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Pour identifier les structures qui correspondent en serbo-croate aux prépositions par et

à travers dans leurs usages spatiaux, nous nous sommes appuyé principalement sur la

traduction d'une partie des occurrences figurant dans nos corpus pour le français. Avant la

mise en correspondance du français et du serbo-croate, nous avons mis de côté les cas où les

prépositions par et à travers expriment la perception (ces cas seront traités à part, cf. Ch. 7

ci-dessous). Ensuite, nous avons choisi de travailler seulement sur les emplois de par de type

"Trajet" et sur ceux de à travers de type "Parcours interne".

Une fois le champ d'étude défini, nous avons dégagé trois structures couvrant la

quasi-totalité des usages considérés des prépositions par et à travers : la structure [kroz +

SN-Accusatif] couvre 47% des emplois de par et 70% des emplois de à travers, l'Instrumental

seul couvre 24% des emplois de par et 10% des emplois de à travers et la structure [preko +

SN-Génitif] correspond à 15% des emplois de par et à 9% des emplois de à travers (cf.

tableaux 9 et 10). Dans cette analyse basée sur corpus, les prépositions uz et niz ne sont pas

apparues comme équivalents de par et à travers, en dépit du fait qu'elles expriment en

serbo-croate des relations spatiales relevant de la notion de parcours. Nous les avons cependant

ajoutées sur la liste des équivalents potentiels de par et à travers.

Dans un second temps, nous avons appliqué la même démarche, mais en sens inverse

(du serbo-croate vers le français), afin de vérifier si les cinq marqueurs considérés comme les

meilleurs équivalents de par et à travers sont rendus en français uniquement au moyen de par

et à travers. En nous appuyant sur la traduction d'une partie de nos données pour le

serbo-croate, nous avons montré que les prépositions kroz, preko, uz et niz ainsi que l'Instrumental

seul sont le plus souvent traduits principalement au moyen des marqueurs spatiaux autres que

par et à travers (cf. tableaux 14-18). Les verbes de déplacement transitifs directs occupent

une place quantitativement très importante dans les traductions des marqueurs serbo-croates

considérés.

Un point très important que nous n'avons pas discuté jusqu'à présent concerne la

fréquence des omissions dans la traduction, du serbo-croate en français, des compléments de

lieu exprimant les relations spatiales liées à la notion de parcours. En effet, à peu près un

dixième des occurrences de kroz et de l'Instrumental sont omises dans la traduction et les

autres marqueurs relevés (ex : niz, uz, na) le sont aussi mais dans une moindre proportion.

Sans avancer pour le moment d'hypothèse sur ce point, nous donnons deux exemples de ces

omissions, extraits du roman Migrations de M. Crnjanski :

[11] Isakovič je, medjutim, kraj Volkova, koračao, niz stepenice...

Issakovitch est cependant à côté de Volkoff-Gén marché en aval escalier-Acc

"Quant à Issakovitch, il marchait à côté de Volkoff..."

[12] izlete na vrata

sortit sur/par porte

"Il sortit en courant."

De plus, l'analyse des données du serbo-croate a mis en évidence que les compléments

de lieu en kroz et preko sont très souvent introduits par des verbes préfixés respectivement par

pro- et pre-. L'exploitation des informations apportées par le contenu sémantique de ces

préfixes (notamment de pro-) devrait nous permettre de mieux circonscrire le versant

aspectuo-temporel des phénomènes spatiaux liés à la notion de parcours.

Ainsi, nous avons effectué la mise en correspondance entre le français et le

serbo-croate, et ceci dans les deux sens. Nous estimons que la démarche adoptée nous a permis de

mettre au jour des faits linguistiques très intéressants pour la comparaison, c'est-à-dire pour la

suite de notre travail.

4 Quelques hypothèses générales

Grâce à l'analyse de corpus, il nous est possible d'émettre un certain nombre

d'hypothèses sur l'expression des relations spatiales portant sur la phase du parcours en

français et en serbo-croate.

Tout d'abord, il nous semble qu'aucun des marqueurs dégagés en serbo-croate ne peut

être considéré comme équivalent absolu de par et/ou de à travers. En effet, l'analyse

bi-directionnelle des données issues des corpus bilingues invite à une grande prudence et permet

d'envisager le risque qu'il y aurait à appliquer la description sémantique d'un marqueur spatial

d'une langue sur son "équivalent" dans une autre langue. Compte tenu des résultats de

l'analyse des corpus, on aboutit, par exemple dans le cas de par exprimant le "Trajet", à une

situation que l'on peut illustrer schématiquement de la façon suivante :

sur dans par à travers V.tr.directs traverser par-dessus

preko

kroz

SN-Instrumental

par

Schéma 1 : La mise en correspondance entre le français et le serbo-croate : le cas de par

Pour que l'on puisse parler de véritables équivalents, la préposition par devrait se

traduire en serbo-croate toujours par un seul marqueur (X) qui, pour sa part, serait rendu en

français exclusivement au moyen de par. Une telle situation (idéale) pourrait être représentée

par le schéma 2 :

X

par

Schéma 2 : par et son "équivalent idéal"

Or, les données montrent que le schéma 2 est loin de se réaliser et qu'il correspond plutôt à

une vision extrêmement réductrice des faits linguistiques, ce qui veut probablement dire

qu'aucun marqueur spatial du serbo-croate ne correspond complètement par son contenu

sémantique à par et/ou à travers. Du point de vue cognitif, cela peut signifier que chaque

langue fait appel à sa propre façon de configurer/structurer une même situation dans l'espace

(en l'occurrence, celle que l'on peut qualifier de passage) en fonction des moyens

morpho-syntaxiques et sémantiques dont elle dispose. Il est tout à fait possible qu'un marqueur en

français et son "équivalent" en serbo-croate ne tiennent pas compte des mêmes propriétés des

situations extra-linguistiques auxquelles ils renvoient.

L'hypothèse que nous faisons ici est qu'aussi bien par et à travers que les marqueurs

spatiaux qui leur correspondent en serbo-croate intègrent dans leurs sémantiques certains

traits qui, dans l'autre langue, sont répartis sur plusieurs marqueurs. Autrement dit, on trouve

dans le contenu sémantique de chacun des marqueurs étudiés une combinaison de notions

véhiculées dans l'autre langue non pas par un seul mais par plusieurs marqueurs. Si cela est

vrai, et en dépit de ce non-recouvrement sur le plan de la forme, nous devrons pouvoir

dégager plusieurs invariants linguistiques liés à l'expression du parcours en français et en

serbo-croate.

Mais il se peut également qu'une des langues étudiées mette en oeuvre des concepts

qui ne sont pas encodés dans l'autre langue. Dans ce cas, il nous faudra expliquer comment se

fait, par exemple au cours du processus de la traduction, le transfert du contenu sémantique

d'un marqueur véhiculant des concepts qui n'existent pas dans l'autre langue. La réponse à

toutes ces questions ne pourra pas être donnée sans une description sémantique et cognitive

très précise des marqueurs spatiaux exprimant le parcours en français et en serbo-croate. C'est

ce que nous ferons dans la suite de ce travail en essayant de mettre en évidence les concepts

qui sous-tendent la sémantique de chacun des marqueurs entrant dans le cadre de notre étude.

Chapitre III Description sémantique de la préposition

par dans ses usages spatiaux concrets

L'expression des relations spatiales dynamiques relevant de la phase médiane du

déplacement est étudiée en français essentiellement à travers la catégorie des verbes (cf. Laur

1991 ; Sablayrolles 1995 ; Radulescu 1995 ; Sarda 1999). Cela paraît tout à fait normal

puisque les verbes jouent un rôle central dans l'organisation syntaxique de la phrase et sont en

même temps porteurs d'un potentiel sémantique très riche. Par ailleurs, leur diversité lexicale

dépasse largement celle des autres catégories susceptibles d'intervenir dans l'expression du

parcours. Ainsi, si les prépositions spatiales sont très nombreuses en français, il n'y en a pas

beaucoup qui expriment par leur contenu sémantique des relations de parcours : par, à

travers, par-dessus, par-dessous, par-derrière, via, le long de, autour de et quelques autres

moins fréquentes (cf. Laur 1991). Ce déséquilibre sur le plan quantitatif entre les verbes et les

prépositions décrivant par leur sémantisme le parcours, ne doit aucunement être pris comme

indice de leur importance respective dans l'expression du déplacement médian. Nous nous

proposons de montrer dans le présent chapitre que, grâce à ses propriétés sémantiques, la

préposition par joue un rôle crucial dans la sémantique du déplacement en français.

Ce marqueur spatial est intéressant d'abord pour sa place tout à fait centrale parmi les

prépositions de polarité médiane, ensuite parce qu'il nous permet, grâce à ses particularités

sémantiques, de saisir des phénomènes d'ordre cognitif auxquels nombre d'autres langues

accordent une place marginale. Nous pensons avant tout au fait que l'entité désignée par le SN

complément de par est conceptualisée comme une véritable zone de communication mettant

en relation diverses entités impliquées dans le déplacement.

En ce qui concerne par, des tentatives de caractérisation sémantique plus approfondies

ne sont pas très nombreuses. En dehors d'études telles que (Spang-Hansen 1963) et (Laur

1991) qui, tout en parlant des prépositions (spatiales ou non) en général, traitent également de

par, il existe un travail de thèse (S-N. Kwon-Pak 1997) exclusivement consacré aux usages

spatiaux de par. Ces travaux associent au sens spatial de la préposition par deux notions

principales : la notion de 'trajet' (cf. Laur 1991) et la notion de 'choix' (cf. Kwon-Pak 1997).

Mais la notion de trajet, souvent mal définie, est exploitée de façon intuitive dans la plupart

des études traitant de la sémantique des prépositions spatiales et, comme nous le verrons plus

loin, la notion de choix est inhérente à toute expression de la localisation spatiale et spécifie

mal les emplois de par. C'est pourquoi une étude plus poussée, basée sur une grande quantité

de données attestées, nous semble indispensable pour mieux comprendre le fonctionnement

de par dans ses usages spatiaux. Dans le chapitre précédent, nous avons expliqué en quoi

consiste l'avantage principal de l'utilisation des corpus en sémantique. Nous pensons donc que

l'examen du corpus fera apparaître différentes régularités dans le fonctionnement de par qui

vont nous permettre ensuite de dégager et de définir la/les notion(s) sous-tendant la

sémantique de cette préposition.

Comme nous l'avons déjà noté (cf. Ch. 2, § 3.1.2.1), ce travail sur le corpus nous a

permis de mettre en évidence quatre relations spatiales différentes que par peut exprimer :

'trajet' (ex : Max est arrivé à l'université par le jardin public), 'localisation imprécise' (ex : Les

soldats se sont dispersés par toute la ville), 'zone d'affectation' (ex : Il m'a saisi par le cou) et

'procès inchoatif' (ex : Les cerisiers fleurissent par le haut) (cf. Stosic 1999, 2001b). En nous

fondant non seulement sur nos intuitions mais aussi sur la fréquence avec laquelle par

exprime chacun de ces quatre rapports spatiaux (cf. Ch. 2, tableau 7), nous considérons que

les usages de type 'trajet' sont les plus importants pour la sémantique de cette préposition.

C'est la raison pour laquelle nous nous sommes particulièrement intéressé à ce type d'emploi

de par dans plusieurs de nos travaux, dont certains ont été réalisés en collaboration avec M.

Aurnague (cf. Stosic 1999, 2001b, à paraître a, à paraître b ; Aurnague 2000, 2001 ; Aurnague

& Stosic 2002). En nous inspirant des résultats obtenus dans ces études, nous nous donnons

comme objectif dans ce chapitre de montrer d'une part que la notion de choix (cf. Kwon-Pak

1997) n'est pas appropriée à la description de par, d'autre part que le concept de trajet, défini

d'une manière très précise, permet une meilleure explication du sens spatial de la préposition

par.

Nous nous devons de préciser que nous ne reviendrons pas ici sur la question de la

polysémie de par, ni sur la séparation entre des usages spatiaux et non-spatiaux de cette

préposition1. Pour les critères permettant d'identifier d'une manière suffisamment fiable les

contextes linguistiques où la préposition par prend une valeur spatiale, nous renvoyons à

(Stosic 1999, 2001b). Soulignons également que nous ne traiterons pas des emplois figurés de

la préposition par (ex : passer par de rudes épreuves, cette idée me passa par la tête), ni des

expressions figées de nature spatiale (ex : par terre, par monts et par vaux, par les quatre

chemins), ni des formes aspectuelles commencer par et finir par même si elles sont

accompagnées de SN dénotant des entités spatiales (ex : Ils ont commencé par le bureau de

Paul). De plus, nous ne traiterons que très superficiellement des locutions prépositionnelles

construites avec par comme par-dessus, par-dessous, par devant, par derrière, par delà, etc.

1 Les usages spatiaux de par et la notion de choix : S-N.

Kwon-Pak (1997)

La thèse de S-N. Kwon-Pak (1997) constitue la première étude sémantique

relativement approfondie du sens spatial de par. Selon Kwon-Pak, il y a lieu de distinguer

trois rapports spatiaux différents dans les expressions en par : i) par "en emploi de lieu en

étendue" (ex : par terre), ii) par "en emploi de lieu de passage" (ex : nous sommes revenus

par Paris) et iii) par "introduisant le point d'application d'une force" (dans la relation

partie-tout) (ex : Pierre le prend par la main).La plus grande partie de ce travail (quatre chapitres

sur neuf) est consacrée à par "en emploi de lieu en étendue", et plus précisément aux

oppositions : par terre vs à terre, par terre vs sur le sol, par ici vs ici et par là vs . Seuls

deux chapitres sont consacrés au second type d'emploi, i.e. à l'"emploi de lieu de passage"

mais nos commentaires se focaliseront sur cette partie.

Une première remarque concerne précisément le fait que seuls deux chapitres sur neuf

sont consacrés à "l'emploi de lieu de passage", ceci nous paraissant peu justifié dans la mesure

où l'auteur se propose de "définir la préposition par en emploi spatial" (Kwon-Pak 1997 : 7).

Pour définir la sémantique d'une préposition spatiale, il convient d'observer, à notre sens, ses

emplois les plus fréquents et les plus importants. Or, nous pensons que dans par terre, par ici

1

Selon les dictionnaires et les grammaires, la préposition par peut prendre plusieurs sens, notamment: les sens

spatial (ex : sortir par la fenêtre), agentif (ex : être arrêté par la police), temporel (ex : partir par une belle nuit

d'été), distributif (ex : vingt cigarettes par paquet), causal (ex : agir par intérêt). Par peut également exprimer le

mode d'action (ex : envoyer par fax). Pour plus de détails sur ce point, nous renvoyons à (Kwon-Pak 1997 : ch.1)

qui présente la façon dont par est compris dans la tradition grammaticale et lexicographique.

et par là il s'agit d'emplois marginaux2 de par et que la caractérisation du sens spatial de par

mérite d'être faite à partir de l'observation de ses usages qualifiés de "lieu de passage" dans

(Kwon-Pak 1997) (ex : Il s'est échappé par le jardin).

Pour ce qui est des emplois où le SN complément de par désigne un lieu de passage,

Kwon-Pak en distingue deux types : "par impliquant l'idée de passage purement local" et "par

en emploi de lieu instrumental".

Le premier type d'emploi (ex : "Nous sommes revenus par Paris") est étudié

essentiellement à travers l'opposition de par et à travers spatiaux. L'observation du

comportement de ces deux prépositions par rapport aux verbes qui les introduisent permet à

l'auteur de constater que les verbes d'achèvement, qui désignent des procès ponctuels (ex :

entrer, sortir, etc.), n'acceptent pas à travers (ex : Il est sorti par (*à travers) la cuisine.). Ils

se combinent plutôt avec par dont le site "se réduit en un bloc sans considération de sa

dimension, alors qu'avec l'usage de à travers, le site semble être considéré dans sa pleine

dimension, ce qui entraîne inéluctablement l'idée de durée du déplacement" (Kwon-Pak

1997 : 260).

Kwon-Pak compare ensuite les entités désignées par les SN compléments de chacune

des deux prépositions. Les entités spatiales sont classées en cinq catégories : régions ouvertes

(ex : mer, plage, ville, forêt), régions fermées (ex : maison, salon), entités diverses (ex : porte,

fenêtre, grillage, flamme), entités relationnellement définies (ex : l'est, l'arrière, là) et parties

du corps (ex : cheveux, tête). La catégorisation des entités spatiales proposée par Kwon-Pak

est basée sur des critères comme région ouverte/fermée ou fonction publique/privée du site

(cf. notamment son 4ème chapitre) et reflète mal les distinctions que la langue semble opérer

entre les entités du monde.3 Selon l'auteur, les SN auxquels s'applique par peuvent se référer à

des entités appartenant aux cinq classes, ce qui signifie que par est peu sensible à la nature

des entités-sites. En revanche, la préposition à travers ne peut pas se combiner avec des SN

désignant les régions fermées, les entités relationnellement définies et les parties du corps.

Nous montrerons pour notre part que les deux prépositions introduisent des contraintes

importantes sur la nature des entités-sites (cf. § 3.1 ci-dessous pour par et Ch. 4, §§ 1.2.2.3 et

2

Tout en considérant des expressions par terre, par ici, par là, etc.comme des formes figées, nous estimons que

ce par est à relier aux emplois de type "localisation imprécise" (cf. § 2 ci-dessous), qui sont effectivement

marginaux et qui disparaissent progressivement du français (cf. note 4 ci-dessous).

3

Diverses études réalisées ces dernières années à Toulouse sur la catégorisation des entités spatiales dans la

langue ont montré qu'une catégorisation basée sur des tests linguistiques est tout à fait possible. Dans ce sens,

nous renvoyons, entre autre, à : (Borillo 1988 ; Aurnague 1989, 1991, 1996, 1998, 2001 ; Aurnague & al. 1997 ;

Vieu 1991, 1997 ; Vandeloise 1988 ; Stosic 2002).

2.1.1 pour à travers) et que certaines combinaisons considérées comme impossibles par

Kwon-Pak sont largement attestées dans les textes.

L'opposition de par et à travers conduit l'auteur à la constatation que le site de par

n'est pas considéré comme une entité indépendante mais comme un élément relationnel par

rapport à d'autres entités spatiales : "avec l'usage de la préposition par, chacune de ces entités

devient une des multiples (au moins une autre) possibilités de devenir le lieu de transition

dans chaque contexte" (Kwon-Pak 1997 : 266). Du fait des multiples possibilités pour la cible

d'effectuer son passage, Kwon-Pak considère que par spatial véhicule par son sémantisme la

notion de 'choix'.

Si nous pensons que l'entité-site sélectionnée par par est bien envisagée à travers les

relations avec d'autres entités, il nous semble en revanche que cette dépendance concerne

uniquement les entités impliquées dans le déplacement (cf. § 3 ci-dessous). En d'autres

termes, la préposition par insiste sur la/les relation(s) existante(s) ou établie(s) par le

déplacement de la cible entre les entités qui figurent sur la trajectoire. Nous essayerons donc

de montrer que le site médian de par peut être considéré comme un élément relationnel par

rapport à l'ensemble des entités constituant l'itinéraire suivi par la cible et non pas par rapport

à d'autres lieux potentiels de passage.

Revenons maintenant sur la notion de choix qui, selon Kwon-Pak, sous-tend la

sémantique de par dans ses usages spatiaux. Bien que l'auteur essaie de montrer sur de

nombreux exemples que la préposition par intervient dans une description spatiale lorsqu'on

envisage le site médian comme une possibilité parmi tant d'autres pour effectuer le passage,

nous ne sommes pas convaincu que cela soit le cas. En effet, nous estimons que toute

expression de la localisation spatiale implique nécessairement l'idée de choix et que presque

tout marqueur spatial, statique ou dynamique, peut être caractérisé par cette notion. Cela

remet sérieusement en cause la pertinence de cette notion, dans la mesure où l'on ne voit pas

pourquoi elle serait plus appropriée pour par que pour une autre préposition spatiale. Soit les

exemples suivants :

[1] Le car est passé par la Suisse.

[2] J'ai mis ton livre sur l'étagère.

[3] Pierre est dans la salle de bain.

[4] Michel travaille à Toulouse.

Dans les quatre exemples, l'entité choisie comme repère constitue une possibilité parmi tant

d'autres pour localiser la cible. Ainsi, le livre mis sur l'étagère aurait également pu être mis sur

la table, sur le lit, sur la chaise, etc. De même, on peut considérer que, dans la situation décrite

en [3], la salle de bain n'est qu'une pièce parmi tant d'autres susceptibles de déterminer la

position de Pierre.

Pour montrer que toute expression de localisation spatiale est basée sur un choix entre