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Sachant que le SMIG s’alignait sur la grille des salaires 66 , on peut lire son ´evolution comme un indicateur du salaire dans les autres segments d’emploi formel sur lesquels les

informations sont limit´ees. On note, qu’en termes r´eels, il a baiss´e du tiers entre 1976 et 1988

(Lachaud, 1993b). Sur la base des chiffres rapport´es par Moisseron (2000), les salaires minima

ont subi une baisse consid´erable entre 1970 et 1985 dans 18 pays africains, dont le Mali. Sur

un indice base 100 en 1970, leur niveau avait baiss´e `a 95,4 en 1975, `a 73,1 en 1980 et `a 54,4

en 1985. En se fondant sur les chiffres de Rama (2000), il apparaˆıt que le salaire minimum

journalier a recul´e de 1,36% par an entre 1977 et 1992 (en prenant le niveau des prix de 1980

comme base).

Tous ces chiffres tendent vers la mˆeme conclusion, la baisse des salaires en termes r´eels,

un ph´enom`ene dans lequel la strat´egie de l’emploi public a servi d’´el´ement directeur.

Tab.2.2: R´emun´erations dans la Fonction Publique (2003, 2007)

Genres→ Hommes Femmes

Ann´ees→ 2003 2007 2003 2007

Cat´egories↓ Brut Net Brut Net Brut Net Brut Net

Cat´egorie A 172 723 210 583 178 426 225 527 176 482 212 773 175 057 226 013 Cat´egorie B2 96 795 107 915 121 799 142 657 95 219 103 238 121 580 137 176 Cat´egorie B1 81 733 107 690 88 434 125 482 82 421 98 643 99 646 120 162 Cat´egorie C 79 222 88 772 71 194 87 942 82 885 91 301 85 491 98 044 Cat´egorie D 39 404 54 492 - - 39 195 56 162 - -Contractuels 52 144 107 622 - - 42 902 90 728 - -Salaire moyen 104 154 130 071 125 095 156 338 91 085 108 824 117 861 138 751

Source : Bureau Central du Solde, Juin 2003 et Juillet 2007

A partir de 2003, le cat´egorie D a ´et´e supprim´ee

66. En g´en´eral, on approche l’´evolution du salaire minimum, SMIG, pour appr´ehender l’´evolution des salaires dans le secteur formel. Dans le cas du Mali, la limitation des informations sur les salaires du formel contraignent `

a se replier sur les chiffres se rapportant `a ce seul indicateur. S’il est pertinent, dans la mesure o`u il constitue le plancher `a partir duquel les syndicats acceptent de n´egocier, il faut quand mˆeme noter que le salaire public comporte des «rentes». Celles-ci sont multiples. Elles peuvent d´ependre des cat´egories socioprofessionnelles des individus la grille des salaires peut leurs assurer un salaire bien sup´erieur au minimum , des syndicats -qui peuvent s´ecuriser la position de leurs adh´erents avec l’aide de la r´eglementation et de leur pouvoir d’insiders - et de l’exposition `a la concurrence - le monopole permettant aux syndicats de capter des rentes de monopole, notamment dans les firmes d’´Etat. Voir (Chambaset al., 1995). Ces facteurs participent `a mettre un nette distance entre le salaire moyen et le salaire minimum. Le second ne parvient donc pas `a enti`erement traduire l’´evolution du premier. Toutefois, il n’en est pas compl`etement d´econnect´e.

2.2.1.3 Modification de la structure de l’emploi public

Au del`a de l’effectif et du salaire, c’est la structure de l’emploi public toute enti`ere qui

a mut´e avec les mesures d’ajustement. La nouvelle strat´egie a consist´e `a r´eduire le poids

de l’emploi `a statut dont la pr´edominance a favoris´e la crise et exacerb´e sa port´ee. Si la

privatisation des soci´et´es d’´Etat a ´et´e un axe d’application de cette strat´egie, c’est dans la

fonction publique qu’on en trouve la principale traduction. On constate une augmentation de

la part des contractuels, aux r´emun´erations moindres et aux avantages biens faibles, tandis

que le poids des fonctionnaires d´ecline. Bien les chiffres du tableau 2.3 ne d´ebutent `a partir

de 1996, ils montrent l’emprunte de la logique introduite par l’ajustement sur la structure de

la fonction publique, et sur l’emploi public dans une large mesure.

Tab.2.3: Parts des cat´egories socioprofessionnelles dans l’effectif de la fonction publique (1996-2007)

Ann´ees→ 1996 1999 2000 2001 2002 2007 Statuts↓ Cat´egorie A - 7 752 8 031 8 425 8 161 11 231 % - 17,92% 18,17% 18,36% 17,70% 22,27% Cat´egorie B2 - 17 551 17 750 18 059 18 012 15 777 % - 40,58% 40,17% 39,36% 39,06% 31,28% Cat´egorie B1 - 3 672 3 816 4 031 4 131 4 726 % - 8,49% 8,64% 8,79% 8,96% 9,37% Cat´egorie C - 4 929 5 122 5 285 5 435 4 969 % - 11,40% 11,59% 11,52 % 11,79% 9,85% Fonctionnaires 33 305 33 904 34 719 35 800 35 739 36 703 % 90,31% 78,38% 78,57% 78,02% 77,51% 72,76% Contractuels 3 574 9 351 9 470 10 083 10 372 13 738 % 9,69% 21,62% 21,43% 21,98% 22,49% 27,24% Total 36 879 43 255 44 189 45 883 46 111 50 441 % 100% 100% 100% 100% 100% 100%

Source : Direction Nationale de la Fonction Publique et Professionnelle

Entre 1996 et 2007, la part des premiers a presque tripl´e, passant de 9,69% de l’effectif `a

27,24% tandis la part des fonctionnaires a r´ecul´e sym´etriquement. Son mouvement d´epasse

de loin celui de la part de toutes les autres cat´egories de la fonction publique. Le poids de la

cat´egorie A (Bac+4 et plus) progresse lentement tandis que la cat´egorie B (Bac + 2 et DUT)

recule fortement. Quant aux cat´egories B1 (BT) et C (CAP), leurs parts bougent peu. La

premi`ere augmente l´eg`erement tandis que la seconde baisse assez faiblement

67

.

2.2. Phase II : Une gestion lib´erable du march´e du travail

La reconfiguration de la fonction publique illustre la politique de d´esengagement de l’´Etat.

En mettant ces mutations en prise avec l’´evolution globale de l’effectif, on peut soutenir que

les contractuels ont constitu´e la force d’appui pour la reprise des recrutement dans la fonction

publique. En effet, on rel`eve que mˆeme si l’effectif renoue avec la hausse `a partir des ann´ees

1990, celle-ci demeure lente jusqu’au milieu des ann´ees 1990. Entre 1987 et 2002, le personnel

est pass´e de 45 000 `a 46 111, soit croissance de 2,47%. La forte hausse de l’effectif entre

1996 et 1999 (pr´ecis´ement entre 1998 et 1999, de 35 643 `a 43 255 agents), s’accompagne d’un

doublement de la part des contractuels, de 9,69% `a 21,62%. La simultan´eit´e de la reprise

de l’effectif et la progression des contractuels, illustre clairement une pr´ef´erence de l’´Etat

pour cette couche. Elle t´emoigne de la strat´egie d’all`egement des coˆuts li´es au personnel. Les

contractuels, en outre de lui coˆuter moins cher, lui permettent de contourner les contraintes

li´ees `a l’embauche et au licenciement d’un employ´e `a statut. Leur pr´esence ´elargit la marge

de manœuvre de l’employeur public en cas de crise.

Par ailleurs, on peut noter une ´evolution positive entre l’effectif et la part des contractuels

(`a l’exception de 2003). Apr`es une chute consid´erable en 2003, o`u l’effectif est tomb´e `a 42

936, il entama une reprise pour s’´elever `a 44 151 en 2004, `a 45 075 en 2005, `a 47 909 en 2006

et `a 50 441 en 2007. La part des contractuels aussi a vaguement suivi la mˆeme tendance.

Tab.2.4: Effectif dans la Fonction Publique du Mali (1987-2007)

Ann´ees Effectifs Ann´ees Effectifs Ann´ees Effectifs Ann´ees Effectifs

1987* 45 000 1994 35 123 1999 43 255 2004 44 151

1990° 40 200 1995 34 214 2000 44 189 2005 45 075

1991 39 320 1996 36 879 2001 45 883 2006 47 909

1992 37 424 1997 35 461 2002 46 111 2007 50 441

1993 36 564 1998 35 643 2003 42 936

1991-2007 : Direction Nationale de la Fonction Publique et Professionnelle (Mali) tir´e des Rapports sur la Fonction Publique de l’OEF (2002, 2007)

* : Lachaud (1993b) ;°: Rama (2000)

la base des informations sur les d´eparts. Sachant que la diff´erence entre deux effectifs (E1 et E2) ´egalise la diff´erence entre les recrutements (R) et les d´eparts (D) dans l’intervalle de la p´eriode couverte (E2 =

E1 +R−D), alors les recrutements s’estiment en additionnant `a la diff´erence entre les deux effectifs les d´eparts. Sur cette logique, nous avons remarqu´e que, depuis 2004, les d´eparts sont bloqu´es et que la variation de l’effectif tient aux recrutements seuls.

Tab.2.5: Recrutements dans la Fonction Publique Malienne (1996-2002)

Ann´ees 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002

Recrutements 1 371 1 669 1 079 1 419 1 022 1 531 1762

Ann´ee 2003 2004 2005 2006 2007

Recrutements 2 139 1 215 924 2 834 2 532

A partir des Rapports sur la Fonction Publique

2.2.2 Quelle lecture pour la nouvelle orientation ?

La concomitance d’une gestion plus flexible des effectifs, en termes de salaires et de statuts,

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