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sémantiques et référentielles

II. 1.2.3 – Syntaxe interne

Selon la fonction occupée par le pronom-déterminant, nous avons repéré plusieurs types de configuration quant à la syntaxe interne de la proposition subordonnée. Nous allons les étudier en fonction de leur fréquence dans notre corpus :

Fonction du pronom-

déterminant Syntaxe interne de la subordonnée

Fonction sujet (510 occ.) LEQUEL-V(O) LEQUEL-X-V(O)

252 (49,4%) 258 (50,6%)

Fonction objet direct

(119 occ.)

LEQUEL-SV LEQUEL-X-SOV

116 (97,5%) 3 (2,5%) Fonctions prépositionnelles (297 occ.) [Prép. + LEQUEL] -VS(O) [Prép. + LEQUEL] -SV(O) [Prép. + LEQUEL] -X-SV(O) 15 (5%) 261 (87,9%) 21 (7,1%)

Tableau 5 – Syntaxe interne de la subordonnée selon la fonction de LEQUEL (période classique)

– Dans le cas de la fonction sujet, l’ordre rencontré dans la moitié des occur- rences est de type [LEQUEL-V(O)] (252 occurrences sur 510, 49,4%). Dans les 258

occurrences restantes, un constituant vient s’intercaler entre le pronom- déterminant le GV de la subordonnée [LEQUEL-X-V(O)]. Ce peut être un adverbe ou un groupe adverbial (56) ou encore un complément circonstanciel (57).

(56) [384] […] je m'aperceu de ce dont je ne m'estois douté auparavant, et vis clairement que si Geneviefve avoit par cy- devant fait semblant de m'aymer, ce n'avoit esté que pour com- plaire à sa mere, laquelle à la verité voudroit bien que je fusse son gendre. Mais j'ai cognu que Basile estoit mieux aux bonnes graces de la fille que moy. (Turnèbe, 1584)

(57) [293] Tantost elle nous donne des aisles aux talons comme aux deux premiers ; tantost elle nous cloue les pieds et les entrave, comme on lit de l'Empereur Theophile, lequel, en

une bataille qu'il perdit contre les Agarenes, devint si estonné

et si transi, qu'il ne pouvoit prendre party de s'enfuyr […] (Montaigne, 1580. Cf. ex. 65, p. 69 – 70)

Parmi ces compléments, deux d’entre eux se distinguent par leur incidence sur la syntaxe de la subordonnée. Tout d’abord, nous distinguons ceux introduits par un par- ticipe présent (58 et 59).

(58) [144] [...] Et la vene arterieuse, qui a esté ainsi mal nommée pourceque c’est en effect une artere, laquelle prenant son origine du coeur, se divise, aprés en estre sortie, en plu- sieurs branches qui se vont respandre partout dans les pou- mons. (Descartes, 1637)

(59) [128] Que s'il est obligé de traiter une matière histo- rique de cette nature, c'est alors qu'il la doit réduire aux termes de la bienséance, sans avoir égard à la vérité, et qu'il la doit plutôt changer tout entière que de lui laisser rien qui soit in- compatible, avec les règles de son art, lequel se proposant l'idée Universelle des choses, les épure des défauts et des irré- gularités particulières que l'histoire, par la sévérité de ses lois, est contrainte d'y souffrir […] (Académie française, 1637)

Ces configurations, assez fréquentes parmi les constituants intercalés entre le pro- nom-déterminant sujet et le verbe conjugué de la subordonnée (85 occurrences sur 258, 32,9%), ont déjà été analysées par Éliane Kotler. Selon ses analyses, ces occurrences participent à la fois à la cohésion* et à la cohérence* textuelle :

La structure [pronom relatif + participe présent], plus ou moins figée, participe donc à la fois de la cohésion et de la cohérence du texte :

– de la cohésion du tissu narratif par la présence du relatif qui assure un lien avec l'énoncé antérieur ;

– de la cohérence discursive par le lien de causalité incident liant entre eux les événements rapportés [et assuré par le prédicat introduit par le participe]. (Kotler, 2005:47)

Les autres types de compléments que nous distinguons ici sont introduits par la con- jonction comme (60 et 61). Ceux-ci sont moins répandus dans notre corpus (18 occur- rences sur 258, 7%), mais leur rôle nous semble similaire à celui des participes pré- sents que nous venons d’étudier.

(60) [220] Je ne sçay si bandant les ressorts intérieurs de sa volonté, il excita hors de soy quelque mouvement qui fit arriver ce que vous allez entendre : mais tant-y-a qu'aussi-tost après tous les fruits, toutes les fleurs, toutes les feüilles, toutes les branches, enfin tout l'arbre tomba par pièces en petits hommes

voyans, sentans, et marchans, lesquels, comme pour célébrer le

jour de leur naissance au moment de leur naissance mesme, se

mirent à danser à l'entour de moy. (Bergerac, 1655)

(61) [281] Il avait appris de Moïse que ce divin architecte, à mesure qu'il bâtissait ce grand édifice, en admirait lui-même toutes les parties : Vidit Deus lucem quod esset bona, qu'en ayant composé le tout, il avait encore enchéri et l'avait trouvé « parfaitement beau » : Et erant valde bona, enfin qu'il avait paru tout saisi de joie dans le spectacle de son propre ouvrage. Où il ne faut pas s'imaginer que Dieu ressemble aux ouvriers mortels, lesquels, comme ils peinent beaucoup dans leurs en-

treprises et craignent toujours pour l'événement, sont ravis que

l'exécution les décharge du travail et les assure du succès. (Bossuet, 1662)

Ce qui distingue ces deux familles de constituants de tous les autres, c’est que ce sont les seuls, dans notre corpus, à pouvoir s’accompagner d’une reprise pronominale de l’antécédent à proximité du groupe verbal de la subordonnée relative, passé le cons- tituant intercalé14. Les locuteurs semblent considérer qu’il y a après ces compléments

en particulier un décrochage interprétatif, exigeant une remise en avant de la construc- tion syntaxique de l’énoncé. Nous trouvons ce rappel avec les participes présents (62 et 63) et la forme composée du participe passé que nous évoquions précédemment (64), ainsi qu’avec les compléments introduits par comme (65).

(62) [602] [...] puis cheminans par ceste voye douloureuse, vismes à droicte la maison de la Veronique, laquelle voyant passer nostre Seigneur le visage tout couvert de sang qui luy ruisseloit de son precieux chef tout percé de la couronne d’espines, elle en eut telle compassion, qu’au mesme lieu elle

14

Ce sont les occurrences [10], [14], [49], [69], [80], [285], [295], [435], [602], [606], [615] et [617]. L’occurrence suivante est la seule exception de notre corpus :

[368] [...] comme a faict le seigneur Dieghos, lequel des que j'eus acoin-

té au commencement qu'il arriva en ceste ville, car je suis tousjours adverti des nouveaux venuz, il me fit de grandes caresses […] (Amboise, 1584)

Il s’agit de la seule occurrence où l’on peut trouver un rappel anaphorique alors que le constituant in- tercalé n’est introduit ni par comme, ni par un participe présent. La seule explication que nous pou- vons envisager ici prend en compte l’empilement des constituants intermédiaires, leur grand nombre et leur longueur nécessitant une remise en avant de la structure syntaxique de l’énoncé. Voir Four- nier (2002:38).

print son voile ou mouchoir dont elle l’essuya [...] (Bénard, 1621)

(63) [615] [...] nostre Seigneur ayant mis de la boüe faicte de sa salive avec de la poussiere sur les yeux de l’aveugle né, il l’envoya en ce lieu pour se laver, lequel obeyssant au com-

mandement de nostre Seigneur il s’y transporta, & si tost qu’il

se fut lavé les yeux, il receut la clarté corporelle & spirituelle rendant graces à Dieu d’un si grand benefice : [...] (Bénard, 1621)

(64) [295] Les enfans sçavent le conte du Roy Croesus à ce propos : lequel, ayant esté pris par Cyrus et condamné à la

mort, sur le point de l'execution, il s'escria : O Solon, Solon.

Cela rapporté à Cyrus, et s'estant enquis que c'estoit à dire, il luy fist entendre qu'il verifioit lors à ses despens l'advertisse- ment qu'autrefois luy avoit donné Solon […] (Montaigne, 1580)

(65) [80] [...] et tant il veut que nous ayons tous pour iamais en Iesvs, et en Iesvs seul, la source et l’origine de l’vnité d’esprit et de grace, à laquelle il luy a pleu nous appeller en son fils, lequel comme il est eternellement et diuinement vn auec

son pere par sa naissance premiere, et vn auec nous temporel- lement et humainement par sa seconde naissance ; ainsi il tend

à l’vnité, et nous y exhorte par sa parole, il nous y conduit par son exemple, [...] (Bérulle, 1623)

Ces reprises pronominales ne sont pas directement liées à la distance entre le pro- nom-déterminant et le prédicat de la subordonnée : nous pouvons les trouver alors que le constituant intermédiaire est relativement bref (63) tandis que ces constituants peu- vent être bien plus massifs et ne pas provoquer de rappel anaphorique* (61). Leur lon- gueur tend sans doute à favoriser ces reprises15, mais il nous semble qu’elles témoi-

gnent moins de l’existence d’une contrainte syntaxique que d’une sensibilité particu- lière aux différents mouvements du texte.

Nous rapprochons ces occurrences des phrases à thématisation analysées par Natha- lie Fournier (2002:132-134). Celles-ci sont caractérisées par une dislocation, à gauche ou à droite, du sujet ou d’un complément qui sera repris (ou annoncé) par un pronom anaphorique. Ces détachements, condamnés par les grammairiens classiques, thémati- sent le constituant rappelé, et c’est ce que nous observons dans nos occurrences précé-

dentes. Le pronom-déterminant est interprété ici comme un marqueur thématique : il assure notamment la cohérence textuelle, en centrant l’antécédent dans l’esprit du lo- cuteur avant la poursuite de l’énoncé selon un mécanisme que nous avons décrit précé- demment (cf. § I.2.2 & I.2.3). LEQUEL n’introduit pas ici stricto sensu de subordonnées

relatives : il est comme flottant dans l’énoncé et agit à la façon d’un jalon qui vient cadencer la lecture, en mettant en avant le topique* de la séquence textuelle à laquelle il participe. Le pronom sujet en reprise assure quant à lui la cohésion et la bonne cons- truction syntaxique de la proposition, tandis que le complément intermédiaire introduit par un participe présent ou par comme se retrouve en tête de structure phrastique, ce qui asseoit son importance interprétative.

Ces configurations diffèrent cependant de celles décrites par Nathalie Fournier (ibid.) dans la mesure où l’élément thématisé n’est pas directement un groupe nominal, mais le pronom-déterminant qui le reprend anaphoriquement. Ces reprises appuient selon nous l’hypothèse que LEQUEL est interprété dans ces rôles thématiques comme

une expression référentielle à part entière et non comme un subordonnant, et que la structure qu’il introduit doit s’analyser comme une nouvelle proposition indépendante.

– Pour les LEQUEL objets directs, la subordonnée est quasiment toujours de

type [LEQUEL-S-V] (116 occurrences sur 119, 97,5%). Les trois exceptions que nous avons relevées quant à cette configuration16 se rattachent à celle que nous

venons de décrire : un complément introduit par un participe présent est intercalé après la thématisation opérée par LEQUEL, puis un pronom objet reprend ce dernier

pour construire syntaxiquement la subordonnée (66).

(66) [234] [...] l’homme ne s’ennuie de tout et ne cherche cette multitude d’occupations, que parce qu’il a l’idée du bon- heur qu’il a perdu, lequel ne trouvant point en soi, il le cherche inutilement dans les choses extérieures [...] (Pascal, 1669)

Ces configurations sont plus rares que celles mettant en jeu des LEQUEL sujets

du fait, d’une part, de la rareté même de la fonction objet direct au regard de la fonction sujet (119 occurrences contre 510). D’autre part, l’absence de complé- ment intermédiaire entre LEQUEL objet et le sujet de la subordonnée est sans doute

liée à l’interprétation difficile de ces occurrences, qui bouleversent l’ordre habi-

tuel SVO des structures phrastiques. Afin de faciliter l’interprétation, les auteurs rendent généralement directement contigus les éléments essentiels de l’énoncé : l’antécédent est contigu à LEQUEL objet, qui est contigu au sujet de la subordon-

née, ce dernier étant ensuite directement contigu au GV comme dans l’exemple (67). Ces jeux de contiguïté se rencontrent y compris en cas de dépendance loin- taine : en (68) par exemple, laquelle est l’objet du verbe tinsse et non pas du GV le plus proche du pronom, pussent croire. L’auteur a conservé la contiguïté de LE- QUEL avec son antécédent et le sujet de la subordonnée, et une modification de cet

agencement aurait compliqué l’interprétation de la subordonnée.

(67) [153] Puis, pour achever de la rendre tout à fait mau- vaise au lieu que la surprise qui trouble Chimène devoit être courte, le poëte l’a étendue jusques à dégoûter les spectateurs les plus patiens, qui ne se peuvent assez étonner de ce que don Sanche ne l’éclaircisse pas du succès de son combat avec une parole, laquelle il lui pouvoit bien dire, puisqu’il lui peut bien demander audience deux ou trois fois pour l’en éclaircir [...] (Académie française, 1637)

(68) [347] Le tempérament que j’y apportai fut de laisser dans mon avis, par lequel je paroîtrois favorable à messieurs les princes en général, une porte, laquelle et le Mazarin et le premier président pussent croire que je me tinsse ouverte à des- sein, pour ne me pas engager à les servir en particulier pour leur liberté. (Retz, 1679)

– Dans le cadre des fonctions prépositionnelles, la fonction de LEQUEL, qu’il

participe ou non à la structure d’actance de la subordonnée relative, ne semble pas avoir d’incidence sur la syntaxe interne de la subordonnée. La configuration la plus fréquente est de type [Prép. + LEQUEL-]-SV(O) (261 occurrences sur 297, 87,9%), à l’instar de l’exemple (69). Les occurrences s’écartant de ce modèle, telles [Prép. + LEQUEL]-X-SV(O) à l’image de l’exemple (70), ou

[Prép. + LEQUEL]-VS comme l’exemple (71), sont rares dans notre corpus (respec-

tivement, 21 occurrences sur 297, 7,1% et 15 occurrences sur 297, 5%).

(69) [921] Ce fut là où Zacarie ayãt recouvert la parolle per- duë, composa le cãtique, Benedictus domin'Deus Israle &c ; Sortãs de là nous mõtasmes une autre fort rude mõtagne par

(70) [636] Car l’eucharistie, en laquelle est la grace substan- tielle du pere, ne nous conioinct et vnit auec Dieu que durant certains moments, durant lesquels à la verité, ô grandeur ! ô

puissance de nos mysteres ! Nous sommes vnis réellement et

substantiellement auec luy, entant qu’vne mesme substance in- diuiduelle [...] (Bérulle, 1623)

(71) [698] On estoit déjà parvenu jusqu’à ceux qui avoient fuï les premiers, où l’on prit quantité de femmes, dont la plû- part traînoient leurs petits enfans par la main, parmi lesquelles estoient trois jeunes Princesses fille d’Ochius qui avoit regné

avant Darius, déchuës depuis quelque tems de la gloire de leur Père, mais accablées par la pesanteur de ce dernier coup.

(Vaugelas, 1709)

Dans ces occurrences, la postposition du sujet de la subordonnée ne semble pas liée directement à l’emploi du pronom-déterminant ou à sa fonction. Nous reprenons les commentaires que nous avions faits précédemment sur cette question (cf. § II.1.1.1), et nous observons que cette postposition est liée à des contraintes pesant sur le sujet lui- même, notamment sa longueur (71 et 72) ou l’emploi d’une expansion déterminative (73)17. En ce sens, il ne nous semble pas que les subordonnées introduites par les fonc-

tions prépositionnelles du pronom-déterminant se distinguent de celles introduites par les pronoms relatifs simples sur ce paramètre.

(72) [718] Voilà les remèdes que j’imagine, auxquels pour- ront être ajoutés beaucoup d’autres meilleurs par monsieur notre maître et ancien, suivant l’expérience, jugement, lumière et suffisance qu’il s’est acquis dans notre art. Dixi. (Molière, 1669)

(73) [851] N’attendez pas, messieurs, que j’ouvre icy une scene tragique ; que je represente ce grand homme étendu sur ses propres trophées ; que je découvre ce corps pasle et san- glant, auprés duquel fume encore la foudre qui l’a frapé ; que je fasse crier son sang comme celuy d’Abel [...] (Fléchier, 1676)

Pour résumer, cette analyse de l’ordre des constituants des propositions subordon- nées selon la fonction du pronom-déterminant nous permet d’apporter un argument

17

Pour une étude des paramètres favorisant la postposition du sujet dans les relatives, nous renvoyons à Marcello-Nizia (1995:37), Fuchs (1997:152-153) et Lahousse (2011:112, 123 sq.).

supplémentaire concernant le statut particulier de la fonction sujet au regard des fonc- tions objets directs et prépositionnelles. Ces dernières ne semblent pas avoir d’incidence sur la syntaxe interne de la subordonnée, et devront dès lors être analysées selon d’autres critères. Quant à la fonction sujet, elle se comporte davantage comme une expression référentielle que comme un pronom relatif, ce qui semble aller dans le sens de nos précédentes hypothèses (cf. § I.2.3).

Plus généralement, cette section nous a permis d’observer que LEQUEL se comportait

surtout comme un jalon, susceptible de prolonger l’énoncé et notamment l’action de la proposition matrice. La prise en compte de la subordonnée est souvent essentielle à la compréhension, et celle-ci se situe en ce sens sur le même plan d’interprétation que la proposition enchâssante.

II.1.3 – L

EQUEL

et les pronoms relatifs simples

Nos précédentes analyses ont montré que l’emploi de LEQUEL dans notre corpus

n’était pas dépendant de la notion d’ambiguïté (cf. § II.1.1) et que la subordonnée qu’il introduisait avait une prédisposition à s’émanciper de la proposition matrice pour in- troduire une nouvelle prédication ou un nouveau mouvement textuel (cf. § II.1.2). Ces éléments ne sont pas spécifiques au pronom-déterminant, et nous avons plusieurs fois souligné que les pronoms relatifs simples se comportaient, tant en langue qu’en dis- cours, de la même façon dans l’énoncé. Partant, après avoir analysé les propriétés lin- guistiques de LEQUEL, il nous faut à présent interroger directement sa concurrence syn-

taxique avec les pronoms relatifs simples. Nous avons organisé nos remarques selon deux cas de figure :

– Nous avons tout d’abord considéré une concurrence effective, ou in prae-

sentia, dans laquelle les deux familles de pronoms relatifs sont cooccurrentes et

renvoient au même antécédent nominal (74 et 75).

(74) [441] Le tavernier, lequel comme il est dit, était un peu matois, et qui avait déjà quelque atteinte du défaut de jugement de son hôte, acheva de le croire tout à fait quand il eut achevé d'ouïr de si belles raisons, et, pour avoir de quoi rire cette nuit- là, il se résolut de seconder son humeur […] (Oudin, 1614)

(75) [672] Bien plus, j'ai feint que cette Léontine, ne croyant pas pouvoir cacher longtemps cet enfant que Maurice avoit

commis à sa fidélité, vu la recherche exacte que Phocas en fai- soit faire, et se voyant même déjà soupçonnée et prête à être découverte, se voulut mettre dans les bonnes grâces de ce ty- ran, en lui allant offrir ce petit prince dont il étoit en peine, au

lieu duquel elle lui livra son propre fils Léonce. (Corneille,

1647)

Nous ne considérons ici que les cas de coréférence*, et nous écartons les occur- rences telles (76) où nous trouvons les deux familles de pronoms dans le même envi- ronnement syntagmatique mais où chacune se rapporte à un antécédent distinct.

(76) [508] […] avec un blason qui dit Miaou, qui est le commencement du nom de sa maîtresse, laquelle, comme l'on dit, est la nonpareille Miaouline […] (Oudin, 1614)

– D’autre part, nous avons considéré une concurrence virtuelle, ou in absentia, dans laquelle LEQUEL est employé mais où le locuteur aurait pu faire appel à un

pronom relatif simple sans contrevenir aux règles syntaxiques que nous avons présentées précédemment (cf. § I.1). Dans les exemples suivants (77 et 78), nous précisons ainsi entre parenthèse le pronom relatif simple qu’aurait pu employer l’auteur en lieu et place de LEQUEL.

(77) [416] C'est un doux scandale qui trouve sa reparation dans le silence et dans la honte de celuy qui l'a receu ; c'est un crime qui se pardonne par la seule consideration qu'a l'avari- cieux de ne s'oser plaindre de sa perte, laquelle (qu’) il a tousjours esperance de recouvrer en une nouvelle espargne. (Gougenot, 1633)

(78) [802] Après que j'eus répondu à ses interrogations, elle m'en fit encore d'autres assez inutiles, puis elle vint à s'enquérir de moi si je n'avais aucunes intelligences à Londres à qui j'écrivisse et de qui je reçusse des lettres ; je repartis à cela que je n'y connaissais qu'un marchand chez lequel (chez qui) j'avais logé, à qui je n'écrivais point, et qui ne me mandait point de nouvelles […] (L’Hermite, 1643)

Si nous reviendrons ultérieurement sur les phénomènes de cooccurrence illustrés dans l’exemple (76), nous voulons tout d’abord étudier ce qui motiverait sur le plan syntaxique l’emploi d’un pronom relatif en particulier, en éliminant toutes les con- traintes potentielles : en ce sens, nous avons sciemment écarté les occurrences dans

lesquelles d’autres paramètres auraient pu influencer l’emploi du pronom-déterminant. Les concurrences effectives (74 et 75) nous permettent d’écarter des paramètres liés à la catégorie notionnelle de l’antécédent, et notamment au trait [± humain] qui peut