Synthèse des techniques de collecte utilisées 174!

L’objectif de cette recherche est d’étudier une pratique routinière, le tri des déchets, qui prend place dans la famille. Il s’agit pour comprendre cette pratique du tri de l’observer d’une part et de recueillir les dires de celle-ci d’autre part par les différents membres de la famille. La pratique est composée de faires et de dires. Les faires relèvent de l’observation, tandis que les dires relèvent des discours des familles. Une complémentarité des méthodes est donc envisagée pour mettre en lumière les différentes dimensions de la pratique.

Pour observer les faires du tri par la famille, nous avons mis en avant plusieurs types d’observations possibles. Dans la présente recherche, nous faisons le choix de recourir à l’observation comme méthode de collecte de l’information. Plus particulièrement, l’observation participante. Ces observations nous permettront d’éclairer plusieurs questions telles que : Comment les familles trient-elles leurs déchets ? Qui jette les déchets ? Qui sort les poubelles ? Quels sont les déchets jetés et dans quelles poubelles ? Combien y a t’il de poubelles ? Autant de questions soulevées qui nécessitent une approche par les observations des pratiques de la famille. Afin de minimiser le plus possible les limites de l’observation participante, le chercheur a pris part de la manière la plus limitée possible aux activités de la famille. En complément de cette observation participante, la prise de photographies de l’intérieur du domicile des familles a été réalisée.

Ces observations sont à compléter par des entretiens avec les différents membres de la famille, en vue de comprendre la pratique du tri portée par la famille et ce que cela peut révéler de la dynamique familiale. Ainsi, pour ce qui est des dires de la pratique, nous retenons l’entretien long de type semi-directif comme outil de collecte de l’information auprès de la population adulte (McCracken, 1988).

Face aux nombreuses limites, notamment cognitives, rencontrées auprès de la population enfantine, le choix est fait de recourir aux méthodes projectives. Parmi elles, une retient particulièrement notre attention : le mime. Il a le double avantage de mettre l’enfant en situation de tri (« faires ») et de le faire s’exprimer sur la pratique au travers de son récit (« dires »). Le dessin et le collage n’ont pas cet avantage de mettre l’enfant en situation « réelle » du tri. A noter qu’aucune recherche empirique n’a jusqu’à présent été réalisée en recourant au mime comme technique de recueil auprès des enfants. Suite au mime, il a été demandé à l’enfant de raconter ce qu’il a fait. Le choix d’un croisement des méthodes a donc été entrepris, pour permettre la récolte d’une information plus riche et répondant mieux à la problématique inhérente à l’interview des enfants (Brée, 2007) : observations familiales, mime et entretien.

Les discours et récits des parents et enfants nous permettent de confronter les « dires » de la pratique avec les « faires » observés in situ. Le tableau 7 présente les différentes techniques de collecte retenues, ainsi que les avantages et les limites de chacune.

La présentation des différentes phases méthodologiques est présentée figure 17. Nous précisons que chaque méthode a été menée séparément avec les membres de la famille, sauf dans le cas de l’observation. Sinon, entretiens et mimes ont été réalisés séparément avec d’une

part chaque parent et d’autre part chaque enfant. Par ailleurs, il convient de préciser que pour la mise en œuvre du processus méthodologique, la famille doit être composée au minimum d’un parent et d’un enfant ayant un âge compris entre 7 et 11 ans. Avant l’analyse et l’interprétation du matériau obtenu, il convient de s’interroger sur la place du chercheur dans ce design de la recherche.

Méthode de collecte

de l’information Avantages Limites Recherches applicatives (non

exhaustif)

Observation et

entretien Permettre de comprendre le point de vue de l’acteur (émique)

Recours à de multiples techniques de collecte pour limiter les biais de la recherche.

Le chercheur n’a pas d’accès aux perceptions, valeurs et croyances des individus. La description visuelle est sélective et incomplète (Dion, 2007).

Le chercheur peut devenir trop proche de la population étudiée et devenir moins critique et pertinent dans ses conclusions.

Peñaloza (1994)

Observation participante

Observation en temps réel des comportements routiniers. Le carnet de bord sert de support pour consigner ces observations.

Temps consacré à la collecte des données sur le long terme

Dion (2007) Hargreaves (2011)

Photographie Ces techniques permettent de dépasser les biais liés au déclaratif.

Description plus complète du phénomène par rapport à la prise de note liée aux observations.

Le chercheur n’accède pas toujours à des prises de vue repérées par les répondants. Une possibilité est de donner un appareil photo aux répondants pour dépasser cette limite.

Dion (2007)

Donnenfeld et Goodhand (1998)

Entretiens semi-

directifs Permet de produire une interprétation émique de l’action.

Les répondants interprètent et donnent sens à leur consommation.

Des biais de désirabilité sociale

peuvent apparaître. McCracken (1988)

Méthode projective Accéder aux motivations

premières des individus et s’affranchir du phénomène de désirabilité sociale

Permettre de contourner les difficultés d’interviews rencontrées avec les enfants.

McGrath, Sherry et Lévy (1993)

Mime Accéder aux langages de l’enfant (corporel et récits). Mise en situation de l’enfant.

Difficulté possible pour l’enfant face à la caméra.

Figure 17. Les différentes phases méthodologiques de la recherche

Phase 2 Objectif: Accéder aux

"dires" et aux "faires" (avec les enfants) de la pratique

Phase 1 Objectif: Accéder aux "faires" de la pratique

Observation participante au sein du

domicile familial

Entretiens semi- directifs avec les

parents

Mimes et entretiens avec les enfants