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LA LECTURE DU MANUSCRIT DE MARINUS

1.2 LES RATURES

1.2.1 Les substitutions, ou « le jardin des épithètes »

1.2.1.1 La substitution synonyme

Il faut définir la substitution synonyme comme celle qui opère un remplacement du mot barré par un mot synonyme. Nous distinguons dans ce type de substitution la synonymie pure et la synonymie de contexte.

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« La littérature commence avec la rature. Il semble qu’elle n’existe qu’à partir du moment où celui qui écrit élimine – râcle, selon l’étymologie du mot « rature » – ce qui ne correspond pas à son projet ou aux exigences de ce texte qu’il est en train de mettre au jour. Quelque chose lui apparaît inadéquat, incongru par rapport à un reste qui a priorité et mérite de demeurer en l’état ; ce quelque chose doit être effacé sous peine de compromettre l’équilibre de l’écrit, sous peine de déroger aux lois d’un ensemble. » (cf. Jean Bellemin-Noël, Le Texte te l’avant-texte, les

brouillons d’un poème de Milosz, Librairie Larousse, 1972, p. 5).

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Commençons par la substitution de synonymie pure. La synonymie est pure quand les deux mots portent le même sens dans et hors du contexte de la phrase. C’est la synonymie normale reconnue dans le dictionnaire. Cette forme de substitution est fortement présente dans MM. L’auteur choisit de garder le même sens mais de changer la sonorité du mot, attentif au lyrisme de la phrase française.

La version originale de MM marque vraiment un goût de Claude Louis-Combet pour le lyrisme de la phrase. Le même sens est gardé mais le son change dans les deux substitutions différées des folios 38 et 86. Au folio 38 « sans violence » se substitue à « non-violente ». Si nous examinons ce changement, nous remarquons que la consonne « s » est fortement présente et structure la prononciation de la phrase : « Et lorsqu'il me dit, de sa même voix [non-violente] <sans violence > que j'ai tant aimée et qui, maintenant, me laissait vide, à [regarder mes pieds] <contempler l'obscénité de mes pieds > dans leurs sandales, qu'allez-vous devenir, mon pauvre ami? » C’est pour un effet d’allitération et d’harmonie sonore de la phrase que semble se justifier cette substitution.

De même, au folio 86, Louis-Combet opère un remplacement synonyme. Le verbe «choir» se substitue à « retomber » pour des raisons phonétiques :

Et j'ai beau m'évertuer à coïncider avec ce moment de parfaite unité, j'ai beau tenter de l'épouser, par amour de mémoire, en sa merveilleuse clôture, je ne suis guère plus que le pèlerin d'un impossible sanctuaire, m'approchant de ce qui ne peut être atteint, tendant la main vers ce qui ne peut être saisi, ouvrant la bouche sur des mots qui ne peuvent être prononcés – et lorsque naît la parole, du désespoir de n'avoir pu forcer le cœur de son propre silence, c'est pour [ retomber ] <choir > dans la mouvance et la sempiternelle approximation des comparaisons et des métaphores.

Le mot « choir » offre un effet d’assonance avec « mémoire, désespoir, avoir ». Autre exemple : aux deux folios 130 et 333, une dominance de la consonne « s » produit une allitération. C’est ici encore la même recherche d’effet sonore qui semble avoir guidé l’auteur. Les deux corrections notées dans ces deux pages sont régies par l’impératif de cette sifflante. « Forçant » remplace son synonyme « traquant » produisant un effet de succion mimétique. Le son de la phrase doit rejoindre son sens :

Et lorsque la prière prend le relais de cette savouration, on peut penser que l'activité intime de la langue, des lèvres et des mille et une muqueuses masticatoires, salivaires, olfactives et déglutisseuses, sans changer de style ne fait que changer d'objet, [traquant] < forçant > la saveur

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de dieu dans la pulpe des mots, cherchant en dieu son plaisir et le cueillant avec une inlassable ardeur dans le jardin des épithètes. (f. 130).

Il semble bien que Claude Louis-Combet, amoureux de la langue française ait voulu éprouver sa capacité à l’harmonie imitative, Claude Louis-Combet est l’Adam de ce « jardin des épithètes » éden de l’écrivain qui y mord le fruit défendu, avec délices, consommant pour toujours le péché d’écriture. Autre exemple : « susceptible » se substitue à « capable » : « C'était alors la seule activité, si je puis dire, [capabl[e]] susceptible de m'aider à survivre. »38 (f. 333). Ici la sifflante renforce le son de « survivre », ce verbe qui clôt la phrase. La survie est primordiale pour un être menacé par l’anéantissement qu’est le narrateur d’où la recherche éternelle de la complétude originelle. Nous relevons beaucoup d'autres exemples où la synonymie pure est engendrée par la sonorité. « Tenta » se substitue à « chercha », au folio 187 : « Et d’abord Eugène s’étonna, résista, [chercha] < tenta > de nier cette vision en baissant les yeux. ». Le verbe « tenter » est plus fort avec son double « t ». La force de l’allitération souligne la résistance face à la force du regard de la sainte. Ce regard très perturbant suggère celui de Marina en attente de son père. L’image de Marina obsède Eugène. Le père a essayé d’échapper au désir qui le possède envers sa fille. Il s’est enfui dans le désert l’abandonnant, mais le souvenir de Marina le possède tout entier. « Travaillait » se substitue à « œuvrait », au folio 116 pour l'allitération en « t » : « Et à la lenteur du temps qui passait et [œuvrait] < travaillait > sans bruit à accomplir l’instant, la très paisible et très patiente Salomé s’approchait tranquillement de la cellule de l’Abbé ». Le « t » de travaillait » accuse la sensation de lenteur et de pesanteur qui caractérise la démarche de Salomé. Elle entame une stratégie de séduction basée sur la douceur et la souplesse : « [...] Elle s’avançait, douce et souple et silencieuse [...] ». (f. 115). Salomé est la part féminine de l’auteur qui est en quête du père. La séduction se situe dans cette recherche de la totalité et de l’unité comme le montre cette phrase retirée du f. 40 du dossier des « Pensées Détachées » : « - Le Père (L’Abbé) formant l’autre unité, l’autre face » et en bas parallèlement à cette phrase une autre en rouge représentant un schéma : « Face mâle – face femelle ». La relation avec le père est capable de restituer au narrateur son unité originelle perdue. Par ailleurs, « Bordait » est remplacé par « longeait », pour marquer l'allitération en « l », folio 395 : « Et Marina, qui n’avait jamais quitté son village et la basse plage qui [bordait] < longeait > cette partie du Pont-Euxin, avait

38 Le crochet a aussi pour rôle de restituer le mot dans sa forme correcte. Claude Louis-Combet a écrit « capable »

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également, à partir de quelques images retenues des récits de son père, [ill.] < édifié > sa Byzance intérieure. » (f. 395-396). Le « l » de « Longeait » renvoie à celui de « village » et de « plage » qui dessinent un espace clos où Marina se trouve paradoxalement libre et séquestrée. L’élément aquatique éminement féminin est ici un symbole d’enfermement qui isole la jeune fille de l’autre bout du monde et la fait rêver à Byzance, lieu de débauche, de vie et de tumulte qu’elle ne connaîtra jamais.

Folio 527, « vagabondages » remplace « errances », à la recherche de l'assonance en « a » : « Au niveau le plus élémentaire, c’était d’abord la répartition traditionnelle entre les activités du jour – mon travail de recherche, essentiellement – et les activités de la nuit – mes [errances] <vagabondages > dans la ville, parmi les fontaines et les filles ». Ce changement est régi par la sonorité mais aussi par le mot lui-même. « Errance » est probablement porteur d’une signification religieuse parce qu’il est relié chez Louis-Combet au destin du saint comme dans

Les Errances Druon, où Druon erre d’une ville à l’autre à la recherche du salut. Le narrateur est

tout le contraire d’un saint mais pour autant, il est à la recherche de lui-même, et cette quête a quelque chose d’un graal moderne. Le mot est par ailleurs utilisé par l’écrivain dans MM pour désigner une errance intellectuelle plus que physique comme dans l’exemple suivant : « Mon regard recommençait infatigablement le même voyage à travers sa forme et c’était, chaque fois, un nouveau voyage, une nouvelle errance, une nouvelle aventure. » (f. 559).

Vers la fin du ms, « outrepasser » se substitue à « rompre » :

Bien loin d'être le lieu anatomiquement défini d'un corps individualisé, il appartenait, comme leur source et leur fondement, à toute l'épaisseur des songes, à la nuit de la mémoire et à l'espace sans borne de toutes les aspirations du désir à [rompre] < outrepasser > ses limites et à les abolir – celles des individus, des genres et des espèces – pour se fondre et se perdre enfin dans la chaleureuse, bienheureuse et totale extase de la Vie. (f. 675).

Les deux choix expriment l'idée de dépasser, de briser, de se libérer de ses limites mais le verbe «outrepasser » constitue le choix le plus adéquat. Ce verbe est en harmonie avec l'allitération en « s » qui traverse la phrase : « source, épaisseur, songes, espace, sans, aspirations, celles, espèces». La sifflante traduit la force du désir, le seul élément capable d’assurer « l’extase de la vie » qui n’est autre que la totalité et l’unité auxquelles aspire le narrateur. La prose de MM revêt une grande densité poétique grâce à la profusion des sonorités qui créent des phrases musicales

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et rythmiques, et l’étude de toutes ces substitutions synonymiques, mises à chaque fois au service de la musique de la phrase, nous convainquent de l’importance capitale de l’écrivain pour le lyrisme de la phrase française, par lequel il se laisse envahir. Sans doute, peut-on affirmer que le lyrisme est chez lui un impératif tout-puissant, qui guide son écriture, et qui pourrait même en être le principe.

Nous découvrons un autre type de substitution de synonymie pure. Louis-Combet remplace un mot synonyme par un autre sans autre raison que la simple fantaisie de l’auteur. Au folio 152, l’auteur supprime « s'apprête à » et lui substitue « sur le point de » : « Cependant comme elle [s'apprête à] < est sur le point de > pénétrer dans l'église et se prépare à rencontrer son fiancé, elle s'aperçoit que ses pieds sont nus. » Nous ne comprenons pas le motif de ce changement ; la phrase se caractérise par une allitération en « p », et les deux options contiennent la lettre « p », donc nous ne pouvons interpréter cette substitution que par un choix personnel de l'auteur qui estime sans doute que « sur le point de » rend mieux l’idée du seuil, du passage fugace d’un état à un autre. En outre, Louis-Combet renonce à « rencontre » pour « conjonction », ce qui est étonnant de la part d’un écrivain très attentif à la sonorité des ses phrases. « Rencontre » annonce bien le « r » dominant de la phrase :

Les chants des Mélodes lui reviennent, jaillis de son cœur comme si elle en était, elle-même, la source créatrice et comme si elle inventait, constamment, dans la musique et la pertinence du verbe, l'évidence miraculeuse de son identité supérieure – cette identité qu'elle ne pressent que dans la [rencontre] < conjonction > du chant avec la lumière, dans le balancement des strophes et dans l'espèce de folie des mots qui disent l'union de l'âme avec son Dieu et l'état très étrange d'un esprit soudain hors de soi parce qu'il ne s'est jamais trouvé aussi profondément uni à lui-même. (f. 261).

Mais sans doute le terme « conjonction », terme particulièrement pesé par Louis-Combet, dit une union plus serrée, plus effective que le terme « rencontre ». Ce passage constitue un moment crucial dans la vie de Marina. C’est le moment de l’union totale avec elle-même, avec la confusion femme/homme qu’elle va ressentir à Maria Glykophilousa. C’est le moment de la totale identité, qui va se dissiper au demeurant après son travestissement.

Le dernier type de synonymie pure réside dans le souci de la forme de la phrase. Par exemple, Louis-Combet modifie sa phrase ou plus précisément un mot dans la phrase par effet de symétrie ou d'harmonie :

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Je ne sais plus si, parlant de la Terre, c'est de mon corps que je parle et de l'élargissement de mes sens, si plaçant, ici et là, le nom de Dieu, le nom de l'âme, je tente seulement d'exorciser mes abîmes au travers de formules que l'histoire a vidées ou si je tiens un discours légitime par une foi [impérissable] < qui n'a pas réussi à périr >. (f. 67).

« Qui n'a pas réussi à périr » signifie « impérissable ». En effet, l’auteur structure sa phrase par des subordonnées relatives : « que je parle », « que l'histoire a vidées » et « qui n'a pas réussi à périr ». De plus, « n'était » se substitue immédiatement à « n'y avait » sans changement de signification. Le sens ne change pas entre « il n'y avait personne pour l'entendre » et « il n'était personne pour l'entendre ». Cette expression est en parallèle avec « il n'était donc même pas pensable qu'il pût crier » du début de la phrase. La substitution différée au folio 90 montre davantage le goût de la symétrie dans les phrases louis-combétiennes. Louis-Combet peut aussi séparer deux phrases pour une raison esthétique : « Cela ne m'intéressait pas < . > [et] < Cela > n'avait aucun rapport avec ma charge d'expérience solitaire. » Il rajoute un point pour isoler «cela ne m'intéressait pas » de « et n'avait aucun rapport avec ma charge d'expérience solitaire » et remplace la conjonction de coordination « et » par le pronom démonstratif « cela ». Le sens reste le même mais la forme change, parlant du goût de l’auteur pour les effets de symétrie, et donc là encore pour un certain lyrisme de la phrase, une certaine musicalité, un rythme propre qui est sa marque de fabrique.

Par ailleurs, l’écriture louis-combétienne se caractérise par la précision et la concision qui confèrent à la phrase une élégance stylistique. « Sa parole » se substitue à « son langage » : « J’étais moins tenté par le rêve de puissance sur les choses que par le désir d’épouser l’âme très religieuse de l’Abbé et de m’introduire dans la texture intime des ses pensées et de [son langage] < sa parole > » (f. 74). En effet, Louis-Combet préfère remplacer le mot précis par le mot général, ce qui donne un effet classique à son style, à la fois tenté par l’universalité et en même temps ancré dans la sensualité, comme l’ait été la langue des mystiques du XVIIe

siècle qu’il apprécie tant. Un autre exemple s’offre au folio 655. « Langue » est remplacée par «dialecte ». Le « dialecte » est une « forme particulière d’une langue, intermédiaire entre cette langue et le patois, parlée et écrite dans une région d’étendue variable [...] »39

. Ici le terme précis prend la place du terme général. De même, au folio 508, des termes religieux se substituent l'un à l'autre.

39 Trésor de la langue française, dictionnaire de la langue du XIXe et du XXe siècle édité par le centre national de la

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Louis-Combet supprime « religieux » pour « moine » : « Elle pense que c’est le [religieux] <moine >, [le saint], qui se débat, en Marinus, pour imposer, contre l’évidence du désir, l’obligation de la loi de Dieu. » En effet, le moine est le « religieux ayant prononcé des vœux solennels et vivant généralement cloîtré, selon la règle de son ordre. »40 L’écrivain choisit finalement le terme « moine » pour désigner Marinus et élimine les deux autres termes « religieux » et « saint ». Le récit de Marina-Marinus se déroule au désert dans un monastère, lieu privilégié des moines, qui ne reconnaissent pas la destinée des saints ou l’élan évangélisateur des religieux. « Moine » correspond mieux à la vie cloîtrée et isolée du monde de Marina, à ses gestes répétitifs, à sa vie réglée.

L’écriture louis-combétienne se révèle davantage une écriture raffinée et élégante à la recherche de l’extrême précision, comme de la musicalité. Nous relevons plusieurs exemples de synonymie pure où la substitution a pour seule raison le souci esthétique. Par exemple, l'expression « six fois ailé » est supprimée et remplacée par son synonyme « l'hexaptère » (f. 157). Par ailleurs examinons la rature dans : « Ils disent également que les genoux de Marina prirent au fil des ans [l'épaisseur et la rugosité] < la consistance rugueuse > des chameaux » (f. 601). En effet, « rugueuse » et « rugosité » ont le même sens et « consistance », est synonyme d'« épaisseur » mais la formule finale a certainement plus d’élégance évitant la coordination des deux substantifs. En outre, l’élégance de l’écrivain se lit à travers le remplacement d'un groupe de mots par un adverbe en –ment (qu’a tant apprécié la Préciosité). Par exemple, « curieusement » se substitue à « c'était une expérience étrange » :

[C'était une expérience étrange] < Curieusement >, quelques textes hagiographiques, issus de monastères byzantins de basse époque, me sollicitaient personnellement bien plus que n'avaient pu le faire tant d'écrits philosophiques, théologiques ou littéraires qui avaient été, pendant tant d'années, ma nourriture spirituelle. (f. 406).

Là encore, serait-ce l’empreinte de la langue française du XVIIe siècle qu’il admire tant qui le pousse à ces substitutions. La forme des mots varie mais le sens reste le même. Louis-Combet est très attentif à la manière dont l’idée émerge, d’où le remplacement d’un groupe de mots par un seul terme ou vice versa. Les changements effectués assurent à la phrase louis-combétienne une élégance, parfois un grand raffinement stylistique, le plus souvent un lyrisme tangible. L’écrivain

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est particulièrement attentif à la beauté formelle et à la musicalité de son texte. Les quelques exemples que nous venons de repérer ne suffisent certes pas à les montrer, mais pourraient pousser les spécialistes à explorer plus encore cette voie (et cette voix).

Nous distinguons, dans MM, une autre forme de synonymie : la synonymie de contexte. Quand deux termes n'étant pas, au départ, synonymes sont considérés comme tels dans un contexte particulier, c'est alors que nous trouvons une synonymie de contexte. Comme la substitution de synonymie pure, la substitution de synonymie de contexte est engendrée par un impératif esthétique chez Claude Louis-Combet. Une des causes de cette substitution est le souci d'établir une sonorité harmonieuse dans une phrase ou dans un paragraphe. « Enlisée » n'est pas synonyme de « noyée » mais ces deux adjectifs acquièrent le même sens au sein de la phrase (f. 264) : « Eugène regarde sa fille, du fond d'une tendresse [noyée] < enlisée > dans la fatigue ». Les deux mots représentent la même image, celle d'un sentiment traversé par la fatigue du voyage. Cette substitution est déclenchée probablement par l’assonance du son « i » qui fait écho à « fille, fatigue ». De même, « hantée » se substitue à « secouée » pour le son nasal « an » (f. 556). Ces deux verbes n'ont pas la même signification mais c’est le contexte qui les rend synonymes : « L'enfant avait beau scruter au-dedans de lui-même, il ne percevait rien de plus – pas de lumière, pas la moindre zone de blancheur, mais toujours cette nuit illimitée, [secouée] <hantée> en son fond par des transes de sang ou de feu. » « Hantée » et « secouée » traduisent le sentiment d'être fortement touchée ou ébranlée. L’écrivain change aussi « secouée » pour ne pas répéter ce mot déjà présent de la phrase précédente : « or ce qu'il voyait, derrière ses paupières, était très sombre : du noir, secoué de temps à autre par des pulsations rougeâtres. » « Issus » et « venus » ne sont pas synonymes mais ils se substituent l'un à l'autre par l’effet de la sifflante : «Et des halètements, des chuchotements, des gémissements, de nulle part [venus] < issus > mais partout se propageant, semblaient créer une profondeur nouvelle dans un espace dont le fond