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développementale transversale

Chapitre 5. L’analyse des questionnaires

5.4. L’évolution du rapport au genre de mémoire

5.4.1. Que lire pour écrire un mémoire ?

Nous avons montré plus haut que dans le cadre des études, les étudiants disent lire généralement et massivement des polycopiés et d’articles de Wikipédia, que pensent-ils alors des types de documents à lire pour réaliser une recherche universitaire comme le mémoire ? Quels sont les genres de discours qu’ils pensent être adéquats à lire pour mener leurs recherches ? Et surtout dans quelle mesure ces représentations évoluent au contact des cours d’initiation à la recherche et de l’écriture effective du mémoire ?

La première question posée dans la quatrième partie du questionnaire tente d’apporter des éclaircissements sur toutes ces interrogations. Les réponses des étudiants se trouvent résumées dans le tableau 26. Celui-ci présente systématiquement le pourcentage correspondant à tous les étudiants, les trois niveaux confondus. Ensuite, il présente les résultats relatifs à chaque niveau d’étude. Mais au risque de surcharger le tableau de chiffres, ce qui rendrait sa lecture difficile, nous avons choisi de ne dévoiler que les chiffres pertinents présentant des variations statistiquement significatives.

Q22. Pour rédiger un mémoire de master, pensez-vous que la lecture

Totalité des cas en % Taux de L3 en % Taux de M1 en % Taux de M2 en %

a) des articles scientifiques est

Inutile 13,6 3 3,7 24,5

Secondaire 27,3 30,3 11,1 33,3

Importante 24,7 36,6 44,4 8,7

Nécessaire 24,7 27,2 37 17,5

b) des livres de spécialité est Inutile 1,7 Secondaire 8,5 Importante 24,7 Nécessaire 61,5

189 c) des mémoires de master

est

Inutile 0

Secondaire 16,2 Importante 35 Nécessaire 46,1 d) des thèses de doctorat est Inutile 10,2 Secondaire 16,2 Importante 37,6 Nécessaire 32,4

e) des polycopiés de cours est Inutile 18,8 9 7,4 29,8

Secondaire 37,6 48,4 25,9 36,8

Importante 20,5 30,3 37 7

Nécessaire 14,5 9 22,2 14

f) des articles de wikipédia est Inutile 16,2 Secondaire 33,3 Importante 26,9 Nécessaire 1,8 g) des ouvrages méthodologiques est Inutile 1,7 0 0 3,5 Secondaire 18,8 3 3,7 35 Importante 30,7 36,3 37 24,5 Nécessaire 41 57,5 51,8 26,3

Tableau 26. Les genres à lire pour le mémoire

Concernant l’article scientifique, les réponses semblent très composites. Nous constatons un léger penchement vers l’item secondaire, qui représente 27,3% des réponses. Le pourcentage des étudiants qui pensent que les articles scientifiques sont nécessaires pour rédiger son mémoire de master est identique au pourcentage de ceux qui ont répondu qu’ils étaient importants. Cela représente 24,7% pour chacun, soit un total de 49,2% des répondants. Il reste néanmoins 13,6% des étudiants qui pensent que les articles scientifiques ne sont d’aucune utilité pour la tâche en question.

Le croisement des réponses avec la variable niveau d’étude traduit une évolution remarquable entre le L3 et le M2. Cette différence peut atteindre 10% pour l’item

190 nécessaire. Par contre, force est de remarquer que les étudiants de M2, les seuls confrontés à l’écriture d’un mémoire, accordent nettement moins d’importance aux articles scientifiques. Le tableau 26 affiche une différence de 20% : les étudiants de L3 et de M1, qui pensent que les articles sont inutiles ne dépassent pas les 4% contre 24,5% des étudiants de M2.

Par ailleurs, les mémoires de master constituent pour les étudiants des documents d’une grande valeur pour la rédaction de leurs propres mémoires. Pour 46,1% d’entre eux, on ne peut pas rédiger un mémoire sans recourir à d’autres mémoires. 35% des réponses tendent vers l’item important. Notons qu’aucun étudiant n’a choisi l’item inutile. Il reste à savoir dans quel but ils les lisent. Serait-ce pour trouver des informations ? ou pour découvrir le genre en question ? Ou les considèrent-ils comme des modèles de rédaction ?

En tout cas, si les mémoires de master semblent si importants pour les étudiants des trois niveaux, les thèses de doctorat le sont moins. En effet, à en croire les pourcentages de réponses (tableau 26), 10,2% des répondants pensent que pour rédiger un mémoire, les thèses doctorales ne serviraient à rien, 16,2% d’entre eux disent que la lecture de ce genre universitaire n’est pas essentielle. 32,4% des étudiants, contre 46,1% dans le cas des mémoires de master, répondent par nécessaire.

En outre, les polycopiés de cours sont aussi consultés dans le cadre du mémoire. Même si les polycopiés ont en principe une fonction restreinte à l’accompagnement des cours magistraux, la majorité écrasante des étudiants pensent qu’ils sont utiles pour une recherche de master. Cette utilité oscille entre nécessaire (14,5%), importante (20,5) et secondaire (37, 6).

La valeur accordée à ce genre d’écrit varie entre les trois niveaux qui nous intéressent. La différence touche particulièrement les étudiants de M2 où une partie importante d’entre eux (soit 29,8%) semble prendre conscience de l’« inutilité » des polycopiés de cours. Serait-ce dû à la confrontation directe avec

191 l’écriture d’un mémoire ? C’est possible, mais le nombre élevé d’étudiants de M2 (dépassant les 55%), qui donnent une certaine importance aux polycopiés de cours pour rédiger un mémoire de master, laisse la question en suspens.

Les articles Wikipédia auxquels les étudiants ont souvent (voire toujours) affaire dans le cadre de leurs études, à savoir les articles Wikipédia, trouvent aussi leur place dans le cadre du mémoire de master. En dépit du manque de véracité des informations données, les articles de cette encyclopédie restent importants pour 26,9% des interrogés. Et aucune évolution significative n’est remarquable au fil des trois années.

Ceci étant, les ouvrages de spécialité sont très importants pour mener une recherche universitaire. Car contrairement aux articles scientifiques qui contraignent parfois à faire court et concis, les livres, eux, donnent plus de liberté aux auteurs d’exposer et d’étayer leurs pensées. Pour la grande majorité des étudiants interrogés (soit 61,5%), ce genre d’ouvrage est indispensable. Ils sont importants pour 24,7% d’entre eux. Et ces résultats ne marquent pas de variations significatives entre les trois niveaux d’étude. Les étudiants semblent ainsi conscients dès leur troisième année de licence de l’importance de lire des ouvrages disciplinaires pour réaliser une recherche universitaire.

Une autre catégorie d’ouvrages est tout aussi importante pour les étudiants : les manuels de méthodologie. Ils sont nécessaires pour 41% des répondants et importants pour 30,7% d’entre eux. Néanmoins, ils semblent avoir plus d’importance chez les étudiants de L3 et M1 que chez les étudiants de M2. En effet, si ce genre d’ouvrages est nécessaire pour 57,5% des étudiants de L3, il ne l’est que pour 26,3% des leurs camarades de M2. Nous remarquons aussi une régression remarquable pour l’item important (tableau26).

Ce que nous pouvons retenir des réponses que nous venons de discuter, c’est que, d’un côté, les écrits que les étudiants jugent comme étant utiles à lire pour rédiger un mémoire de master sont variés : les écrits scientifiques, méthodologiques, de

192 vulgarisation scientifique, voire même didactiques (comme les polycopiés). Et d’un autre côté, l’évolution des représentations est très timide et ne concerne que trois types d’écrits. Et là encore, elle ne tend pas toujours vers le positif.

5.4.2. La (dis-)continuité du mémoire par rapport aux autres écrits