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C’est au syndicat des services publics à Bâle que je débute mon enquête au moment de mon travail de recherche de Master. La fédération syndicale du VPOD-SSP est créée en 1905. C’est une des seules fédérations ayant gardé une appellation et structure aussi ancienne. Le Syndicat des services publics compte environ 35’000 syndiqué×e×s en 2014 et organise les métiers des secteurs publics et parapublics (enseignement, santé, social, personnel fédéral, cantonal et communal).

1 Le « corps intermédiaire » regroupe les doctorant×e×s, assistant×e×s, maître-assistant×e×s, et les maîtres

d’enseignement et de recherche. Ces statuts sont pourtant très différents les uns des autres à commencer par le fait que les MER sont les seuls à avoir un statut stabilisé à vie.

Le secrétariat régional est une petite structure avec quatre secrétaires syndicaux et deux secrétaires administratives, tou×te×s à temps partiel. La région compte environ 2’000 adhérent×e×s. Après un premier contact par courriel et la rencontre d’un des quatre permanent×e×s qui m’ouvre rapidement les portes du SSP, la participation au début de l’enquête à l'apéritif de Nouvel-an de la région me permet une bonne entrée sur le terrain en rencontrant une grande partie des acteurs×trices les plus engagé×e×s dans le syndicat. Âgée de 21 ans, je suis perçue au SSP, comme une jeune étudiante1 intéressée par les

syndicats, ce qui est immédiatement considéré positivement, comme flatteur et motivant, par des syndicalistes marqués plutôt par un certain découragement face au vieillissement des militant×e×s syndicaux dans il est souvent question dans les discussions dans leur région. Pendant plusieurs semaines, la recherche dans les archives du journal de cette section régionale légitime ma présence régulière au siège du syndicat. De plus, je participe à des réunions de plusieurs types d'instances : l'Assemblée générale – qui, dans la région2, est statutairement l'organe décisionnel supérieur - à laquelle peuvent participer

l'ensemble des membres du syndicat; l'Assemblée des délégué×e×s de la région qui se réunit environ tous les deux mois et qui rassemble des représentant×e×s des différentes branches professionnelles, élu×e×s par leur propre secteur; le Comité régional, composé de sept personnes, élu×e×s par l'Assemblée générale. En plus de ces réunions, je participe avec les syndicalistes bâlois×e×s du SSP à la Marche Mondiale des femmes le 13 mars 2010 à Berne, où se rendent deux des secrétaires syndicales, une membre du Comité et quelques syndiquées, ainsi qu'au 1er mai 2010 où l'ensemble des secrétaires (syndicaux×ales et administratives) et plusieurs syndiqué×e×s (parfois délégué×e×s de l'AD de la région) sont présent×e×s. La Marche Mondiale des Femmes me permet d’ailleurs d'aborder la question de l'égalité des sexes dans les entretiens menés.

Durant l’enquête, les permanent×e×s et les militant×e×s acceptent toutes et tous immédiatement de faire des entretiens avec moi. J’ai ainsi pu réaliser onze entretiens approfondis dont cinq avec des secrétaires syndicaux×ales de la région, deux avec les secrétaires administratives et les quatre restant avec une partie des membres du comité régional, l’instance exécutive. Le lieu central de l’enquête a été le secrétariat du syndicat,

1 Jusqu’à la fin de mon enquête de terrain, une des syndicalistes, avec qui j’ai pourtant passé le plus de

temps, pensais que je faisais un travail de fin de lycée ou de Bachelor.

2 En plus des statuts fédératifs, chaque Région du SSP a son propre règlement qui fixe la structure que

situé dans le même bâtiment que les autres syndicats de l’Union syndicale suisse présents dans la région.

Encadré 4: Enquêter dans les secrétariats

Dans la construction de mon enquête, j’ai considéré les secrétariats syndicaux comme des lieux centraux des activités syndicales. Dans la région du nord-ouest de la Suisse, les secrétariats se répartissent dans deux endroits de la Ville de Bâle, qui varient selon les faîtières syndicales d’appartenance. Les secrétariats des syndicats de l’Union syndicale suisse, et donc d’Unia et du SSP et d’autres organisations du spectre de la gauche comme le Parti socialiste et BastA se situent dans ce qui est appelé, traduit littéralement en français, la « Maison des syndicats ». Située dans le Klein Basel et donc de l’autre côté du Rhin comparé au centre historique et plus riche de la ville, la Maison des syndicats est un lieu central pour mon enquête. On peut y observer le travail syndical quotidien des syndicalistes salarié×e×s par les organisations. C’est également dans cet espace que se déroulent la plupart des assemblées syndicales. Cette partie de la ville qui se dénomme Klein Basel a une histoire particulière. Elle se compose à l’origine de deux villages indépendants du reste de la ville qui seront assimilés à Bâle avec la construction d’un des immenses ponts traversant le Rhin en 1226. Comparé à la vieille ville de Bâle, à Klein Basel où se trouvent les locaux des syndicats, ce sont surtout des gens « simples, des travailleurs, des paysans, des pêcheurs et des vignerons » qui habitent (Liebendörfer 2006, 54). Encore aujourd’hui le quartier est marqué par cette histoire et l’identification des habitant×e×s à Klein Basel est très forte. Un adage dit : « toute personne née à Klein Basel n’échangerait cela avec personne au monde ». Le Claraplatz situé à côté de la Maison des syndicats est un ancien cimetière de l’Église Romano-catholique devenu un centre avec des rues commerçantes et de nombreux restaurants turcs et kurdes.

Les locaux de la faîtière des syndicats chrétiens Travail.Suisse se situent dans une tout autre partie de la ville. Non loin de la gare de Bâle, dans une partie relativement calme de la ville qui ressemble surtout à un quartier résidentiel, le syndicat Syna a ses locaux dans une maisonnette juste derrière le très visité zoo de Bâle.

Après le Master, je suis donc engagée dans le projet Les syndicats et l’égalité, qui a obtenu le financement du Fonds national de la recherche scientifique en Suisse. Avant de continuer l’enquête, je propose aux syndicalistes du SSP une restitution du mémoire qui suscite une forte appréhension de ma part, mais se concrétise par des discussions stimulantes.

Durant la suite de l’enquête, au SSP, j’ai toujours continué à être perçue comme une étudiante intéressée par les syndicats. J’ai continué à suivre une des secrétaires syndicales du SSP qui s’est fortement engagée dans la mobilisation du 14 juin 2011 à Bâle et ai d’ailleurs effectué un nouvel entretien approfondi avec elle.