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proximité et de distance

1.4.2. D’un relatif maintien de la population à une dynamique de repeuplement

Notons d’abord dans les MDL la récurrence de quelques noms de famille qui souligne l’ancrage local depuis plusieurs générations de quelques familles, notamment d’agriculteurs, mais aussi d’artisans (ex : Chambe, qui est sans doute un des noms les plus répandus). Si les premières traces de peuplement des MDL peuvent être datées de l’époque romaine, c’est aux 11ème et 12ème siècles que Marie-Thérèse Lorcin situe l’installation des hameaux des MDL.

Le XIXème siècle constitue dans les deux cantons une phase d’augmentation importante de la population (+59% dans les deux cantons entre 1800 et 1851), expliquée par l’accroissement naturel élevé et par le maintien de la population dans la région, processus étroitement lié au développement de l’artisanat et de la petite industrie : exploitation des mines à Sainte-Foy-L’Argentière, tanneries, chaussures, chapellerie, clouterie, charcuterie et fabriques de meubles à St-Symphorien-sur-Coise et Chazelles-sur-Lyon580.

La dynamique démographique s’inverse en 1891 et le XXème siècle est pour sa part une phase d’exode rural assez général dans les campagnes lyonnaises, paysage de désertion décrit par G. Garrier comme une « saignée », montrant l’abandon des hameaux ruraux581. Les « deux cantons des MDL » sont cependant spécifiques par le caractère tardif et de moindre ampleur de cet exode582.

L’exode rural se poursuit jusque 1975 et les études croisées montrent un renversement de situation dans les familles agricoles : alors que le jeune qui restait sur la ferme était considéré comme privilégié dans les années 50, « les pères doivent convaincre leur fils de rester sur la ferme »583. La

part des agriculteurs dans la population de l’ordre de 39,2% à l’échelle des MDL en 1968584, mais atteint presque 50% dans les communes rurales585.

579 « Le choix d’Aveize, c’est un choix un peu stratégique parce que chaque fois qu’on a organisé des réunions de réflexion, Aveize, c’est vraiment à cheval sur les deux cantons, et ça… les gens viennent. En plus là on avait aussi interpelé la Loire et on savait que ce n’était pas trop long au niveau déplacement. » MDL61

580 G. GARRIER. Paysans du Beaujolais et du Lyonnais. 1800-1970, Ouvrage cité 581 Ibid., p635-636

582 Le déficit global sur la période 1919-1944 est ainsi de -1,2‰. C’est le plus faible de toutes les zones d’étude retenue par G. Garrier. Cela s’explique essentiellement par le solde naturel élevé +4,5‰ (alors qu’il est négatif dans toutes les autres régions) car le solde migratoire de -5,7‰, est équivalent aux Monts de Tarare et supérieur aux différents plateaux. Ibid.p466, 630, 673

583 J. BARTHOLIN and F. PALIARD, 1972, Chevrières. Une commune des Monts du Lyonnais, ISARA-Lyon, Lyon. 55 p. + les annexes , p41

584 Source : INSEE, 68, référence dans Commission Locale d’Aménagement Rural, Ministère de l'Agriculture. Directions départementales du Rhône et de la Loire,1978, Plan d'aménagement Rural des Monts du Lyonnais, Lyon, 54 p.

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Graphique 2.Dynamiques démographiques dans les MDL- 1876-2007 (Sources : INSEE, thèse de René Valette586, PAR587)

Ce graphique a été établi à partir du croisement entre plusieurs types de sources, d’où les quelques désajustements. Nous y avons intégré les données et hypothèses établies pour la petite région dans les travaux sur le Plan d’Aménagement Rural. Ceux-ci soulignent l’incertitude en 1972 sur les évolutions à venir, mais l’hypothèse d’un réinvestissement de cet espace par les populations urbaines est déjà posée, dans des proportions plus fortes d’ailleurs que celles-ci qui se sont déroulées. Notons que ce mouvement est resté très progressif pour s’accélérer à partir de 1999 seulement.

Depuis 1975, la tendance démographique s’inverse dans un mouvement de repeuplement et d’extension urbaine des deux agglomérations lyonnaise et stéphanoise. Ce mouvement, qui apparaît tant lié au solde migratoire qu’au solde naturel, se décline de manière inégale d’une commune à l’autre sur les différentes périodes. Entre 1975 et 1982, l’augmentation de population se concentre sur la frange est et le canton de Symphorien-sur-Coise, puis à partir de 1982 dans le canton de Saint-Laurent-de-Chamousset588. Ce n’est que depuis 1999 que le solde migratoire est significativement positif pour l’ensemble des communes et que cette dynamique s’accélère. Au total, la population a ainsi augmenté de 28% entre 1975 et 2007. Cela se traduit par une évolution des problématiques sur le territoire. Nous sommes en effet passé dans le PAR (premier diagnostic en 1972-73) de problématiques « d’exode rural » à des enjeux de « périurbanisation » ressentis à partir de 1990 (avec par exemple l’introduction de la question de la gestion de l’espace).

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R. VALETTE, 1976, Le rôle des Hommes dans le développement des régions. L'exemple des Monts du Lyonnais. , Doctorat de IIIème cycle, Dir: ROCHEFORT R., Université Lyon II, Lyon. 2 tomes

587

Commission Locale d’Aménagement Rural, Plan d'aménagement Rural des Monts du Lyonnais, Rapport cité

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Nous pouvons ici identifier les effets de la politique volontariste de développement des activités dans le canton menée par René Trégouët avec la création de l’AGDE.

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1.4.3. Un espace rural mis en tension par la périurbanisation

Dans sa composition socio-économique, le territoire garde les caractéristiques d’un espace rural. La part d’actifs agricoles dans les MDL est en 2007 de 12,6% sur le canton de Saint-Symphorien-sur-Coise pour 9% sur le canton de Saint-Laurent-de-Chamousset, soit encore relativement importante par rapport à la moyenne nationale de 2,1% (INSEE, 2007). Par ailleurs, la part relative de l’emploi industriel reste élevée par rapport aux moyennes nationales, notamment dans le canton de Saint-Laurent-de-Chamousset (26% d’emplois industriels, principalement dans la micro-électronique et la pharmaceutique).

Malgré une apparente grande proximité des deux agglomérations et des aménagements de la voirie pour faciliter l’accès aux agglomérations, les distances en temps restent encore relativement importantes. La proximité directe de deux zones périurbaines (l’Ouest Lyonnais et les franges périurbaines de St-Etienne) exerce néanmoins une mise en tension du territoire entre des forces centrifuges notamment pour les communes de St-Martin-en-Haut et Chazelles-sur-Lyon.

Tableau 4. Distances en kilomètres et en temps des deux villes centres de la zone d’étude (Source : googlemaps, 2011)

En gris rapport distance/temps le plus court

Lyon Saint-Étienne

Saint-Laurent-de-Chamousset 43 km/53 min. 51km/57 min. Saint-Symphorien-sur-Coise 48 km/58 min. 33 km/43 min.

Pour rejoindre les deux agglomérations, il faut compter pas moins de 40 minutes à une heure depuis les MDL. Les rapports de distance croisés par rapport aux deux agglomérations de Lyon et Saint-Etienne montrent aussi les rapports d’influences croisés qui s’exercent suivant les communes du territoire.

La pression de l’urbanisation est perceptible d’abord dans la dynamique des prix du foncier. En effet, les prix du foncier bâti ont été multipliés par 3,9 entre 1997 et 2005, soit une augmentation plus élevée que pour le reste des deux départements du Rhône et de la Loire (prix multipliés par 2,8)589. 0,1%/an de la SAU est concerné par l’urbanisation, soit 31,2ha par an entre 1997 et 2005, cela reste relativement faible.

Tableau 5. Volumes échangés et prix moyens des terrains selon les marchés (Source : SAFER, 2007)

Prix 2004-06 Prix 97-99 Volumes échangés 2004-06

Évolution des volumes échangés

Résidentiel Env. 35€/m² 38ha/an

Agricole 0,43€/m² 0,30€/m² 272ha/an En baisse

Loisirs 3€/m² 2,42€/m² 12 ha/an En forte hausse

La différence de prix entre le marché agricole et le marché résidentiel est d’un facteur 100, nous comprenons ainsi les enjeux dans l’élaboration de la stratégie patrimoniale pour les agriculteurs.

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