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1. LES ASSOCIATIONS DE PARENTS D’ÉLÈVES (APE)

1.4 Structuration et fonctionnement des groupes

Durkheim relève que l’intérêt des groupes est la création d’un pouvoir moral capable de contenir et entretenir un plus vif sentiment de solidarité commune. Pour lui, « la société ne peut exister si les parties n’en sont solidaires; mais la solidarité n’est qu’unede ses conditions d’existence » (Durkheim, 1986, p. 394). Comprendre cette solidarité implique le fonctionnement et la structure du groupe.

1.4.1 La structure des groupes

Pour Blanchet et Trognon (1994), les groupes sont des objets à structure variable qui évoluent dans le temps et dont le degré d’organisation est l’indicateur essentiel de leur mode spécifique de fonctionnement. Ils se présentent comme des structures intermédiaires entre l’individu et la société, un lieu d’échange et de construction psychologique et sociale (Ibid.). Pour les auteurs, un groupe comprend au moins trois personnes parce qu’il permet d’établir six relations interindividuelles et trois interactions dans lesquelles un membre est en relation avec un couple. Sa taille maximale n’aurait pas de définition théorique dans la mesure où elle reste indéfinie et varie avec les conditions particulières et les types de groupe.

« Ensemble de personnes présentes et orientées vers un but commun, le groupe est un terme récent » (Blanchet et Trognon, 1994, p. 10). Pour Mucchielli (2000), c’est une réalité sociale connue qui remonte aussi loin que l’Histoire en s’étendant à la géographie humaine où une famille, un conseil, un petit village, un bureau d’association ou une école sont des groupes dans lesquels les individus se retrouvent. Ils se distinguent cependant de leur contexte et de leur environnement. Ils sont appelés groupes primaires en opposition aux groupes secondaires (groupe de référence) dans lesquels la relation est indirecte et où la conscience de l’existence des autres est globale ou vague (appartenance à une entreprise, résidence dans une ville). Ainsi, l’expression de groupe primaire ou groupe d’appartenance désigne: « les ensembles humains, caractérisés par une association ou une coopération de face à face » (Ibid., p . 19). L’appartenance à un groupe est une caractéristique de l’espèce

humaine en ce sens où nous passons la majeure partie de notre vie insérés dans des groupes qui jouent un rôle déterminant vis-à-vis de l’individu (Blanchet et Trognon, 1994).

Pour Weber (1971), ces regroupements ou organisations comportent des règles établies rationnellement. À l’opposé de l’institution (Église ou État) dont les règlements statutaires sont octroyés à l’intérieur d’une zone d’action délimitable à tous ceux qui agissent d’une façon indéfinissable selon des critères déterminés, l’association est « un groupement formé par entente dont les règlements statutaires ne revendiquent de validité que pour ceux qui y entrent librement de leur chef » (Ibid., p. 94).

En plus des aspects sus-évoqués, Mucchielli (2000) considère deux types de structures dans les groupes: la structure informelle et la structure formelle qui tissent les relations des membres entre eux en établissant un système dont dépendent leurs attitudes, à l’égard les uns des autres, et la « perception » qu’ils ont les uns des autres. 1) « La structure informelle » ou « structure réelle », intime et invisible des groupes se complète par une conception de la personnalité sociale et par une prospective d’action sur ces groupes. Dans le même sens, Petit (1989) affirme que ces relations psycho-affectives plus ou moins inconscientes ou conscientes dans les organisations ne sont pas à nier. 2) « La structure formelle relative aux objectifs du groupe » définit des fonctions par rapport à ces objectifs. C’est l’organisation hiérarchique et fonctionnelle du groupe, avec son caractère officiel et obligatoire dans la mesure où toute action groupale exige une certaine structuration, laquelle engendre une autorité (règles, responsabilités groupales, les rôles, leur coordination et les sanctions).

Pour Mucchielli (2000), la sociométrie développée par Moreno (ensemble de méthodes destinées à tirer au clair la structure socio-affective des groupes et l’étude de leur dynamique durable) est un des éléments de la structure informelle des groupes, tout aussi nécessaire que la structure formelle qui fait allusion aux organigrammes et sociogrammes d’une part, à la psychologie et la relation d’autorité

d’autre part qui s’exprime dans et par une structure des communications intérieures (Ibid.). Qu’en est-il de leur fonctionnement?

1.4.2 Le fonctionnement

Quatre fonctions, selon Blanchet et Trognon (1994) caractérisent les conditions de formation, de l’évolution et de la maturité des groupes: 1) La mise en commun du but: la constitution d’un groupe présuppose que les membres aient un intérêt commun suffisamment important pour que cet intérêt soit intériorisé par chacun de ses membres où « l’intérêt en commun devient l’intérêt commun » (Ibid., p. 8). 2) La définition des frontières ou redéfinition des limites selon Mucchielli, (2000): tout groupe s’établit en rapport avec d’autres groupes où l’instauration des limites permet la création et le sentiment d’appartenance pour les membres conformes et le rejet des membres non conformes. 3) L’établissement de relations interpersonnelles: chaque membre du groupe construit une représentation mentale des autres avec lesquels il communique personnellement. 4) La constitution d’une organisation où les membres d’un groupe prennent des rôles et des statuts différents et établissent des normes. Ici, l’organisation instituée est susceptible d’être réorganisée en fonction de la pratique du groupe.

Mucchielli (2000) note cependant que le groupe est autre chose que la simple présence d’autrui dans la mesure où il marque nos activités et modèle les comportements. À cet effet, les adhésions aux groupes et les positions des membres influenceraient les perceptions, les jugements et les conduites. Ainsi, l’aspect environnemental apparaît important dans la compréhension des interactions dans l’histoire propre du groupe, le contexte social et son contexte socio-historique.

Dans les relations d’un groupe primaire, l’environnement socio-historique a tendance à influencer l’organisation interne des relations entre les membres du groupe. Cet aspect, dans l’étude des groupes a fait jaillir à une époque un type précis de regroupements: les associations de parents d’élèves (APE).

1.5 Historique et évolution des APE dans quelques pays d’Europe et