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Analyses discriminantes et probabilités a posteriori

Les fonctions discriminantes ont fréquemment été utilisées en anthropologie, notamment dans le cadre de la diagnose sexuelle pour différencier des groupes prédéfinis (Novotny, 1975 ;

Schulter-Ellis et al., 1983 & 1985 ; Bruzek, 1991), ou dans un but taxinomique pour un individu

particulier (Stefan & Trinkaus, 1998).

Nous avons donc couplé certaines analyses en composantes principales sur les restes de NK 2 avec une analyse discriminante (AD). Cette méthode permet de calculer une fonction qui différencie au mieux les groupes prédéfinis. Elle donne ensuite la probabilité associée à la

distance de Malahanobis pour évaluer la probabilité a posteriori de NK 2 d’appartenir à chacun

de ces groupes de l’échantillon de comparaison. L’AD est calculée par le logiciel Statistica v.6 (Statsoft France, 2002) selon la méthode pas-à-pas pour déterminer les variables qui discriminent le mieux les différents groupes. L’homogénéité des groupes préconçus est ensuite testée au moyen des validations croisées dans le logiciel SPSS Inc. (2003). Par cette technique, chaque individu d’un groupe est retiré de l’analyse et classé suivant la fonction discriminante issue de tous les autres individus de ce groupe. Au final, plus le pourcentage de classification correcte est proche de celui du modèle de départ, plus les groupes prédéfinis sont homogènes, et les variables utilisées discriminantes.

III.2. LES RESTES HUMAINS DE NAZLET KHATER TOMBE 2

III.2.1INVENTAIRE ET ETAT DE CONSERVATION

La Figure 26 représente l’état de conservation du squelette de Nazlet Khater 2 dans son ensemble. La description de l’état de conservation des restes est détaillée ci-dessous pour toutes les parties squelettiques.

III.2.1.1 Le squelette crânien

Lors de la découverte des restes (Chapitre II), le crâne était décalotté et affleurait dans la

coupe d’un puits creusé durant la campagne de 1978 du BMEPP. Le lendemain de la

découverte, il était tombé de la coupe, laissant apparaître la mandibule in situ. La calotte crânienne a été retrouvée dans le fond du puits (Van Peer, comm. pers). A la fin de la mission, les ossements de NK 2 ont été emportés en Belgique et conservés au laboratoire de Préhistoire

de la KULeuven. Hilde Marichal a pris soin de consolider les os en utilisant « Archeoderm »

(Vermeersch, 2002c). Les restes ont ensuite été confiés pour étude à Christine Charlier. Suite à leur rencontre au sein de l’équipe scientifique de la mission archéologique de l’île de Saï (Soudan), Philip Van Peer et Bruno Maureille ont convenu en 2002 que ce matériel exceptionnel devait faire l’objet d’une étude descriptive dans le cadre d’une thèse en cotutelle.

Le squelette m’a donc été confié par ces derniers en septembre 2002 pour étude. Le crâne a subi plusieurs altérations depuis sa description par Thoma (1984). Un petit fragment de frontal droit a disparu et la face a été cassée au niveau du processus frontal du maxillaire droit. Les collages du processus frontal du maxillaire gauche ainsi que celui de la suture fronto-zygomatique ont bougé. L’ouverture nasale s’en trouve déformée et le processus alvéolaire occupe une position plus orthognathe que celle décrite par Thoma (1984). La mandibule et le maxillaire ne sont dès lors plus en occlusion correcte (Figure 27). Il n’est cependant pas envisageable de rectifier et reconstruire correctement la face, en dehors d’une reconstruction

La calotte crânienne retrouvée dans le fond du puits possède une couleur et un aspect différents du reste du crâne. L’os est blanchi et les tables internes et externes ont été partiellement érodées. Cet état de conservation s’explique par un phénomène de météorisation (Boulestin, 1998) suite à son exposition prolongée à l’air libre.

La description morphologique des différents os du neurocrâne et de la face est abordée dans le Paragraphe III.2.3.1 de ce chapitre. Nous n’allons donc pas détailler l’état de conservation de tous ces ossements à l’exception des deux plus fragmentaires, le frontal et le pariétal. Les planches photographiques de chaque face du crâne sont données en Annexe II (Planches 1 à 6).

Seule la moitié gauche du frontal est partiellement préservée. L’écaille gauche est conservée à deux endroits, au niveau du bregma avec une partie de la suture coronale gauche et au niveau du ptérion. Les bosses frontales ne sont pas visibles. La région sus-orbitaire droite est absente, tandis que la gauche est altérée. La surface osseuse est érodée et fortement fracturée au niveau du bord supra-orbital, ce qui ne permet pas de caractériser les structures de cette région. La glabelle est également abîmée. Enfin la paroi de l’orbite gauche est cassée.

Le pariétal droit est représenté par deux fragments : un fragment carré de 68 mm sur 63,5 mm situé sur les 2/3 postérieurs de la suture sagittale, et un fragment rectangulaire au niveau de l’astérion. Le pariétal gauche est beaucoup plus complet. Il est composé de deux grands fragments. Le premier est visible sur la Figure 27 et se compose de la moitié inférieure de l’os

Figure 27 : photographie de la face latérale gauche du crâne de NK 2 en 1980 et en 2002 illustrant le problème de reconstruction du maxillaire suite aux altérations subies par la face (photographie

« 1980 », P. Vermeersch).

la calotte retrouvée séparément du crâne. Ce fragment triangulaire remonte sur le premier au niveau de la suture coronale sur 3 cm et se prolonge sagittalement du bregma jusqu’au lambda. La partie postéro-inférieure de ce fragment est cassée.

L’os hyoïde de NK 2 est en bon état de conservation. La moitié distale de sa grande corne droite est absente de même que la petite corne gauche depuis sa base (Annexe II ; Planche 11).

La mandibule est en très bon état de conservation et presque complète (Annexe II ; Planches 7 à 9). Elle est composée de plusieurs fragments importants qui ont été recollés sans qu’aucune déformation ne soit engendrée. Les deux condyles s’articulent parfaitement avec les cavités glénoïdes des temporaux. Les seules parties manquantes sont la face antéro-latérale du processus coronoïde droit et un petit fragment de 12 mm sur 4,5 mm du bord inférieur gauche du corps, juste avant le gonion. Le bord alvéolaire des incisives et des canines est légèrement endommagé. Les racines des incisives droites et des deux canines sont visibles sur une grande partie du corps. Le rebord alvéolaire entourant les deuxième et troisième molaires droites est recouvert de plastiline. C’est à cet endroit que les deux fragments d’émail ont été prélevés pour

une tentative de datation par ESR réalisée par R. Grün (Vermeersch, comm. pers).

III.2.1.2 Le squelette infra-crânien