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Mère et Mer, fusion des éléments (fluidité et fluence de la fusion) Dans son essai Le Recours au mythe, Louis-Combet dévoile son enfance auprès de deu

DU ROMAN REMANIÉ À L’AUTRE ROMAN

2.1 LE ROMAN REMANIÉ

2.1.1.1 Le mythe de l’androgyne dans l’avant-texte 74 L’androgyne

2.1.1.1.1 Mère et Mer, fusion des éléments (fluidité et fluence de la fusion) Dans son essai Le Recours au mythe, Louis-Combet dévoile son enfance auprès de deu

figures maternelles, la mère et la grand-mère. Ayant perdu son père à l’âge de cinq ans, emmené très tôt au sanatorium car tuberculeux, l’enfant baigne dans une atmosphère essentiellement féminine d’autant plus qu’il faut ajouter à ces deux présences celle de la sœur. Deux figures maternelles contradictoires le marquent, la mère génitrice est légère et charnelle en rupture avec les sacrements de l’église et l’autre pieuse et cultivée. C’est à cette dernière que l’enfant doit le bonheur de ses lectures de jeunesse. Avant l’expérience mythobiographique qui va consacrer le mythe androgynique, Claude Louis-Combet consacrait ses romans et nouvelles à des figures maternelles comme dans Voyage au centre de la ville, Tsé-Tsé, et Do l’enfant Pot. La figure de la mère est déjà présente dans son premier roman Infernaux Paluds et reviendra encore dans l’une des mythobiographies Mère des Croyants sous l’image d’une mystique flamande Antoinette Bourignon, la mère universelle, symbole à elle seule (sans qu’il soit besoin de couple) de l’être parfait. En 2009, Corti publie un volume intitulé La Sphère des Mères qui regroupe trois romans épuisés, publiés initialement pour Flammarion : Infernaux Paluds, Voyage au centre de la ville et

Mère des Croyants, trois fictions recueillies autour de cette figure maternelle qui creuse un

manque affreux qui poursuit l’auteur toute sa vie et qui explique que le projet d’écriture soit entamé en partie dans le but de retrouver la femme première : « L’écriture est une manière d’épouser la Mère, l’inconsciente Magna Mater qui peuple le désir à sa source même et […]

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effectue symboliquement comme un retour aux entrailles premières. »80 Par l’écriture, la figure maternelle gagne en puissance et en étrangeté. Dans sa quête vers la perfection et le paradis perdu, le narrateur est toujours à la recherche de la mère capable de lui restituer son unité première. Il est à la recherche du paradis perdu suite à la séparation d’avec la mère à la naissance, la naissance étant vécue comme un drame par l’enfant-narrateur qui part à la conquête de sa moitié maternelle : « La fabuleuse mère de toute une vie m’avait abandonnée. » (f. 662, p. 374).

La figure maternelle si présente dans les premiers écrits de Claude Louis-Combet, se déploie encore sur les folios identifiés du dossier des marginalia. Tentons de cerner cette figure majeure dans son état naissant. Dans MM, nous sommes toujours face à un narrateur divisé, en quête de sa mère et du bonheur perdu tentant de se muliériser pour se joindre à l’Abbé, tentant de devenir femme pour rejoindre le Père. La naissance a été vécue comme un drame qui a brisé l’unité Fils/Mère. En effet, le br n°1481

considère la séparation comme une chute de l'homme; l'androgynat originel est rompu et l’être est condamné à une quête éternelle de la recherche de l’autre. Dans le ms, Louis-Combet effectue quelques changements sur les phrases du brouillon. En effet, « la croissance » est insérée juste avant « l'épanouissement » ainsi que « dans son mouvement de chute » qui ne figure pas dans l’avant-texte. L’ajout de « chute », dans la version définitive, est révélateur. Il exprime la douleur et la déchéance d’un être qui n’a pas pu se détacher de l’union prénatale. D’ailleurs la substitution, dans le brouillon, d’« arrachant » par «expulsant » traduit cette souffrance, cette scission d’avec le paradis prénatal (les connaissances de Claude Louis-Combet en psychanalyse surgissent ici dans son œuvre littéraire) : « Ce que l'histoire a séparé, [arrachant] < expulsant > la femme des tissus charnels de l'homme, j'en revivais l'unité première. » Ici est fait référence à la mythologie grecque, qui veut aussi que certaine déesse soit née d’un Dieu (Athéna/Zeus). La réunion avec la mère s’effectue à travers l’inceste avec soi ou comme l’appelle l’auteur « l’auto-érotisme ». Le br 14 est naturellement le développement de la note que nous retrouvons à la fin du br 13. A travers le désir de l’inceste, le narrateur retrouve son unité première : « J’épousais en moi-même mon complément sexuel. » (f. 92, p. 63). La phrase qui suit dans le brouillon « Je faisais corps avec moi-même » est éliminée dans le ms probablement pour son ambiguïté et parce qu’elle répète en quelque sorte le sens de la

80 Patrick Krémer, « Le Mythe de l’androgyne dans l’œuvre de Claude Louis-Combet », in L’Œil-de-Bœuf, Revue

littéraire trimestrielle n°16, octobre 1998, p. 33.

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phrase précédente. Le narrateur confronte deux moments : le passé, l’adolescence en particulier et le présent. L’adolescent est amené à s’inventer une compagne imaginaire, « sorcière » ou « sylphide », cet autre Soi, cette forme féminine fantasmée, étrange plus qu’étrangère, énigmatique toujours, la femme étant bien l’énigme sur laquelle se construit l’œuvre de Claude Louis-Combet. Des légers changements sont effectués dans le ms pour clarifier les pensées de l’adolescent. « Son corps » se transforme en « le corps de l'amante ». Dans le ms, le romancier a gardé « son corps » puis l'a remplacé par « le corps de l'amante » pour préciser qu’il s’agit de la femme aimée (f. 93, p. 63). Une autre modification, en rapport avec cette compagne imaginée par le narrateur, est opérée dans la version finale, avec l’insertion de « et lourde de toutes les puissances de son sexe », juste après « la sorcière forte de tous ses membres » (f. 93, p. 63). La sexualité est toujours présente dans MM et surtout le sexe de la femme que nous allons rencontrer dans plusieurs folios des brouillons. La différence entre l’adolescence et le présent du narrateur est soulignée à travers la substitution qui transforme « mais c'était toujours une image surajoutée, un être à côté » en « mais c'était toujours une image hors de soi, un être convoqué du fond d'une nature étrangère à soi-même. » (f. 93, p.63). On voit comment se précise l’idée de la scission que ressent le narrateur et qu’il cherche à combler. « Surajoutée » cède la place à « hors de soi » et « à côté » à «nature étrangère à soi-même » A présent la compagne que le narrateur invente ne fait pas partie de lui-même, de sa propre chair et pourtant c’est l’avènement d’un autre soi-même muliérisé, féminisé, happé par le fantasme.

Les dérives sensuelles de l’adolescent exprimées par le mot « gentillesse », dans le brouillon, sont considérées plus tard comme des « enfantillages de la puberté » par le narrateur du ms (f. 93, p. 63). Le passage du brouillon s’arrête au mot « gentillesse » alors que le ms rebondit après ce terme où le narrateur développe encore cette union du corps. La note du brouillon située juste après le passage rédigé : « → Inceste avec soi.m » trouve son développement, dans le ms, à travers des phrases qui évoquent les noces du corps qui se suffit à lui-même : « Je n'invitais personne hors de moi-même. Je m'accueillais dans cette part de moi- même jusqu'ici [obscure] < impénétrable > à ma conscience. L'homme que j'étais mettait à nu la femme que j'étais. » (f. 93, p. 63). On voit comment l’auto-érotisme a pris du sens entre le premier brouillon et la version définitive du ms. L’auto-érotisme n’est plus une dérive mais le principe de la muliérisation d’un être qui ne parvient plus à vivre la scission originelle, qui se rêve femme (et même mère) pour mieux s’unir au père absolu.

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Parallèle à la quête de soi, à travers le mythe de l’androgyne, celle de la mère. Souvenons- nous que la quête de la mère, à travers l’union dans le paysage maritime, accompagne, à l’orée du roman, la quête androgynique. Au novice, la quête androgynique, à Marina, la fusion de la Mer/Mère. La quête de la mère s’élaborait déjà dans le br n°6 où le narrateur recherchait la figure maternelle dans la nature. Il essaie de retrouver cette part perdue de lui-même en se mêlant à la substance nocturne et terrestre. L’avant-texte est incomplet, le paragraphe rédigé se termine par une phrase inachevée : « Tel que j'étais vigile, ». L'auteur complète par une série de notes entre crochets qui seront développées dans la version définitive : « Tel que j'étais, vigile, moins tendu que délesté, moins attentif qu'en attente, épris du vent lui-même qui, souvent, rabattait la neige sur ma couche, il [ill.] m'apparaissait que jamais je ne m'étais autant approché de ma part fondamentale d'obscurité que dans cet accord de tous mes sens avec la nature. » (f. 61, p. 42). La « Neige sur les couvertures » est remplacée par « la neige sur ma couche » plus intemporel. Le ms relate donc un moment d’accord et de tendresse possible grâce et avec la nature, ce qui est déjà ébauché dans la note du brouillon « harmonie équilibre entre le cercle de l'existence privée (seule) et celui du monde » qui se transforme donc en « l'accord de tous mes sens avec la nature». L'accord est personnalisé, « l’existence privée », expression un peu vague qui cède la place à l'existence du narrateur. La note « identification du moi à la terre/Féminine » donne naissance à une phrase au folio 61du ms (p. 42) : « […] je me sentais exister, lentement, comme issu et promu de la terre elle-même et de la nuit, comme émané et expiré de la vastitude hivernale, dégagé des contingentes frontières de mon histoire physique […]. » « Les contingentes frontières » se substituent à l'expression « dissolution des frontières » que nous retrouvons dans le premier jet. Quant à « Erotisation. Enténèbrement. Féminisation », ces trois mots sont développés dans la rédaction finale. L' « Erotisation » se traduit par la chair et le corps en harmonie avec lui-même :

Le souffle qui dilatait mon cœur, la chaleur qui ouatait doucement le dedans de ma chair, la palpitation intime de mon corps à l'intérieur de lui-même, toute cette vie dite organique me parvenait non plus du système harmonieux des éléments, parties et segments de mon être physique, mais, comme transmigrée, comme infusée, d'une sphère de générosité charnelle dont le gel qui tendait l'air jusqu'au craquement, n'était que le tain miroitant fixé en surface pour les plaisirs en tact. (f. 62, p. 43).

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On perçoit bien, entre le brouillon qui jette des idées, des directives qui seront à suivre, et la version manuscrite du roman, que l’idée de l’enfoncement dans le paysage, l’absorption par la Terre-Mère n’a pas jailli du travail d’écriture, mais a longuement mûri dans l’imaginaire de l’auteur, cette idée essentielle de fusion avec les éléments, le paysage, ce panthéisme érotique qui traverse l’œuvre de Claude Louis-Combet, est donc suffisamment puissante et ambiguë pour avoir, demandé deux campagnes d’écriture, moment clé du premier chapitre, il lui fallait une attention particulière, un soin particulier. La « Féminisation » est exprimée dans cette communion de la chair avec la terre et la nuit d'où l'« Enténèbrement » qui se lit dans « chose de nuit », « cloque d'ombre ». Cette communion est un moment de retrouvailles avec la mère. La terre n’est autre que maternelle, c’est la Terre-Gaïa, d’où cette sensation d’identité dans ce mariage nocturne. La nuit est privilégiée parce qu’elle est maternelle : « Je connus alors - mais lentement et comme une mer qui, se retirant peu à peu, eût [révélé] < avoué > la charge obscure de ses trésors – la nuit véritable, la nuit géniale et maternelle aux infinies possibilités de révélation de soi-même. » (f. 58, p. 40)82. Par ailleurs, « le creux de terre », dans le br n°8, n’est autre que celui du ventre de la mère-terre. Dans le premier jet, « un creux – Cavum – Vaccum – Un enfoncement [s'impliquait] < s'insinuant > pour le seul plaisir de ses replis » se transforme en « un creux se voulait chair par amour de tendresse et passion de replis » que nous repérons au folio 69 du ms (p. 47). Nous assistons à une suppression de « cavum, vaccum » mais le mot « cavité » figurera au folio 69. L'idée de profondeur et d'enfoncement est maintenue à travers la phrase : « Des courbes, issues de la légende du sol, cherchaient leur [lien] < aire > de convergence. De vacuole en cavité, de crevasse en caverne, un rêve d'ouverture, mêlé intimement, indissociablement, à un rêve de clôture fixait en chair son lieu de profondeur – et son secret. » (f. 69, p. 47). Le « plaisir » cède la place à la passion. Cavum et cavité se métamorphosent en « de vacuole en cavité ». Un « creux » est intégré dans une phrase à l'instar de « cavum » et « vaccum ». La note en bas du brouillon reflète toujours cette obsession du sexe de la femme, ici confondu avec le ventre de la Mère. Elle est une sorte d'explication du paragraphe rédigé. Tous ces creux et ces replis sont ceux de la femme et de son intimité. Les

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Dans son article « L’expérience de la nuit dans l’œuvre de Claude Louis-Combet », Françoise Ascal montre que la nuit est maternelle entre autres dans l’imaginaire louis-combétienne : « Écriture dont on se serait bien passé. Qui ne soigne pas, ne sauve pas. Écriture de ce qui a été expulsé de la nuit première-celle de l’indétermination, de l’avant- conception – expulsé de la nuit seconde – celle du ventre maternel et de sa caverne chaude – pour être finalement jeté dans une autre nuit, plus vaste et plus égarante – celle de la vie sans Dieu, habitée de ténèbres et de puits sans fonds tels les sexes féminins qui attirent illusoirement. » (cf. Claude Louis-Combet, mythe, sainteté, écriture, op.

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flexions entre les premiers brouillons et le manuscrit définitif précisent le mouvement de plis et replis. Le seul creux du ventre maternel devient plus complexe et se mêle à l’idée des plis du sexe. Ce que disent les transformations entre les brouillons et le ms, c’est la confusion entre Ventre et Sexe, la confusion entre Mère et Femme, la totale féminisation du paysage, le rêve de communion absolue. Le panthéisme érotique est donc poussé jusqu’au bout de ses possibilités par Claude Louis-Combet entre les deux états du texte.

La nature constitue l’un des thèmes de retour dans le br n°55. Comme dans la plupart des brouillons, des notes de l'auteur figurent vers la fin du folio appelant une autre campagne d’écriture, la mettant en attente, comme si la genèse de certains passages avait besoin de ce moment de suspension dans l’écriture. A présent, nous avons une note sur la mère, la terre et la mort. Ces expressions sont rédigées d’une manière parallèle dénotant ainsi une relation entre les thématiques. Il s’agit en effet des odeurs que l’enfant chérit. La nature est maternelle aux yeux du narrateur. Ces termes sont développés dans le ms dans des phrases parfaitement composées et situées dans la suite du passage de l’avant-texte. « L'odeur de la terre » aboutit à la phrase suivante : « Car les odeurs de ce temps-là, bien avant d'être remémorés et commémorées dans le sexe de la femme, s'évasaient de la terre humide et chaleureuse, entre fermentation et décomposition […]. » (f. 669, p. 377). Elles sont chargées de souvenirs. La mère est représentée par « maternelle » dans : « Ou encore, de cette énormité maternelle, obscure, insondable et épuisante d'où la pensée la plus téméraire désespère de s'évader » (f. 669- 670, p. 378). Ensuite une seule phrase mélange les deux premières notes :

En vérité, les odeurs de la terre, n'ont pas fini de se confondre avec celles de la mère – et celles du sexe avec ce parfum très particulier que possèdent toutes les saisons lorsqu’elles accèdent au point de maturité où elles virent en leur contraire – à tel point que le goût de ce qui porte la vie ne se distingue guère des senteurs de mort et que l'enlisement est total. (f. 671, p. 378).

Ces parfums constituent un moyen efficace pour rejoindre le passé heureux, l’âge amniotique. Ici, la genèse précise l’anamnèse vers l’amnios. Ailleurs, le lien entre mère et mort est esquissé dans le br n°54. Vers la fin de ce folio, nous avons la note « le sexe de la femme comme emblème de mort. Recherche de l'accomplissement de l'unité dans la mort. La mort comme épouse-mère. Mort aquatique ». Le premier fragment de cette note ressurgira à la fin du roman au folio 672 (p. 379) : « Et comme regardant Marine, c'était la femme que je voyais en elle – ce que je voyais dans la femme, c'était la mère. La mort autrement dit. » Une autre phrase au même

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folio rapproche la femme de la mort : « Il m'arrivera d'assimiler à une véritable puissance de mort le rôle de la femme dans l'histoire spirituelle de l'homme. » La femme est donc associée à la mort et la mort sera un moment de retrouvailles avec la mère. Ce que nous ont appris ces notes jetées sur un brouillon, c’est que les idées et les passages pourraient être interchangeables. Dans la poétique du ressassement qui est celle de Claude Louis-Combet, l’idée de Mère-Nature, Mère- Nuit s’applique autant au désir de fusion du narrateur qu’au rêve d’unité de Marina. Le ressassement des thèmes, interchangeables entre le narrateur et Marina, fait la cohérence de ce roman et justifie le désir d’identification du narrateur à la sainte. A l’orée du roman, lui donnant sa vérité, du point de vue de l’imaginaire, deux quêtes se conjuguent : celle de l’androgyne dont rêve le novice, et celle de la fusion avec la Mer/Terre-Mère Magna et Magma Mater pour Marina.

Un déferlement de termes en rapport avec le primitif et la naissance se lit dans le br 16 qui a été retouché pour prêter à la version définitive. En effet, « je me répandais en visions » se transforme en « je ne me répandais non pas précisément en visions » (f. 98, p. 66), puis la phrase prend un autre tournant, dans le ms, après « visions » : « […] car ce que j'éprouvais ne se référait à rien de visuel – mais dans un afflux d'émotions que je ne peux qualifier autrement que de primitives – viscéralement primitives – tant elles me renvoyaient, par-delà une conscience de mon corps toute nouvelle en apparence, à une réalité fondamentale, que je dis d'essence féminine, antérieure au choix sexuel que les hasards biologiques de mon histoire avaient manifestement opéré en moi. » (f. 98, p. 66-67). Dans l’avant-texte, cette idée est représentée par le mot « utérus », le passage n'est pas identique. Le narrateur évoque l'état prénatal où le sexe n'est pas encore identifié. Il est toujours à la recherche de son essence féminine, de cette part de lui-même qui pourrait le compléter et lui redonner cet état euphorique qu’il avait dans l’amnios. Le terme « utérus » qui figure dans le premier jet de l’écriture correspond à « antérieure au choix sexuel que les hasards biologiques de mon histoire avaient manifestement opéré en moi. » En effet, les « visions » du brouillon se transforment en « émotions » dans le ms. En outre, des phrases sont retouchées comme la parenthèse (ligne 5-6) du brouillon « comme si le repli tourné vers ses propres profondeurs s'était fait modèle d'existence » se transforme en « Je me tenais repli comme si le repli tourné vers ses propres profondeurs, s'était fait modèle d'existence et se cherchait nom et visage dans l'efflorescence passagère de mon individualité. » (f. 98-99, p. 67). Donc nous assistons à une suppression de la parenthèse qui n’est pas fréquente dans la version

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finale et qui témoigne plus du respect du premier jet et du choix de l’ajout : « et se cherchait nom