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1. Histoire des écrivains novateurs

1.11. Taqî Rafat 2

Taqî Rafat (1889-1920) poète, dramaturge iranien et rédacteur en chef des deux journaux Tajaddod (La Modernité) et Azâdestân. Il est considéré comme « le premier théoricien et le précurseur de la poésie nouvelle »3 en Iran. Il fait partie des poètes qui ont fondamentalement participé à l’avancement de la poésie moderne en Iran. Rafat ne néglige pas d’analyser et de défendre la modernisation de la poésie persane. Il effectue ses études secondaires à Istanbul où il apprend le turc et le français. Il enseigne la langue et la littérature françaises et compose des poèmes en persan aussi bien qu’en français et en turc. Il tente des innovations dans la poésie tout en échappant aux bases et aux formes classiques de la poésie persane telle que Ghazal ou Ghassideh. Cela soulève des vives réactions dans son milieu. Quoiqu’il soit considéré d’après certains critiques comme le premier poète novateur en Iran, il est sans aucun doute le premier théoricien de la poésie moderne. Il veut rénover la critique littéraire et publie des poèmes modernes sous le pseudonyme latin de « Femina ». Malheureusement, les traces de ces poèmes français et turcs ont disparu. Ses poèmes persans, ses traductions et ses articles critiques, tous publiés dans des revues, ne sont pas encore recueillis. À la suite de l’assassinat de son ami proche Mohammad Khyabâni, le chef du parti démocratique à Tabriz, Rafat se réfugie à Anzâb. Il met fin à ses jours alors qu’il n’a que 31 ans (ou on l’a tué ?). À l’image de ses poèmes disparus, sa tombe reste aussi inconnue. En tant que fervent partisan de la littérature moderne, Rafat exprime avec audace ses idées sur la littérature dans son journal Tajadod :

Notre ancienne littérature s’est éloignée de ses sources d’origine. Accumulée dans un vaste domaine, elle s’est arrêtée immobile dans un grand lit. Un barrage, disons, conservateur a enfermé les vagues accumulées de la littérature dans ce vaste bassin.

Quand nous disons que nous avons à charge afin de pousser des mouvements, cela veut

1 Personne ne pense à moi ou personne ne partage mon chagrin. Ce vers est interprétable en persan, mais j’ai préféré traduire le même terme que le poète.

2 On écrit aussi sous une autre orthographe Taghî Rafat.

3Langaroudi Shams, Târikh-e Tahlili-ye cher-e no (Histoire analytique de la poésie nouvelle), op. cit., p. 49.

80 Saeideh Shakoori

dire que notre objectif est de faire une brèche dans la fondation de ce barrage solide de la continuité et de l’inertie.1

Pour la réalisation de cet objectif, Rafat compose un poème différent aussi bien dans son contenu que dans sa forme par rapport aux poèmes anciens en abandonnant les rimes des normes classiques et également les vers réguliers en longueur. Cette innovation occasionne des attaques de la part de partisans fanatiques de la littérature traditionnelle. Cependant, Rafat ne recule pas, il ne cesse de répondre en écrivant des articles critiques sur la littérature autant que sur les événements socio-politiques. Il invite ses collègues journalistes à briser leur silence et à refléter correctement les problèmes de la société. Il encourage le modernisme dans tous les sens pour l’Iran et la culture iranienne. Sa vie politique et combattante présente aussi son esprit ouvert à la vie politique. Les débats littéraires avec les autres personnalités illustres de son époque comme Bahâr, manifestent la vision moderniste de Rafat. Ce poète novateur enseigne aussi à l’école et réussit à fonder de ce fait son style particulier Maktab-e Rafat (L’École de Rafat)2 il prend une place indéniable dans l’apparition des poètes et des écrivains qui lui succèdent. Rafat dans son fameux manifeste accueille une innovation littéraire :

Chers frères ! Nous sommes dans les moments les plus difficiles d’une révolution littéraire.[...] Nous voulons remplacer une situation ancienne et en même temps, dominante par une situation nouvelle.[...] Il est évident que la modernité dans la pensée et dans le sens exige la modernité littéraire.3

Dans une situation qui ne supporte les nouvelles idées que si elles confirment la continuité de la littérature classique, il répond avec une logique devant laquelle la majorité de ses opposants s’incline :

Le bruit du canon et des fusillades font éveiller dans nos corps des émotions que la langue rythmée, modérée, solide et ancienne de Saadi et de ses contemporains ne peut révéler.

Nous avons les besoins que Saadi n’avait pas.[...] Si un élève adorateur de son maître pense que les pensées de Saadi furent les meilleures par rapport à son temps et son environnement, nous accepterons. Mais quand il veut dire que ces pensées peuvent nous sauver, nous nierons.4

La vie écourtée de ce jeune poète et son engagement politique l’ont empêché de présenter un bilan complet de ses idées novatrices et de prendre un titre plus glorieux que théoricien de la poésie nouvelle. Il est évidemment un anti traditionaliste qui participa à la modernisation de la poésie persane. Il est important dans l’histoire littéraire du pays du fait que grâce à lui, la

1 Ibid., p. 51. (Voir aussi Rafat Taqî, in Tajadod (La Modernité), Numéro 168.

2 Ibid., p. 32.

3 De Sabâ à Nîmâ, op. cit., Tome 2. p. 463.

4 Ibid.

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Les résonnances rimbaldiennes dans la poésie objective et élémentaire de Nîmâ Youchîdj 83

enfermée par l’ennemi ou toi-même si je dis la vérité O lion, c’est que le renard peureux t’a humilié de tous les côtés, tu es sous les épées de tyrannie Combien de temps dormiras-tu encore ? Ouvre les yeux

Lève-toi et montre ton courage de lion

dans cette bataille tu prends la vie ou tu donnes la tienne.