en´eficiaires seraient peu nombreux dans un syst`eme o`u l’´economie
informelle domine et les r´esultats seraient largement en dessous des objectifs. Deuxi`emement,
l’indemnisation requiert des ressources consid´erables qui ne sont pas n´ecessairement `a la
por-t´ee d’un pays comme le Mali. Et au regard du premier point, son application m`enerait moins `a
une r´eduction du foss´e social ou mˆeme une gestion momentan´ee du chˆomage qu’`a un mauvais
usage des ressources, p´enalisant des objectifs prioritaires (construction du march´e).
Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons dress´e l’historique du march´e du travail au Mali. De cette
r´etrospective, nous pouvons retenir que les premi`eres politiques d’emploi au Mali ont mis en
place un march´e de travail rigide. Le pilotage centralis´e du march´e du travail est all´e de pair
avec :
– la mise en place des grilles de salaire, fixant aussi bien des minima selon les cat´egories et
les secteurs qu’impliquant une r´e´evaluation des salaires selon l’augmentation du niveau
des prix ;
– un encadrement r´eglementaire de l’embauche et du licenciement qui, d’un cˆot´e,
mo-nopolisait l’interm´ediation entre l’offre et la demande de travail entre le main d’un
office national et, de l’autre, subordonnait le droit d’un employeur `a licencier `a une
autorisation pr´ealable de l’Etat ;
– l’implication des syndicats `a la d´efinition des grilles ainsi dans la gestion du volume de
l’emploi.
Cette gestion du march´e a entraˆın´e des coˆuts consid´erables. Le d´eficit public a ´et´e aliment´e
par les d´epenses li´ees au personnel administratif et par le soutien constant de l’´Etat aux
entreprises publiques d´eficitaires. Le recours `a l’endettement ext´erieur pour financer cette
politique d’emploi a exacerb´e la d´ependance ext´erieure. A partir des ann´ees 1980, cette gestion
est devenue insoutenable. Des politiques d’ajustements ont ´et´e introduites pour agir aussi bien
sur les salaires que les effectifs dans l’emploi public. Elles vont impliquer :
– une baisse des effectifs aussi bien dans les entreprises publiques que les administrations.
Si pour les premi`eres, elles participent d’une large strat´egie de privatisation ou de
modes alternatifs de gestion, pour les secondes, elles vont passer des incitations au
d´epart volontaire ;
– un blocage de salaires afin de r´eduire leur niveau r´eel.
Si l’on peut bien identifier la rigidit´e comme une cons´equence visible des politiques de la Phase
I, beaucoup de ph´enom`enes jettent un doute quant `a la flexibilit´e que le mouvement des
sa-laires et des effectifs de la Phase II peuvent sugg´erer. Parall`element aux mesures d’ajustement
de l’emploi, des comportements de contournement sont apparus au niveau des employ´es. Ces
comportements ont tant affect´e la baisse des volumes, qui a ´et´e plus lente et moindre que
pr´evue, que les r´eductions salariales, qui ont ´et´e contre-pes´ees par des agissements frauduleux
dont les “promotions artificielles”.
L’ensemble de la seconde phase a consist´e `a allier la poursuite des mesures d’ajustement
`a la gestion de ses cons´equences sociales. Ce n’est qu’en 1998, qu’une politique d’emploi bien
d´efinie a ´emerg´e. Elle ne consistera pas `a se limiter `a l’emploi public ni `a n´egliger l’´economie
informelle que l’approche extensive de l’emploi avait conduit `a valider sans une prise en
2.3. Phase III : Vers une politique active de march´e
compte des conditions de travail. La nouvelle politique, la Politique Nationale de l’Emploi
(PNE), va chercher `a centrer la politique d’emploi sur le march´e, `a soutenir l’emploi priv´e
qui a ´et´e ´evinc´e `a beaucoup de niveaux par les mesures de la premi`ere phase. Si au regard
des cons´equences des deux premi`eres politiques, cette nouvelle direction pr´esente une grande
pertinence, il demeure n´ecessaire de l’appr´ecier par rapport au march´e du travail actuel au
Mali. C’est ce que nous entreprendrons dans le chapitre suivant au travers de deux tests de
la courbe du salaire sur les donn´ees maliennes.
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Tab.2.7: P´eriodisation de la politique d’emploi du Mali
Mesures→ Mesures actives Mesures passives
Periodes↓ Cr´eations R´eductions du Actions sur Actions sur Discrimination Indemnisation Actions sur
d’emploi coˆut du travail la formation l’information positive l’offre de travail
Phase I Emploi public Centre de ONMO
(1960-1983) Perfectionnement
Gel Blocage Programmes de D´emonopolisation de Indemnisation
Phase II des des salaires perfectionnement l’interm´ediation des
(1983-1998) recrutements Lib´eralisation et de entre l’offre et d´eparts
Compressions des prix reconversion la demande de travail volontaires
Promotion de Subventions et Stages de ANPE
Phase III l’auto-emploi exon´erations qualification BPP Jeunes Hausse de l’ˆage
(depuis 1998) Soutien `a Facilit´es Centre de formation ETT Femmes de la retraite
l’entrepreneuriat de cr´edit et e reconversion (parit´e)