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Le crâne de Nazlet Khater 2 et les labyrinthes osseux ont été scannés dans le plan axial avec une épaisseur de coupe de 0,3 mm et une taille de pixel de 0,1875 mm au moyen d’un scanner

médical General Electric (LightSpeed 16) à la Clinique St-Augustin de Bordeaux. Les deux

labyrinthes ont été mesurés et la moyenne des deux cotés est utilisée pour les analyses comparatives (Annexe I.2 ; Table III).

Les deux os pétreux sont en parfait état de conservation de même que les deux labyrinthes osseux bien qu’ils soient partiellement remplis de matrice. Les volumes ont été segmentés et reconstruits sur Amira 3.1 (Mercury Computer Systems Inc., 2003) par L. Bouchneb, doctorante au LAPP, Université de Bordeaux 1.

Dimensions absolues

Le labyrinthe gauche de Nazlet Khater 2 est représenté en vue latérale et supérieure dans la figure ci-dessous (Figure 66).

A B

Les valeurs absolues des rayons de courbure des trois canaux semi-circulaires (CSC) et de la cochlée sont reprises dans la Figure 67 et comparées aux moyennes des différents groupes de comparaison.

Le rayon de courbure du canal semi-circulaire antérieur (ASC-R) de NK 2 n’est pas significativement différent de la moyenne des hommes actuels, bien que sa valeur se place dans la partie supérieure de cette variabilité. La valeur de NK 2 est plus proche de la moyenne des hommes modernes du Paléolithique supérieur et moyen. Elle est significativement différente de

Figure 66 : reconstruction du labyrinthe gauche de NK 2 en vue latérale (A) et en vue supérieure (B).

Figure 67 : valeurs centrées réduites ajustées des rayons de courbure des canaux semi-circulaires (CSC) et de la cochlée de NK2 par rapport aux groupes de comparaison. ASC-R = rayon de courbure

du CSC antérieur, PSC-R = rayon de courbure du CSC postérieur ; LSC-R = rayon de courbure du CSC latéral ; CO-R = rayon de courbure de la cochlée.

la variabilité néandertalienne. Parmi les deux mesures rentrant dans le calcul de ce rayon de courbure, la largeur du CSC antérieur (ASCw) est impressionnante. Elle sort de la variabilité de chacun des groupes de comparaison, à l’exception de celui des hommes modernes du Paléolithique moyen. C’est ce qui explique la position de NK 2, en marge de la variabilité des différents groupes, pour ASC-R dans la Figure 67.

En ce qui concerne les rayons de courbures des canaux semi-circulaires postérieur et latéral (PSC-R et LSC-R), Nazlet Khater 2 s’inscrit totalement dans la variabilité actuelle tout en restant plus proche des moyennes des hommes modernes du Paléolithique supérieur.

Les dimensions de la cochlée de NK 2 sont très proches de la moyenne des hommes actuels.

Il existe une corrélation forte entre la taille du rayon de courbure des canaux semi-circulaires et la masse corporelle pour la plupart des mammifères (Spoor & Zonneveld, 1998). L’estimation de la masse corporelle de NK 2 est de 55,5 kg (cf. paragraphe III.2.2) de sorte que la taille importante du rayon de courbure du CSC antérieur n’est pas directement liée aux proportions corporelles de Nazlet Khater 2.

Dimensions relatives

Spoor et al. (2003) ont mis en évidence une différence entre les proportions relatives des

CSC des Néandertaliens et celui des hommes modernes actuels. Les proportions relatives des canaux semi-circulaires de NK 2

(ASC-%R, PSC-%R, LSC-%R) ont été comparées aux schémas moyens actuel et néandertalien (Figure 68).

Le travail que nous avons mené (Crevecoeur & Bouchneb, 2005) sur un échantillon plus large confirme les résultats de cette étude. En effet, chez les hommes actuels on observe des proportions relatives plus importantes des canaux verticaux (antérieur et postérieur) par rapport au canal latéral, tandis que chez les Néandertaliens, la tendance est

Figure 68 : représentation graphique des proportions des CSC antérieur, postérieur et latéral de NK 2 par rapport aux

schémas actuel et néandertalien.

inversée avec un canal latéral proportionnellement plus grand par rapport aux canaux verticaux (Figure 68).

Les proportions relatives des CSC de NK 2 se distinguent à la fois du schéma néandertalien avec un canal antérieur très important par rapport aux deux autres, mais également du schéma de proportion actuel avec un canal postérieur relativement plus petit comparé au canal antérieur. Nazlet Khater 2 montre par rapport aux hommes actuels une tendance à l’élargissement des canaux semi-circulaires antérieur et latéral, et à la diminution du CSC postérieur. Ce modèle,

exhibé par NK 2, rejoint celui décrit par Spoor et al. (2003) pour les hommes modernes du

Paléolithique supérieur.

Morphologie

Un trait marquant de la morphologie du labyrinthe de Nazlet Khater 2 est la position haute de son canal postérieur par rapport au plan du canal latéral. NK 2 se situe ainsi dans la moitié supérieure de la variabilité actuelle pour son indice SLI (Figure 69). Cet indice est très significativement différent de ce que l’on observe chez les Néandertaliens, pour qui, au

contraire, le canal postérieur est positionné inférieurement (Spoor et al., 2003).

Cette position du CSC postérieur de NK 2, en marge de la variabilité actuelle, a déjà été mise

en évidence par Spoor et al. (ibidem) chez les hommes modernes du Paléolithique supérieur

d’Europe. NK 2 partage donc ce trait particulier avec les individus de ce groupe. Nous tenterons d’aller plus loin dans l’interprétation de ces résultats grâce aux analyses multivariées réalisées dans le Chapitre IV.

Chez les grands singes et les hominidés, la taille et la position du canal semi-circulaire

postérieur sont corrélées. Plus le canal postérieur est large, plus sa position est basse (Hublin et

al., 1996). Les hommes modernes du Paléolithique moyen et supérieur de notre étude présentent

des dimensions quasi similaires pour ce canal. Or, pour ces derniers, le canal postérieur est en position plus haute que ses dimensions ne le laisseraient, théoriquement, supposer par rapport à ce qui est observé chez les hommes modernes du Paléolithique moyen.

L’inclinaison de la ligne ampullaire et de la surface pétreuse postérieure de NK 2 est plus grande que la moyenne actuelle tout en s’inscrivant dans sa variabilité (Figure 69).

Figure 69 : labyrinthe droit de NK 2 représentant la position du canal postérieur par rapport au canal latéral et l’inclinaison

de la ligne ampullaire.