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1. Histoire des écrivains novateurs

1.1. Mirza Sadegh Khan Farahanî

Connu sous le titre honorifique : Adib-ol Mamâlek (littérateur des pays) (1860-1916) fut poète, journaliste, rédacteur et juge. Surnommé initialement Parvaneh c’est-à-dire pavillon et ensuite Amir o choara c’est-à-dire Émir des poètes. Il composait au début de sa carrière, des poèmes pour son ami Amir Nezâm Garoussi1. Il voyagea plusieurs fois dans sa vie et connut les cultures et langues étrangères dont l’arabe, le turc et le français. Dans son Divân, on lit les mots français comme « faculté, université, rapport et commissariat ». Il a composé même des hémistiches en français. Hormis ses publications sur la prosodie et la littérature, il écrivit des

1 Ministre, diplomate et calligraphe érudit à l’ère Qajar (1822-1899). En 1854, il fut ambassadeur de la part de Nassereddin Shah à Paris pour la supervision de 42 étudiants iraniens. À côté de sa mission qui a duré 7 ans, il visitait les usines, les hôpitaux et les écoles en Europe. Ces activités lui ont apporté plusieurs légions d’honneur dont « Saint Maurice » et « Saint Lazare » d’Italie, « Aigle blanc » d’Allemagne, « Légion d’honneur » de France

« Dan berc » de Danemark et Léopold de Belgique.

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articles scientifiques de géographie, d’astronomie ainsi que ses récits de voyages. Il dirigea également quelques quotidiens comme Adab, Iran Soltani et la partie persane d’un journal turc intitulé Erchad ainsi que le journal Madjlès et Éragh Adjam. Ayant vécu aussi la période précédente de Machrouteh, il devint constitutionnaliste et réformiste et ses poèmes décrivirent la situation sociale et politique de son époque. Dans ses poèmes, il manie aussi bien l’humour que l’ironie tout en utilisant une figure rhétorique redondante la métonymie. « Du point de vue de la forme, il appartient au style Bâzgacht, alors que du point de vue du contenu et du thème, il a été classé parmi les poètes de Machrouteh. »1. Ainsi, ce poète précurseur et audacieux exprime de nouveaux thèmes dans la poésie de Machrouteh. Il encourage le peuple, par sa poésie, à combattre pour la liberté de la patrie et accéder à ses droits socio-politiques.

Son Divân transmet son art dans la création des diverses formes de la poésie traditionnelle, mais ses Ghassidehs restent plus connus et populaires. La poésie de ce poète fait partie de la poésie de réveil et de combat contre le despotisme du pouvoir. Elle comprend non seulement des poèmes sérieux et engagés mais des poèmes satiriques publiés surtout dans les journaux en réaction contre le pouvoir. Une particularité de la poésie d’Adib renvoie à l’utilisation des vocabulaires populaires et des mots étrangers pour attirer l’attention du peuple. Cela peut en revanche, dégrader son art mais en même temps donner une couleur originale à sa poésie.

« Quoi que des mots étrangers dans la poésie solide d’Adib, réduisent plus ou moins la gloire de sa poésie, ils sont importants du fait qu’ils sont empreints du début de la rencontre des cultures orientale et occidentale. »2

En résumé, Adib composa des poèmes toute sa vie : dans la première partie, ses poèmes sont consacrés à l’éloge de la cour et dans la deuxième partie, c’est-à-dire après Machrouteh, ils expriment l’éloge de la patrie, le chantre des réformes sociales, ainsi que les valeurs humanistes, la critique de la tyrannie et l’invasion de l’Iran par des pays étrangers comme l’Angleterre et l’URSS. Après l’échec de Machrouteh, déçu par ses collègues, il compose des poèmes cruciaux et mordants. De plus, ce poète religieux traite ses croyances dans ses poèmes et en profite pour enthousiasmer le peuple iranien dans la défense de leurs valeurs patriotiques. Étant adhérent à la franc-maçonnerie depuis 1907, ayant appris la langue française, combattu lors du soulèvement armé et journaliste professionnel, ce poète pourtant très religieux apparaît progressiste voire moderniste.

1 Ariyânpour Yahyâ, Az Sabâ tâ Nîmâ, Téhéran, Zavâr, 1372 (1993), p. 139.

2 Keyvani Majdeddin, Nojouî dar Achâr-e Adib-ol Mamâlek Farahanî (Le Modernisme dans les poèmes d’Adib-ol Mamâlek Farahanî), in Magasine Tarbiat Moallem, Téhéran, 1373 (1994), numéro 45, p. 22.

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les écrivains et les poètes dont Bahâr, Aref, Jamalzadeh et Nafissi pour les efforts culturels et politiques qu’il a consacrés à la culture et l’épanouissement de l’Iran. « Il est le poète national le plus connu et le plus populaire de l’époque de révolution (constitutionnaliste) [...] »1 Achraf publiait ses poèmes patriotiques soit élégiaques soit humoristiques dans son journal. Il joue ainsi un rôle important dans la configuration de la poésie populaire. Il possède un esprit délicat et une compétence pour éclairer le peuple à travers l’ironie où se glissent ses intentions politiques. Remarquons qu’il a été inspiré par la littérature classique et notamment la poésie de Saadi et d’Hâfez auquel il a emprunté deux Ghazals. Dans sa poésie humoristique, il s’est également inspiré de Zakani, le poète satirique persan du XIVe siècle. Dans sa poésie, il a employé non seulement des mots folkloriques courants des régions d’Iran, mais aussi des expressions et des mots arabes, anglais, russes, indiens et français comme : « Mademoiselle », voire des mots représentants la vie moderne comme le « cinématographe » dans ses poèmes.

Des noms de plats différents, de boissons, de confiseries et de fruits se trouvent avec abondance dans la poésie d’Achraf. En effet, la répétition des mots ou des vers fait partie de sa poésie, grâce à cette caractéristique, le peuple pouvait citer et mémoriser agréablement ses poèmes comme ce fut le cas. À tout cela s’ajoute la fréquence des proverbes et des expressions de même que des interjections et des onomatopées comme : Cocorico, le chant qui sera utilisé par Nîmâ dans ses vers célèbres. Quant au contenu, ses poèmes satiriques Fokahiyât contestent le régime monarchique dictatorial, les superstitions du peuple et les inégalités économiques et sociales, en particulier les problèmes culturels et socio-politiques de son époque, la détresse et la frustration des classes démunies de la société. Il est l’un des poètes intéressés par le thème de la patrie et de l’élégie pour les martyrs qui ont voué leur âme à la liberté de leur pays. La poésie de Nassim-e Chomâl reflète des événements de son époque dont la Première Guerre Mondiale, l’invasion des Étrangers en Iran, l’avènement du Reza Khan, le meurtre de Mirzadeh Echghî, le poète contemporain de Guilânî. Le féminisme dans la poésie d’Achraf en tant que mollah, prend une forme particulière : il n’exprime pas comme certains poètes de Machrouteh, son opposition au voile des femmes. En revanche, il traite de la nécessité de l’éducation pour celles-ci. La poésie de Guilânî est un miroir complet de la société : toutes les classes sociales et tous les métiers y sont représentés. Avocat, médecin, ouvrier, voyant, mollah interprètent leur rôle à travers des vers qui les ont rassemblés comme les acteurs d’une grande pièce de théâtre. Cependant la présence permanente des hommes et des femmes qui souffrent de la pauvreté, de l’injustice et des frustrations sociales lui assure

1 Ibid.

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les proverbes et les maximes folkloriques qui constituent la matière de certains de ses poèmes devenus ainsi compréhensibles, même pour le peuple illettré. Sa poésie ne se résume pas à des ballades, il compose des Ghazals et des poèmes humoristiques. Même si sa poésie n’offre pas une nouvelle forme pour la poésie persane, elle coule du cœur d’un ménestrel mélancolique.

C’est la raison pour laquelle ses poèmes sont comme des danseurs qui s’accordent à la musique intérieure du poème lui-même. Une musique qui s’enracine à l’intérieur agité du poète exalté. De ce fait, on peut s’apercevoir, une fois qu’on lit l’un de ses poèmes, que sous l’influence des flammes du poète, la forme est très rythmique et consonante.

Aref compte beaucoup dans notre littérature car il a relié la poésie et la musique persane d’une manière inattendue dans notre histoire. Ce lien est un tournant qui attire et enthousiasme de plus en plus le peuple. De ce fait, il a réussi à éclairer celui-ci et à dénoncer la cour et en particulier le Shah. En effet, la musique qui constitue une partie considérable de la prosodie dans la poésie persane prend une importance particulière avec Aref. Car il chante lui-même ses poèmes dans une parfaite maîtrise musicale et prosodique favorisant ainsi la culture et l’initiation du peuple à la poésie. Aref est un exemple des poètes intuitionnistes qui s’inspirent de tout univers et de tous les événements de la société. Cela veut dire que les poètes étaient perceptibles aux gens, en particulier, aux misérables de la société : « Aref ne fut jamais un penseur profond. Il fut un poète qui savait comment combiner son inspiration avec les éléments spontanés de la révolution ainsi qu’avec les belles chansons et les hymnes populaires. »1

En effet, Aref est considéré comme un poète mélancolique dans le sens vrai du terme où l’intensité de ses sentiments transparaît dans les poèmes élégiaques destinés aux martyrs de la patrie. Cependant, ils sont socio-politiques avec un fond élégiaque. Les mots comme : sang, pleur, larme constituent les thèmes de ces poèmes. Le lyrisme chez lui est aussi un lyrisme politique. Néanmoins, ses poèmes sont si fluides et éloquents qu’ils soumettent le lecteur. Ils coulent comme un fleuve chantant les vagues de consonances, assonances et allitérations. Le choix des mots chez lui semble précis et rythmique. Les mots nous paraissent toujours nouveaux et savoureux. Lisons ensemble quelques vers de l’un de ses poèmes très connus et populaires qui se murmurent après cent ans, encore aujourd’hui chez les Iraniens. Dans celui-ci, Aref a bien utilisé le symbole national de la tulipe symbole des martyrs de la patrie et a donné un rythme épique pour que ses vers soient provocateurs :

1 Bozorg Alavi, Târikh va tahavolat-e Adabiyate moasser-e Iran (L’Histoire et les évolutions de la littérature contemporaine d’Iran), Berlin, Barg, 1964, pp. 36-44.

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Les résonnances rimbaldiennes dans la poésie objective et élémentaire de Nîmâ Youchîdj 55

Malheur à moi ! Si de chagrin je répands de la terre sur ma tête la terre de la patrie s’anéantit que faire de cette terre ?!1

Oh ! la patrie n’est pas un chapeau qui si on l’enlève de ma tête, je vais en chercher un autre

Un homme loyal est celui qui met ce chapeau je suis déloyal, si je passe un instant sans ce chapeau

Je ne suis pas celui qui abandonne toute la gestion du pays au destin licencieux

Si tu ne renverses pas la terre de l’ennemi le ciel ! Je te renverserai

J’ai quelque part un souhait, si je le réalise je passerai sur le cadavre de l’armée de l’ennemi

Tu fais le mal autant que tu veux moi aussi, si je deviens fort, tu subiras le pire

Je ne suis pas celui qui meurt naturellement je ne gaspille pas ce bol de sang dans le lit

O l’amour d’Echghî ! O la patrie ! O le berceau de l’amour pur O celui dont le matin et le soir je cite l’amour.2

La mort tragique de ce poète bouleversa Téhéran, tous assistèrent à ses grandes funérailles.

Les personnalités comme Bahâr racontèrent ce jour de deuil pour le peuple qui fut en noir : Le lendemain à Téhéran, tous étaient venus : les hommes de plumes, les étudiants, les commerçants. [...] Les gens du quartier ont enlevé le cadavre de ce jeune poète tandis que sa chemise sanglante fut déposée sur le cercueil. Les femmes et les hommes de Téhéran le pleuraient. Les marchés fermèrent. 3

En général, Echghî a vécu dans l’isolement et la mélancolie. De ce fait, il exprime plusieurs fois dans sa poésie son angoisse intérieure en réclamant la mort :

1 Il y a un terme pour « que faire » en persan qui contient le mot terre. Ainsi, en persan, le poète a répété quatre fois le mot terre ou ses dérivés.

2 Le nom du poète c’est-à-dire Echghî est un dérivé du mot « amour ». Le poète a utilisé quatre fois le mot

« amour » ou ses dérivés. Il a joué ainsi avec son propre nom. Cela a donné une consonance et un sens aussi à ces vers.

3 Bahâr, cité par Sepanlou Mohammad Ali, Chahar Chaer-e Azadi (Quatre poètes de liberté), Téhéran, Negah,1369 (1990), p. 208.

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58 Saeideh Shakoori

partielle libératrice de la forme et de la prosodie classiques. Il est remarquable qu’il ait composé ce poème lors de son séjour à Istanbul, sans doute sous l’influence des poètes novateurs turcs qui furent eux-mêmes, influencés par la poésie moderne européenne. Ce poème, même en apparence, déroge à certaines règles de la poésie traditionnelle et les vers ressemblent plus aux vers de la poésie nouvelle car ils sont asymétriques. « Se Tablo-ye Maryam » (« Trois Tableaux de Maryam ») relève l’art narratif du poète à raconter un récit poétique dans une forme inattendue Mossamat1. À propos de cette Ghassideh, Echghî exprime cela :

J’ai commencé à représenter mes pensées d’une façon nouvelle et j’ai pensé par ce fait que je ferai la révolution de la littérature persane. Lisez attentivement mon « Se Tablo Idéâl » (« Trois Tableaux de Maryam ») et si vous y trouvez des défauts, veuillez me pardonner, car je ne suis qu’au début de ma carrière. J’espère que les futurs poètes compléteront cette manière de création.2

Echghî est apprécié dans l’histoire de la poésie persane, au-delà de sa poésie novatrice, de son journal qui présente pour la première fois Afsâneh (La Légende), comme celui qui admirait Nîmâ. De surcroît, les courriers que Nîmâ lui adressait révèlent sa confiance en lui et les liens d’amitié qui les unissaient. Tout cela a provoqué une série d’échanges d’idées sur la poésie persane. Ces courriers sont historiques et servent de références reconnues exprimant les idées de Nîmâ sur la poésie. Il reste à signaler que la poésie de Mirzâdeh Echghî en tant que premier poète martyr de Machrouteh a provoqué et provoque encore aujourd’hui, un débat controversé entre les critiques. Certains dont Nîmâ lui-même, pensent que son « Idéâl » (« L’Idéal ») est inspiré d’Afsâneh (La Légende) de Nîmâ (puisqu’il en avait publié certains passages dans son journal). Certains autres déclarent que comme Echghî avait déjà parcouru le chemin de la modernisation dans ses vers précédents (même si son « Idéâl » (« L’Idéal ») manifeste de plus en plus sa modernité), l’idée qu’il ait été influencé par Nîmâ ne paraît pas logique. Il semble évident que Nîmâ fait l’éloge de ce poète qui avait à peu près le même âge que lui. Il en parle quelque temps après la mort d’Echghî dans une lettre adressée à son cousin Meftâh :

دششش ثعاششب .مدرششک یم تحیصن شراکفا زا ار وا اهراب هک نیا دوجو اب .تفرگ لزنم یکیرات و درس ی همخد رد و دش شوماخ نم قیفر .منامب اهنت اهلاس نم

3

Mon ami s’est éteint et loge dans un endroit froid et sombre malgré mes conseils sur ses idées subversives. Je me sens seul car son absence me pèse.

1 Forme de la poésie classique composée de plusieurs strophes dont chacune se chante avec son propre rythme et sa propre rime mais les derniers vers de chaque strophe se riment ensemble.

2 Youssefi Gholam Hossein, Cheshme-ye-Roshain (La Fontaine illuminée), Téhéran, Elmi,1358 (1979), p. 373.

3 Youchîdj Sheragîm, Nameha-ye Nîmâ (Les Lettres de Nîmâ), Téhéran, Negah, 1376 (1997), p. 263.

Les résonnances rimbaldiennes dans la poésie objective et élémentaire de Nîmâ Youchîdj 59 Il s’adresse à Echghî dans une lettre :

.تشاد دوجو وت رد طارفا دح هب یهارمگ دادعتسا .مرادن ریصقت نم یناد یم وت یلو .ما هدرک هارمگ مه ار یقشع تفگ دنهاوخ