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Déchirures du couple Marine/Narrateur

DU ROMAN REMANIÉ À L’AUTRE ROMAN

2.1 LE ROMAN REMANIÉ

2.1.1.1 Le mythe de l’androgyne dans l’avant-texte 74 L’androgyne

2.1.1.1.2 Déchirures du couple Marine/Narrateur

Dans sa quête vers la perfection, le narrateur recourt à des personnages féminins et masculins pour réaliser son rêve d’absolu. La femme susceptible de lui redonner son unité n’est autre que l’amante Marine qui symbolise pour le novice la mère adorée. Cette fusion-confusion est transcrite par l’onomastique, puis Marie, la vierge, comme la Mer, l’élément aquatique, se

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fait entendre dans le prénom même. A l’opposé de Marina et d’Eugène, Marine est une pure création de l’auteur. Elle ne figure pas dans les sources hagiographiques que Claude Louis- Combet a consultées pour la genèse de son roman. Elle est le produit de la pure imagination d’un auteur qui mêle l’hagiographie à ses propres fantasmes, à son imaginaire. Dans le folio 9 du dossier des « Plans », Louis-Combet esquisse un plan non détaillé de son roman où il prévoit la rencontre entre le narrateur et Marine qu’il désigne comme « miroir de son âme ». Cette rencontre qui préoccupe tant l’auteur est repérable dans un autre plan, au folio 10 du dossier des « Plans », où Louis-Combet associe le désir de rencontrer quelqu’un à l’histoire de Marine. Ailleurs, l’auteur s’exprime sur Marine dans son essai critique Le Recours au mythe : « L’amante au nom de Marine, apparaît comme son double féminin, l’épaisseur d’ombre qui fait partie de lui-même, dont il a dû rêver dans les limbes de l’enfance et de l’adolescence, et à laquelle il voudrait s’assimiler sans condition. »85

En effet, Marine s’inscrit dans cette quête des origines où le narrateur trouve dans l’amante un moyen incontournable d’accéder à l’unité et à la perfection. Elle est l’amante capable de redonner au narrateur l’unité d’avant la chute.

Comment s’élabore cette figure dans l’avant-texte ? Et comment la dialectique narrateur- Marina trouve-t-elle à se matérialiser ? L’avant-texte permettra-t-il de faire de la figure de Marine, la Vierge aquatique, une figure mystique, panthéiste ou cosmique ? Nous rencontrons ce personnage féminin dans le br n°45. Le narrateur commence par Marine puis enchaîne sur la relation Marina/Narrateur et ensuite Marine/Marina. La question de la féminité se lit plutôt dans les notes en bas du folio sur la féminisation du narrateur « → anéantissement du narrateur – avilissement – être la chose de la femme, la femme de la femme ». Le contenu de la note est développé dans la version définitive au folio 533-534 (p. 310-311) :

Aimant aimer, ce que j'aimais , c'était épouser, dans la femme, sa féminité, me l'incorporer – avec le sentiment irréfutable qu'en me perdant en elle, en me déliant de moi-même en sa profuse existence, je m'accomplissais, je m'épanouissais, je devenais outre mon corps, le corps toute entier de la femme, avec toutes ses puissances enfouies de fécondité, d'activité charnelle et de jouissance, à tel point que je me sentais comme à l'extrême bord de ma vérité ou plutôt en vertige sur mon propre centre.

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Marine est la femme qui permet à l’homme d’accéder à la muliérisation qui le fera androgyne. Au folio 9 du dossier des « Plans », Louis-Combet note à propos de la rencontre entre Marine et le narrateur « Approche de l’androgyne ». La femme n’est donc plus aimée pour sa beauté et le plaisir qu’elle procure mais pour son pouvoir de léguer sa féminité à l’homme, c’est-à-dire sa capacité de féconder le monde. On voit, comment, dans l’imaginaire louis-combétien, l’ordre des choses s’est inversé, comme par l’alchimiste : ce n’est pas l’homme qui féconde le monde, mais la femme. L’œuvre de Claude Louis-Combet résiste avec force à la vision chrétienne du Père créateur, du Dieu Pantocrator. Partout, revivent avec force et poésie des mythologies bien plus anciennes, celles qui parlent de la Terre-Mère. Toutes les retouches ou étapes d’écriture que signalent les brouillons parlent pour cette manie ou magie de faire accéder à l’écriture de mythologies, et même théogonies, primitives.

Nous rencontrons de nouveau la figure de Marine dans le br n°53. L’auteur opère dans son ms des modifications sur l’avant-texte, des modifications en rapport avec la figure de l’amante. Il remplace « encore une fois » par « Je l'ai dit, je ne le répèterai jamais assez (conférant à cette affirmation le pouvoir d'introduire l'ordre dans le chaos du passé et la lumière dans l'ombre indécise où chemine ma mémoire) » (f. 649, p. 368). Cette substitution met en relief l'importance de la présence féminine de Marine et l’acte de parler d’elle, comme si la nommer revenait à la cerner, la faire vivre. L’évocation est une vocation. Le reste du paragraphe est modifié dans la version manuscrite. La deuxième phrase du brouillon se retrouve dans « Et jamais, depuis que les grandes lèvres charnelles de ma mère, m'avaient laissé choir, je n'avais été à ce point uni à qui ou à quoi que ce fût. » (f. 649, p. 368). L'auteur a introduit l'élément maternel qui l'obsède pour souligner le contraste entre la déchirure première et l'unité possible grâce à Marine. Elle est l’amante mais aussi le substitut de la mère. La dernière phrase de l’avant-texte est modifiée dans le ms : « Et jamais je n'avais été aussi près de croire au bonheur. » (f. 650, p. 368). La phrase du ms est bien plus courte, le segment « même pour moi un sens concret, immédiat, aux dimensions de mon étreinte » est supprimé. Le passage du brouillon a été bien étoffé dans la version finale. A la fin du paragraphe, l'auteur conclut par une phrase très importante dans sa version définitive : « Dans le même temps, cependant, je ne savais de moi qu'une seule vérité d'évidence : celle de mon désespoir. » (f. 650, p. 368). Le bonheur se transforme donc en « désespoir » comme si, entre l’avant-texte et le texte définitif, l’auteur avait mesuré que la complétude qu’atteindrait

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Marine ne devait pas toucher le narrateur. La mythobiographie et ses principes se mettent en place dans les états de l’avant-texte, signalant qu’une figure, celle de l’éternel féminin, va entrer en pleine lumière, tandis que le masculin reste dans l’ombre et la souffrance. Ailleurs, la phrase « De Marine à moi semblaient passer d'imperceptibles vibrations qui me communiquaient à chaque instant l'amplitude de ses émotions » (f. 650, p. 368) montre le lien très étroit entre le narrateur et Marine. Elle trace l’image de deux êtres reliés qui touche au thème de la complétude, de l’androgynat. En la présence du féminin, le narrateur se retrouve uni avec son être propre comme le montre le br n°44.

Il arrive parfois que l'auteur élimine une phrase présente dans l’avant-texte qu’il reprend dans le ms. En effet, « je cessai à peu près complètement de sortir » (br 44) fait partie d’une phrase plus longue : « A partir du moment où elle fut chez moi, je cessai à peu près complètement de sortir. » (f. 528, p. 307). Cette phrase se situe au début d'un paragraphe, elle n'est pas localisée dans la suite du paragraphe du brouillon, elle est donc déplacée dans la version finale. Le narrateur s’enferme en sa présence ce qui nous révèle que cette femme est le symbole de la plénitude et du bonheur. Ailleurs la note « mais il y a le plan de l'individu et celui de l'être » (br 53) est développée dans une phrase plus ample au folio 650 du ms (p. 368) : « Les Puissances m'avaient repoussé et je n'avais plus droit qu'au périssable – à l'individu. » Le narrateur est du côté de l'individu et non de l'être : le ms amplifie l’idée présente dans l’avant-texte, à savoir que la femme est du côté de l’Absolu et l’homme du côté de la privation. La note « Marine malgré elle malgré moi symbole » peut être repérée dans: « Je pouvais donc considérer, en son offrande, le sexe de la femme : c'était le sexe de Marine – et, même adonné à l'extrême ivresse de son tréfonds, j'étais toujours hors de lui et comme rêvant, sans merci, d'un impossible bien et d'un inatteignable lieu. » (f. 651, p. 368-369). Le ms transforme donc la note en une phrase pleine de sens. Il inscrit Marine dans cette recherche des profondeurs, de l’originel. Le narrateur utilise des adjectifs qui véhiculent la réalité douloureuse. Le sexe de la femme est inaccessible et il est impossible de s’y fondre, ce qui est peut être une façon de signifier l’impossibilité d’atteindre l’androgyne. Le mythe travaille l’inconscient, mais la conscience ne saurait le saisir totalement.

Dans le br n°47, nous sommes de nouveau plongés dans l’univers naturel de la jeune femme, un univers qui ne laisse pas le narrateur insensible et qui le renvoie à sa primitive nature, à travers un arbre, le saule têtard. Précisons d’abord que le passage de l’avant-texte est identique

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à celui de la version finale à l'exception d'un petit changement. En effet, « vider» est remplacé par « délester » (f. 553, p. 320) pour renforcer l'allitération en « s » qui exprime mieux sans doute l'acuité de la solitude et la gravité du passé dont le narrateur n'arrive pas à se détacher. La relation narrateur-Marine est relancée dans la note « ensuite revenir sur la différence du sens du péché chez Marine et chez le narrateur », pour marquer cette fois de la distance, entre le personnage du premier récit et celui du second. Nous revenons ensuite sur l’arbre qui impressionne le narrateur. Le « saule creux » et l' « écorce » mentionnés dans la note sont repérables au folio 554 (p. 321) : « Je ne parle pas d'un arbre particulier mais d'une espèce fort répandue dans la campagne marécageuse où je vivais alors86 : le saule têtard, dont la silhouette trapue se répétait indéfiniment le long des chemins et sur le pourtour des pâtures. Il en était de parfaitement évidés, ne tenant plus au sol que par leur écorce. » Le « tanin » se trouve au folio 555 (p. 321) : « âcre odeur de tanin ». « Fourmis » et « araignées » sont insérées dans une même phrase :

Il y avait aussi, dans la pulpe délabrée des saules, des colonies de bestioles dont la présence grouillante ou rampante me serrait le cœur d’angoisse et de dégoût tout en me fascinant singulièrement : araignées décolorées, scolopendres moussus, cloportes, fourmis et bien d'autres insectes et toutes sortes de larves anonymes. (f. 555, p. 321).87

Par ailleurs, « fourmis rouges » se lit au folio 557 (p. 322) : « il vit que tout un train de fourmis rouges s'activait dans le bois mort. » On est frappé par le caractère très réaliste et très descriptif de ce passage qui entre en contradiction avec la symbolisation qui est à l’œuvre dans le reste du roman. Mais en même temps, on constate que ces éléments descriptifs, naturalistes, sont en attente. Claude Louis-Combet jette des notes, qu’il ne détaillera pas plus tard, comme si lui pesait littéralement cette narration descriptive, ou du moins, comme si elle ne lui était pas

86 Peut être des réminiscences, des marécages d’Infernaux Paluds qui viendraient ici tracer un trait de liaison entre le

narrateur déchu et déchiré du premier roman et celui de MM, tout aussi désemparé et incapable d’atteindre à la plénitude, qui n’est accordée qu’à la sainte.

87 L’insecte joue un rôle important dans la quête des origines. Dans MM, il est symbole de la complétude. Dans

l’article « Anima et Animal. Le bestiaire de Claude Louis-Combet au service de l’hermaphrodisme », France Marchal-Ninosque expose le rôle du coléoptère, insecte à six pieds, qui est en rapport avec l’être : « L’année où le narrateur de Marinus et Marina, chassé du séminaire, frappé par l’anathème, tente de ressaisir l’unité de son être, est désignée comme la « Grande Année du Coléoptère ». Intervient au septième chapitre un éloge de ces insectes, assez inattendu au cœur d’un roman, fût-ce une mythobographie, mais qui a pour fonction de donner une image de la sainteté, atteinte dans l’immobilité, la vacuité, l’insignifiance. L’insecte traduit une tension de l’être vers l’absolu et, replié sur lui-même, compose mystiquement une image de l’œuf originel, l’œuf cosmique, l’œuf maternel, symbole de la plénitude et de l’unité perdue […]. » (cf. France Marchal-Ninosque, De l’éventail à la plume, Mélanges offerts

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naturelle. Il arrive souvent que Louis-Combet note ses pensées et ne les développe pleinement que dans le ms. L’auteur s’intéresse à cet arbre et en fait la description dans la version ultérieure pour le lien qu’il entretient avec ses origines. Marine est non seulement présente à travers son corps mais aussi à travers les souvenirs qui constituent un pont reliant le narrateur à son propre passé. Le végétal semble le substitut de la chair maternelle comme le montre la phrase suivante où le vocabulaire est très significatif, en tout cas, lié à l’humus, l’origine, le sensitif, la sensualité panthéiste, l’enfoncement dans la matière naturelle :

Moi, blotti, enfoncé, soustrait, réduit, je ne vivais que par les sensations très sourdes que me communiquaient l’intimité végétale : bruissement des rameaux et du feuillage, âcre odeur de tanin, humidité latente participant de cette âme des marais dont l’omniprésence m’enveloppait et m’engourdissait matriciellement. Et le péché lui-même procédait de cette existence élémentale bien plus que d’une révolte contre l’ordre divin. Il me liait à la vase et aux fongosités premières d’où toute vie est issue – et à la torpeur avant le déclin. (f. 554-555, p. 321).

Ailleurs Marine apparaît comme la confidente du narrateur notamment à travers une note sur le bas du br n°31 : « à noter aussi que le narrateur s'efforce d'initier Marine aux problèmes et contradictions de son histoire. » Le passage de l’avant-texte est identique à celui qui lui correspond dans la version définitive à l'exception des guillemets qui ne figurent pas dans le ms et de la suppression du titre « suite Marine » qui est une marque évidente de l’écriture de l’avant- texte, sorte d’idée jetée comme sur un pense-bête. L’auteur développe sa note dans le ms où le narrateur implique sa bien-aimée dans ses problèmes d'identité. En effet, c'est à travers elle qu'il va essayer de se reconstituer et d'accéder à l'unité, ce qui lui sera refusé comme on sait ; seule la sainte accèdera à l’extase :

J'ai quelquefois demandé à Marine de m'aider à dégager le sens de mon histoire. Je voulais savoir par quel cheminement, sans écart et rupture, la passion qui m'avait lié une fois pour toutes à l'Abbé – passion exigeante, obsédante, référence active et permanente non seulement de mes désirs mais aussi de mes pensées, de mes préoccupations intellectuelles et, en somme, de ma vie – m'avait nécessairement conduit jusqu'à elle, Marine, jusqu'à cette femme qu'elle était, incisive, inquiète, fiévreuse, violente, aussi sombre, en son délire, que noire en la marque de son sexe. (f. 520, p. 303).

Marine n’est pas seulement un moyen d’atteindre l’unité originelle; elle est aussi la femme capable d’éclairer la relation du narrateur avec l’Abbé, donc son fantasme de quête d’Absolu, de réunification androgynique. Elle est la femme capable d’éclairer le narrateur sur son propre

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cheminement, un parcours qui commence par l’autorité religieuse et qui se termine par elle, un parcours qui se résume en une quête inassouvie des origines.

Quoiqu’absente du br n°24, Marine apparaît dans le même passage qui lui correspond dans la version manuscrite où elle endosse de nouveau le rôle de la confidente. Nous avons là l’exemple d’un ms définitif qui laisse plus de place encore que l’avant-texte ne le faisait à la figure de la jeune fille, vecteur, vortex vers l’Absolu. L’auteur effectue, dans sa version finale, des modifications qui appuient l’euphorie liée à la lecture de l’hagiographie, et qui mettent en relief le désir de la plénitude du narrateur. En effet, « avec des oasis » se transforme en « oasis des accords avec soi ». Par contre, nous remarquons, vers la fin du brouillon, des notes qui véhiculent le contraire du contenu de l’avant-texte : « Dire la vacuité » « l'inoccupation » « l'absence de pesanteur dans l'absence du sens », « ce ne sont pas seulement les choses mais les actes qui sont dénués d'épaisseur – se propulsant vers rien ». Tous ces termes sont résumés dans une phrase du ms où apparaît Marine : « J'ai pensé, depuis lors, et l'ai souvent [dit à] < répété > à Marine, que je n'ai survécu à l'immensité du non-sens que par la grâce de ces instants. » (f. 217, p. 139). Le terme « Vacuité » est supprimé mais est suggéré en quelque sorte dans « non-sens ». « Les actes » sont représentés par « geste » dans : « Parce que je n'avais même plus envie de faire un geste ou de ruminer un mot dans le silence de ma bouche […]. » (f. 217, p. 139). La réitération de l’idée de vacuité, de rien, dans l’avant-texte semblait priver le narrateur de sa propre quête, semblait l’écarter de son propre être. Le ms définitif est plus bref puisqu’il ne prend en charge le rien, le Néant que dans un syntagme « l’immensité du non-sens ». Mais pour être unique, l’assertion n’en est pas moins éprouvante et le narrateur est de la même façon accablé par l’appel du néant. Sans Marine, sa vie n’a pas de sens ; sans l’identification qu’il opère lors de la lecture de la vie de sainte Marina, sans cette identification porteuse d’un sens haut, la vie du narrateur tourne à court.

Dans un brouillon réservé à la genèse de la figure tutélaire de Marine surgit une autre figure féminine, Salomé88, considérée comme la partie féminine du narrateur et qui joue un rôle

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Salomé est une figure légendaire dont l’auteur s’est servi pour incarner deux rôles dans la mythobiographie. Dans le récit biographique, la jeune femme incarne la partie féminine et très sensuelle du novice. Dans le récit légendaire, elle incarne également la féminité aux yeux du moine Marinus qui voit en elle la jeune fille d’antan. Dans son article, Marie-Miguet Ollagnier interprète le choix de Louis-Combet de recourir au mythe de Salomé pour servir ses fins dans sa mythobiographie : « Les hagiographies qu’avait pu lire l’auteur ne donnaient pas de nom à la femme enceinte rencontrée par le prétendu moine au cours d’une mission en ville, et déclarant avoir été fécondée par lui. Le roman de 1979 utilise le nom de Salomé. C’est celui d’une des femmes au tombeau le matin de Pâques, mais c’est

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important dans sa quête d’identité. Le folio 44 du dossier des « Pensées détachées » (Annexes III) révèle la réflexion de l’auteur sur la figure de Salomé et son rapport avec le narrateur où on lit « Je voulais être la fille de Loth Salomé, la séductrice du Père, la danseuse nue ». Claude Louis-Combet a ici attribué à la fille de Loth le nom de Salomé, celle-ci étant anonyme dans le livre de la Genèse. Il a mélangé les deux figures féminines, Salomé la fille d’Hérode et la fille de Loth, qui a couché avec son père89 tandis que l’autre le séduit (dans les deux cas, nous touchons au thème de l’inceste).Dans la mythobiographie, nous avons deux Salomé, la Salomé qui figure dans le récit de la sainte et qui séduit Marinus et l’autre Salomé qui figure dans le récit du narrateur et qui est une Salomé intérieure qui est inspirée de la fille de Loth sans toutefois y faire mention. Sur la genèse de cette femme qui porte en elle les traces d’une légende mortuaire, nous