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Des stratégies d’écriture à l’université

développementale transversale

Chapitre 5. L’analyse des questionnaires

5.3. La lecture-écriture à l’université

5.3.4. Des stratégies d’écriture à l’université

Si les habitudes de lecture des étudiants en disent long sur leur rapport à l’écrit universitaire, nous supposons trouver d’autres précisions en les interrogeant sur leurs stratégies d’écriture. Nous tenterons de vérifier, à partir de leurs réponses à quelques questions, si les stratégies adoptées sont adéquates avec le travail intellectuel exigé à l’université.

La première question que nous avons posée dans ce sens tente de savoir si les étudiants procèdent à des relectures de leurs écrits. Ils sont majoritaires à répondre positivement (tableau 22) : 40,4% des étudiants disent le faire constamment, 38,4% d’entre eux le font souvent. Nous remarquons cependant un pourcentage

184 élevé d’étudiants qui avouent ne relire leurs écrits que rarement (23,9%), voire même jamais (7,3%).

Q21. Quand vous écrivez ces genres prenez-vous le temps de vous relire

Item Jamais Parfois Souvent Toujours

Nombre 8 26 31 44

Pourcentage 7,3% 23,9% 28,4% 40,4%

Tableau 22. L’écriture et la relecture

Nous avons également voulu connaitre l’importance que donnent les étudiants aux éléments lexicaux et morphosyntaxiques de leurs écrits. Pour ce faire, deux questions ont été posées. L’une les interroge sur l’attention portée au choix du lexique et sur l’importance donnée à la morphosyntaxe.

Le taux d’étudiants qui disent ne pas prendre la peine de bien choisir les mots ou de ne pas porter un intérêt particulier à la morphosyntaxe est quasi inexistant (tableau 23). Ils semblent ainsi accorder une place primordiale à l’orthographe et à la syntaxe dans leurs écrits : 35,4% de réponses toujours et 44,6% de réponses souvent. Les résultats exposés au tableau 23 montrent également que les étudiants accordent plus d’importance à la morphosyntaxe qu’aux choix du lexique.

Q21. Quand vous écrivez ces genres prenez-vous le temps de bien choisir les mots adéquats

Item Jamais Parfois Souvent Toujours

Nombre 2 21 50 40

Pourcentage 1,8% 18,6% 44,2% 35,4%

Q21. Quand vous écrivez ces genres prenez-vous le temps de corriger les fautes d’orthographe et de syntaxe

Nombre 6 29 17 58

Pourcentage 5,5% 26,4% 15,5% 52,7%

Tableau 23. L’importance du lexique et de la morphosyntaxe en écriture universitaire

185 Les étudiants donnent-ils autant d’importance à l’organisation textuelle qu’à la correction linguistique au niveau phrastique ?

Pour répondre à cette interrogation, il faudra rendre compte des réponses à la question : « quand vous écrivez ces genres prenez-vous le temps de revoir l’enchaînement des idées ? ». L’enchaînement des idées représente un pilier de la cohérence textuelle et implique souvent l’usage des articulateurs logiques. Ceci pour dire toute l’importance de la dimension textuelle, qui assure la clarté des idées et leur recevabilité.

Les étudiants qui disent revoir toujours l’enchaînement des idées des textes qu’ils écrivent correspondent à 42% des répondants (tableau 24). Ils représentent la majorité écrasante, mais le taux demeure nettement moins élevé que dans le cas de la morphosyntaxe.

Q21. Quand vous écrivez ces genres prenez-vous le temps de revoir l’enchaînement des idées

Item Jamais Parfois Souvent Toujours

Nombre 6 26 33 47

Pourcentage 5,4% 23,2% 29,5% 42%

Tableau 24. L’importance de la cohérence textuelle en écriture universitaire

Par ailleurs, nous avons posé deux autres questions qui nous ont été inspirées au moment du prétest de notre questionnaire, où les étudiants qui y participaient insistaient sur le soin qu’ils portaient à l’introduction et à la conclusion. Il s’agit en effet de deux parties très importantes de tout écrit, et en particulier dans un cadre institutionnel comme l’université. Les introductions et les conclusions sont des moments forts en réflexivité où l’on se doit de parler de son écrit et de son organisation.

Les étudiants interrogés prennent-ils le soin de soigner leurs introductions et leurs conclusions en écrivant à l’université ? Les résultats soulignent dans une mesure

186 presque égale l’intérêt porté par les étudiant à l’introduction et à la conclusion (Tableau 25). La majorité des réponses tourne autour de souvent (dépassant les 30%) et de toujours (plus de 43%). Mais il reste tout de même un bon nombre d’étudiants qui affirment ne pas accorder de soin à l’introduction (19,8%) et encore moins à la conclusion (23,1%).

Q21. Quand vous écrivez ces genres prenez-vous le temps de soigner l’introduction

Item Jamais Parfois Souvent Toujours

Nombre 3 22 38 48

Pourcentage 2,8% 19,8% 34,2% 43,2%

Q21. Quand vous écrivez ces genres prenez-vous le temps de soigner la conclusion

Nombre 2 25 33 48

Pourcentage 1,9% 23,1% 30,6% 44,4%

Tableau 25. Les introductions et les conclusions en écriture universitaire

Dans un commentaire, un étudiant de L3 écrit ceci : « l’introduction donne directement l’image de notre rédaction, puisque c’est le premier pas de nos rédactions et la conclusion sert à synthétiser ». Et un autre d’affirmer également : « même si j’ai des difficultés avec l’introduction et la conclusion mais je fais de mon mieux pour bien les rédiger ». Cela montre amplement tout l’intérêt qu’ils portent à ces deux parties de l’écrit universitaire.

En somme, du rapport à l’écrit universitaire, nous pouvons retenir les deux points suivants :

1) Quelques discours universitaires académiques, largement pratiqués par les étudiants, peuvent servir de passerelles vers les écrits de recherche. Le commentaire de citations, à titre d’exemple, peut constituer un exercice

187 intéressant à exploiter en classe avec une orientation de l’attention des étudiants vers les reprises des citations et leurs commentaires.

2) Si les données comparatives sur les types de lecture-écriture pratiquées par les étudiants ne témoignent d’aucune évolution significative, le passage au mémoire de master sera brutal pour eux, étant donné qu’ils se sont habitués aux mêmes discours depuis au moins la troisième année de licence. Et arrivés à leur cinquième année d’étude, ils doivent faire face à un discours de recherche long et d’une complexité inédite.

Les conclusions tirées de l’analyse du rapport à l’écrit général des étudiants et de leur rapport à l’écrit universitaire sont plus qu’éclairantes pour la problématique que nous traitons. Nous avons pu en effet repérer les « types de textes » les plus pratiqués par les étudiants, mesurer leurs forces d’investissement, circonscrire leurs stratégies de lecture-écriture et saisir leurs conceptions de l’écriture et de son apprentissage. Tous ces éléments doivent être éclaircis pour aborder convenablement le rapport à l’écriture de recherche, et plus particulièrement le mémoire de master.