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Les Monts du Lyonnais, un espace rural à proximité de l’urbain

1. Une région de moyenne montagne proche de deux grandes agglomérations

1.1. Situation géographique et délimitation du périmètre

d’étude

Les MDL constituent la partie Sud d’un ensemble montagneux qui s’étend au Nord vers les Monts de Tarare puis les Monts du Beaujolais. Le périmètre d’étude des Monts du Lyonnais, que nous désignons par la suite par le sigle MDL, a été construit en référence d’abord à l’espace intercommunal identifié comme « Monts du Lyonnais », c'est-à-dire le périmètre du Syndicat Intercommunal des Monts du Lyonnais (SIMOLY).

Situés à environ 40km des deux agglomérations de Lyon et St-Etienne, les MDL sont bordés à l’Est par la deuxième couronne périurbaine de Lyon, les Coteaux du Lyonnais, et au Sud-Ouest par l’espace périurbain stéphanois. C’est un ensemble territorial dont l’identité est affirmée et reconnue en interne et en externe. Les 3 cantons des MDL couvrent un ensemble de 41781ha et compte 34 communes. Avec une population de l’ordre de 37254 habitants, la densité de population reste de 94 habitants/km² (INSEE, 2007). Ils constituent un espace d’interconnaissances et de migrations internes, qui présente une certaine homogénéité en termes de système agraire.

Le territoire des MDL se situe à cheval entre les deux départements du Rhône et de la Loire. Les analyses statistiques ont été conduites à cette échelle des trois cantons, puis nous nous concentrons dans l’analyse du jeu d’acteurs sur la partie Rhône des MDL, c'est-à-dire les deux cantons de St-Symphorien-sur-Coise et St-Laurent-de-Chamousset567. En effet, le département constitue encore une échelle importante de structuration de l’organisation professionnelle agricole, avec des logiques politiques sensiblement différentes dans le Rhône et dans la Loire.

567 Nous nous référons à l’unité territoriale du canton comme unité de référence. Celle-ci a en effet du sens dans les MDL. Elle correspond à des bassins de vie identifiés, c’est désormais l’échelle d’organisation des intercommunalités de gestion.

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1.2. Contrefort du massif central aux sommets arrondis

Avec des altitudes comprises entre 400 et 900 mètres, les MDL sont un espace de moyenne montagne. Contrefort oriental du Massif Central, ils constituent un plateau ondulé par les plissements hercyniens orientés Sud-Ouest/Nord-Est. Le soulèvement des Alpes est à l’origine d’une inclinaison vers l’Ouest du relief, avec des altitudes moyennes allant de 800 à 500 mètres d’Est en Ouest, et avec un régime de pentes de moins en moins fortes. Le flan oriental des Monts (versant « Lyonnais ») est particulièrement abrupt.

Deux vallées encaissées par l’érosion traversent les MDL : la vallée de la Coise (affluent de la

Loire) et la vallée de la Brévenne (affluent du Rhône). Elles sont séparées par une chaine centrale culminant à 906 mètres d’altitude (Aveize, Duerne, Montromant). L’hydrographie marque ici fortement le paysage, les distances. Elle contribue ainsi à organiser l’espace vécu. En effet, c’est le long de ces vallées que se situent les principaux axes de circulation (la D311 et la D389). C’est à l’échelle de ces bassins versants que s’organisent et s’organisaient les bassins de vie : découpage cantonal autour des deux bourgs centres de Saint-Symphorien-sur-Coise et Saint-Laurent-de-Chamousset568, découpage actuel des intercommunalités sur ces mêmes périmètres. De plus, chacune de ces rivières est irriguée par un ensemble de ruisseaux (exemple : la Gimond, la Malardière, l’Orzon) autour desquels se met en place le système d’irrigation et de drainage des parcelles des agriculteurs.

Le sous-sol est composé de roches dures (granites, gneiss, micaschistes). Les sols sont acides (pH compris entre 4,5 et 6,5) et peu profonds (30 centimètres à 60 centimètres en fond de vallée), en particulier dans la vallée de la Brévenne. À dominante sableuse (issus de la décomposition de la roche mère), ils contiennent une faible proportion d’argiles (10-12%)569 et sont sensibles à l’érosion : érosion par le ruissellement d’une part, point sensible en particulier en été (orages), érosion par le vent sur les sommets (terres légères).

Le climat est caractérisé par des hivers longs et froids, avec des températures moyennes inférieures à 7°C de novembre à mars, et des risques de gel d’octobre à septembre570. Les étés sont secs et marqués par des précipitations orageuses fréquentes et fortes.

568 Dont les historiens soulignent l’importance des marchés qui s’y tenaient C. LOMBARD DÉAUX, 1999, "Saint-Symphorien-le-Châtel (1650-1750): reflet des aléas du Royaume", dans: Union des Sociétés Historiques du Rhône A. d. d. R., Saint-Symphorien sur Coise et sa région. Actes des journées d'études 1998, Lyon, Union des sociétés historiques du Rhône, pp. 32-59 A. RONZY, 2000, Saint-Symphorien-sur-Coise (Rhône), 1880-1920: Entre ruralité et urbanité., Mémoire de maîtrise, Dir: MAYAUD J.-L., Université Lyon 2, Lyon. 163 p.

569 Source : Chambre d’agriculture du Rhône, Chambre d’agriculture de la Loire, SIMOLY et Région Rhône-Alpes,2006, Diagnostic agricole sur le territoire des Monts du Lyonnais, 130 p.

570 Source : données météorologiques station climatique de Saint Martin en Haut, comparaisons annuelles 2005-10 http://hautsdulyonnais.meteo-mc.fr/

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Photo 2. Les MDL, vue satellite orientée Nord-Est (Source : données satellite 03/2008, IGN France)

Cette vue satellite nous permet de mettre en évidence les reliefs doux au premier plan, la ligne de crête marquée au centre, avec des reliefs plus abrupts côté Lyonnais, les deux vallées de la Brévenne assez large et ouverte (à gauche de cette image) et de la Coise plus étroite, et les vallons secondaires (exemple du vallon de la Gimond, bien visible ici entre les villages d’Aveize et Pomeys).

1.3. Un espace d’habitat dispersé au parcellaire morcelé

Le paysage des MDL se caractérise par les sommets boisés, les zones de plat et de pente douce cultivés et les pentes fortes en prairies naturelles ou boisées. L’habitat est dispersé, constitué de bourgs centres et de hameaux dans lesquels se situent les fermes, construites sur les replats ou au niveau des sources. La surface agricole occupe la majeure partie de l’espace (72%), avec un parcellaire morcelé dans lequel nous distinguons le plus couramment trois types de cultures : céréales, maïs et herbe, plus ponctuellement sur les Coteaux Est en particulier des serres, abris, plantations de petits fruits ou vergers (cerisiers au Nord-Est). L’altitude, le régime de pente et la profondeur des sols créent des conditions d’exercice de l’activité agricole très variables d’une exploitation à l’autre.

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Photo 3. Vallons pentus et sommets boisés (Duerne, 16 avril 2011)

Cette première photo prise depuis la route entre Duerne et Sainte-Foy-L’argentière, à une altitude de 800m, met en évidence un paysage caractéristique des communes situées sur la partie haute des MDL. Situés ici le long du vallon de l’Orjolle orienté Nord-Ouest qui descend de la ligne de crêtes centrale vers la vallée de la Brévenne, les pentes sont fortes. Les surfaces pentues sont ici des prairies permanentes, en partie mécanisables (au premier plan). Sur ces parties hautes des MDL et dans les zones pentues, les parcellaires apparaissent moins morcelés que sur les plateaux. Nous distinguons aussi sur cette photo les sommets boisés, mélange de feuillus et de conifères présents sur les sommets de cette ligne de crête centrale. Le lac collinaire, ici en position centrale, a été construit par un agriculteur pour récupérer les eaux de ruissellement. En arrière-plan nous identifions une exploitation, encore en activité.

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Photo 4. Exploiter en terrains pentus (Source : Duerne, 16 avril 2011)

Cette seconde photo illustre l’exploitation située de l’autre côté de la route par rapport à la photo précédente. Nous distinguons en dessous du bâtiment d’exploitation un bâtiment d’élevage récent, et un parc étendu de prairies pâturées par le troupeau de Montbéliardes. Sur les sommets arrondis, les surfaces aux pentes moins raides sont cultivées en maïs (en haut à droite de la photo, surface juste labourée à cette période de l’année), en blé qui est ici cultivé horizontalement par rapport à la pente (bandes horizontales sur la parcelle au centre de la photo). Cette photo nous permet aussi d’illustrer clairement la configuration dispersée de l’habitat dans les MDL, avec trois habitations individuelles. Celle au premier plan, plutôt récente et à proximité de l’exploitation pourrait être le résultat d’une stratégie patrimoniale de l’agriculteur pour y loger un membre de la famille, ou pour en tirer un revenu complémentaire571. Les deux habitations au second plan semblent plutôt être d’anciennes fermes réaménagées.

571 Les entretiens soulignent que c’est le plus souvent la première de ces deux logiques qui prime, avec parfois dans un second temps le passage en location de ces habitations construites à proximité, plus rarement vendues.

Parcelle labourée (maïs) Parcelle cultivée en blé

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Photo 5. Un parcellaire morcelé sur le plateau à l’Ouest (Saint-Symphorien-sur-Coise, 5 juin 2010)

Cette troisième photo, prise depuis le château de Pluvy met en évidence le caractère plus doux du relief plus à l’Ouest de la zone d’étude. À cette altitude moindre (622 mètres), les bois sont ici principalement composés de feuillus. Cette perspective d’ensemble met en évidence le caractère morcelé du parcellaire. Des rangées d’arbres morcellent ponctuellement le paysage. Elles sont situées le plus souvent en bordure des chemins ou le long des ruisseaux. Nous y distinguons trois couleurs : un vert clair que nous pouvons identifier comme des parcelles cultivées en céréales (comme au premier plan), un vert plus affirmé notamment dans les zones plus pentues surfaces en prairies permanentes ou temporaires (ex : en contrebas à droite de cette photo), et des surfaces que nous distinguons ici fraichement labourées qui correspondent à cette période de l’année aux surfaces en maïs (semé fin avril-début mai). Au premier plan, la zone de lotissement caractérise les formes que prend l’urbanisation depuis le début des années 80.

1.4. Un espace rural entre deux agglomérations : jeux de

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