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DU ROMAN REMANIÉ À L’AUTRE ROMAN

2.1 LE ROMAN REMANIÉ

2.1.2 Les avant-textes du second récit

2.1.2.1 Fluences de la figure de Marina

2.1.2.1.1 La genèse de la féminité

Dans le récit hagiographique, Marina s’épanouit dans sa féminité à l’époque où elle réside encore dans son village, au bord du Pont-Euxin. Elle célèbre par sa nudité un culte au soleil. Elle a quinze ans, l’âge du mariage en Bithynie, quand son père lui propose une vie dans un

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monastère d’hommes. Obligée de se travestir et de nier sa féminité, la jeune fille éprouve une souffrance inouïe enroulée dans des habits d’homme et obligée de cacher le moindre signe de sa féminité aux moines qui parfois restent dubitatifs et interrogatifs devant une silhouette si frêle et équivoque. Claude Louis-Combet fasciné par cette créature double se livre à la genèse de cette sainte dans les brouillons que nous avons classés au sein du dossier de marginalia.

Dans le br n°20, quelques lignes sont jetées sur Marina préparant un passage qui sera largement développé dans la version manuscrite. Le premier jet n’est que le début d’un long paragraphe que le folio 130 du ms (p. 86) complètera. Dans ce dernier, l’auteur enchaîne après « saveur des choses » en développant cette idée. Il évoque ces choses que la jeune fille savourait, plantes, thym, romarin, feuille de myrte ou d’eucalyptus et encore fleur de chèvrefeuille. En effet, Marina est attachée au plaisir sensuel le plus primitif, celui de la succion, ingestion, digestion, ces sensations qui sont celles que Claude Louis-Combet dit le plus apprécier aussi. Sensations qui attachent la jeune fille à la terre, à l’élément, au sensuel et qui fait d’elle un personnage viscéralement attaché à la terre, que rien ne prédispose à l’enfermement dans un monastère et à une vie spirituelle. C’est une jeune fille gourmande mais cette gourmandise cédera la place à la prière, une prière adoptée comme une incantation à la nature, une jouissance de l’existence et de la chair auxquelles la jeune fille renoncera en endossant l’habit de moine. Le plaisir est remplacé par la prière. En effet, l’auteur emploie même le verbe « forçant » qui se substitue au verbe « traquant » au folio 130 pour souligner la brutalité de cette métamorphose imposée à la jeune fille. Par ailleurs, en ce qui concerne l’âge de la sainte, l’auteur écrit d’abord « douze ans » puis le remplace par « quinze ans », substitution qui vaut sans doute car la pleine adolescence correspond mieux à cette époque de plein éveil des sens et de jouissance de la sensation. Louis-Combet est apparemment au début de sa documentation sur la sainte ou bien serait-ce une simple erreur puisqu’il effectue une substitution immédiate linéaire. Dans l’appendice extrait du tome VI des Vies des Saints, préservé dans le dossier des « sources », l’âge de Marina n’est pas précisé au moment du départ à destination de Maria Glykophilousa ; l’auteur se contente de l’expression « bien jeune » pour désigner la jeune fille. En outre, les Petits Bollandistes se contentent de révéler que la fille avait dix-sept ans lorsqu’elle a perdu son père.

Au folio 105 du dossier des « Pensées détachées » (Annexes III), nous avons des notes de Louis-Combet qui constituent une sorte de préparation à ces retrouvailles entre père et fille. Il s’agit de quelques phrases nominales sur Marina offrant sa nudité au soleil du matin. Nous

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repérons les développements de quelques notes dans la version finale de la mythobiographie. Les « sensations corporelles intracorporelles de la jeune fille le matin » se lisent dans :

Ce matin-là, Marina éprouve toute la force intime de son corps, tandis que la prime blancheur du ciel se fait plus lumineuse. Elle sent la puissance de vie de ses membres, de son ventre, de sa poitrine. Saluant le jour qui l’inonde de fraîcheur et de clarté, c’est la grȃce de son corps qu’elle honore, sa flexibilité et sa force, sa tendresse et sa violence, la vigueur de ses attaches et la nervosité de ses élans. (f. 254-255, p. 161).

La gloire au soleil, ce dieu de lumière est bien présent dans la mythobiographie, Marina est la « seule jeune fille à saluer le soleil » (f. 253, p. 160), la jeune adolescente fête sa nudité au soleil chaque matin :

Car ce matin n’est que le matin où s’accomplit la même fête de joie. Nul n’en sait rien autour de Marina. C’est un secret qu’elle a inventé et entretenu pour elle seule et qui déjà se perd, quant à sa source, dans les émerveillements de l’enfance – comme si toutes les rutilances de Bithynie, celles de la terre et celles de la mer, celles de l’église de son village et celle des bijoux d’Irène, celles des regards de jeunes filles et celles des dents blanches dans le sourire des hommes, toutes, exaltées et transfigurées dans la naissance du soleil, avaient, une fois pour toutes, établi en leur pouvoir de fascination, à tel point que, s’offrant chaque jour à l’aube et, jusqu’au cri de jouissante surprise arraché au fond de ses entrailles, à la première fulguration du soleil, Marina coïncide avec la somme des instants les plus émouvants de son existence d’enfant et d’adolescente – qui est, aussi bien, la mesure de toute émotion comme de toute prière. (f. 259, p. 163-164).

Nous repérons l’expression « gloire au dieu de Lumière » dans « gloire au soleil » : « Le corps s’allège. Il se libère de son opacité en s’ouvrant à la gloire du soleil. Inutile depuis l’instant du premier rayon, le vêtement a chu et Marina est nue pour prier. » (f. 260, p. 164). De la femme au soleil se crée une sorte d’échange qui aboutit à la transfiguration de la jeune fille :

L’échange a lieu en chair, du soleil à la femme, de la femme au soleil, dans l’évidence de l’unité. Si les mots surviennent, peu à peu, comme autant d’éclats d’hymnes et fragments d’oraisons, ce ne sont que métaphores (comme photophores) de l’identité de l’âme avec son Dieu de Lumière. […]. Comme entre les mains de son créateur et sous le baiser du démiurge qui la modela, la chair s’illumine et rayonne. » (f. 260-261,p. 164).

Le folio 105 du dossier des « Pensées Détachées » (Annexes III) est une préparation de la scène des retrouvailles entre la fille et son père Eugène. Avant le retour du père, la jeune fille est épanouie dans son rite panthéiste. Louis-Combet note des pensées qui seront traduites par une

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scène de grande sensualité qui s’étend sur plusieurs folios où Marina vit un intense moment de bonheur toute nue comme si elle ressentait que ce matin serait le dernier matin où elle pourrait jouir de sa féminité et de son identité :

Et longtemps elle chante, à travers son corps de femme et dans le plaisir de sa bouche, avec les paroles des Pères devenues ses propres paroles, l’éblouissement de l’âme en face de l’Esprit de Dieu, la resplendissante unité de la créature au sein de son créateur et, plus simplement encore et plus fondamentalement, la joie d’exister dans le plus beau de tous les matins. (f. 261-262, p. 165). Ensuite les quelques lignes sur l’apparition d’Eugène sont une annonce de la scène à venir que l’écrivain n’a pas encore rédigée et dont il jette quelques linéaments aide-mémoire. Ces lignes précèdent le br 25 où Eugène vient de retrouver Marina. Nous sommes à l’époque où Marina est encore dans son village (dans les deux br 25 et 26) et attend le retour du père parti en voyage. C’est le moment où la jeune fille, si sensuelle, apprend qu’elle doit renoncer à sa sensualité, à sa féminité, ce qui correspond en même temps à un renoncement à l’héritage maternel et maritime, pour endosser la destinée paternelle, masculine. L’isotopie de la mer, de l’épanouissement sensoriel, va s’opposer à l’isotopie du désert, de la raréfaction sensorielle. Nous avons donc entre les mains la genèse d’un passage crucial dans la vie de la future sainte. Le br n°25 semble être le début du br 26. Le premier avant-texte se rapproche de la version manuscrite mais contrairement aux notes du brouillon, Marina était nue au moment de la visite de son père et elle ne venait pas de s’habiller comme le signale le brouillon. En outre, le ms offre plus de détails sur les personnages comme sur l’habit d’Eugène et la posture de Marina, comme toujours, le ms développe le brouillon, en amplifie le phrases, en savoure les thèmes : « Lorsque s’ouvre la porte de la chambre et qu’Eugène, soudain, se tient là, enveloppé dans l’espèce de mante grise qui est l’habit de Maria Glykophilousa, Marina est toujours à genoux, immobile, nue, priant, sans voix, par la seule clarté de son corps au soleil. » (f. 263, p. 166). Marina priant était nue, ce qui entre en contradiction avec le brouillon où «elle venait de s’habiller ». Lors de la deuxième campagne d’écriture, Claude Louis-Combet a semble-t-il voulu insister davantage sur l’assimilation de ce corps offert à la nature généreuse et à la mère-mer fertile, pour mieux faire jouer l’opposition avec ce qui est de l’ordre du social, et du père. Quant à la parenthèse en bas du folio, elle est en rapport avec le déguisement de Marina qui va apparaître dans le discours d’Eugène, qui intervient dans le br 26. En confrontant l’avant-texte et le ms, nous constatons que la mante grise qui caractérise les moines de Maria Glykophilousa est introduite dans la version finale pour

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signaler que le père est désormais métamorphosé, il est maintenant moine parmi les moines du désert. L’auteur, dans sa version définitive, insiste sur le culte du soleil et la prière native de Marina qui sont absents dans l’avant-texte mais présents dans le folio 105 des « Pensées Détachées » que nous avons évoqué un peu plus haut. La prière de la jeune fille a été déjà ajoutée lors du remaniement du br 20. Examinons maintenant le deuxième brouillon. Le premier paragraphe de l’avant-texte est plus court et moins développé que celui du ms. Nous constatons que la première phrase est résumée par « Il dit » (f. 265, p. 167). Ensuite, le discours commence par « – Ne te rhabille pas encore » mais se poursuit de manière différente dans les deux versions. Dans le brouillon (f. 13), Eugène évoque d’abord la féminité de Marina : […] Mais profite plutôt du dernier instant où ton corps de femme appartient à la femme que tu croyais être » alors que dans le ms Eugène commence par faire l'éloge du désert et de Maria Glykophilousa : « Voici : il y a dans le désert un jardin [ill.] < sur la > pierre et [ill.] < dans le > sable. Il se nomme Maria Glykophilousa. Là-bas, le Seigneur est vivant parmi les anges et parmi les saints. A Maria Glykophilousa, chacun s’efforce de faire de sa propre vie une prière au sein de la prière commune. […]. » (Ibid.). Eugène invite ainsi Marina à se déposséder de sa capacité à prier naturellement, intuitivement, dans une communion avec la Nature, la Mère-Nature, pour mieux s’ouvrir à un mode de prière institutionnalisé au sein d’une communauté religieuse. (Notons que ce n’est que lorsque Marina se retrouvera en présence de la nature, au pied d’un cyprès et enlisée dans le sable, qu’elle retrouvera pleinement la voie de la prière comme communion avec le Tout, l’extase ne pouvant être peut-être, pour Claude Louis-Combet, que cosmique).

Le thème de la féminité est précédé par un discours sur le monastère et sur la présence de Dieu au désert dans le ms. Dans le brouillon, les frères sont évoqués pour insinuer simplement que Marina sera un des frères de Maria Glykophilousa alors que dans la version finale les frères sont décrits par le père comme des êtres heureux afin de convaincre sa fille d’y aller : « Et crois- moi, je les ai vus, il n’y a pas au monde d’hommes plus heureux que les moines de Maria Glykophilousa.» (f. 265-266, p. 167). Plus insinuant, plus persuasif, le père de Marina en est moins sympathique. Dans ce paragraphe, Eugène parle de la féminité de Marina et de la nécessité de se travestir en homme, il évoque les fleurs du désert qui ressemblent à Marina et parle également d’Irène, dont la présence sera effacée dans le ms. Le premier paragraphe de la version définitive ne débute pas avec la féminité et le déguisement qui seront mentionnés plus tard. Eugène commence son discours sur Maria Glykophilousa puis enchaîne sur la prière dans le

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désert et les moines heureux. Louis-Combet insiste sur l’omniprésence de la prière au monastère et évoque le Seigneur et la plénitude que pourrait ressentir Marina dans un tel endroit à travers la vérité de la parole et l’authenticité du rapport avec Dieu.

Le deuxième paragraphe commence au folio 14 du brouillon et s’achève au folio 15. La première phrase qui évoque le « discours tortueux » d’Eugène est remplacée par : « De sa vie, Eugène n’a parlé aussi longuement à Marina ni d’ailleurs à personne d’autre » (f. 267, p. 168). Sur les deux folios 106 et 107 des « Pensées détachées » (Annexes III), Louis-Combet a prévu ce long discours en notant : « opposer l’abondance du discours d’Eugène à l’immobilité passive de Marina » et prévoit déjà l’effacement de la fille devant son père : « Il s’agit d’aller progressivement vers l’anéantissement et vers l’expression de la nullité en face du Père. Femme Zéro/Père Infini ». Dans le folio 29 du dossier des « Plans » (Annexes III), Louis-Combet a pensé la prédominance du père face à la passivité de sa fille en écrivant : « Entre les mains du Père, exister passivement à la manière du panier qui se laisse tresser ». C’est donc une idée tenace que celle de la passivité de Marina devant son père, image dégradée du père qui est jetée dans les plans, survit dans les brouillons, et qui offre la matière de plusieurs pages dans le ms. Malgré tout, l’avant-texte et le texte marquent quelques variations : la posture de Marina est éclipsée, elle est juste remplacée par le mot « posture » alors qu’elle est bien décrite dans l’avant- texte : « […] demeure à genoux, le regard dans celui de son père comme si elle [dévisageait] <contemplait > son âme, et le corps toujours nu, toujours clair, d’une nudité qui est la limite finale de ses chances d’être femme. » Cette posture est prêtée à Eugène qui contemple sa fille dans la version manuscrite : « Marina est à genoux. Eugène la regarde tendrement. Il la perçoit à travers son corps, jusqu’à l’âme qui est bien la part la plus nue de son être. » (f. 270, p. 169). Dans la version manuscrite, au moment du discours du père, Marina est plongée dans sa propre prière. Eugène cultive l’art de convaincre pendant que Marina reste absorbée par ses paroles. C’est dans ce troisième paragraphe du texte définitif que la nudité et la beauté de Marina occupent une place importante. Eugène essaie de convaincre sa fille de choisir le chemin du désert et souligne qu’elle doit renoncer à une part d’elle-même, celle dont elle s’enveloppe pour le moment : « Tu as raison d’être nue et de reconnaître ta nudité de femme au moment où il te faudra renoncer à toi-même. » (f. 269, p. 169). Le père annonce à Marina la fin de la féminité et de la sensualité comme si, être tirée vers le monde masculin, signifiait perdre son identité la plus intime, réduite à la sensualité d’être dans son corps de vierge.

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En comparant ce dernier état du brouillon à la version manuscrite, nous constatons que le ms n’évoque plus les fleurs. L’auteur débute son paragraphe directement avec « Tu t’appelleras Marinus. » Les deux phrases mélangées dans l’avant-texte sont séparées dans le ms : « Tu porteras l’habit des moines. Et les moines te nommeront [fr] < Frère Marinus >. » En outre, Maria Glykophilousa n’est pas mentionné dans ces deux phrases dans la version définitive alors que le nom de la thébaïde est répétée deux fois dans le brouillon. Au folio 16 de l’avant-texte « comme devant moi » est remplacée par « comme devant le Seigneur Dieu. » (f. 271, p. 170). Le Seigneur et la vierge sont présents dans le brouillon où le père appuie son discours avec les références religieuses : « C’est à cette condition seulement, comme la vierge me l’a fait entendre, que tu accompliras la parole que le Seigneur Dieu a prononcée une fois pour toutes à ton sujet…» (f. 16 du br). En ce qui concerne la féminité de Marina, le discours du père est plus long dans le brouillon et plus catégorique :

Ecoute- moi bien, Marina. Tu n’es plus ma fille, mais tu es mon fils. Tu n’es plus une femme, mais tu es un homme parmi les hommes, un frère parmi les frères. Mais en attendant, je te le dis, regarde- toi comme si tu allais mourir, regarde ton corps de femme comme s’il allait cesser de t’appartenir. Salue Marina en lui disant adieu. (Ibid.).

Dans la version manuscrite, la décision est attribuée à Marina à travers le « si » :

Maintenant Ecoute-moi bien Marina : si dès aujourd’hui tu décides de partir pour Maria Glykophilousa, alors ce matin dont tu salues la splendeur sera le dernier matin de la femme que tu croyais être – et que tu aurais pu être, ici ou partout ailleurs. […] Cette nudité, je te le dis parce que je te porte en moi, tu ne la recouvreras que dans la mort. » (f. 268-269, p. 168-169).

Ce qui rend l’imagination moins pressante, en la remplaçant par le conditionnel, ce qui permet de dessiner le personnage d’un père moins rigoureux, et d’impliquer Marina dans le choix de sa destinée. Mais en même temps, le ms dessine la destinée de Marina beaucoup plus nettement que ne le faisait le brouillon. Marina fera donc volontairement le chemin vers sa part masculine, mouvement exactement inverse que celui que le narrateur tente d’effectuer vers sa part féminine. Un passage plus élaboré décrit le corps de la femme, insistant sur la dépossession, la sécheresse, la mort ; le ms ayant toujours pour mission d’élaborer, d’achever ce que le brouillon avait commencé (le tableau accomplissant l’esquisse, mais aussi la figeant) :

Ce corps de femme heureux d’être femme, le voici nul, désormais. D’être bras de femme, ces deux bras seront vides. Cette bouche capable de tous les baisers se refermera sur son silence et dans

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l’ignorance de son pouvoir. Ces seins se dessècheront hors de toute caresse. Ce sexe d’herbe douce ne s’ouvrira pas à l’étreinte de l’homme et ne se creusera jamais dans la terre meuble de ses jouissances. La femme est nue parce qu’elle va mourir. (f. 270, p. 169).

Dans le ms, le discours est projeté dans le futur : « Tu auras cessé d’être la femme que tu croyais être. Sous le froc et la capuce, il n’y aura qu’un homme de Dieu parmi les autres, soumis à la même Règle, voué aux mêmes tâches et promis, comme les autres, à la même béatitude. » (f. 271). Eugène se montre plus impitoyable et à la fois plus flexible dans la version définitive : « – Je ne t’oblige pas, lui dit-il ensuite, à m’accompagner à Maria Glykophilousa. Si je t’ai dit qu’à mon sens il n’y a pas d’autre lieu pour toi et pour moi, cela ne signifie pas que ton destin est de suivre ton père où il a choisi d’aller et de devenir, à ton tour, ce qu’il s’efforce d’être. » (f. 268, p. 168). La figure autoritaire et cruelle du père est nuancée dans la version finale qui dessine plutôt l’image d’un homme tourmenté dans sa quête spirituelle et s’attachant quand même au bien auquel il devait renoncer, ici sa fille, comme déchiré par le remords. A l’évidence entre