Synthèse de l’eau rimbaldienne
2.4. Le Rêve de l’eau dans « Ghou » (« Le Cygne »)
La présence du cygne dans la poésie de Nîmâ, à l’instar de la poésie rimbaldienne, n’est pas considérable, néanmoins il y a un poème intitulé « Ghou » (« Le Cygne ») dans lequel, Nîmâ montre son attention à cet oiseau marin. Si l’on prétend que c’est la première fois dans la poésie persane qu’un poète utilise significativement cet oiseau dans un poème, ce n’est pas faux. Pour cette revendication on apporte la déclaration de Mir Jalil Akrami à cet égard :
Dans la littérature traditionnelle persane, le cygne n’a pas de place, voire dans les dictionnaires classiques depuis Fors jusqu’à Borhan-e Ghate’ l’on ne rencontre pas le nom de cet oiseau. [...] Cela montre que le cygne n’est pas appliqué dans la littérature persane. C’est par le biais de l’initiation à la littérature occidentale que des nouveaux thèmes de cet oiseau s’introduisent dans la littérature persane. Nîmâ Youchîdj dans une atmosphère tout à fait romantique compose (le 10 avril 1926) le poème « Ghou » (« Le Cygne ») et Hamidi Chirazi (16 avril 1954) « Marg-e Ghou » (« La Mort du Cygne »).1
Si l’on considère le poème de Nîmâ comme le commencement de la nouvelle présence poétique à l’occidentale du cygne dans la poésie persane, il faudra nommer sûrement l’influence éventuellement forte de quelques poèmes sur ce cygne. « Le Cygne » de Sully Prudhomme2 et « The wild swans at Coole » de William Butler Yeats3 sont les deux poèmes cités par M.J. Akrami. À tous les deux s’ajoute « Le Cygne » de Baudelaire. Malgré les caractéristiques communes de tous ces cygnes, celui de Nîmâ ressemble davantage au « grand cygne rêveur » de Rimbaud. Ils sont tous les deux au sein de la nature. Si le cygne de Rimbaud se trouve « entre le laurier-rose et le lotus jaseur », celui de Nîmâ est près de la tubéreuse et de la rosée matinale. En effet, dans une association merveilleuse de la mer et du soleil, le cygne de Nîmâ manifeste sa coquetterie. Après une longue et minutieuse description de la situation de la nature le poète introduit son personnage animal sur la scène marine. Le jeu du soleil et de la mer est représenté dès la première strophe par « une cuirasse d’or. » Cela
1 Akrami Mir Jalil, Dehghani Massoud, Naghd-o barrasi-ye tasir-e cher-e gharbi dar cher-e marg-e ghou-ye Hamidi Chirazi (Analyse de l’influence de la poésie occidentale sur (« La Mort du Cygne ») de Hamidi Chirazi), in Zaban va Adab-e Farsi (Magasine La langue et la littérature persane), 1393(2014), p. 27. Ou consulter → http://www.ensani.ir/storage/Files/20150628143256-9534-36.pdf
2 René Armand François Prudhomme, poète-écrivain français (1839-1907), premier lauréat du prix Nobel de littérature en 1901.
3 Poète- dramaturge irlandais (1865-1939), lauréat du prix Nobel de littérature en 1923.
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188 Saeideh Shakoori
Comme un bouquet de fleurs, seul, près des hymnes de l’eau,
au sein des mousses il est plus beau que des herbes.
Il secoue ses pattes
peut-être pour chasser la fatigue.
Il déploie ses ailes blanches pour s’envoler vers la plaine.
Pour s’envoler vers l’autre côté de la mer dans l’atmosphère assimilée à l’aurore
pour quitter notre monde impudent pour franchir les ténèbres d’un survol
pour se loger dans un nid sombre
il n’aurait que son imaginaire comme compagnie
sur l’horizon, une ligne lumineuse et mince pareille à un cheveu pour voir l’univers qui mérite un cygne :
Une tache de nuage qui reste en lointain des vagues qui rugissent
personne ne sait quelles figures en surgissent.
Cependant l’oiseau des îles violettes insouciant et solitaire
son cœur est libéré de toute inquiétude il rêve de la mer.
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192 Saeideh Shakoori
Mâkh-Oulâ, longue rivière va sans visée rougit à tout instant bondit de pierre en pierre
comme un évadé
(qui ne cherche pas un chemin plat) dévale la pente
grimpe en amont
accompagne en désordre la nuit sombre telle une folle comme une autre folle.
En effet, le désarroi de la rivière qui coule secrètement, sans objectif, errante et s’accentue par la domination de la nuit. La rivière et la nuit comme deux folles se croisent, alors que la divergence folle de chacune alourdit l’atmosphère dissonante. Dans ce poème par la description de la rivière locale de sa patrie natale, Nîmâ dépeint sa propre situation. « Je ressemble à une rivière ». La vie du poète est métamorphosée dans une rivière égarée. Les tumultes de sa longue vie ressemblent aux agitations de cette rivière qui n’a aucun compagnon que la nuit sombre et folle. L’histoire est une allégorie de la vie de Nîmâ qui se trouvait seul et isolé dans sa vie poétique. Son destin est d’« aller » sur le chemin de la poésie, malgré le but flou et lointain qui l’attend. Comme un évadé de la prison, il n’est pas à la recherche des chemins simples, au contraire, il n’hésite pas à les parcourir pour trouver sa route. Le poète découvre partout, n’ayant pas de peur ni de honte pour explorer les obstacles qui ralentissent son parcours. La nuit symbolise les souffrances accrochées à sa vie poétique.