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En prenant la courbe du salaire comme la photographie de l’´elasticit´e du salaire au taux chˆ omage selon les ˆages, les jeunes se situeraient sur les parties inf´erieures tandis que les moins

jeunes se placeraient sur les espaces raides. Divers ´etudes ont pu faire ce constat. On note par

exemple, que Blanchflower et Oswald (1995), de mˆeme que Hoddinott (1996), r´ev`elent qu’une

courbe des salaires des jeunes

95

tendrait vers la position verticale (le salaire est tr`es r´eactif

au chˆomage) tandis que la courbe des plus ˆag´es se ferait plus horizontale (le salaire n’est

que faiblement sensible au chˆomage). Le cas malien pr´esente les mˆemes traits. La structure

d´emographique exacerbant l’exc`es d’offre du travail, l’effet du relˆachement de pression sur le

revenu se trouve `a son tour amplifi´e.

95. A l’instar des moins exp´eriment´es, des moins instruits et des non syndiqu´es, les jeunes pr´esentent des caract´eristiques d’un march´e flexible.

Tab.3.6: Part des classes d’ˆage dans le chˆomage (%)

Lieu de r´esidence→ Milieux urbains Milieux ruraux Ensemble

Classe d’ˆage↓ Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total

15 - 19 ans 6,56 7,91 14,47 15,17 5,58 20,75 10,76 6,77 17,53 20 - 24 ans 10,99 17,65 28,64 6,50 6,04 12,54 8,80 11,99 20,79 25 - 29 ans 9,75 17,28 27,03 4,25 13,28 17,53 7,07 15,33 22,40 30 - 34 ans 3,46 6,03 9,49 6,52 5,57 12,09 4,95 5,80 10,76 35 - 39 ans 0,00 3,68 3,68 3,59 2,84 6,43 1,75 3,27 5,02 40 - 44 ans 1,55 3,97 5,53 2,51 5,55 8,06 2,02 4,74 6,76 45 - 49 ans 3,28 5,14 8,42 5,75 5,00 10,75 4,49 5,07 9,55 50 - 54 ans 1,79 0,00 1,79 5,01 1,32 6,33 3,36 0,64 4,01 55 - 59 ans 0,78 0,00 0,78 2,06 0,45 2,50 1,40 0,22 1,62 60 - 64 ans 0,18 0,00 0,18 3,02 0,00 3,02 1,56 0,00 1,56 Total 38,34 61,66 100,00 54,37 45,63 100,00 46,16 53,84 100,00 Source : EPAM 2004

3.2.2.1.3 Le rapport au march´e du travail selon les ˆages

La place jou´ee par la pression d´emographique dans la courbe du salaire r´efl`ete en r´ealit´e

le rapport de la soci´et´e malienne au march´e du travail selon les ˆages. Cette relation, illustr´ee

dans le graphique 3.1 peut ˆetre expliqu´ee tant par le march´e lui-mˆeme que par des facteurs

ext´erieurs (l’espace familial notamment).

On constate, en premier lieu, que le taux de chˆomage augmente entre 15 ans et la

se-conde moiti´e de la vingtaine. Cette p´eriode correspond `a l’ach`evement du cursus scolaire et

universitaire et donc `a l’arriv´ee d’un exc´edent important d’offre sur le march´e du travail.

L’impact de cette arriv´ee est fortement soutenu par le poids de cette tranche dans la

po-pulation globale. Les d´es´equilibres pr´ealablement dˆus aux limites d’absorption de l’appareil

productif sont exacerb´es. `A partir de ce niveau toutefois, le taux de chˆomage entame un

d´e-clin. Pour les hommes il est progressif, mais brutal pour les femmes. Pour les premiers, il tient

principalement `a l’absorption du march´e tandis que pour les secondes, il rel`eve plus, mais pas

int´egralement, d’un ph´enom`ene d’auto rationnement de l’offre de travail. La chute du taux

est li´ee au choix de retrait volontaire auquel les femmes proc`edent pour devenir ´epouses et

m`eres. Ce retrait peut cependant d´eguiser un ph´enom`ene de travailleurs d´ecourag´es,

parti-culi`erement favoris´e par leurs d´esavantages. Elles ont des qualifications relativement faibles,

3.2. Mod`ele spatial et mod`ele d´emographique

12314 56357 52354 86387 82384 76377 72374 26327 22324 96397 6 5 7 9 A 16 15 17 19 1A BCDDEF EDDEF C FFEFE E D E ! " 12314 56357 52354 86387 82384 76377 72374 26327 22324 96397 6 2 16 12 56 52 BCDDEF EDDEF C FFEFE E D E ! "

Fig.3.1: Taux de chˆomage par classes d’ˆage en 2004 (gauche) et en 2007 (droite)

par rapport aux hommes. Leur taux de scolarisation est de 68% (DOEF, 2007b, RASAMT )

au premier cycle contre 76,6% pour les gar¸cons. Avec l’ˆage, ce taux baisse, r´esultat de

fac-teurs sociaux dont le mariage ou l’arbitrage des ressources d’´education en faveur des gar¸cons.

Par ailleurs, elles subissent une discrimination (pr´ejug´es `a l’embauche, salaires inf´erieurs) qui

alimentent aussi le retrait volontaire. Au final, l’offre de travail f´eminine baisse, permettant

`a celles qui exercent une activit´e de se voir faiblement menac´ees

96

. Dans la quarantaine, en

revanche, le taux affiche une remont´ee qui est attribuable `a des ph´enom`enes de retour sur

le march´e ou de reconversion. A partir de 50 ans, il d´ecline. Ces ph´enom`enes expliquent la

gamme de pressions que la structure d´emographique et sociale exerce sur le march´e du travail

et comment ces pressions d´eterminent la relation entre l’ˆage et taux de chˆomage.

3.2.2.1.4 Espace et structure d´emographique

En ramenant l’aspect d´emographique au niveau local, l’´elasticit´e baisse, s’installant `a

-0.123 (´equation (3)). Cette baisse peut ˆetre surprenante car l’immobilisation de l’offre de

travail dans les classes d’ˆage est cens´ee augmenter la pression exerc´ee sur les salaires. En

96. Cette explication ne conduit pas n´ecessairement `a soutenir que la courbe du salaire est une courbe d’offre plac´ee dans le plan salaire-chˆomage, mais on ne saurait ignorer l’impact des variations de l’offre de travail sur la pression de march´e.

passant de l’hypoth`ese de mobilit´e parfaite du travail dans le bassin d’emploi `a celle de

l’hypoth`ese de z´ero-migration entre les espaces urbains et ruraux, l’´elasticit´e avait augment´e,

passant de -0,127 `a -0,163. En toute vraisemblance, l’immobilisation des offres de travail

dans leur classe d’ˆage devrait pousser l’´elasticit´e `a la hausse. Et pourtant, c’est le contraire

qui est observ´e. Ceci signifie que la structure d´emographique ne biaise pas profond´ement la

r´eponse du salaire au taux de chˆomage quand l’hypoth`ese d’imparfaite mobilit´e du travail est

introduite, bien qu’elle a le m´erite, quand prise `a l’´echelle globale, d’informer sur le rapport

de l’offre de travail au march´e du travail au Mali.

La faiblesse de cette ´elasticit´e est r´ev´elatrice des lacunes de l’offre de travail exc´edentaire

au Mali

97

. Malgr´e son volume important, sa capacit´e `a agir sur les revenus salariaux des

actifs occup´es est faible et ce mˆeme si les caract´eristiques des chˆomeurs se rapprochent de

celles des travailleurs. Les lacunes se situeraient au niveau de la formation et du financement,

les deux ´el´ements cl´es `a l’acc`es `a l’emploi, quel que soit le secteur. Nous allons voir comment

les d´efaillances au niveau de ces ´el´ements expliquent la rigidit´e du salaire `a la baisse et le

carat`ere massif du chˆomage au Mali.

3.2.2.2 Approche sectorielle de la rigidit´e du salaire

En approchant les individus, au travers du taux de chˆomage de leur classe d’ˆage, on

peut soutenir que ce sont les exp´eriences acquises avec l’ˆage et les r´eseaux d´evelopp´es durant

leurs ann´ees d’exercice qui leur assurent un revenu stable et immune `a la menace que peuvent

constituer les chˆomeurs (le coefficient de l’anciennet´e le montre). Toutefois, cette lecture de la

relation du salaire et le chˆomage, bas´ee sur l’individualit´e des travailleurs peut ˆetre r´eductrice.

Elle omet la dimension sectorielle de la rigidit´e. Ici, nous allons nous baser sur la division

institutionnelle des secteurs : secteur formel versus secteur informel.

97. Dans nos tests, nous n’avons pas pris en compte les possibles effets de d´ebordement, `a savoir le fait qu’un chˆomeur puisse convoiter un mˆeme type d’emplois que ceux occup´es par des individus d’une classe d’ˆage voisine. Ces effets n’ont pas ´et´e pris en compte parce que de plus amples informations sur les pr´ef´erences d’emploi des chˆomeurs sont n´ecessaires pour que la m´ethode de mobilisation d’une classe ne soit pas arbitraire. En attendant d’enquˆetes plus pouss´ees, on peut accepter que l’´elasticit´e est comprise entre -0,163 et -0,123.

3.2. Mod`ele spatial et mod`ele d´emographique

Tab.3.7: Les ´elasticit´es du salaire au taux de chˆomage selon les groupes

`` `` `` `` `` `` `` ` Groupes↓ Sp´ecifications→ um j ua uaj Observations Hommes -0,0457 -0,306*** -0,162*** 1 437 Femmes -0,249 -0,169* -0,059 1 174 urbain 0,166 -0,416*** -0,160 897 Rural -0,146 -0,124 0,0895 1 714 Secteur public -0,114 0,085 0,131 118

Secteur priv´e formel -0,067 -0,228 -0,091 324

Secteur priv´e informel -1,33*** -0,224 -0,058 1 969

Tous -0,163*** -0,279*** -0,123** 2 611

*** p<0,01, ** p<0,05, * p<0,1

3.2.2.2.1 Le secteur priv´e formel

En isolant le secteur priv´e formel, on peut plus facilement attacher ses rigidit´es (ou une

partie) aux r`egles ´edict´ees par l’´Etat et expliquer sa faible place dans l’emploi malien par

des ph´enom`enes plus ou moins li´es `a celui-ci. Nous allons dans un premier temps comparer

les distributions des salaires dans les deux segments pour voir les ressemblances, et, dans un

second temps, d´eduire une causalit´e.

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