• Aucun résultat trouvé

Complexe de l’eau dans « Comédie de la soif »

CHAPITRE I : Fusion des Éléments Fondamentaux dans la poésie de Rimbaud

1. L’Eau dans la poésie rimbaldienne

1.3. Complexe de l’eau dans « Comédie de la soif »

« Comédie de la soif » est un poème noyé dans un univers liquide. Nous affrontons tout au long de ce poème la question de la soif. Il n’y a aucune strophe qui ne représente un terme concernant le liquide. Le manque de boissons ou le besoin de les trouver se mélange avec celui du courage chez le poète. Il semble que le poème est liquéfié et se mêle aux vagues des boissons présentées. « Vins, l’eau, le cidre, le lait, le thé, le café,... » tous représentent allégoriquement la soif altérée du poète. Ils reflètent peu ou prou quelques aspects de cette soif infinie. En effet, la « Comédie de la soif » met en scène l’un des complexes ontologiques de la poésie rimbaldienne : « la soif ». Celle-ci manifeste à la fois un cogito de Rimbaud : « j’ai soif, donc je suis ». Le titre suggère que la soif constitue une comédie, alors que le corps du texte présente davantage une tragédie théâtralisée en cinq actes. Il semble que Rimbaud en jouant avec le mot, paraphrase et applique une antiphrase pour railler la situation pénible à laquelle il est confronté pour s’apaiser. En effet, l’exubérance de la soif prend une figure comique. En outre, Rimbaud ayant tendance à présenter au lecteur la forme plus théâtrale qu’il a choisie pour son poème, réalise comme une pièce de théâtre, des personnages, des mises en scènes, des dialogues et des monologues. Le poète en tant que narrateur omniprésent, raconte toute sa tragédie. De ce fait, le lecteur durant un long trajet de cinq étapes s’implique dans l’envie enflammée du poète et s’identifie avec lui. Ainsi, la soif intérieure du poète se généralise. Elle devient décentrée et couvre un univers plus large. Le poète lui, se trouve errant entre un monde extérieur qui lui offre à boire et celui de ses désirs intérieurs. C’est une des raisons pour laquelle, le poète établit son poème comme un dialogue entre les personnages qui échangent entre eux des rôles et à la suite comme celui entre lui et lui-même. Dès la première strophe dont le titre déjà remémore la racine « Les Parents », nous constatons l’ancienneté et l’envahissement de ce complexe qui s’exprime et se met en évidence, en redondance et en majuscules « Nous sommes tes Grands-Parents / Les Grands ! »

Les résonnances rimbaldiennes dans la poésie objective et élémentaire de Nîmâ Youchîdj 169 (127). Leur silhouette s’aperçoit surtout en première partie comme le prologue du poème. En d’autres termes, s’il fallait ajouter une introduction à ce poème ayant une conclusion en numéro cinq, ce serait en premier numéro, Les Parents. Ils apparaissent non seulement comme des racines mais surtout comme la source des désirs congénitaux. Ils parlent d’une fierté « Nos vins secs avaient du cœur ! » et réclament à l’instar d’une vérité cosmologique

« boire » comme un devoir humain et une nécessité essentielle. « Que faut-il à l’homme ? Boire. » fait allusion à l’aspect symbolique de l’eau comme l’essence vitale qui s’engage à vivifier l’univers et les êtres. À ce symbolisme, s’ajoute le décor allégorique et spectaculaire grâce auquel, la soif devient mythique. « Couverts des froides sueurs / De la lune et des verdures », « L’eau [...] au fond des osiers / [...] le courant du fossé / Autour du château mouillé. / Descendons en nos celliers » (Ibid). Les adverbes de lieu et les prépositions « au fond de, autour de, en, après, dans, où, pour, près de » enrichissent la mise en scène théâtrale et les indications concernant la substance de l’eau et son lien avec le poète assoiffé et qui nous fait approcher de cette matière en formes disparates : claire, fade, morne. En d’autres termes, toutes les particules du poème crient la soif et essaient d’aboutir à l’eau. En effet, le poète à l’instar d’un dramaturge précise tous les éléments du décor. Ce dernier indique non seulement les endroits où se trouvent les boissons proposées par la famille, mais aussi celles vers lesquelles le poète pourrait se diriger en choisissant son chemin opposé. Il explique d’ailleurs, les caractéristiques naturelles ou acquises des liquides. Ceux-ci appliquent ou n’appliquent pas pour quoi faire ? : « Le thé, le Café, si rares / Frémissent dans les bouilloires », « Non, plus ces boissons pures / Ces fleurs d’eau pour verres ». De plus, la fréquence des impératifs en particulier vois ainsi que des infinitifs accentuent la conceptualisation du décor qui se tourne autour de la thématique de la soif. Il faut voir et aller chercher pour expérimenter et apercevoir la situation où on est et où il faut/veut aller. « Vois les images, les fleurs. », « Aller où boivent les vaches. ». Remarquons que les interlocuteurs dont le poète, sont tous en train d’indiquer un lieu. Ils donnent tous une destination qui se métamorphose en termes et lieux divers. « Comédie de la soif » en elle-même consiste en la thématique de l’espace. Même en conclusion, « Mais fondre où fond ce nuage […] », métaphore la source de la pluie et « [...] en ces violettes humides » (p. 130), indique le passage de l’eau stagnante. « Comédie de la Soif » apparaît être un poème riche en indices. Il veut indiquer une vérité cachée, une part, un besoin camouflé, un trésor à trouver. Un poème qui essaie de donner une adresse. Les interrogations semblent être les réflexions de Rimbaud pour mettre en question son objectif de l’existence.

« Que faut-il à l’homme ? », où faut-il aller ? Où faut-il s’en aller ? De ce fait, « Comédie de la soif » est la poésie existentielle de Rimbaud.

170 Saeideh Shakoori

La réponse concise du poète envers le discours farfelu de ses ancêtres ridiculisant l’ambiance de ce dialogue évoque l’invalidité des superstitions qui se prennent pour des traditions crédibles aussi bien que l’ardeur romantique d’un jeune homme patient contre la rigidité stupide et ancestrale. Si l’on considère « boire », le dernier mot énoncé par les parents, comme un des grands besoins de l’homme qui lui permet de continuer à vivre, la réponse expansive du poète manifeste son adversité en choisissant de « mourir aux fleuves barbares ».

« L’eau », l’essence de vie peut devenir à la fois la cause et le contexte de la mort. Au fond, c’est le poète lui-même qui choisit non seulement des « fleuves barbares » au détriment des

« vins secs » des Grands-Parents, mais préfère « aller où boivent les vaches » à la difficulté de boire « l’eau au fond des osiers ». En effet, le poème reste perplexe entre la crédibilité du désir de « boire » et la désobéissance du poète. Ce dernier préfère-t-il ne pas entendre les conseils de sa famille ? Comment choisit-il de mourir ? Et pourquoi au sein de l’eau ? Est-il las ou paresseux de vivre ou de chercher à répondre à son besoin vital ? N’est-ce pas en s’inondant d’« eau » que le poète se désaltère ? Peut-être que le désir infini de boire lui apparaît tellement ardent qu’il ne voit son salut que dans la mort ? Cette expression de la mort en eau, dramatise davantage le désir de « boire », étant donné que l’eau la source d’apaisement du poète le fait mourir violemment. La comédie se métamorphose ainsi en tragédie. Et la vie en mort. Dès le premier acte, le poète veut manifester sa colère débordée envers un désir intérieur. Dans ce sens, Plessen explique les deux termes « Désir de boire » en « désir d’être bu ». Le poète choisit d’exhiber son désir intérieur plus que d’exaucer son désir premier. Il veut faire entendre à tout le monde son désir et l’universalise. « Il faudra bien comprendre que « Désir de boire » représente le projet d’intérioriser le monde, et « Désir d’être bu » le projet de se jeter dans le monde, c’est-à-dire de faire exister l’extériorité par le mouvement aussi bien que de s’y perdre. »1 Le poète en refusant de rassasier sa soif, refuse une quantité infime de boisson, préfère, a priori étant aventurier, « être bu » exigeant des « fleuves » de l’abondance.

S’oppose-t-il de cette manière à ses liens familiaux ? Ou bien veut-il s’orienter vers un besoin naturel longtemps frustré ? Ensuite, les Grands-Parents lui prodiguent des indices sur ces breuvages étranges : « L’eau est au fond des osiers [...] après, le cidre et le lait. » La réplique

« aller où boivent les vaches », remonte-t-elle à une vie primitive ? Veut-il mettre en relief la nature substantielle de l’eau ? Décomplexer la quête désaltérante ?

De nouveau, les Grands-Parents, en syncrétisant leur supériorité, gentillesse ou simplement devoir parental lui offrent des diverses boissons prêtes et parfois rares, en les

1 Plessen Jacques, Promenade et Poésie. L’expérience de la marche et du mouvement dans l’œuvre de R.

Mouton & Cie, 1967., p. 78.

Les résonnances rimbaldiennes dans la poésie objective et élémentaire de Nîmâ Youchîdj 171 mettant rigoureusement et concrétisant en scène, à l’instar d’un dramaturge « Nous sommes tes Grands-Parents ; / Tiens, prends / Les liqueurs dans nos armoires ; / Le thé, le Café, si rares, / Frémissent dans les bouilloires. » (p.128). Les boissons chaudes frémissent s’offrent à boire évoquent la vivacité de la vie contre la mort évoquée à la suite « Nous rentrons du cimetière ». L’espace est antithétique. La vie s’approche de la mort en décor aussi bien qu’en conversation. À l’appel varié et appétissant de la famille, la réplique du poète est décourageante : « Ah ! Tarir toutes les urnes ! » (Ibid). D’après Plessen, le choix de se détruire chez Rimbaud est une sorte de fuite en liberté. En effet, il préfère la liberté contre se résigner aux normes préétablies, sauf que cette liberté est difficilement accessible.

À cette intimité suspecte il peut échapper par une fuite au dehors : « mourir aux fleuves barbares » et « aller où boivent les vaches », fuite désespérée pourtant, car il sent que cette liberté se paye par la mort (on peut même souhaiter cette auto-destruction comme seule forme de protestation possible : « tarir toutes les urnes ! » est […] une forme de masochisme chez un être assoiffé d’un bonheur liquide).1

Par ailleurs, le poète prend le processus de suspension et réagit à l’improviste, comme dans la poésie même. Il crée un espace de suspension en mettant en doute ses interlocuteurs, ses Grands-Parents et ses lecteurs ainsi que la soif en elle-même. La communication entre lui et Autrui est différée. Dans la deuxième partie L’Esprit, la soif est mise en valeur en lui communiant les attributs mythologiques. Le poète crie « l’eau » et commande, en prenant le relais de ses ancêtres, « Eternelles Ondines / Divisez l’eau fine / Vénus, sœur de l’azur, / Emeus le flot pur. » (Ibid). Le désir de « l’eau » s’agrandit et le poète ne demande pas une petite quantité à boire. Il généralise et universalise son désir. « Dites-moi la neige », l’eau est demandée en forme et en quantité dite imprévue, raconte l’histoire d’une soif extraordinaire

« c’est ma soif si folle ». Rien ne peut lui suffire à se désaltérer. Il recourt à des formules miraculeuses de sésames en nous suggérant la situation d’un assoiffé seul en sein du désert qui s’approche du mirage et demande à tout de devenir « l’eau ». « Dites-moi la mer ». La mer est aussi folle que sa soif. Il semble que c’est la soif poétique qui se métamorphose en neige et en mer. En réalité, la soif prend une profondeur mythique qui va au-delà du corps du poète.

« Hydre intime sans gueules / Qui mine et désole » (Ibid). De fait, ne sont-ils pas les imaginaires assoiffés du poète qui se reflètent comme un mirage, en un cauchemar épuisant et infini ? Les Amis ensuite prennent le rôle de ces Grands-Parents en lui proposant une série de boissons peu ou prou alcoolisées « Vins, Bitter sauvage, l’Absinthe » qui lui fournissent le paradis artificiel. Cette fois aussi le poète opiniâtre refuse systématiquement l’invitation

1 Ibid., p. 80.

172 Saeideh Shakoori

désaltérante et « l’ivresse » qui la suit. « Le refus de l’ivresse dans Les Amis et de ses paysages est un refus de la fausse vision. L’ivresse donne une exaltation sans valeur [...] »1 Il cherche pour ainsi dire une valeur. La mort devient précieuse. Et le poète énonce prophétiquement sa préférence : « J’aime autant, mieux, même, / Pourrir dans l’étang » (p. 129). Il fait encore une autre comédie en négligeant sa soif. Malgré « ces boissons pures », jusque-là personne ne lui propose de l’eau pure. N’est-elle pas accessible ? « l’eau est au fond des osiers ». Il prétend préférer pourrir. Encore pire que mourir ? Cette automutilation paraît être obsessionnelle.

D’une part, Rimbaud veut se targuer d’être « voyant ». En effet, en réagissant comme un omniscient, il n’intervient pas dans la communication d’une manière convenable. D’autre part, il semble qu’il soit devenu totalement désespéré, soit de faire confiance en Autrui soit en lui-même, comme un malade n’ayant aucune croyance en sa guérison, il ne prend pas de médicament. Au contraire ce rebelle va se détruire. Ce poème rappelle le silence imprévu et définitif qu’il a gardé au sein de sa carrière poétique, d’autant plus que dans le quatrième acte est la scène monologue du poète sans Autrui. Le Pauvre Songe évoque le voyage solitaire de Rimbaud durant toute sa vie en gardant une lueur d’espoir, capital pour continuer péniblement une vie seule et dans la plupart du temps en dehors de sa patrie. L’avenir n’apparaît pas certain. « Peut-être, un, quelque » racontent l’incertitude qui attend le poète : « Peut-être un Soir m’attend / Où je boirai tranquille / En quelque vieille Ville, » Rimbaud montre une autre fois sa passion pour les villes. Même si l’hésitation entre ces résidences reste une interrogation permanente « Choisirai-je le Nord / Ou le Pays des Vignes ? » (p. 129). Son âme rebelle ne peut pas pour ainsi dire résider dans le calme car l’espoir (psychologiquement cristallisé en vert) ne paraît pas assez riche « Jamais l’auberge verte / Ne peut bien m’être ouverte. » (Ibid). Il se sent dans une impasse spirituelle. Même l’auberge symbolisant une résidence provisoire ne peut l’accueillir. Le poète qui prenait la fuite jusque-là, avoue une soif envahissante. « La Conclusion est le chant de son désir : il n’est pas le seul à avoir soif dans la création. »2 « [tous les animaux] ont soif aussi / Mais fondre où fond ce nuage sans guide » ne porte pas bonheur ni à lui ni à Autrui. Il va « expirer en ces violettes humides ». La soif se généralise encore une fois et le poète sympathise avec les animaux. On peut penser que les animaux seuls accompagnent le poète comme l’affirme Giusto :

« Si l’homme semble bien n’être pas son frère dans le désir, les animaux, eux, vivent une passion semblable à celle du poète. La bête consent, elle, à la vie, la bête est en accord avec la

1 Giusto Jean-Pierre, Rimbaud Créateur, op. cit., p. 181.

2 Ibid., p. 182.

Les résonnances rimbaldiennes dans la poésie objective et élémentaire de Nîmâ Youchîdj 173 nature sauvage, violente, enivrante. »1 Cependant on peut prendre les animaux comme le spécimen du cosmos, car la famille et les Amis interviennent dans le poème et Autrui est en effet un élément indissociable de la philosophie rimbaldienne. En outre, la soif symbolise le désir délimité du poète. Ce symbole le lie avec les autres autant qu’il l’en sépare. « Le symbole de la soif a permis au poète d’interroger son désir dans la rupture qu’il introduit avec les autres, dans toute la force de son exigence, c’est-à-dire dans le souhait d’anéantissement de l’individu qu’il porte en lui. »2

La conclusion est bien mélancolique sans tenir compte de la sympathie du poète en envisageant la soif des autres. Il s’agit d’une expérience poétique soulageant pour l’angoisse et le pessimisme du poète. En effet, celui-ci ne pense plus qu’à lui mais sa réflexion privée couvre désormais une société. Le poème se termine en un point d’interrogation révélant l’errance et la perplexité du poète qui met en question même ses désirs fondamentaux. Il voyage sans jamais s’apaiser et ce voyage devient sa fatalité. À propos de cette conclusion qui peut être considérée comme une approche poétique de Rimbaud, J. Plessen déclare :

La conclusion est amère : voyager, se promener n’est pas boire, comme le poète l’a cru un instant, pas plus que l’ivresse (ou la voyance) ne nous donne les paysages essentiels. La synthèse de l’intériorité et de l’extériorité (synthèse symbolisée par l’auberge) est impossible, et il ne reste au voyageur qu’à marcher indéfiniment dans le désert, miné et désolé par sa soif, hanté par le mirage d’un anéantissement dans la fraîcheur d’un sous-bois.3

« Comédie de la soif » est la poésie du mirage, bien que ce poème soit pavé de liquides disparates « chaudes, froides, alcoolisées, non alcoolisées, naturelles, artificielles » et que l’eau reste fade et le poète assoiffé. Certes, il n’est pas seul dans cette angoisse, mais il assume seul sa souffrance infinie. C’est la raison pour laquelle, les dialogues entre lui, les Grands-Parents, « les mythes » et les amis aboutissent à des monologues. En effet, il semble que les dialogues relèvent de son imaginaire poétique et que cette fois encore, il voit son apaisement dans la mort. Pour lui, ce n’est pas la question être « au soleil sans imposture » et que les « vins secs avaient du cœur », il ne parvient pas à trouver la source désaltérante. Il a beaucoup de choix, il y a des « verdures, osiers, fleurs, plages, monts, bois, vignes » mais le paysage ne lui donne pas satisfaction. « Comédie de la soif » pour ainsi dire est la poésie de la soif existentielle de Rimbaud, la poésie de « négation », « abstention », dire « non » aux racines parentales, aux amis, aux mythes, à la religion et à son propre soi. Une philosophie de

1 Ibid.

2 Ibid.

3 Plessen Jacques, Promenade et poésie, op. cit., p. 81.

174 Saeideh Shakoori

bagne et d’austérité, une forme de rébellion telle que la vie privée et artistique de Rimbaud nous la présente, comme un désert qui ne répond plus à la pluie. Il reste éternellement assoiffé. « Comédie de la soif » est ainsi la poésie de tarir les voix et la vie sociale. Tarir le moindre espoir à la vie, car la soif longue et forte s’approche irréversiblement de la mort plus que de la vie. Dans le chapitre « La Communication lyrique » Cohen prend en exemple la

« Comédie de la soif » pour expliquer la notion de Tarir et la chanson de boire :

La volonté de fermer la bouche est aussi celle de ne plus entendre, de tarir les sons, la voix (« tarir toutes les urnes »). Le poème est fondé sur la réverbération au sens de l’engendrement des éléments, des causes et des effets qui se réfléchissent : l’évocation des différents personnages du poème (les instances auxquelles le moi se réfère), puis des sources et des formules qui sont rejetées, l’évocation de l’envie de chanter qui correspond à l’envie de boire (la soif, « filleule de chansonnier »)1

Quant au rôle de la nature. Elle n’apparaît pas un refuge certain. Certes, elle ne saurait pas éteindre la soif du poète, au contraire elle devient le lieu de sa mort solitaire « pourrir dans l’étang ». Cependant, la sensation tactile que le poète souhaite expérimenter en plongeant et en se décomposant dans la profondeur d’un étang pour les derniers moments de sa vie est considérable. Il ne trouve aucun moyen ni aucun lieu plus apte que la nature. En effet, si le

Quant au rôle de la nature. Elle n’apparaît pas un refuge certain. Certes, elle ne saurait pas éteindre la soif du poète, au contraire elle devient le lieu de sa mort solitaire « pourrir dans l’étang ». Cependant, la sensation tactile que le poète souhaite expérimenter en plongeant et en se décomposant dans la profondeur d’un étang pour les derniers moments de sa vie est considérable. Il ne trouve aucun moyen ni aucun lieu plus apte que la nature. En effet, si le