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Au terme de notre analyse, il convient de revenir sur les éléments centraux ayant pu être dégagés.

Dans un premier temps, il semble important de nous pencher sur les différents aspects touchant à notre analyse lexicale qui sont, en effet, davantage « fondus » dans le reste de notre réflexion.

Notons, tout d’abord, que notre analyse a semble-t-il permis de mettre en exergue la manière dont l’utilisation de ce langage se plie, très clairement, aux conditions sociales et politiques de l’époque dans laquelle l’institution en question se trouve. Par conséquent, selon nous, ce lexique « expert » ne peut définitivement pas être cartographié, une fois pour toute.

Concernant l’HG, l’un des éléments notables, ayant pu être mis en exergue par notre analyse, est bien que la diffusion de ce lexique rattaché à la NGP n’a pas été si « progressive » que cela, contrairement à ce que nous avions d’emblée supposé. En effet, notre tableau rend semble-t-il compte d’une véritable

« rupture lexicale » lors de l’année 1998, date à laquelle une constellation de nouvelles notions est apparue dans les RA, dont plus particulièrement des notions renvoyant aux grammaires politiques industrielle, marchande, et connexionniste. Pour ne citer que les plus notables, des mots tels que

« gestion », « contrôle » ou encore « projet » deviennent en effet absolument centraux dans la rhétorique institutionnelle, au point d’être énoncés plus de 20 à 30 fois dans un RA, alors qu’ils étaient, par le passé, complétement absents.

C’est donc plus particulièrement pendant la période 1998-2008, que le glissement sémantique a été le plus remarquable. En l’occurrence, nous avons pu identifier l’apparition et la généralisation de terminologies appartenant au répertoire spécifique de la NGP, terminologies qui, en plus d’être fortement éloignées des registres civiques auxquels les auteurs nous avaient, par le passé, habitués, nous ont également marqués par leur récurrence, comme évoqué.

Outre le fait que les auteurs mobilisent certains termes de façon systématique, nous avons effectivement pu identifier une certaine « circularité » dans leurs propos, ainsi que la présence de ce que nous avons nommé des « associations-typiques », entre certains mots, donnant parfois lieu à des formulations tautologiques. Ainsi, plus des modes d’organisations propres au monde de l’entreprise ont été mis en place au sein de l’institution, plus le langage mobilisé par les auteurs s’est effectivement technicisé, impliquant, de ce fait, un amenuisement significatif des contrastes lexicaux. En effet, alors que les auteurs du début des années 90 étaient dotés d’une certaine « verve » critique, nous avons, par la suite, pu observer comment celle-ci s’était diluée de façon exemplaire.

De plus, l’analyse nous a permis d’entrevoir de quelle façon la diffusion de ce langage « expert » avait notamment eu pour effet de voiler la dimension politique entourant l’activité de l’HG. C’est-à-dire que les principes d’ordre commun, dans certains passages, se retrouvent distillés, la politique institutionnelle présentée par les auteurs ne s’articulant parfois plus qu’au management et à la communication (plus notamment pendant la période 1998-2008). Par conséquent et principalement

pendant cette période, la généralisation de ce lexique managérial (parfois aussi surnommé

« novlangue » en référence au célèbre ouvrage « 1984 » de Georges Orwell), a, selon nous, effectivement conduit à une forme de dépolitisation de l’action sociale, du fait que les mots utilisés pour la définir semblaient prendre parfois un caractère quasi « incontournable », presque « naturel ».

D’ailleurs, Torracinta lui-même, et bien que ne dénonçant pas précisément le « langage » en tant que tel, semblait vraisemblablement déplorer, à la veille de son départ, cette mise en avant systématique des « nouvelles formes techniques » (soutenues par le langage expert en question) censées mieux contrôler l’activité, mais cela au détriment d’une appréhension plus « politique » de la réalité.

Finalement, il nous est donc possible de répondre par l’affirmative à l’une de nos questions de recherche : à savoir qu’effectivement, l’HG a bien connu, en son sein, une diffusion massive du lexique managérial propre au monde de l’entreprise. En l’occurrence, plus les difficultés financières se sont étendues, plus une NGP s’est diffusée, et plus une rhétorique de l’efficience a été mobilisée par les auteurs des RA, du moins jusqu’à la fin des années 2010.

En effet, si notre analyse lexicale nous a confirmé qu’une diffusion et une généralisation du lexique spécifique rattaché à la NGP avait bien eu lieu au sein de l’HG, nous avons également pu observer qu’il s’était remarquablement transformé, nous démontrant, à nouveau, la capacité des institutions (ici l’HG) à assimiler la critiquer et cela pour éviter sa relance. Plus concrètement, notre analyse a permis de mettre en évidence que les mots renvoyant à la grammaire politique industrielle tels que ;

« contrôle », « gestion », « procédure », « efficacité », « audit », mais aussi « management », avaient peu à peu disparus. Si au début des années 2000 on pointait l’HG du doigt pour sa mauvaise gestion (ce qui nous a par ailleurs permis d’observer que la mise en œuvre de la NGP avait très clairement été l’une des réponses données aux critiques), à partir de la fin des années 2000, la critique a pris une autre forme. En l’occurrence, l’HG s’est de plus en plus vu taxé d’organisme « technocrate » parfois déconnecté des réalités vécues par le public (les polémiques autour du CASI ont par ailleurs très clairement permis à cette critique de prendre en consistance). Selon nous, l’analyse nous a permis d’observer que cette critique (critique de la NGP au sens large) a également été intégrée par l’HG, et les transformations du lexique mobilisé par les auteurs font partie de ce qui permet, selon nous, de l’attester. Ainsi, dès le milieu des années 2010, les terminologies renvoyant principalement au monde industriel ont laissé place à des terminologies renvoyant davantage au monde connexionniste et des mots tels qu’« adapter », « développer », « projet », ou encore « partenariat » se sont généralisés.

Cependant, bien qu’il s’agisse de nouveaux termes, ils nous ont également marqués par leur occurrence et leur généralisation. Dès lors, cela nous amène à penser que le lexique expert auquel nous faisons référence n’a pas disparu au sein de l’HG, mais qu’il revêt désormais d’autres caractéristiques.

Ainsi donc, à la fin des années 2010, cette impression d’un « langage formaté » dans les RA ne disparaît pas, mais elle n’est pas semblable à celle décrite en début d’exposé. Les propos ne sont désormais plus centrés sur l’« efficience » et le « contrôle », mais bien sur les « défis » et les

« projets » que l’HG entend relever avec « dynamisme » et « agilité ». Ainsi, à partir de 2013, on observe que tous les mots susceptibles de nourrir les controverses antérieures ne sont plus mobilisés (la disparition du terme « contre-prestation » est un bon exemple). A notre sens, et bien que nous ayons tout de même identifié un retour « critique » des auteurs, notamment dès l’arrivée en poste de Girod, ce « nouveau » lexique pose toujours le même problème : à savoir qu’il tend à voiler une partie des débats de fond sur les enjeux et les fondements de le politique publique. On notera, cependant, que le discours institutionnel est apparu davantage contrasté et moins « lisse » à la fin des années 2010 que pendant la décennie précédente (sorte de retour de la dimension politique entourant l’activité de l’HG), signe, selon nous, de l’impossibilité des institutions du travail social d’esquiver les questions relatives au sens du juste (questions que le lexique expert, lorsqu’il se généralise, tend à dissoudre).

Du côté du CSP, notre analyse a permis d’observer que la diffusion de ce langage expert, propre au nouveau management, n’avait pas du tout été semblable à celle de l’HG. Tout d’abord, on a pu voir que l’institution n’avait jamais connu de « rupture lexicale », comme cela a été le cas pour l’HG.

Certes, on a pu remarquer que, tout comme l’HG, à partir des années 1997-1998, certaines « nouvelles notions » renvoyant au monde industriel, marchand et connexionniste sont apparues, mais, dans le cas du CSP, de façon beaucoup plus sporadique. A aucun moment, elles n’ont donc marqué par leur occurrence (sauf peut-être le mot « projet ») et aucun des registres sémantiques propres à ces mondes n’a jamais dominé dans les RA du CSP. En réalité, à partir des années 2000, les auteurs des RA se sont davantage « approprié » certaines des notions renvoyant au monde industriel (« résultat »), marchand (« qualité »), et connexionniste plus notamment (« projet », « développer », « partenariat »), mais sans qu’elles deviennent pour autant systématiques. A notre sens, cela révèle deux éléments notables : 1) le CSP est resté globalement « fidèle » à son « registre lexical historique » qui renvoie principalement à un bien commun civique. 2) le CSP a tout de même « adapté » ce même registre, en l’occurrence, on a pu voir, à partir du début des années 2000, qu’il maîtrisait également d’autres grammaires comme celles de la cité par projet, marchande, ou industrielle (sorte de « grammaire libérale », pour le dire rapidement), sans que l’une d’entre elles finissent par dominer cependant. A notre sens, il s’agit là d’un élément susceptible de nous confirmer la capacité qu’a eu le CSP à composer avec d’autres grandeurs, et dans ce cas précis, afin de pouvoir collaborer avec l’État, mais aussi dans le but d’être reconnu par un large public, et ceci, sans pour autant jamais « rompre » complétement avec son « discours originel » résolument adossé à un bien commun civique. C’est pour ces mêmes raisons, selon nous, que les termes bibliques (citations de versets, etc.) ont d’ailleurs disparus dès 2004. Précisément parce que le CSP s’est rendu compte qu’il était nécessaire, pour mener ses missions à bien, de composer entre ces différents ordres de grandeurs et de frayer des compromis durables entre eux (Thévenot, 1995, p.58). A cette fin, cela a notamment nécessité une « laïcisation » de son discours, sorte de signal donné au monde sur sa capacité à reconnaître l’existence d’une pluralité des spécifications du bien. Mais, pour autant, cela n’a pas impliqué la dissolution des valeurs chrétiennes dont on a pu voir qu’elles étaient épisodiquement réaffirmées dans les RA. Nous pourrions ainsi dire, en guise de conclusion, que le lexique mobilisé par les auteurs a effectivement connu des transformations, quoique de faible ampleur, mais que ces transformations n’ont pas participé à éroder les valeurs structurantes de l’institution ou à voiler la dimension politique entourant son activité. Le CSP n’a donc pas connu de généralisation d’un lexique « expert » rattaché à la NGP et a conservé, plus démunis qu’il était nécessaire de soutenir et de « prendre en charge » (donc d’assister). Et cela, bien qu’on ait pu voir que, pour le CSP, ce service s’arc-boutait sur des principes chrétiens et civiques et uniquement civiques pour l’HG. On a remarqué, par ailleurs, que nos deux institutions se retrouvaient, en grande partie, sur la manière d’intervenir auprès du public. En l’occurrence, aider là où le besoin se fait sentir, sans chercher forcément à le « prévenir ».

Que ce soit chez les auteurs des RA du CSP ou de l’HG, on retrouve en outre également des critiques provenant du monde civique vers le monde marchand alors identifié comme fondamentalement éloigné des valeurs institutionnelles (civiques) promues à cette période. Composer avec le monde marchand, à cette époque, semble alors autant inconcevable pour l’HG que pour le CSP. L’une des différences notables qui apparaît cependant, dès le début des années 1990, est que la logique industrielle est pratiquement absente des RA du CSP (les auteurs la critiquant par ailleurs), alors

qu’elle est déjà très ancrée dans ceux de l’HG, plus encore dès lors que la crise s’amplifie. Devant l’afflux des demandes d’aide, l’HG est très rapidement confronté à des difficultés de taille (augmentation des bénéficiaires, conditionnement du financement) impliquant que les auteurs vont largement souligner leur souci de rationaliser l’action sociale afin de la rendre plus efficiente. C’est là l’une des grandes différences entre nos deux institutions, à savoir que l’intervention du CSP n’a jamais été régie par des principes industriels d’efficacité, alors que du côté de l’HG, ceux-ci se sont largement étendus et généralisés. Évidemment, cette différence, nous l’avons bien vu, s’explique en grande partie du fait que l’HG délivre une aide de plus grande ampleur, mais aussi qu’il dépend du financement (important) de l’État à qui il doit obligatoirement rendre des comptes et des résultats. A ce titre, il nous a été possible d’entrevoir combien l’« autonomie » de l’HG n’était, en réalité, que juridique (une

« autonomie de façade » comme le soulignait Torracinta en 2005). Or, ce qui frappe, c’est qu’au milieu des années 1990, malgré la crise, le manque de moyens, les incertitudes quant au financement de l’aide sociale, le souci de réorganiser sa mise en œuvre devant l’augmentation de demandeurs et demandeuses, etc., les auteurs, plus notamment Perrot et Torracinta, sollicitent très clairement le politique pour qu’il imagine des solutions concrètes face à l’extension du nouveau phénomène d’« exclusion ». Les préoccupations qui en résultent sont donc explicitement formulées et les auteurs signifient leurs « attentes » vis-à-vis de l’État. Autrement dit, les enjeux politiques qui entourent les questions liées à l’aggravation du phénomène ont une place centrale dans les RA, à cette époque Préoccupations qui sont également largement partagées par le CSP qui n’hésite pas à s’insurger face au « sort » que la société réserve à toutes celles et ceux qui sont « laissé.e.s au bord de la route ». Au milieu des années 1990, on a ainsi le sentiment que ces deux institutions, chacune à leur manière, nous l’avons vu, se positionnent comme les « garantes » de tous les « laissés pour compte ».

Cependant, à partir de 1998, le ton commence peu à peu à changer au sein de l’HG. D’une part parce que les solutions imaginées pour tenter d’endiguer l’augmentation des demandes (comme le RMCAS) ne portent pas leurs fruits (les demandes d’aides continuent à augmenter) et, d’autre part, parce que le déficit de l’aide sociale ne cesse de s’accroitre. C’est à ce moment que Perrot quitte l’HG et laisse place à Cuénod qui vient insuffler une véritable « nouvelle manière de faire » au sein de l’institution (on sait, bien évidemment, qu’elle répond également à une demande explicite de l’État qui a vivement enjoint ses services à mettre en place des principes gestionnaires dans le but de mieux contenir les dépenses publiques (Giauque & Emery, 2008)). Nous l’avons vu, la « rupture » en termes d’organisation a dès lors été magistrale. Dès 1998, les logiques et les outils propres à la NGP se généralisent remarquablement et sont justifiés, par les auteurs, car ils sont identifiés comme étant les seuls capables de mieux contrôler l’activité, de la rendre plus efficace, et ainsi contenir des coûts qui explosent. Les réformes engagées par l’institution, et l’extension des principes managériaux, sont alors défendues comme « les seules solutions » possibles (« Nous n’avons pas le choix » scandait Cunéod en 2001, à la manière du célèbre slogan thatchérien « there is no alternative »). A ce moment, dans les RA, le discours des auteurs est alors essentiellement centré sur les réformes et le déploiement des nouveaux outils de gestion. Commence alors la « grande » période du déploiement d’une

« gouvernance par les nombres » (Thévenot, 2014 ; Supiot, 2015). L’action sociale semble être devenue « programmable » et les chiffres règnent plus que jamais en maître. Cette « gouvernance » repose donc très nettement sur les théories propres au monde de l’entreprise. Par ailleurs, alors que les grandeurs marchandes et connexionnistes étaient absentes des RA, à mesure que les nouveaux modes d’organisation se mettent en place, celles-ci sont de plus en plus justifiées. On observe, à cette occasion, un élément tout à fait notable : à savoir que les auteurs font désormais la promotion de

« nouvelles valeurs » (responsabilité, autonomie, etc.) qui sont censées guider l’activité. Les anciennes valeurs historiques de l’institution, qui étaient encore mises en avant au début des années 1990, ne trouvent alors plus de place dans les RA.

Du côté du CSP, la situation a été très différente. Pendant la période 1998-2008, contrairement à l’HG, le CSP n’a pas connu d’expansion massive de logiques managériales. L’institution s’est certes,

« modernisée » et on voit, effectivement, apparaître de nouveaux objets propres au monde industriel tels que les tableaux statistiques ou des logiciels informatiques plus performants, cependant, le CSP ne va pas miser sur la création d’un « système de pilotage » censé mieux guider son activité. A propos des statistiques, on a d’ailleurs pu voir que, contrairement à l’HG qui va les généraliser (au point de leur dédier un autre document publié annuellement) dans le but de mieux orienter l’action, le CSP va davantage les utiliser pour ; d’une part répondre à une demande générale de « données objectives », mais également afin d’entrevoir de possibles effets systémiques peu visibles en pratique. A aucun moment l’institution ne va donc généraliser des techniques comme le benchmarking, procédé phare du monde de l’entreprise, et qui, du côté de l’HG, a pris une place significative. A ce titre, cela nous a ainsi permis d’observer que nos deux institutions avaient des manières très différentes de « mesurer », mais aussi que leurs chiffres/statistiques n’étaient pas utilisés de façon semblable dans la pratique.

Du côté du l’HG, nous avons vu que cette « mise en équation » de l’activité avait certainement dû susciter différentes critiques. En effet, alors que le déploiement de logiques gestionnaires a, dans un premier temps, été présenté d’une façon absolument « décomplexée » par les auteurs, car perçu comme la « recette miracle » face aux difficultés, on observe, par la suite, que ces chamboulements, au niveau de l’organisation du travail, ont engendré différentes tensions au sein de l’institution, explicitement rapportées par Torracinta par ailleurs (et à demi-mot par Cuénod). C’est à ce moment, et en raison de sa mauvaise gestion interne, que l’HG bascule dans une crise majeure qui va conduire au

« remerciement » plutôt expéditif de Cuénod. A cette période, on observe ainsi que la « confiance » entre l’HG et l’État s’est fortement érodée, impliquant un nouveau changement de ton dans les RA. En l’occurrence, les propos des auteurs vont essentiellement viser à « rassurer » le politique. Plus que jamais, ceux-ci défendent le renforcement des outils de contrôle et de gestion et plus de 800 procédures internes sont mises en place enfin de mieux encadrer l’activité. L’année 2004 (et l’analyse du lexique l’a semble-t-il bien confirmé) devient alors l’année du « tout gestionnaire » pour l’HG, plus contraint que jamais de « livrer » des données objectives à l’État, essentielles afin de justifier son activité et ainsi rester crédible aux yeux du politique et des concitoyen.ne.s, qui, par ailleurs, attendent que leurs contributions via l’impôts soient utilisées à bon escient. Par conséquent, cela nous a permis d’entrevoir que la généralisation de cette NGP était très nettement liée aux diverses pressions que l’État a exercées sur l’HG. Or, juste avant de prendre congé de l’HG, on a vu que Torracinta exprimait clairement, dans le RA de 2005, le fait que les contraintes venant de l’État, tout comme l’augmentation massive du « poids de l’administration », plaçaient l’institution dans un « rôle ambigu ». Par ses propos, le président du conseil de fondation nous a ainsi permis d’observer que, même au niveau de la hiérarchie, les changements opérés, et la mise en œuvre massive de logiques gestionnaires, ne sont pas « allés de soi » et ont, très clairement, engendré des formes de résistances au plus haut niveau. Celles-ci ont cependant, et selon toute vraisemblance, eu bien de la peine à « faire le poids », raison pour laquelle, peut-être, des personnalités comme Torracinta ont préféré quitter l’institution. A ce titre, il nous a été possible d’observer que les « mutations » qui ont traversé l’HG, pour reprendre les termes de Torracinta, ont effectivement eu pour conséquence d’engendrer une sorte de « crise des valeurs » au sein de l’institution.

Le CSP, de son côté, n’a jamais connu de tels bouleversements au niveau de son organisation interne, ni pareilles pressions venant de l’État expliquant – entre autres – selon nous, la raison pour laquelle il n’a pas connu de diffusion massive de principes gestionnaires. Cela, même si nous l’avons vu par la suite, en étant lié avec lui par deux contrats de prestations, il est devenu également de plus en plus