• Aucun résultat trouvé

de taille moyenne

2.3.4. Un système agraire qui garde des caractéristiques similaires malgré l’évolution marquée de la taille des structures

Le système agraire des Monts du Lyonnais présente entre 1970 et 2006 d’étonnantes similarités dans sa configuration marquée par la prédominance de l’élevage laitier, et l’importance d’une structure d’exploitations agricoles à deux ateliers. La prédominance de l’élevage laitier s’affirme progressivement à partir de 1950, et 87% des exploitations agricoles ont des vaches laitières en 1979 (Source : RGA). À partir des années 80 et la mise en place des quotas, nous assistons à un mouvement de spécialisation des exploitations laitières dans un système très encadré par la politique agricole. En 2000, on dénombre 905 exploitations laitières, soit 70% des exploitations agricoles à l’échelle des trois cantons. Des systèmes d’exploitations à deux ateliers : un atelier d’élevage extensif et un atelier de

cultures ayant une valeur ajoutée élevée à l’hectare (pomme de terre, maraîchage, cultures

industrielles_ tabac, petits fruits), ou d’élevage intensifs (avicoles, porcins). Nous identifions plusieurs effets de substitution en fonction des opportunités de marché : pomme de terre de consommation-maraîchage (1950-60)/développement des petits fruits (1960-90)/développement du tabac et des cultures industrielles (1970-1980)/ maraîchage (2000-…). Il s’agit donc d’un mouvement caractérisé par un changement des marchés dans lesquels sont insérées les exploitations.

Sur cette période toutefois, la taille moyenne des exploitations agricoles passe de 12,6ha à 30ha. Le maintien d’une telle structure agraire concentrée autour de petites et moyennes exploitations, se fait aussi en s’appuyant sur une dynamique d’agrandissement par récupération des surfaces d’exploitations ayant arrêté l’activité agricole.

650

Sources : Chambre d'agriculture du Rhône, Chambre d'agriculture de la Loire, SIMOLY et Région Rhône-Alpes, Diagnostic agricole sur le territoire des Monts du Lyonnais, Rapport cité , Comité régional pour l'aménagement et l'expansion économique de la région Rhône-Alpes, Propositions d'aménagement de l'espace rural des Monts du Lyonnais, Rapport cité

651 Notons donc que dans le diagnostic agricole des Monts du Lyonnais dont sont issues les données ci-dessus, les exploitations laitières sont légèrement surreprésentées au vu des données du RGA.

1970 2006 Lait spécialisé 64% 51% Lait + transformation 6% Lait + cultures 16% 10%

Lait + atelier hors sol 10% 10%

Lait +VA 10% 4% VA (+ atelier) 9% Ovins diversifiées, caprins + transfo. 1,5% Autres productions animales 3,5% Productions végétales 3% Valorisation patrimoniale 3%

Tableau 6. Évolution des OTEX sur le territoire

1970-2006650 Nous identifions ici la dominante laitière qui représente 90% des exploitations agricoles dans les années 70 et 84% en 2006. Ce tableau illustre aussi l’ensemble des combinaisons d’ateliers identifiables dans les MDL651.

181

Figure 12.Dynamique du système agraire : trajectoires croisées des exploitations agricoles (Source : P.Vandenbroucke d’après

données croisées652)

Cette schématisation simplifiée de la dynamique du système agraire permet de mettre en évidence une continuité forte des structures d’exploitation. Plusieurs mouvements sont à noter à partir des données statistiques complémentaires : 1/ Resserrement de la part des exploitations laitière à partir de la mise en place des quotas (87% en 79 à 70% en 2000), au profil principalement du développement de l’élevage allaitant (notamment dans les systèmes 2 deux ateliers, mais aussi dans des systèmes spécialisés VA). 2/ Le mouvement de spécialisation laitière touche environ 50% des exploitations. 3/émergence et consolidation de systèmes spécialisés en productions intensives/vente directe (ex : maraîchage) depuis 2000, avec le développement des circuits courts.

652 Diagramme construit à partir des trajectoires des exploitations étudiées, des entretiens historiques et du croisement avec d’autres analyses dont R. VALETTE, Le rôle des Hommes dans le développement des régions. L'exemple des Monts du Lyonnais. , Thèse citée

Exploitations patronales diversifiées de 15-40ha (1 valet et 1 bonne) : veaux gras, agneaux, beurre, fromages, volailles, œufs

Avant 1955

Exploitations familiales 8-15ha : VL, lapins, volailles, œufs, pomme de terre, beurre

Pluriatifs < 8 ha (ouvriers agricoles dans les exploitations patronales, artisans)

Lait spécialisé 25-35VL ; 15-50ha (+ volailles, petits fruits)

1,5-2 UTH

Lait 12-20VL + 1 ou 2 ateliers complémentaires (porcs 10-15 truies, volailles, fruits rouges 1-2ha, pomme de terre, cultures de plein champ, transfo beurre)

10-20 ha ; 2-4 UTH

Lait spécialisé 20-60ha 1 à 2 UTH

1990

VA, Caprins ou Ovin + ateliers complémentaires (transformation, maraîchage) 15-25ha

1,5 à 2 UTH

Lait + atelier complémentaire (transfo fromage, porcs, fruits rouges, maraichage) 25-60ha ; 2 à 4 UTH

Lait spécialisé 30-100ha 1 à 2 UTH (3/4 en GAEC)

VA ou Ovin + cultures intensives ou élevages hors sols

Lait + fruits rouges 20-30ha ; 2 UTH

Ovins, caprins ou VA + ateliers de transformation + atelier de maraîchage

15-40ha ; 1,5-3 UTH

Exploitation spécialisée en vaches allaitantes 30-60ha

Lait + atelier complémentaire (transfo fromage, porcs, fruits rouges, maraîchage, caprins) 40-60ha, 3-4 UTH

Exploitations spécialisée en fruits, maraichage, porc charcutier, agneau à la découpe) 3-40ha)

183

Conclusion du chapitre 3

Cet aperçu des configurations géographiques et des dynamiques démographiques nous permet de caractériser les Monts du Lyonnais comme un espace de moyenne montagne relativement homogène dans ses caractéristiques physiques et dans les formes d’occupation de l’espace. La dominance des espaces agricoles (SAU=72% de la surface totale) est lisible dans le paysage marqué par le morcellement du parcellaire. Du fait de la pente et de la faible profondeur des sols, toutes les surfaces ne sont pas mécanisables, et il existe une différenciation importante des pratiques selon les types d’espaces (zones humides de fond de vallée, prés pentus, terrains labourables). L’habitat est dispersé, caractérisé par la présence de bourgs et de fermes isolées qui constituent encore le siège des exploitations agricoles avec dans ce cas une agrégation de nombreux bâtiments autour du bâtiment historique de la ferme en U.

Les Monts du Lyonnais sont traversés par plusieurs axes Est-Ouest (le long des vallées) qui ont facilité l’insertion précoce du territoire dans une dynamique d’échanges économiques et commerciaux. Cet espace s’organise dans des relations marchandes, démographiques fortes avec les deux agglomérations voisines de Lyon et Saint-Etienne. Néanmoins, cet espace montagneux est aujourd’hui davantage « contourné » par les différents axes autoroutiers et les distances temps aux agglomérations restent élevées. Cela contribue au maintien du caractère rural, du point de vue des dynamiques démographiques. Ainsi, en dépit de l’importante dynamique migratoire dans le courant du XXème siècle (renouvellement d’un quart de la population), les MDL restent un espace d’interconnaissance. La récurrence d’un nombre restreint de noms de famille, notamment parmi les agriculteurs, caractérise un relatif maintien de la population. La dialectique proximité et distance par rapport à la ville constitue par ailleurs un élément central de l’insertion des activités économiques des Monts du Lyonnais dans le système marchand.

L’activité économique des MDL est marquée dès le XIVème siècle par la présence d’un artisanat (draperie) puis à partir du XIXème siècle d’une petite industrie (chapellerie, clouterie, exploitation des mines et carrières). Ces emplois industriels restent une composante importante de l’activité économique locale (26%), notamment dans le canton de Saint-Laurent-de-Chamousset. L’activité agricole constitue également une dimension centrale de l’économie locale (12%). La dynamique professionnelle s’organise autour de l’élevage à partir de la fin du XIXème siècle (syndicats, mutuelles). Jusque 1950, les produits sont transformés dans de petites industries et filières locales (fromageries, charcuteries), ou commercialisés sur le marché urbain via des détaillants et transformateurs (coquetiers, bouchers Lyonnais et Stéphanois). L’économie agricole se construit ainsi dans des rapports étroits avec les centres urbains et industriels voisins. À partir de 1950, la production laitière devient prédominante dans une réorganisation forte du système de commercialisation traversée par le développement de la coopération. La production laitière a concerné jusque 87% des exploitations agricoles (1979), et concerne en 2000, encore 70% des exploitations agricoles. Les

184

exploitations laitières peuvent être spécialisées ou avoir un second atelier de cultures à haute valeur ajoutée par hectare (maraîchage, petits fruits) ou d’élevage intensif (ovin, porcins). Ce second atelier joue un rôle central de production de capital, de flexibilité et d’adaptation au marché.

Nous distinguons la consolidation progressive, à partir du XIXème siècle, d’une petite et moyenne paysannerie propriétaire. Par comparaison aux zones voisines, il y a peu d’investissements étrangers dans l’agriculture, les disparités entre exploitations restent faibles et se resserrent par démantèlement des grands domaines et réduction du nombre de très petites exploitations suite au départ des journaliers. Cette concentration de la structure agraire autour d’exploitations agricoles petites et moyennes demeure un fait majeur jusqu’en 2000. La consolidation de ces petites et moyennes exploitations agricoles a été confortée par un processus d’agrandissement depuis 1950 par la reprise du foncier libéré par les agriculteurs ayant arrêté leur activité. Il y a donc eu une forme d’égalitarisme dans la croissance des exploitations agricoles. Cette histoire de la répartition du capital, des rapports de force entre individus constitue un élément essentiel pour comprendre les dynamiques sociales et les règles que se donnent les institutions locales : sentiment d’appartenance à un collectif, capacité de l’organisation professionnelle locale à faire exister un « nous » significatif et qui dépasse les tensions politiques, principes égalitaires et force relative d’une régulation collective sur le foncier (rôle du collectif dans les arbitrages installation/agrandissement).

185

Chapitre 4

L’hybridation entre le projet d’un territoire

Outline

Documents relatifs