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Synthèse et problématique générale

Vieillissement, stéréotypes et effet Stroop

2. Problématiques et hypothèses: stéréotypes sociaux, vieillissement et effet Stroop

2.1 Synthèse et problématique générale

Comme nous l’avons vu, les théories principales du vieillissement cognitif tentent d’identifier les mécanismes globaux qui sous-tendent les différences d’âge dans les tests d’intelligence fluide (Hasher & Zacks, 1988; Salthouse, 1996). Malgré les divergences, ces approches attribuent in fine, implicitement ou explicitement, la réduction des ressources à un déclin biologiquement fondé (Hertzog, 1996; cf. aussi Baltes & Staudinger, 1996). Cependant, les avancées dans le domaine de l’imagerie cérébrale (plasticité cérébrale, capacité de compensation, etc.) forcent, au minimum, à reconsidérer le rôle respectif des facteurs biologiques

et sociocontextuels sur le vieillissement cognitif (Baltes et al., 2006; Baltes & Singer, 2001).

Elles invitent également à s’intéresser davantage aux potentialités des personnes âgées. Or, les études sur le vieillissement cognitif n’ont que rarement développé des paradigmes permettant d’examiner ces potentialités. L’approche « testing the limits », une des exceptions en ce domaine, fait une distinction entre trois conditions de test: une condition standard, une condition optimale, vue comme le potentiel maximum de l’individu dans des conditions de test « idéales » (Kliegl et al., 1989), ainsi qu’une dernière condition qui vise à évaluer le potentiel (ou plasticité) cognitif maximum de l’individu (e.g. Baltes & Kliegl, 1992; Bherer et al., 2006; Lindenberger & Baltes, 1995). Cette approche ne s’est cependant pas intéressée aux influences sociocontextuelles favorisant ou limitant le potentiel des personnes âgées. L’application du paradigme de la

« menace du stéréotype » à l’étude du vieillissement a montré l’influence potentielle des stéréotypes sociaux négatifs sur les performances cognitives (Hess, 2006). Malgré la place centrale qui lui est accordée dans les théories du vieillissement cognitif, l’attention sélective n’a cependant fait l’objet d’aucun intérêt. Or, comme le montrent des études avec des jeunes adultes, les performances au test de Stroop pourraient être fortement influencées par des menaces identitaires individuelles et/ou groupales. Comme nous l’avons vu, certaines situations de test facilitent les performances; notamment l’utilisation d’un feed-back de comparaison sociale ascendante avec un endogroupe (Dumas et al., 2005) alors qu’une menace liée à l’activation de stéréotypes sociaux négatifs diminuait les performances au test de Stroop.

Ainsi, la diminution de la capacité d’inhibition des âgés pourrait être, en partie du moins, de nature transitoire et en lien avec les caractéristiques de la situation de test. Dès lors, des variations dans l’ampleur des différences d’âge pourraient dépendre des conditions de test sous l’influence des stéréotypes sociaux. Ainsi, l’ampleur des différences d’âge devrait varier selon que la situation de test est plus ou moins propice à l’activation de stéréotypes négatifs envers les personnes âgées.

On peut tout d’abord penser que différents aspects des situations de test utilisées dans les recherches sur le vieillissement cognitif peuvent, par défaut, renvoyer les personnes âgées à leur identité de groupe et/ou au déclin cognitif attendu avec le vieillissement et ainsi donner lieu à un sentiment de menace. En effet, au test de Stroop, les participants ont pour consigne de répondre

aussi vite et précisément que possible. Or, en apparence anodine, cette consigne83 est à elle seule propice à l’intervention d’un stéréotype défavorable aux âgés, celui de leur lenteur (signe d’incompétence). Il est donc possible d’envisager que pour les âgés la consigne de vitesse donnée au test de Stroop, active une identité de groupe menaçante en rapport avec ce stéréotype; on se souviendra à ce propos de l’influence que pouvait avoir la formulation des consignes sur les performances en mémoire des âgés (Rahhal et al., 2001). Les consignes données avaient également beaucoup d’effet sur les performances obtenues au test de Stroop chez des jeunes adultes (Huguet et al., 2004; Mackinnon et al., 1984; Peretti, 1971;). De plus, le matériel utilisé et/ou le type de tâche à réaliser dans la plupart des expériences (ordinateur, etc.) est généralement plus familier aux jeunes adultes qu’aux personnes âgées (Baltes et al., 1980). Enfin, les tests souvent réalisés dans des universités mettent en contact les personnes âgées avec le groupe des jeunes adultes, dont l’expérimentateur84. Comme nous l’avons vu, les contacts intergroupes peuvent être une source d’anxiété supplémentaire pour les personnes âgées susceptible d’influencer leurs performances cognitives (Abrams et al., 2006; Levy & Banaji, 200285). Des recherches ont montré que le simple contact entre les individus de différents groupes sociaux détériorait les performances au test de Stroop (Richeson & Shelton, 2003; Richeson & Trawalter, 2005; cf. aussi Katz et al., 1965). On peut également se demander si cet environnement, majoritairement « jeune » (e.g. type de test, expérimentation à l’université, âge de l’expérimentateur, etc.) n’est pas à l’origine d’une expérience « minoritaire » (ou de « solo-status »), qui rend saillante l’identité de groupe stigmatisée et le stéréotype associé, et ces effets négatifs sur les performances des groupes stigmatisés (Huguet & Regner, 2008; Inzlicht & Ben-Zeev, 2000; 2003). De plus, le fait de rendre saillante l’identité de groupe par une mention de l’appartenance catégorielle (c.-à-d. question sur l’âge) avant la réalisation du test peut également conduire à une expérience de menace (cf. Steele & Aronson, 1995, étude 4; Shih et al., 1999). Au total, ces études suggèrent que les caractéristiques de la situation de test « standard » comportent de nombreuses sources de menaces identitaires spécifiquement liées au groupe de personnes âgées. Ainsi, bien que similaires en apparence, le vécu et la signification de la situation de test

83 En plus de la consigne, lors du recrutement des personnes âgées et de la présentation de la recherche, l’insistance sur le fait que la recherche s’intéresse aux différences d’âge peut induire certaines attentes ou craintes des personnes âgées. On notera parfois que cette crainte peut être la motivation à participer à une recherche en psychologie.

84 Cet effet de groupe peut également se combiner avec d’autres différences de groupe, car les volontaires sont bien souvent très majoritairement des non-universitaires (cf. Delaloye, Ludwig, Borella, Chicherio & de Ribaupierre, 2008; Van der Elst et al., 2006). Croizet et Claire (1998) ont dans ce sens montré les effets négatifs des stéréotypes liés au statut social.

85 Levy et Banaji (2002) notent: « It is also possible that when young people are around older people, they adjust their behaviors in ways that reflect age stereotypes and thus activate the age stereotypes in older individuals » (p.62).

peuvent donc être très différents entre les adultes jeunes et adultes âgés. Nous considérons ainsi que les conditions de test standard sont plus favorables aux personnes jeunes qu’âgées. Certaines études suggèrent dans ce sens que l’attitude des âgés en situation de test est plus précautionneuse (précision favorisée aux dépens de la vitesse) que celle des jeunes86 (Schaie, 1974; Botwinick, 1966; Rush et al., 1987, 1990; voir aussi Klein et al., 1997; Bürki et al., 2008). Une attitude qui pourrait être particulièrement fréquente dans les situations non familières. Plus spécifiquement, Rush et collaborateurs (1987) ont examinés les temps de réponse et le nombre d’erreurs réalisées dans une population d’adultes âgés qui ont été classés par eux en un groupe de faiblement et fortement précautionneux sur la base d’un test mesurant cette dimension. Ils ont montré que les personnes âgées les plus précautionneuses étaient celles qui faisaient le moins d’erreurs dans leurs réponses dans les différentes conditions du test de Stroop87 (c.-à-d. incongruente, lecture et dénomination) et que leur temps de réponse était ainsi ralenti dans la condition de dénomination de patchs de couleur. Cette attitude est attribuée dans cette recherche à un « trait » de personnalité des personnes âgées. Des études suggèrent cependant que cette attitude pourrait également être le reflet de la « menace du stéréotype » (Hess & Emery, 2008; Seibt & Forster, 2004). Dès lors, une réduction des menaces identitaires liées à l’environnement de test devrait libérer une partie des ressources attentionnelles des personnes âgées et ainsi favoriser les performances dans la tâche cible. On peut par ailleurs supposer que ces effets devraient potentiellement être plus marqués en début de test lorsque les individus sont le moins familiarisés avec la situation et le matériel (Katz, 1964; Steele & Aronson, 1995; Zajonc, 1965).

Ainsi, il est donc possible d’envisager que, dans le test de Stroop qui implique invariablement une consigne de vitesse, les différences jeunes-âgés s’agissant de l’interférence couleur-mot pourraient donc bien être, elles aussi, surestimées. En bref, la taille de cette interférence n’exprimerait pas seulement, chez les âgés, une difficulté de focalisation, mais aussi l’action d’un stéréotype interférent. L’ampleur des différences en question devrait alors varier selon que la situation de test est plus ou moins propice à l’activation de stéréotypes négatifs envers les personnes âgées. Dès lors, il devrait aussi être possible de limiter les effets des stéréotypes sociaux négatifs sur les personnes âgées. Les études suggèrent (Steele et al., 2002) que les manipulations permettant de réduire le niveau de la menace devraient améliorer les

86Schaie (1974) fait l’hypothèse d’une attitude plus précautionneuse des âgés en situation de test et affirme: « At least some older people do less well when they are afraid that involvement in a task involves unreasonable risk of loss or embarrassment, but that careful control of instructional set may well induce the older person to consider alternatives he might otherwise eschew » (p. 3).

87 Le test utilisé était identique à celui de Comalli et collaborateurs (1962).

performances au test de Stroop (diminution de la diagnosticité de la tâche et de sa sensibilité aux différences de groupes). On peut ainsi penser que l’utilisation d’un feed-back positif est particulièrement utile afin de réduire les effets de menace (Bherer et al., 2006; Hess & Emery, 2008; West et al., 2005; voir aussi Seibt & Forster, 2004). Inversement, l’accentuation (ou validation) de la pertinence des stéréotypes négatifs en situation de test devrait augmenter le niveau de la menace et ainsi réduire de manière importante les ressources des personnes âgées.

Ce qui devrait conduire à une augmentation de l’interférence au test de Stroop. Il nous faut maintenant traduire notre objectif général en hypothèses plus spécifiques.

2.2 Hypothèses

L’objectif principal commun aux quatre études est d’examiner l’influence des stéréotypes sociaux négatifs associés au vieillissement (e.g. Kite & Johnson, 1988) à propos de l’ampleur des différences d’âge montrées sur le niveau de l’interférence couleur-mot au Stroop. Sur la base de la littérature concernant la « menace du stéréotype » (e.g. Hess et al., 2003; Schmader & Johns, 2003), nous faisons l’hypothèse que, à l’instar des variations dans l’ampleur des différences d’âge selon la variante utilisée du test de Stroop (de Ribaupierre et al., 2004; West & Baylis, 1998; voir aussi Kane & Engle, 2003; Long & Prat, 2002), les stéréotypes négatifs sur le vieillissement vont interférer avec la réalisation du Stroop pour les participants âgés. Les différentes situations de test ne devraient ainsi pas mobiliser de la même manière l’identité sociale négative associée au vieillissement et ainsi être une source de menace à des degrés variables. Nous formulons trois hypothèses plus spécifiques en lien avec les différences d’âge attendues pour chacune de nos manipulations expérimentales:

Hypothèse 1: Effet de la validation du stéréotype

Nous nous attendons à ce qu’une validation (ou renforcement) de la pertinence des stéréotypes négatifs en situation de test élève le niveau de la menace et perturbe ainsi l’attention sélective des personnes âgées (e.g. Hess et al., 2003). Une validation qui consiste en une présentation faite du test (ou habillage) comme sensible aux différences d’âge devrait changer la perception que les participants en ont. Plus spécifiquement : Dans cette situation, nous évoquerons avant que le test soit réalisé la présence de différence de performances entre groupes

d’âge au test Stroop, et nous confirmerons la pertinence du stéréotype négatif sur le vieillissement dans la description des résultats présentés par les jeunes et les âgés au test (i.e.

« Groupe contrôle évoqué88 + Stéréotype validé » (GCE + SV)). Ce type de formulation peut contribuer à mettre une pression supplémentaire sur les participants âgés du fait que les stéréotypes négatifs leur sont potentiellement applicables. Cette manipulation, qui pourrait contribuer à modifier le niveau de difficulté perçue du test (cf. Steele & Aronson, 2002), devrait conduire à une augmentation de l’interférence couleur-mot au test de Stroop. Le niveau d’interférence des jeunes ne devrait quant à lui pas être affecté par des stéréotypes négatifs dont les jeunes ne sont pas la cible. La méta-analyse de Walton et Cohen (2003), qui a mis en évidence un effet de « stereotype lift », suggère que les jeunes, par un effet de contraste, pourraient même montrer des performances améliorées. Au total, l’ampleur des différences d’âge sur le niveau d’interférence devrait être la plus importante lorsque le stéréotype est validé.

Hypothèse 2: Effet de l’invalidation du stéréotype et du feed-back positif

Inversement, nous nous attendons à ce que les manipulations expérimentales (c.-à-d.

invalidation du stéréotype ou feed-back positif) permettant de diminuer la menace associée aux stéréotypes négatifs favorisent la mise en œuvre de l’attention sélective chez les personnes âgées (e.g. Hess et al., 2003; West et al., 2005). Plus précisément : Dans cette situation, nous aurons recours à deux types de manipulations différentes selon les études. La première consiste dans l’évocation, avant que le test soit effectué de l’absence de différence de performances entre groupes d’âge au test de Stroop. Une manipulation qui devrait permettre d’invalider la pertience du stéréotype négatif sur le vieillissement dans la description des résultats présentés par les jeunes et les âgés (i.e. « Groupe contrôle évoqué + Stéréotype invalidé » (GCE + SIV)). La seconde est une situation dans laquelle un feed-back positif général est systématiquement donné sur les performances (i.e. « Groupe contrôle non évoqué + Feed-back positif »). Ces deux types de manipulations devraient conduire à une diminution de l’interférence au test de Stroop. Les performances des jeunes, qui ne sont pas la cible de ces mêmes stéréotypes négatifs, ne devraient pas quant à elles bénéficier de ce type de manipulations expérimentales. L’ampleur des différences d’âge devrait être la plus faible, voire absente, dans cette situation de test.

88 Le terme de « groupe contrôle » se référera tout au long de notre texte au fait que, dans la présentation faite du Stroop, l’intérêt de notre étude pour les différences entre jeunes et âgés était « évoquée » ou non. Selon le groupe d’âge des participants, le

« groupe contrôle » sera dès lors soit celui des jeunes soit celui des âgés.

Hypothèse 3: Effet de l’absence d’information sur les différences d’âge

Enfin, la situation sans intervention explicite et systématique en rapport avec les stéréotypes négatifs devrait occuper une position intermédiaire (« Groupe contrôle non évoqué » (GCNE)). Plus spécifiquement : Dans cette situation, nous ne ferons pas de référence aux différences d’âge au test de Stroop avant sa réalisation ou relativement aux stéréotypes négatifs sur le vieillissement. Ainsi, une différence d’âge devrait être observée dans cette situation qui devrait être défavorable aux âgés du fait de l’absence de contrôle de l’influence potentielle des stéréotypes négatifs sur le niveau de l’interférence au Stroop. Nous supposons en effet que même lorsqu’aucune intervention n’est réalisée, des stéréotypes négatifs peuvent être activés par des indices présents dans la situation de test (e.g. mention de son âge à l’expérimentateur) et dès lors être à l’origine d’une diminution des performances du groupe des personnes âgées (e.g. Hess et al., 2003; Steele & Aronson, 1995). Il faut enfin souligner que l’absence de mention des différences d’âge dans cette situation ne garantit ni sa « neutralité » relativement aux stéréotypes sur le vieillissement, ni sa proximité avec les études cognitives plus classiques sur le vieillissement. En effet, en raison de l’absence d’indication sur l’environnement de test dans les études cognitives plus classiques sur les différences d’âge au test de Stroop, chacune de nos manipulations expérimentales peut se rapprocher des différentes situations de test rencontrées par les âgés dans ces études.

En complément de ces trois hypothèses centrales dans toutes nos études, nous nous attendons également à ce que les effets de nos manipulations expérimentales sur le niveau d’interférence au test de Stroop interagissent avec le niveau de la capacité en mémoire de travail.

L’effet des stéréotypes négatifs sur les performances devrait s’expliquer par leur consommation d’une partie de la capacité en mémoire de travail qui n’était alors plus disponible pour le contrôle de l’interférence au test de Stroop. Nous faisons dès lors les hypothèses suivantes:

Hypothèse 4: Rôle de la capacité en mémoire de travail

La littérature sur la « menace du stéréotype » a fait jouer un rôle central aux ressources attentionnelles, souvent opérationnalisées par des tests d’efficience de la capacité en mémoire de travail, dans l’explication des effets des stéréotypes négatifs sur les performances intellectuelles

(e.g. Schmader & Johns, 2003; Steele & Aronson, 1995). Les résultats de Schmader et Johns (2003) permettent en effet d’associer l’activation de stéréotypes négatifs à un affaiblissement temporaire de la capacité en mémoire de travail. Nous nous attendons ainsi à ce que les variations observées dans le niveau d’interférence au test de Stroop, sous l’effet de la menace associée aux stéréotypes négatifs, interagissent avec le niveau de capacité en mémoire de travail. Cette hypothèse a été étudiée de deux façons complémentaires. Tout d’abord, en examinant les interactions entre la capacité en mémoire de travail, prise comme une « caractéristique » des individus (c.-à-d. une variable modératrice) (e.g. Kane & Engle, 2003; Long & Prat, 2002), et les différentes situations de test. Ensuite, par la construction d’un test de Stroop plus complexe (c.-à-d. avec ajout d’une charge cognitive supplémentaire) afin d’examiner, pour l’ensemble des participants, le rôle de la limitation de la quantité de ressources attentionnelles disponibles pour réaliser le test de Stroop (de Fockert et al., 2001; Engle et al., 1995).

4a) Rôle modérateur de la capacité en mémoire de travail

Nous souhaitons tout d’abord examiner le rôle de la capacité en mémoire de travail des individus. Deux types d’hypothèses, de nature contradictoire, qui reflètent chacune un effet d’interaction, de sens inverse, entre capacité en mémoire de travail et niveau d’interférence au Stroop, peuvent être formulées.

La première hypothèse s’appuie sur l’idée d’une diminution de la capacité en mémoire de travail au cours du vieillissement (e.g. de Ribaupierre, 2001; Zacks et al., 2000). Dès lors, les âgés avec un niveau d’empan élevé devraient être ceux qui préservent la plus grande quantité de ressources au cours du vieillissement. Nous pouvons dès lors nous attendre à ce qu’ils aient les ressources attentionnelles nécessaires pour faire face à l’affaiblissement temporaire de la capacité en mémoire de travail associée à la « menace du stéréotype » (Schmader & Johns, 2003). Plus spécifiquement, suivant les résultats de Kane et Engle (2003; voir aussi Long & Prat, 2002), nous pouvons nous attendre à ce que les participants âgés à empans élevés parviennent mieux à résister aux interférences associées aux stéréotypes négatifs du fait de leur niveau de ressources attentionnelles plus élevées et/ou leur probable plus faible niveau d’anxitété en situation de test.

Ainsi, les variations dans l’ampleur des différences d’âge pourraient être plus importantes pour les âgés avec des empans bas, considérés comme plus sensibles aux interférences des stéréotypes négatifs. Selon la seconde hypothèse, qui s’ancre plus directement dans la théorie de la « menace

du stéréotype » (Spencer et al., 1999; Steele & Aronson, 1995) nous pouvons nous attendre à ce que l’effet de menace soit, de manière paradoxale, le plus attendu chez les individus les plus performants (et/ou identifiés) dans le domaine qui est évalué (e.g. Spencer et al., 1999; voir aussi Beilock & Carr, 2005; Gimmig et al., 2006). Dès lors, les participants âgés à empans élevés devraient être ceux dont le niveau d’interférence au Stroop varie le plus suivant les situations de test. En revanche, le niveau d’interférence des âgés à empans bas devrait rester relativement stable dans les différentes situations de test du fait qu’ils sont moins affectés par les stéréotypes négatifs en raison de leur faible identification au domaine évalué. Ainsi, les variations dans l’ampleur des différences entre jeunes et âgés devraient être moindres pour les âgés à empans bas. Afin de départager ces deux hypothèses, nous examinerons la nature des interactions entre la capacité en mémoire de travail, le groupe d’âge et la situation de test (c.-à-d. la modération).

4b) Différences d’âge au Stroop avec une charge supplémentaire en mémoire de travail En fonction de la littérature sur le vieillissement cognitif (e.g. de Ribaupierre, 2001;

Hasher & Zacks, 1988; Salthouse, 1996), nous pouvons nous attendre à ce qu’une version du

Hasher & Zacks, 1988; Salthouse, 1996), nous pouvons nous attendre à ce qu’une version du