Pour aligner les observations sur la circonscription usuelle de la population au chˆomage,
nous avons retenu comme premier crit`ere de s´election l’ˆage. Nous avons born´e les
estima-tions aux individus allant de 15 `a 64 ans. Le second crit`ere a ´et´e la d´eclaration simultan´ee
du revenu du travail mensuel et du temps de travail hebdomadaire, ces deux permettant la
d´eduction du revenu horaire. La domination de l’´economie informelle o`u les heures de travail
constituent plus une variable qu’un param`etre peut sugg´erer un faible int´erˆet `a avoir le temps
de travail du cˆot´e gauche de l’´equation car les individus l’adaptent en fonction des saisons ou
de la conjoncture. Et pourtant, son niveau est tr`es souvent dict´e par les exigences de l’activit´e
exerc´ee, activit´e dont on cherche `a capter le contenu au travers du salaire. Sa mobilisation
comme variable ind´ependante reviendrait `a ignorer le fait qu’il est lui-mˆeme subordonn´e aux
3.2. Mod`ele spatial et mod`ele d´emographique
caract´eristiques de l’emploi, comme et dont le salaire. Au travers du tableau 3.1, on peut
constater que la dur´ee du travail est moins li´ee au choix du travailleur qu’impos´e par
l’envi-ronnement ou la conjoncture.
Tab.3.1: Motifs de la dur´ee du travail (hebdomadaire)
Temps de travail635 heures Temps de travail>48 heures
Choix 189 15,61% - -
-Probl`eme personnel 136 11,23% 605 53,73% Maintenir l’emploi
Horaire impos´e 195 16,10% 338 30,02% Horaire normal
Conjoncture 339 27,99% 118 10,48% Conjoncture
Autre 264 21,80% 21 1,87% Autre
Non d´eclar´e 88 7,27% 44 3,91% Non d´eclar´e
Total 1 211 100% 1 126 100% Total
Source : Base de donn´ees EPAM 2004
Selon l’EPAM 2004, 32,7% des actifs occup´es travaillent moins de 35 heures
85(contre
44,7% en 2007). Ceux qui travaillent entre 35 et 48 heures par semaine constituent 30,5%
(722 371 personnes) des actifs occup´es (27,2% en 2007). Quant `a ceux qui vont au del`a des 48
heures
86, ils forment 35,6% de l’ensemble (24,3% en 2007). La dur´ee de travail des individus
qui sont en dehors de la norme, c’est-`a-dire dans le premier et troisi`eme groupe, ne refl`ete pas
n´ecessairement leur d´ecision. En analysant les motifs avanc´es (tableau 3.1), on rel`eve
qu’en-viron 16,46% de ceux qui travaillent moins de 35 heures (dans notre ´echantillon) d´eclarent
que l’employeur ou la r´egl´ementation du travail est la raison principale du maintien de leur
85. Le groupe compte 776 384 individus. En en soustrayant ceux qui sont satisfaits de leur temps de travail hebdomadaire (108 472 personnes), on obtient 667 912 personnes, soit un taux de sous-emploi de 28,2%. On ne saurait dire que cette masse contribue `a augmenter les tensions sur le march´e du travail de par la recherche d’emploi compl´ementaire car on ne sait pas si les conditions de l’emploi occup´e leur permettent une telle d´emarche. Cependant, on ne saurait l’ignorer mˆeme si cette tension potentielle n’apparaˆıt pas dans l’´elasticit´e du salaire au taux de chˆomage pour la raison que les«sous-employ´es»ne sont pas comptabilis´es comme des chˆomeurs.
86. Le taux de«suremploi»(part d’actifs travaillant plus de 35 heures) s’´el`eve `a 66,1% (51,5% en 2007). Ici non plus, on peut soutenir l’id´ee que les heures de travail excessives maintiennent des chˆomeurs en dehors de l’activit´e. La pertinence d’une explication du chˆomage fond´ee sur le temps du travail implique la g´en´eralisation d’une norme fond´ee sur des bases l´egales. Au Mali, la partie de l’´economie concern´ee, ne repr´esente mˆeme pas 10% de l’emploi (selon l’EPAM 2007, les entreprises priv´ees informelles pourvoient 87% des emplois contre 0,7% pour les entreprises priv´ees formelle et 4% pour le secteur public).
dur´ee de travail en dessous de ce seuil tandis que 28,10% pointent du doigt la conjoncture
´economique. Mˆeme dans le cas de ceux pour qui ce temps de travail est choisi (15,88%), il
peut y avoir d’autres raisons plus impos´ees que choisies (li´ees au contexte familial)
87. Du
cˆot´e de ceux qui travaillent plus de 48 heures par semaine, pr`es de 53% (53,73% pour
l’´echan-tillon large - tous les travailleurs - et 52,88% de l’´echanl’´echan-tillon restreint - les observations prise
en compte dans les tests) d´eclarent que leur temps de travail est n´ecessaire au maintien de
leur emploi (ils n’ont pas pr´ecis´e les termes dans lesquels la dur´ee de travail intervient pour
ce maintien). Ceci veut dire que le temps de travail est moins li´e aux choix des individus
(contrats) qu’`a l’environnement ext´erieur qui affecte aussi leur salaire. En r´ealit´e, le temps
de travail semble moins refl´eter la qualit´e de l’emploi qu’il n’apparaˆıt en ˆetre une condition.
En comparant les couches, on peut remarquer que ceux qui travaillent le plus de nombre
d’heures ne sont pas n´ecessairement ceux qui gagnent le plus ni ceux qui ont les emplois les
plus stables. D’apr`es une ´etude de Lesueur et Plane (1987), en Afrique, les travailleurs de
l’informel travaillent entre 9h30 et 11h par jour, contre 8h pour les employ´es publics ou du
secteur priv´e formel. Le revenu mensuel qu’ils en retirent oscille entre 30 000 FCFA et 60
000 FCFA, contre une fourchette entre 80 000 FCFA et 120 000 FCFA dans l’emploi public.
Dans le cas malien, en 1996
88, 93% des salari´es du secteur informel avaient moins de 50 000
FCFA, 68% ont moins du SMIG (20 965 FCFA). En termes de s´ecurit´e, ils ne b´en´eficient
ni de cong´es pay´es ni de pensions de retraite ni d’indemnit´es de licenciement, contrairement
aux employ´es formels. D’apr`es l’EPAM 2004, sur l’ensemble des actifs de l’informel (sous la
perspective de l’unit´e de production comme entit´e), soit un total de 1 903 133 personnes, 1
233 539 travaillent plus de 35 heures par semaines, soit 64%. Sur cette population, ceux qui
gagnent moins de 42 000 FCFA, soit moins de 2,50 euros par jour, constituent 69,92%
89. Ce
poids renforce l’id´ee que le temps de travail est d´etermin´e par l’activit´e exerc´ee. Les risques de
chˆomage auquel beaucoup de travailleurs sont soumis les forcent `a s’astreindre `a des r´egimes
87. La vari´et´e des configurations pose beaucoup de limites. On ne saurait d´egager les d´eterminants du temps de travail ind´ependamment du salaire pour proc´eder `a une d´etermination simultan´ee du temps et du salaire.
88. Chiffres issus du bilan sur le Secteur Informel enquˆete men´ee par l’Observatoire de l’Emploi et de la Formation avec le soutien du BIT et de la Banque Mondiale. Disponible sur le situe de l’ANPE-Mali (DOEF, 1996).
89. Sur la base du poids de l’´economie informelle dans l’emploi global, la probabilit´e qu’une personne tra-vaillant au del`a des 35 heures par semaines est de 44,74%