• Aucun résultat trouvé

développementale transversale

Chapitre 5. L’analyse des questionnaires

5.2. Rapport à la l’écrit général

5.2.3. Sur l’apprentissage de l’écriture

Le rapport à l’écrit se détermine aussi par les représentations qu’ont les apprenants de la possibilité et des modalités de l’apprentissage de l’écriture. Nous avons alors posé quelques questions aux étudiants pour permettre de vérifier quelques conceptions qui pourraient constituer un obstacle à son enseignement. Ces représentations, qui peuvent être néfastes, sont relatées dans d’autres travaux

167 (comme ceux de Y. Reuter, 1998, 2004) dont nous avons rendus compte (cf.2.4), et ont trait à deux idées principales ;

1) L’écriture est un don, donc elle ne s’apprend pas ; 2) L’écriture s’apprend à la maison, donc pas à l’école.

Pour vérifier si ces conceptions touchent aussi la population qui nous intéresse, nous leur avons adressé un ensemble de questions fermées, qui commencent toutes par « diriez-vous que », suivi de l’idée que nous voulons vérifier.

A la question « Diriez-vous que tout le monde peut écrire », les réponses convergent. 74,8% des étudiants, contre 28%, pensent que l’écriture est réservée à certaines personnes seulement. Pour Reuter (2004), de telles perceptions sont relatives au fait qu’on tend à considérer l’écriture littéraire classique comme LA norme.

Q15. Diriez-vous que tout le monde peut écrire

Item Oui Non

Nombre 28 83

Pourcentage 25,2% 74,8%

Tableau 10. L’écriture à la portée de tous

La question « Diriez-vous que seuls les doués peuvent écrire (l’écriture est un don) ? » sert à préciser celle qui la précède. Les réponses des étudiants, exposées au tableau 11, convergent là aussi. Pour être plus précis, 71 répondants pensent que l’écriture n’est pas réservée qu’aux doués. Donc s’acquiert-elle ? Pour l’un d’eux, la question est tranchée : « l’écriture est art maîtrisé par des personnes qu’elles soient normales ou non (…) tout le monde peut écrire sauf ceux qui sont dyslexiques ». La définition de l’écriture comme un art reste tout de même problématique.

Q15. Diriez-vous que seuls les doués peuvent écrire (l’écriture est un don)

Item Oui Non

Nombre 39 71

Pourcentage 35,5% 64,5%

168 En effet, nous savons que si, pour les étudiants l’écriture n’est pas à la portée de tout le monde, elle n’est pas réservée non plus aux doués. Elle s’apprend donc. Mais où et comment ? L’écriture serait-elle une question de transmission, une culture qui s’hérite de génération en génération, comme on transmettrait la langue et la culture maternelles ? Ou s’enseigne-t-elle d’une manière organisée à l’école ?

Ces questions sont complexes et leurs réponses seront jusqu’à un certain point déterminantes. Si c’est à la maison qu’il faudra apprendre à écrire, il n’est pas question d’enseigner à écrire à l’école, ou en tout cas, il serait inutile de le faire. Si telle est la conception de nos apprenants, que serait-il alors de son enseignement à l’université ? Quel sens aurait donc aux yeux des étudiants les modules de l’écrit et de l’écriture scientifique ?

Nous avons adressé deux questions aux étudiants en vue d’apporter quelques éléments de réponses à toutes ces interrogations. Les réponses exposées au tableau 12 rendent compte de chiffres presque identiques entre l’école et la maison, avec un léger penchement en faveur de la thèse selon laquelle l’écriture s’apprend à l’école. Ce que nous pouvons interpréter à partir de ces données, ce serait le partage de la tâche de l’écriture entre la transmission et l’enseignement. Le foyer familial a sa part de responsabilité dans l’inculcation d’un bon rapport à l’écrit tout comme l’école.

Q15. Diriez-vous que l’écriture s’apprend à l’école

Item Oui Non

Nombre 81 27

Pourcentage 65% 25%

Q15. Diriez-vous que l’écriture s’apprend à la maison

Item Oui Non

Nombre 72 35

Pourcentage 67,3% 32,7%

Tableau 12. Le lieu de l’apprentissage de l’écriture

Un étudiant résume parfaitement la conclusion à laquelle nous sommes parvenu à partir de l’analyse quantitative des réponses. Voici son commentaire : « Pour

169 écrire, il suffit de le vouloir, l’écriture est partout dans nos vies, on peut apprendre à l’école pour avoir une bonne base en français, et la suite vient à travers la lecture et la recherche ».

Ce qui nous intéresse dans ces réponses, c’est que pour un nombre très important d’étudiants, l’écriture peut s’appendre à l’école. Mais poussons le raisonnement un peu plus loin, comment pouvons-nous apprendre à écrire ? Est-ce en lisant qu’en devient « écrivain » ? ou est-ce en écrivant qu’on le devient ?

Parmi tous les moyens didactiques possibles, nous avons voulu savoir l’importance que peut donner les étudiants à la pratique de la lecture-écriture dans l’apprentissage de l’écriture. Pour cela, nous avons réservé deux interrogations directes du questionnaire dont les réponses sont synthétisées dans les tableau 13. Pour apprendre à écrire, la lecture est aussi importante que l’écriture pour les étudiants. 98,9% d’entre eux pensent que c’est en lisant qu’on apprend à lire. C’est en écrivant aussi qu’on apprend à écrire pour 96,4% des étudiants. Ils semblent ainsi conscients de la nécessité de lire et d’écrire pour améliorer leur compétence scripturale.

Q15. Diriez-vous que l’écriture s’apprend en lisant

Item Oui Non

Nombre 113 2

Pourcentage 98,3% 1,7%

Q15. Diriez-vous que l’écriture s’apprend en écrivant

Nombre 108 4

Pourcentage 96,4% 3,6%

Tableau 13. La pratique de la lecture-écriture et l’apprentissage de l’écriture

La catégorie d’étudiants qui nous intéresse semble avoir des représentations sur l’apprentissage de l’écriture favorables à son enseignement, qu’il y aura lieu de renforcer. Il ne serait pas étonnant de penser que de telles représentations trouvent leur origine dans les enseignements reçus par les étudiants, surtout dans les

170 modules de didactique de FLE (dominés par les approches communicatives), où on insiste sur la nécessité de pousser les apprenants à rédiger pour améliorer leurs compétences scripturales.

Ainsi, pour un de nos informateurs : « c’est en ayant un style à la main qu’on peut exprimer ce qu’il y a au plus profond de nous-mêmes, il est à noter qu’on lisant et en faisant des fautes qu’on a le plus de chance de progresser dans l’écriture ». Pour conclure ce point, si l’apprentissage de l’écriture est possible pour les étudiants, une tâche qui reviendrait aux parents et à l’école, une très grande importance est aussi donnée à la pratique scripturale dans ce processus.