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4. LA THÉORIE DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES

4.5. Structures, caractéristiques et fonctions des représentations sociales

la thèse selon laquelle pour son étude, il n’existerait pas de rupture entre le sujet et l’objet car ils sont foncièrement liés. Les représentations sociales renferment alors, des caractéristiques et des fonctions utiles à relever.

4.5.1. Les structures

Comme processus, « la représentation restitue à la mentalité individuelle ou groupale, de « l’énergie mentale » enrichie qui donne au sens véhiculé sa forme (croyance, récit etc.) » (Mannoni, 2012, p. 69). Moscovici (1976, dans Palmonari et Doise, 1986) élabore les représentations sociales à travers deux processus: l’objectivation et l’ancrage. «Le processus d’objectivation rend concret ce qui est abstrait, elle transforme un concept en une image ou en un noyau figuratif » (Ibid., p. 20). Il en ressort trois étapes chronologiques (Roussiau et Bornadi, 2001): 1) la sélection ou décontextualisation dans laquelle les individus sélectionnent des informations au détriment d’autres; 2) l’établissement d’un schème figuratif (noyau figuratif) où une importance est donnée à certains éléments qui acquièrent une forte signification et 3) la naturalisation qui a lieu lorsque les éléments du schéma figuratif sont physiquement perçus ou perceptibles par le sujet. Le deuxième processus est l’ancrage. Il consiste à définir l’instrument du noyau figuratif obtenu par objectivation (Ibid.). Autrement dit, c’est une étape qui permet d’incorporer quelque chose qui ne nous est pas familier dans le réseau de catégories qui nous sont propres (Roussiau et Bornadi, 2001). Aussi, de par son origine gestaltiste, la représentation permet de: « mettre un objet nouveau dans un cadre de référence bien connu pour pouvoir l’interpréter » (Palmonari et Doise, 1986, p. 22). Le processus d’ancrage implique la considération de l’aspect social qui s’actualise lors d’une confrontation avec l’inattendu ou l’inexplicable.

Dans le même sens, Moscovici (1961, 1976 dans Roussiau et Bonardi, 2001) avait déjà mentionné sur la genèse et la mise en place des représentations, trois

éléments à considérer. La dispersion (de l’information), la focalisation (sélection des intérêts) et la pression à l’inférence (communication et action). Ces éléments permettent aux individus de combler des lacunes de leur savoir en reconstruisant en quelque sorte « sur le tas » une cohérence. Toutefois, poursuivent les auteurs, très peu d’études existent sur le sujet.

En revanche, Moliner (1993, 1996 dans Roussiau et Bonardi, 2001) posait aussi le problème de l’essence même de l’objet en tant qu’objet de représentation. Ce qui amène à dire que: « toute représentation est organisée autour d’un noyau central qui constitue son élément fondamental. C’est lui qui détermine à la fois sa signification et son organisation » (Abric, 2011, p. 28). Par ailleurs, il convient de souligner que ce noyau a pour propriété l’élément le plus stable de la représentation et celui qui en assure la pérennité dans des contextes mouvants et évolutifs (Ibid.). Autrement dit, le noyau permet l’élaboration de la représentation à travers sa résistance dans la mesure où sa modification entraîne sa transformation.

À côté de la structure des représentations sociales comme processus, elles peuvent également être élaborées sous forme de contenu. « Forme de savoir pratique reliant un sujet à un objet » (Jodelet, 1989, p. 43), elles sont dans ce sens: « un système d’interprétation régissant notre relation au monde et aux autres, elles orientent et organisent les conduites et les communications sociales » et sont « une chose aisée en de multiples occasions » (Ibid., p. 36). « Prise en tant que produit d’une activité mentale, une représentation témoigne des éléments qui ont présidé à son élaboration par un individu ou un groupe » (Mannoni, 2012, p. 69). Les représentations sociales se retrouvent dans la quasi-totalité des situations quotidiennes car elles circulent dans les discours, elles sont portées par les mots et véhiculées dans les messages et images médiatiques (Ibid.). En fin de compte, elles guident dans la façon de nommer et définir ensemble les différents aspects de la réalité en interprétant, statuant ou en prenant une position à leur égard et la défendant (Ibid.). Quels sont les éléments qui caractérisent les représentations sociales et en quoi sont- ils importants?

4.5.2. Les caractéristiques

Prises en tant que processus ou comme produit, l’étude des représentations sociales prend en considération des éléments liés à différents domaines scientifiques et relevant simultanément de la psychologie et du social. Hypothèse qui amène Jodelet (1989) à en parler comme d’un domaine en expansion. Jodelet (1989), soulève trois caractéristiques dans son étude: 1) la vitalité en raison de leur différente appartenance à plusieurs domaines; 2) la transversalité, parce qu’à l’interface de la psychologie et de la sociologie; enfin, 3) la complexité car la représentation regorge simultanément des dynamiques sociales et psychiques. Abric (2011), à la suite de Jodelet (1989), met en lumière la double appartenance aux domaines social et cognitif des représentations sociales qui leur donne un caractère spécifique par le biais de la signification, une de ses composantes fondamentales.

Comme système sociocognitif, les représentations tiennent compte de la composante cognitive avec le sujet actif qui la compose et lui donne leur caractère cognitif. La composante sociale, qui permet l’exploitation et la mise en œuvre des processus cognitifs est déterminée par les conditions sociales dans lesquelles s’élabore ou se transmet une représentation. Cependant, la dimension sociale génère des règles qui peuvent être très différentes de la « logique cognitive » (Ibid.). L’union de ces deux aspects permet de comprendre les raisons de l’intégration du rationnel et de l’irrationnel tout en tolérant des contradictions apparentes, illogisme ou incohérences provenant de son étude et la rendant complexe dans son appréhension.

Comme système contextualisé, la représentation sociale se distingue par le contexte discursif, c’est-à-dire à travers la nature des conditions de production du discours à partir duquel est formulée la représentation. Le contexte social lui, associe le contexte idéologique et la place qu’occupe l’individu ou le groupe dans le système social. En définitive, le critère sociocognitif avec les aspects cognitif et social, le contextuel qui englobe le discursif et le social, contribuent à consolider et à donner aux représentations sociales leur ancrage dans des contextes particuliers et précis.

Une fois que les représentations sociales sont ancrées ou élaborées dans un contexte, quelles sont leurs fonctions ou encore, quelle serait leur utilité?

4.5.3. Les fonctions

Les représentations ont quatre fonctions principales (Abric 2011): 1) les fonctions de savoir qui permettent de comprendre et d’expliquer la réalité; 2) les fonctions identitaires qui définissent l’identité et permettent la sauvegarde de la spécificité des groupes; 3) les fonctions d’orientations qui guident les comportements et les pratiques. Celles-ci résultent de la définition de la finalité de la situation, du système d’anticipations et d’attentes (sélection, filtrage d’informations et interprétation) et de la prescription en ce que les représentations définissent ce qui est licite, tolérable ou inacceptable dans un contexte social donné et, enfin 4) les fonctions justificatrices qui permettent a posteriori de justifier les prises de position et les comportements. Les relations entre groupes en sont un meilleur exemple. Secondairement, (Abric, 2011) dans l’élaboration de la théorie du noyau central ou noyau structurant, évoque également la fonction génératrice qui est l’élément par lequel se crée ou se transforme la signification des autres éléments constitutifs de la représentation. Il est ce par quoi ces éléments prennent un sens ou une valeur. Dans la fonction organisatrice, le noyau central détermine la nature des liens qui unissent entre eux ses éléments. Il est en ce sens, « l’élément unificateur et stabilisateur de la représentation » (Ibid., p. 28).

En somme, les représentations sociales de par leur caractère cognitif et social revêtent une complexité dont la manipulation peut s’avérer délicate. Toutefois, les différentes fonctions qui leur sont assignées illustrent d’une part leur formation à travers la compréhension et l’explication des savoirs et connaissances, l’identité d’un groupe par son orientation et la justification de ses comportements en rapport aux décisions et prises de position individuelles des membres de ce groupe. La théorie des représentations sociales vise à comprendre la façon dont nous concevons le monde et la façon dont il se développe. Elle guide par ailleurs les croyances, actions et

pratiques des individus. À ce titre, comment la théorie des représentations sociales permettrait-elle l’identification des croyances développées par les parents de leur rôle au regard de la participation au sein des APEE/PTA?