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Le temporal gauche est entièrement préservé tandis que le droit est représenté par sa partie pétreuse et mastoïde. Une petite partie de la base de l’écaille avec le début du processus zygomatique est visible.

Partie squameuse

Î L’écaille

L’écaille (gauche) de NK2 possède un bord sphénoïdal légèrement curviligne, orienté vers l’arrière et un bord pariétal plutôt rectiligne dont l’inclinaison est constante jusqu’à l’incisure pariétale. La convexité maximale du contour est située dans la partie antérieure du bord pariétal. Cette forme triangulaire du bord de l’écaille rappelle une morphologie plus archaïque

observable chez Homo erectus ou certains Homo sapiens archaïques comme Jebel Irhoud

(Elyaqtine, 1995). L’écaille de NK2 se rapproche de la forme 1 décrite par Elyaqtine (ibidem)

pour les hommes modernes. Cette morphologie est présente en majorité chez les Esquimaux (85,2 %) et est assez rare dans les autres populations actuelles. Nous avons pu l’observer sur le crâne de Singa et chez certains Epipaléolithiques nubiens (16 %, n = 32).

Au niveau antéro-inférieur de chacune des écailles, à environ 6mm de la suture sphéno-squameuse, se trouve une crête de 8 mm de longueur. Cette dernière est orientée parallèlement aux sutures. La crête du temporal droit forme presque un crochet antérieurement.

Figure 58 : angle de courbure de l’occipital (OCA) de NK 2 par

rapport à la médiane et aux centiles des valeurs de chacun

des groupes de comparaison.

En ce qui concerne ses dimensions, l’écaille de NK2 s’inscrit dans la variabilité actuelle avec une longueur relativement forte par rapport à sa hauteur (LE = 74,12 mm et HE = 45,8 mm).

Î Crêtes supra-mastoïdiennes

Les crêtes supra-mastoïdiennes gauche et droite sont visibles et très marquées. Elles débutent depuis la partie postérieure du bord supérieur du trou auditif externe et se prolongent jusqu’à la suture squameuse et le pariétal. La rencontre entre la suture et la crête semble se faire légèrement en avant de l’incisure pariétale à droite (cette zone est abîmée à gauche). Cette crête est souvent absente chez l’homme actuel et son prolongement sur le pariétal au-delà de l’incisure relève du caractère archaïque (Dutour, 1989 ; Elyaqtine, 1995).

Une crête supra-mastoïdienne est présente chez Singa et chez 62 % (n = 16) des individus de Jebel Sahaba et Wadi Halfa. Sa continuité sur le pariétal n’a été observée que dans un seul cas.

Î Processus zygomatique

La position du processus zygomatique par rapport au plan de Francfort est identique à celle observée chez les hommes actuels. Le plan passe par la partie moyenne du processus.

Les reliefs de la branche zygomatique du temporal sont assez forts. Le tubercule antérieur et le tubercule post-glénoïde sont très saillants. Leur projection peut être estimée par les mesures de hauteurs définies par Elyaqtine (1995). Les valeurs de NK2 sont comparées aux moyennes

actuelles et aux groupes des Homo sapiens archaïques et des hommes modernes du

Paléolithique supérieur d’Europe dans le graphique des écarts réduits ajustés de la Figure 59.

Les hauteurs du processus post-glénoïde (HPPG) et de la racine longitudinale (HRLZ) Figure 59 : valeurs centrées réduites ajustées des hauteurs du processus zygomatique du temporal de NK

2 par rapport aux groupes de comparaison. HTZA = hauteur du tubercule antérieur ; HPPG = hauteur du tubercule post-glénoïde ; HRLZ = hauteur de la racine longitudinale ; HMIN = hauteur minimale du

processus.

mesures). Le régression significative du tubercule post-glénoïde au cours de l’évolution

(illustrée ici par la différence entre les moyennes de hauteurs (HPPG) des Homo sapiens

archaïques et des Néandertaliens par rapport aux hommes modernes du Paléolithique supérieur d’Europe et aux hommes actuels) a été signalée par Buyle-Bodin (1982) et Elyaqtine (1995). Les dimensions de NK2 traduiraient donc une configuration plus archaïque.

Le processus zygomatique joue également un rôle important dans la résistance aux transmissions des forces masticatrices puisque ses tubercules et sa racine longitudinale servent d’insertion aux ligaments externes qui renforcent la capsule articulaire temporo-mandibulaire

(Williams et al., 1995). Le tubercule antérieur est aussi le lieu d’insertion du faisceau de fibres

profondes du muscle masséter (m. masseter). Le tubercule post-glénoïde, très proéminent chez

certains mammifères, descend sous le condyle mandibulaire et en prévient tout déplacement

vers l’arrière (Williams et al., 1995). L’importance du développement de ces structures chez NK

2 est sans doute une réponse à un système masticateur puissant.

Î Cavité glénoïde

Le tubercule articulaire qui limite antérieurement la cavité glénoïde possède une morphologie assez rare chez Nazlet Khater 2. Il se caractérise par une convexité antéro-postérieure sans concavité transverse ce qui lui donne une forme cylindrique (forme C de Elyaqtine, 1995). Cette morphologie est considérée par ce dernier comme dérivée. Elle n’apparaît dans la ligne humaine qu’à partir des hommes modernes du Paléolithique supérieur d’Europe. Elle est assez rare chez les hommes actuels (5 – 10 %) pour lesquels ce tubercule présente le plus souvent une concavité médio-latérale (Elyaqtine, 1995). Il n’est pas possible d’estimer le degré de participation du tubercule articulaire à la formation du processus ento-glénoïdien vu l’absence de l’épine du sphénoïde de part et d’autre du crâne.

Le processus post-glénoïde est très fortement développé comme on l’a vu plus haut. En vue inférieure, il a une forme arrondie et symétrique. Il existe une certaine asymétrie entre les deux cavités glénoïdes. La droite est un peu plus longue et large que la gauche (L (d) = 23,43 mm ; L (g) = 22 mm). La profondeur des cavités (7 mm) s’inscrit dans la variabilité actuelle (7,41 ± 1,22 mm; n = 133 ; Elyaqtine, 1995).

Partie pétreuse

Î Processus mastoïde

Les deux processus mastoïdes de Nazlet Kather 2 sont parfaitement conservés. Ils sont très volumineux. Leur surface latérale est fortement bombée et la crête mastoïdienne y est

niveau du pore acoustique externe, pour ensuite bifurquer postérieurement et rejoindre la ligne occipitale supérieure. En vue latérale, le grand axe des deux processus pointe vers le bas et vers l’avant.

Au niveau métrique, les processus mastoïdes de NK 2 se distinguent des moyennes actuelles. La largeur et la hauteur des processus se placent près de la limite supérieure à 95 % de la variabilité actuelle (n = 128). Pour ces deux mesures, NK 2 possède des dimensions proches de la moyenne du groupe des Epipaléolithiques du nord de l’Afrique (n = 65), comme l’illustre la

Figure 60 pour la hauteur du processus mastoïde.

Entre les crêtes mastoïdienne et supra-mastoïdienne, se trouve le sillon sus-mastoïdien. Dans le cas de NK 2, il est très bien marqué. Il se caractérise par une surface large, plane et lisse qui débute au niveau du bord postérieur du méat acoustique externe. Plus en arrière, à mi-distance entre le pore acoustique externe et la suture pariéto-mastoïdienne, la surface entre les deux crêtes devient bombée et forme un léger relief qui s’estompe juste avant la suture. Elyaqtine (1995) a défini 5 catégories pour caractériser la relation entre les deux crêtes et par conséquent la forme du sillon sus-mastoïde. Nazlet Khater présente une conformation de type 5 pour laquelle les deux crêtes aboutissent de part et d’autre de l’incisure pariétale et délimite un large sillon. Cette configuration est présente dans toute la lignée humaine et peut être considérée comme un caractère plésiomorphe (Rougier, 2003)

Figure 60 : hauteur du processus mastoïde (MDH) de

NK 2 (d, g) par rapport à la médiane et aux centiles des valeurs de chacun des groupes

de comparaison.

Î Rainure digastrique

La rainure digastrique de Nazlet Khater 2 est large (6,5 mm à son extrémité postérieure) et profonde (5 mm). Elle débute au niveau de la suture pétro-occipitale et longe la face médiale du processus mastoïde jusqu’à son extrémité antérieure. L’incisure droite est fermée antérieurement par un petit pont osseux reliant la face interne du processus mastoïde avec le bord inférieur du rocher tandis qu’à gauche, elle est continue jusqu’au foramen stylo-mastoïdien. Cette élévation du côté droit chez NK 2 n’a jamais été identifiée sur des hommes actuels, des hommes modernes du Paléolithique supérieur ou moyen (Elyaqtine, 1995). L’existence d’un pont osseux est avérée dans toute la lignée néandertalienne, mais également

chez certains Homo sapiens archaïques (Laetoli 18) ce qui amène Elyaqtine (1995) à la

considérer comme un caractère archaïque. Ce dernier a été décrit comme un trait dérivé néandertalien (Vallois, 1969 ; Vandermeerch, 1981), mais son statut est difficilement

interprétable vu sa présence chez certains Homo erectus asiatiques (Weidenreich, 1943).

Î Région occipito-mastoïdienne

L’éminence juxta-mastoïdienne sépare la rainure digastrique du sillon de l’artère occipitale et de la suture pétro-occipitale (Hublin, 1978). Elle est bien individualisée et exclusivement temporale chez Nazlet Khater 2. La suture occipito-mastoïdienne est visible seulement du côté droit (la zone est cassée et colmatée à gauche) et occupe bien une position médiale par rapport à cette éminence. Le processus mastoïde est très élevé par rapport à ce relief juxta-mastoïdien. Le sillon de l’artère est observable du côté droit. Il est peu marqué et passe à proximité de la suture. Il n’existe pas de foramen mastoïdien extra-sutural sur les deux temporaux. Leur présence au niveau de la suture pétro-occipitale est difficile à identifier. La zone est cassée et recollée à gauche comme à droite.

Processus styloïde

Le processus styloïde appartient à l’appareil hyoïdien (Williams et al., 1995). Il s’ossifie à

partir du cartilage du deuxième arc branchial qui se segmente en deux éléments unis par le ligament stylo-hyoïdien. La partie supérieure fusionne avec la région pétro-mastoïdienne au cours de la première année de vie, tandis que la portion inférieure se soude à la supérieure à l’âge adulte (Scheuer & Black, 2000). Selon Braga (1993), la réduction du processus styloïde à un nodule osseux situé dans la fossette styloïdienne peut donc correspondre à un état d’ossification incomplet de cette structure.

Dans le cas de Nazlet Khater 2, on distingue bien la base du processus droit. Ce dernier est

l’incisure mastoïdienne et le foramen stylo-mastoïdien. Cette position est très rare chez les hommes actuels (2 %, n = 140) et n’a jamais été observée par Elyaqtine (1995) sur les hommes

modernes du Paléolithique supérieur. Elle est en revanche commune parmi les Homo sapiens

archaïques, les membres de la lignée néandertalienne et les hommes modernes du Paléolithique moyen. L’épaisseur du processus à la base est de 2,5 mm chez NK 2, ce qui le place dans la partie inférieure de la variabilité actuelle comme la plupart des hommes fossiles (Elyaqtine, 1995). Le foramen stylo-mastoïdien droit est peu visible. La zone de ce dernier est recouverte d’une couche de consolidant.

Du côté gauche, il n’est pas possible d’identifier clairement la base du processus styloïde. Il semble qu’on soit en présence d’un nodule osseux témoignant d’une ossification incomplète du processus (Braga, ibidem).

Partie tympanique

Le trou auditif se situe en dessous du prolongement postérieur du processus zygomatique. La forme générale du bord latéral du tympanal,

délimitant le méat auditif externe, est elliptique à grand axe vers l’avant et sans incisure tympano-mastoïdienne, comme la majorité des hommes actuels. On observe une légère asymétrie dans la taille des deux méats. Le trou auditif gauche est plus long et large que le droit (les longueurs sont prises par rapport au grand axe de l’ellipse : L (g) = 13,7 mm ; L (d) = 11,8 mm). Postéro-supérieurement au bord latéral du méat acoustique gauche, se trouve une crête supra-méatique de forme légèrement triangulaire qui limite une dépression profonde tapissée de foramens de tailles diverses (Figure 61).

L’angle pétro-tympanique mesuré sur le temporal gauche vaut 160°, ce qui place cette région dans la catégorie coudée (154° – 162,9°) définie par Chamla (1956). Cette valeur est proche de la moyenne de 159° (n = 14) des hommes modernes du Paléolithique supérieur (Chamla, 1956).

Figure 61 : photographie du trou auditif gauche montrant la crête et la dépression

supra-méatiques.