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Paradigme de la « menace du stéréotype » et vieillissement

Vieillissement cognitif et stéréotypes sociaux

2. Effet des stéréotypes sociaux sur les performances intellectuelles des âgés

2.2 Paradigme de la « menace du stéréotype » et vieillissement

Comme nous l’avons vu, Steele et collaborateurs ont montré que les stéréotypes négatifs peuvent avoir un impact délétère sur le comportement de membres de groupes lorsque ceux-ci sont mis dans une situation de confirmation potentielle des stéréotypes. L’intérêt d’une extension du paradigme de la « menace du stéréotype » à l’étude des différences d’âge dans le domaine cognitif a de nombreuses fois été mentionnée (Maass & Cadinu, 2003; Steele, 1997; Wheeler &

Petty, 2001). Steele et Aronson (1995) indiquent dans ce sens que cette pression situationnelle peut toucher les membres de n’importe quel groupe sur lequel des stéréotypes négatifs existent.

Plus spécifiquement, Wheeler & Petty (2001) affirment: «Thus, an elderly person might perform worse on a memory task following activation of an elderly stereotype because of the fear or anxiety associated with appearing senile to the investigator » (p. 803). Le groupe des âgés semble, en effet, correspondre aux critères d’application de la théorie définie par Steele et collaborateurs (Steele et al., 2002). On relèvera notamment le fait que, en accord avec la théorie, un stéréotype sur le groupe des âgés avec une négativité importante existe. On notera cependant que les études sur les âgés ont un caractère assez atypique et ne sont que peu répertoriées dans les articles ou dans la revue de littérature de Steele et collaborateurs (2002).

Des recherches ont examiné l’effet de « menace » potentiellement lié aux stéréotypes négatifs associés au vieillissement. Elles se sont généralement centrées sur la capacité mnésique.

Ainsi comme le montrent Rahhal, Hasher et Colcombe (2001), la simple évocation d’une composante attachée à la mémoire lors de la présentation des tests de laboratoire suffit pour

interférer, au moins dans la culture occidentale, avec les performances mnésiques des âgés. Dans les deux études de Rahhal et collaborateurs (2001), un test de mémoire était proposé aux participants jeunes ou âgés. Alors que, dans la première condition, le test était explicitement supposé diagnostiquer la capacité mnésique, il était présenté dans la seconde comme une épreuve d’apprentissage de certains faits sans grande importance. Dans ces deux conditions, les participants étaient conduits à mémoriser une liste d’énoncés (e.g. « il faut à peu près 6 heures pour faire bouillir un œuf d’autruche ») avec leur valeur de vérité (vrai ou faux). Puis ces énoncés leur étaient à nouveau présentés à l’exception de cette valeur, que les participants avaient pour consigne de restituer sans erreurs. En condition diagnostique, les âgés montraient une performance inférieure à celle des jeunes. Cette différence s’estompait dans l’autre condition, plus neutre s’agissant du stéréotype de référence. Mais surtout, l’infériorité des âgés ne s’exprimant que dans la première condition (diagnostique), les résultats de Rahhal et collaborateurs (2001) forcent à admettre qu’au moins certaines différences d’âge en matière de performances mnésiques sont bel et bien culturellement influencées par la mobilisation d’un stéréotype défavorable au groupe d’appartenance (pour des résultats relativement similaires cf.

Desrichard & Kopetz, 2005; Hess et al., 2004). Ces premiers résultats ont ainsi été interprétés de manière cohérente avec la théorie de la « menace du stéréotype » (Steele, 1997).

Hess et collaborateurs (2003) ont trouvé un pattern similaire en examinant directement cette hypothèse avec un test de rappel libre (c.-à-d. présentation de 30 mots appartenant à 6 catégories sémantiques). Ces auteurs ont repris la méthodologie classique utilisée par Aronson et collaborateurs (1999) pour l’étude des effets de menace. Ainsi, les participants étaient informés, par un article qu’ils avaient à lire, des conséquences négatives ou positives du vieillissement sur la mémoire. Un troisième groupe (contrôle) ne recevait aucune information à ce sujet. Les auteurs ont ainsi trouvé une activation plus forte des stéréotypes négatifs liés au vieillissement dans la condition où une information négative était donnée62. Ces effets étaient en

62 L’indicateur utilisé à cette fin était une variante d’une tâche d’activation de stéréotype développée par Banaji et Hardin (1996).

Dans ce test les participants sont confrontés à une présentation consécutive et informatisée de paires de mots composées d’un mot amorce (« jeune » vs « âgé ») et d’un mot cible de différentes valences (positive, négative ou neutre). La tâche du participant est alors de classer le plus rapidement possible dans la catégorie « bon » ou « mauvais » les mots cibles présentés. Le temps de réponse mis pour catégoriser les différents traits présentés consécutivement à l’amorce « âgé » est pris comme l’indicateur principal de l’activation de stéréotypes en situation de test. Sur cette base, Hess et collaborateurs (2003) concluent à l’efficacité de leurs manipulations explicites du stéréotype du fait que les patterns de temps de réaction dans la condition où une information négative était donnée et dans la condition contrôle ne variaient pas. Ces deux conditions se distinguaient de la condition plus positive par un temps de réaction plus rapide pour les mots cibles négatifs et plus élévé pour les mots cibles positifs présentés après l’amorce « âgé ». Cette différence de résultats pour la condition positive est alors perçue comme le reflet de l’activation

lien direct avec les performances réalisées dans la tâche de rappel en mémoire; inférieures dans la condition négative (vs positive). De manière cohérente avec le paradigme (Steele, 1997), la force de l’effet constaté était fonction de la valorisation de leur mémoire par les participants (c.-à-d.

l’identification au domaine) mesurée à l’aide d’une adaptation d’une échelle de « métamémoire » (MIA) (exemple d’affirmation « It is important to me to have a good memory ») de Dixon et Hultsch (1984; cité par Hess et al., 2003). Enfin, la variation du niveau de performance en rappel était en partie expliquée par les stratégies mnésiques utilisées. Ainsi, les participants âgés, dans la condition négative, tendaient à moins utiliser une stratégie de regroupement des mots à rappeler en catégories sémantiques. Les analyses montrent même que 58% de la variance dans les performances mnésiques associée aux effets de « menace du stéréotype » sont expliqués par l’utilisation ou non de stratégies de regroupement. On notera encore le lien entre ces résultats et ceux de Schmader & Johns (2003) qui mettent en évidence le rôle médiateur important de la mémoire de travail, en particulier dans ses fonctions de planification et d’exécution de stratégie.

Dans un même cadre, les travaux d’Abrams et collaborateurs (2006) ont étendu ces résultats à un ensemble plus large de tâches cognitives (c.-à-d. compréhension, rappel, fluence verbale, empan de chiffres). Ils ont ainsi montré, avec une population d’âgés uniquement, qu’une consigne ne soulignant pas la sensibilité des tests réalisés aux effets du vieillissement sur les performances intellectuelles63 donnait lieu à de meilleures performances que celle qui la mentionnait. On notera cependant qu’une limite de cette étude est de ne pas avoir utilisé de groupe contrôle de jeunes adultes et de ne pas permettre de conclusions quant à la différence d’âge.

D’autres études donnent des résultats plus mitigés. Ainsi, Chasteen et collaborateurs (2005) ont examiné les effets de la « menace du stéréotype » sur des tâches de rappel (études 1 et 2) et de reconnaissance (étude 3) plus écologiques (c.-à-d. proche d’activité de la vie quotidienne) dans le but d’augmenter l’intérêt des personnes âgées pour le test. Le matériel à mémoriser, adapté de la tâche de « Sentence predicate task » (Hamilton, Katz & Leirer, 1980), consistait en la présentation successive de phrases décrivant des comportements relatifs à quatre domaines différents (e.g. pour le domaine religieux « read the Bible in his hotel room »). Les

facilitée d’une représentation plus positive de la catégorie « âgés » dans cette situation. Aucune différence d’âge n’est cependant constatée dans l’activation du stéréotype.

63 Le paradigme utilisé dans cette étude avec une manipulation moins appuyée (ou « flagrante ») que celle de Hess et collaborateurs (2003) est inspirée en particulier de Stricker et Ward (2004). Les tests cognitifs à réaliser sont présentés aux participants de manière fortement menaçante (c.-à-d. « pourquoi les personnes âgées réussissent moins bien dans des tâches intellectuelles que les personnes jeunes », ou faiblement menaçante (c.-à-d. « comment les gens diffèrent dans leurs réponses à différentes tâches »).

consignes de mémorisation de ces phrases, proches de celles de l’étude de Rahhal et collaborateurs, accentuaient (se souvenir des mots exacts de chaque description) ou non (se former une impression générale sur l’individu réalisant les comportements décrits) la composante mnésique du test à réaliser. Les résultats montrent que la consigne la plus « neutre » (c.-à-d.

formation d’impression) favorise le rappel et la reconnaissance des âgés. Cependant, comme les jeunes montrent le même pattern, les différences d’âge ne sont pas réduites dans la condition la plus favorable. Des analyses de médiation montrent que les différences de performance entre groupes d’âge sont totalement expliquées par un « sentiment de menace du stéréotype »64 présent chez les âgés et cela indépendamment de la situation de test. On peut alors conclure, que les effets de « menace » sur les performances n’ont pu être éliminés par les manipulations. A l’instar des résultats de Chasteen et collaborateurs (2005), Andreoletti et Lachman (2004) n’ont pas trouvé de réduction de la différence d’âge dans un test de mémoire présenté ou non comme sensible aux différences d’âge. Les chercheurs identifient cependant une modération des performances par le niveau d’éducation de leur population, et cela indépendamment de l’âge. En effet, seuls les individus les plus éduqués étaient sensibles aux manipulations relatives aux stéréotypes négatifs sur les âgés et leurs performances étaient les meilleures dans la condition la plus favorable. En revanche, pour les moins éduqués, les performances étaient diminuées, par rapport à une condition contrôle, quelle que soit la nature de l’information donnée (en accord ou non avec le stéréotype). Les différences de performances constatées chez les participants les plus éduqués sont alors interprétées, de manière post-hoc, comme l’expression d’une plus grande

« confiance » dans leurs capacités par ceux qui avaient le plus haut niveau d’éducation.

Dans l’ensemble, malgré certaines incohérences, ces études ont mis en évidence l’importance des caractéristiques de la situation de test (ou menace induite) dans les performances des personnes âgées à des tâches cognitives (en particulier dans le domaine de la mémoire). Comment comprendre cependant les différences de résultats entre études sur les populations jeunes ? Des explications invoquant des différences méthodologiques (mode d’activation du stéréotype et tâches utilisées) entre celles-ci ont souvent été suggérées. D’un côté, les études présentées varient dans le type de manipulations utilisées. Au niveau le plus subtil, certaines recherches ne font par exemple, et de manière similaire à l’étude de Steele et Aronson (1995), qu’une modification de la « diagnosticité » du test (ou « habillage ») par l’utilisation ou

64 Cette variable était obtenue à partir de questions telles que: « Some people feel I have less memory ability because of my age » ou « The experimenter expected me to do poorly because of my age ».

non du label « mémoire » (Chasteen et al., 2005; Descrichard & Kopetz, 2005; Hess et al., 2004;

Rahhal et al., 2001). D’autres, plus proches du paradigme développé par Spencer et collaborateurs (1999), activent le stéréotype par une présentation de la tâche à réaliser comme sensible ou non aux différences d’âge (Abrams et al., 2006; Andreoletti & Lachman, 2004; Hess et al., 2003; Hess & Hinson, 2006; O’Brien & Hummert, 2006). Ces dernières sont présentées de manière plus ou moins flagrante allant d’une simple mention des différences d’âge dans la consigne (Andreoletti & Lachman, 2004) à la lecture d’articles sur les effets négatifs ou non du vieillissement dans le domaine cognitif (Hess et al., 2003; Hess & Hinson, 2006).

Comme le notent Chasteen et collaborateurs (2005), les manipulations les plus

« appuyées » sont celles qui semblent avoir le plus de succès dans la réduction des différences d’âge. D’un autre côté, les auteurs ont également évoqué des différences dans les tâches utilisées.

Ainsi, comme le notent Rahhal et collaborateurs (2001), il est frappant de constater la faiblesse, voire l’absence totale, de différences d’âge dans les tests n’impliquant aucune référence explicite à la mémoire (e.g. tests de mémoire implicite ou de mémoire incidente; cf. Fleischman &

Gabrieli, 1998; Perlmutter & Mitchell, 1982, pour des revues). Il est certes possible que l’efficacité des processus implicites soit simplement préservée au cours du vieillissement. Une telle explication n’interdit pas cependant d’attribuer cette même efficacité, au moins en partie, à l’absence de toute référence explicite à la mémoire lors de la présentation du test, et peut-être à l’absence d’un stéréotype interférant; en clair, ces deux interprétations ne sont pas mutuellement incompatibles. S’agissant de l’interprétation des différences d’âge sur les tests de mémoire explicite, il est donc difficile d’écarter le rôle des stéréotypes en rapport avec le vieillissement.

Saisis dans leur ensemble, les résultats évoqués à ce propos forcent cependant au minimum à suggérer une surestimation des différences observées entre adultes jeunes et âgés (e.g. Desrichard

& Kopetz, 2005; Hess et al., 2003; Hess & Hinson, 2006; Hess et al., 2004; pour des revues cf.

Hess, 2005; 2006). Mais comment ont été expliqués dans ce cadre les effets des stéréotypes négatifs ?

Les explications formulées originalement sur une population jeune ont été étendues aux résultats des études avec des personnes âgées. Comme nous l’avons précédemment mentionné, dans cette partie spécifique de la littérature sur le vieillissement cognitif, les différences entre jeunes et âgés sont le plus souvent expliquées par une diminution de la capacité générale de traitement sous l’effet de stéréotypes négatifs. Hess et collaborateurs (Hess et al., 2003, Hess &

Hinson, 2006 ; Hess et al., 2004) font précisément l’hypothèse que les stéréotypes négatifs affaiblissent la capacité de la mémoire de travail. De manière compatible avec cette hypothèse, Hess et collaborateurs (2003) observent que les stéréotypes négatifs dont les âgés sont la cible entravent la capacité de ces derniers à déployer des stratégies mnésiques efficaces. En effet, en situation de « menace du stéréotype » les participants âgés utilisaient moins fréquemment une stratégie de regroupement en catégorie sémantique des mots à rappeler65. La menace pourrait ainsi affecter l’utilisation de stratégies en diminuant les attentes de performance dans le test. Une étude de Desrichard et Kopetz (2005) a dans ce sens montré que le sentiment d’autoefficacité en lien avec les performances mnésiques était diminué dans cette même condition. De manière alternative, on peut penser, en suivant Steele et Aronson (1995), que la « menace du stéréotype » va affaiblir les performances en élevant l’anxiété et l’éveil (« arousal »). Ce qui peut en retour charger la capacité en mémoire de travail et ainsi affecter négativement la mise en place de stratégies (Hess et al., 2003; Schmader et al., 2008). L’implication de tels mécanismes reste cependant très hypothétique car les fondements empiriques manquent. Ainsi, Hess et Hinson (2006) ont testé le rôle des stratégies, avec une procédure identique à l’étude de Hess et collaborateurs, mais n’ont pas reproduit les résultats. De plus, aucune recherche n’a directement évalué le rôle de la capacité en mémoire de travail avec des personnes âgées. Par ailleurs, les études qui se sont intéressées à l’état d’anxiété susceptible d’accompagner l’activation du stéréotype chez les personnes âgées n’ont reçu qu’un faible support empirique (Abrams et al., 2006; Auman, Bosworth & Hess, 2005; Hess et al., 2003; Hess & Hinson, 2006; Hess et al., 2004; Levy et al., 2000; O’Brien & Hummert, 2006). Par exemple, Hess et collaborateurs (2003) qui ont mesuré le niveau d’anxiété à l’aide d’une sous-échelle du questionnaire de

« métamémoire » (e.g. « I get upset when I cannot remember something ») de Dixon et Hultsch (1984; cités par Hess et al., 2003) n’observent pas de différences d’âge ni de variation selon les situations de test. Hess et collaborateurs (2004) ont même observé un état d’anxiété, mesuré avec une version courte de la STAI (Spielberger, 1983), plus faible chez les adultes âgés (étude 1) ou une absence de différences (étude 2; voir aussi Hess & Hinson, 2006). Une étude d’Auman et collaborateurs (2005) suggère cependant que les problèmes de mesure de l’anxiété par questionnaire sont similaires à ceux avec des personnes jeunes. Une distinction pourrait en effet également exister entre le report verbal de l’anxiété et ses manifestations non verbales (Bosson et

65 La tâche de rappel libre utilisée comportait une liste de 30 mots de six catégories sématiques différentes.

al., 2004). Dans ce sens, les mesures physiologiques de l’anxiété (« arousal ») donnent des résultats prometteurs (Auman et al., 2005) puisque, contrairement à ce qui a été constaté avec les mesures autorapportées, elles semblent sensibles aux variations situationnelles. Plus généralement, dans la continuité des études sur des populations de jeunes adultes (e.g. Ashcraft

& Kirk, 2001; Eysenck & Calvo, 1992; Klein & Boals, 2001), certains travaux appuient tout de même l’hypothèse d’une relation étroite entre les variations de la capacité de traitement des personnes âgées et les variations de leur état de stress (e.g. Sliwinski, Smyth, Hofer & Stawski, 2006; Sliwinski, Smyth, Stawski & Wasylyshyn, 2005; Stawski, Sliwinski & Smyth, 2006).

Relevons en particulier les résultats de l’étude de Stawski et collaborateurs (2006) qui ont comme intérêt particulier de montrer, chez les âgés, l’effet négatif d’un stress transitoire sur les mécanismes cognitifs globaux (mémoire de travail et vitesse de traitement) invoqués par ailleurs dans la littérature sur le vieillissement cognitif.

On se souvient enfin que dans le cadre de la « menace du stéréotype » l’identification au groupe peut jouer le rôle de facteur modérateur des effets (Steele et al., 2002). Les études précédemment mentionnées (cf. ce chapitre; partie 1.3) soutiennent dans ce sens l’idée d’une faible identification des âgés à leur groupe. Abrams et al. (2006) ont très directement mesuré le rôle de modération de ce facteur dans leur étude des effets de « menace du stéréotype » sur les performances des âgés et ils ne trouvaient pas d’effet de cette variable. Il faut cependant relever que la manipulation du stéréotype réalisée par Abrams et collaborateurs (2006) mélangeait deux types de menaces (identité personnelle et identité de groupe). Mais, dans les études avec des jeunes adultes, la modération par l’identification au groupe n’a pas été la plupart du temps trouvée dans des études qui ont manipulé la menace de groupe (Wout et al., 2008). Or, la quasi-totalité des études des effets de « menace du stéréotype » avec les âgés impliquaient une menace sur l’identité personnelle66 combinée ou non avec une menace sur l’identité de groupe (Abrams et al., 2006; Chasteen et al., 2005; Desrichard & Kopetz, 2005, Hess et al., 2003; Hess et al., 2004; Rahhal et al., 2001). Une seule étude a fait varier uniquement la menace portant sur l’identité sociale67, mais cette dernière n’a pas utilisé de mesure de l’identification au groupe (Andreoletti & Lachman, 2004). Ainsi, toute conclusion sur le rôle modérateur de cette variable est actuellement prématurée.

66 Les tests étaient présentés comme mesurant la mémoire ou l’intelligence (diagnosticité). Une manipulation qui est vue comme menaçante pour l’identité individuelle (Wout et al., 2008).

67 Une menace identitaire individuelle était cependant présente puisque le terme mémoire était utilisé pour présenter la tâche.

Cependant, seule la menace relative à l’identité de groupe variait d’une condition à l’autre.

Dans l’ensemble, les études des effets de la « menace du stéréotype » ne permettent pas de tirer des conclusions claires sur les médiations et modérations impliquées. Elles suggèrent cependant que la réduction des ressources en mémoire de travail et l’élévation du niveau d’anxiété auraient un rôle potentiellement important. Comme nous l’avons vu, les recherches de Levy et collaborateurs ne faisaient pas appel aux mêmes mécanismes dans les explications de leurs effets sur les performances. On peut alors se demander dans quelle mesure leurs résultats peuvent être compris comme des effets de « menace du stéréotype ».

2.3 La « menace du stéréotype »: une explication